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Un producteur de musique tabassé par des policiers dans les locaux de son studio.

  • ELMS
  • 26 nov. 2020
  • 5 min de lecture

En pleine polémique sur la loi dite de " Sécurité Globale" qui a eu le " Feu vert" de l'Assemblée Nationale, les affaires de brutalité policière s'enchaînent. Une récente affaire de bavure policière enflamme la toile. La vidéo prise dans les locaux d'un studio, montre trois policiers tabassés le producteur du label de musique Black Gold Corp Studios ainsi que ses clients. Les images ont été rendues publiques par son avocates et postées par le site d'investigation Loopsider.




La police française est-elle trop violente ? Si on pose cette question aux membres du Gouvernement, en premier lieu desquels Gérald Darmanin, actuel ministre de l'Intérieur, la police française serait exemplaire. Pourtant, des vidéos postées par des activistes, des associations, des rédactions ou des avocats prouvent le contraire. Alors que la polémique autour de la loi dite de " sécurité globale " et son sulfureux article 24, sur l'interdiction de filmer et de diffuser les images de policiers, les vidéos de violence policière s'enchaînent.


Il y a moins d'une semaine, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Elle montrait des images de policiers délogeant de façon très brutale des migrants installés sur la Place de la République, au coeur de Paris. Au cours de cette vidéo, on y voit des policiers détruire le campement de fortune occupé par les demandeurs d'asile et puis, un policier asséner un coup de pied dans le ventre d’un manifestant, un autre s’en prendre physiquement, à plusieurs reprises, au journaliste Rémy Buisine du site Brut ou encore des forces de l’ordre pourchasser les réfugiés hors de la capitale.


Cette fois c'est une toute autre affaire de violence qui enflamme depuis ce matin les réseaux sociaux. Les images ont été diffusées par le site d'investigation Loopsider




Selon le site d'information en ligne, les faits se sont déroulés le 21 novembre dernier autour de 19h40(heure de France). Michel, vraisemblablement un producteur d'origine martiniquaise et propriétaire de label Black Gold Corp Studios, est devant l'entrée de sa structure quand il aperçoit une patrouille de police qui fait sa ronde dans le quartier. Ne portant pas de masque, l'homme décide d'entrer dans les locaux de son studio. C'est là que les choses dérapent.


Comme l'affirme Miche, les forces de l’ordre entrent après lui, sans dire un mot, dans son studio, des mains le tirent en arrière. Les policiers tentent de le faire sortir de son studio. Durant 15 minutes l'équipage de police assène des coups violents au producteur de musique, qui ne comprend pas ce qu'on lui reproche. Il reçoit au total une vingtaine de coups de poing, une dizaine de coups de pieds et plus d’une quinzaine de coups de matraque. Les coups sont suivis d'insultes à caractère raciste comme " Sale nègre " " Ta gueule sale nègre", proférés à plusieurs reprises par les agents.


Michel fait attention à ne faire aucun geste brusque. N'étant pas seul à ce moment, il crie et appelle à l'aide. Ses cris finissent par se faire entendre. Neuf artistes qui enregistraient quelques titres au sous-sol, sortent pour venir en aide à leur producteur. Les policiers sont repoussés dehors, puis tentent à nouveau de rentrer en brisant la vitrine et cognent avec violence sur la porte en ordonnant à Michel et à ses artistes de sortir. Entre temps, des renforts sont appelés. A l'extérieur, les voisins armés de leurs téléphones filment la scène. On y voit les policiers, armes à la main pointée en direction de la porte du studio. Pour les faire sortir, les policiers utilisent une grenade lacrymogène à l'intérieur du local.


Asphyxié, Michel sort de son studio. C'est alors qu'il reçoit de nouveau une salve de coup de la part des forces de l'ordre, qui pénètrent armés dans la structure pour délogés les neufs artistes qui, entre temps s'étaient réfugiés dans les sous-sols du fait des émanations de gaz. Placés au sol, ils reçoivent tous des coups et des insultes.



La version policière contredite par les images :


Selon leur procès-verbal consulté par l'AFP, les policiers ont tenté d'interpeller le producteur pour défaut de port du masque. "Alors que nous tentons de l'intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment", écrivent-ils. Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le studio en agrippant l'homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque. Dans leur rapport, les policiers ont écrit à plusieurs reprises que l'homme les avait frappés. Le problème est qu'ils ont été filmés du début à la fin par les caméras de vidéo-surveillance. Des images qui contredisent la version des trois policiers. En effet, selon ces mêmes images, Michel résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. Bien au contraire c'est lui qui se fait rouer de coups.



Dans un communiqué, le procureur de Paris, Rémy Heitz, précise qu'aucune charge n'a été retenue contre Michel, à l'issue de sa garde à vue. Le parquet a en revanche ouvert une enquête pour "violences" et "faux en écriture publique". Une enquête a été confiée à l'IGPN, l'Inspection Générale de la Police Nationale. Michel, qui a d’abord eu six jours d’ITT après son agression, a été hospitalisé dans la soirée de ce mercredi 25 novembre après avoir fait un malaise.


Du côté du Ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin a demandé, sur Twitter, à ce que les trois policiers soient suspendus. “Je souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les plus brefs délais”, a-t-il ajouté.





Une nouvelle affaire en pleine polémique la loi dite de " Sécurité globale" :



Malgré les preuves de ces brutalités, l'Assemblée Nationale a donné son feu vert pour que le texte de loi dite de " Sécurité Globale " entre en vigueur. D'ailleurs, celui-ci a été adopté en première lecture par 388 voix pour, 104 