Le Djokan est le nouveau né des arts martiaux. Créé en 2010 par un professionnel guyanais des sports de combat, il a la particularité d’être un art martial 100% guyanais, mêlant des pratiques guerrières amérindiennes, créoles et bushinenges. Le Djokan est à l’image de ce territoire aux multiples facettes culturelles, il est métissé.
Des cultures guyanaises, nous connaissions les Touloulous, le carnaval, le créole, les arts Tembés. Niveau culinaire, nous connaission aussi le célèbre bouyon d’arawa, le dizé milé ou le kalawang. La Guyane est à elle seule, un microcosme planétaire aux multiples facettes culturelles où coexistent différents peuples, parmi lesquels, les Amérindiens ( Arawak et Palikour (famille arawak) ; Kalihna et Wayana (famille caraïbe) ; Emerillon et Wayampi (famille tupi-guarani) , les créoles ( descendants des esclaves ou des antillais), les peuples du fleuve (bushinenges, saramacas, bonis, djukas) tous descendants d’esclaves rebelles, mais aussi, les peuples asiatiques ( hmongs, chinois, vietnamiens), des libanos-syriens, des brésiliens et des surinamiens.
De cette nation arc-en-ciel est né le Djokan. Créé en 2010 par Maître Yannick Théolade dit « Gran Dôkô Sawani Makan » pratiquant les Arts Martiaux depuis plus de 25 ans (notamment le judo, jujustsu, ninjutsu, karate shito ryu, kobudo, krav-maga, taïchi…) retourne chez lui en Guyane en 2003. Il s’initie aux Arts Guerriers Japonais avec Sensei Vitrac et aux Arts Guerriers africains avec Sensei CLARAC Fondateur du Wong kem dangu (art guerrier kamit). Il prend conscience que se cache une riche culture guerrière chez lui. Il décide d’entreprendre des recherches sur le sujet afin de redécouvrir les arts combats d’Amazonie. Il travaille en collaboration avec des chefs coutumiers, des chamanes, des ethnologues, anthropologues, des historiens, des guerriers, n’hésitant pas à pénétrer dans les profondeurs de la forêt amazonienne pour apprendre et s’entraîner.
Certains trouveront de fortes similitudes avec la capoeira du Brésil et pourtant, ce nouvel art martial est à l’image de la Guyane. Il puise ses origines des pratiques guerrières amérindiennes, créoles guyanaises et bushinengues. Pour l'étymologie, Djok est un mot d’origine africaine employé dans le créole guyanais comme antillais et que l’on pourrait traduire en français par , « fort », , « robuste » ou « en bonne santé ». Celui qui pratique donc le Djokan est un être éveillé, un être fort.
Il est avant tout un art de vivre, une méthode permettant à celui qui le pratique de s’éveiller par le travail du corps et de l’esprit. Il repose sur sur la Fluidité, l’Adaptabilité et la Mobilité (F.A.M) du corps et de l’esprit du pratiquant dans l’environnement dans lequel il évolue. Il n’est pas rare que les entraînements se fassent sur une plage ou dans les bois.
Il s’articule sur trois enseignements fondamentaux :
1/ Le « Goumen » : les techniques de combat à mains nue incluant les frappes, les clé, les projections, les immobilisations, les étranglements, le travail au sol, la self défense.
2/ Le « zanm-yan » : techniques de combat avec les armes traditionnelles (armes contondantes, armes tranchantes et armes de jets).
3/ Le « Djokaya » : les techniques de santé et de développement personnel (exercices de relaxation, de respiration, de méditation, de renforcement du corps et de l’esprit, les travail sur les énergies et les élément de la nature…).
Art martial mais surtout philosophie de vie, le djokan intègre sept racines appelées « Sèt Rakaba » :
La racine physique, qui consiste à apprendre à aimer et à connaître son corps, à le fortifier, l’éduquer et l’entretenir, par l’entraînement quotidien.
La racine technique : qui est une combinaison des différents styles issus des diverses ethnies de l’Amazonie, comme c’est le cas avec l’esquive, un déplacement «Nika» qui est l’art de combat des créoles guyanais, il peut être suivi d’une projection de « Suwa » (art de combat des Bushinengé). Le travail de la technique et la recherche de la perfection du geste et de son efficacité sont importants pour la pratique concrète de l’Art DJOKAN.
La racine mentale, quant à elle repose sur l’harmonie du corps et de l’esprit et renforce la perception du pratiquant sur lui-même et le monde qui l’entoure. Elle permet à l’initié d’avoir confiance en lui, repousser ses limites.
La racine artistique : Dans le djokan, Art de la guerre et Art du tambour sont indissociables. Un lien étroit les unit et harmonise la préparation au combat. Le tambour fait partie intégrante du DJOKAN, la musique qu’il transcrit est vecteur de rythme, de vibration, de stratégie, de transe, d’unité entre le corps et l’esprit. La musique emmène le pratiquant à une harmonie qui puise sa force dans la spontanéité, l’inspiration, la liberté d’expression, la recherche de la beauté du geste. Certains cours se font sur le rythme de la musique DJOKAN, le Djokano
La racine culturelle : Le DJOKAN est une fusion de diverses cultures et coutumes guerrières de la Guyane. Il a pour objectif leurs valorisations et leurs promotions. Les armes DJOKAN (Zanmyan) rappellent que des Hommes du passé ont marqué de leurs empreintes le temps. Le Kalendja (la tenue du DJOKAN) et le symbole DJOKAN sont une volonté du Fondateur d’unir les richesses culturelles d’Amazonie, et de plus, rendre Hommage à ces différents peuples qui ont marqué et marquent l’Histoire de la Guyane. Le 31 Octobre 2011, le DJOKAN fut reconnu comme Patrimoine Immatériel Guyanais par le Président de la Région Guyane, M. Rodolphe ALEXANDRE, appuyé par le Directeur des Affaires Culturelles de la Guyane (D.R.A.C) M. Michel COLARDELLE.
Une racine philosophique : Le DJOKAN est un Art porteur de valeurs morales, d’un code moral, le KAMODJÒK. Écrit sous forme de Dolo (proverbe guyanais véhiculant la philosophie de vie) le KAMODJÒK traduit la conduite juste du djokanka: le Respect, l’Humilité, la Sincérité, la Simplicité, le Courage, l’Amitié, la Communication, la Partage et la Gratitude. L’enseignement de ces valeurs s’inscrit totalement dans la vie du pratiquant mais aussi dans sa vie personnelle (famille, travail, sentiment…)
Une racine spirituelle : Le DJOKAN puise sa définition profonde dans le « Lien entre l’Homme et la Nature ». Puiser les énergies naturelles, travailler la méditation, trouver le « don » qui nous habite et le restituer permettent l’épanouissement et l’élévation de (la Conscience) l’Homme.
Alors que le judo, le taekwondo et les autres arts martiaux revètent un kimono, le Djokan a une tenue particulière, le kalendja, composé d’un pantalon, d’une veste manches courtes et d’un pangi.Les couleurs du kalendja : le bas est noir et la veste est marron faisant référence aux Bushinengé appelés, aussi en Guyane, les « Noirs Marrons». Autre représentation des couleurs, le noir représente l’Homme et le marron la Terre, la Nature. On retrouve l’idée forte du DJOKAN : le « Lien entre l’Homme et la Nature ».Le pangi, en tissu madras (tissu carrelé), rappelle celle des danseurs créoles. Noué vers l’avant, tombant jusqu’aux genoux rappelant ainsi le Kalenbé (cache sexe) amérindien. Ainsi dans la tenue DJOKAN sont représentés les trois peuples d’Amazonie composant le Djokan: les Amérindiens, Bushinengé et les Créoles.
Le Djokan en vidéo :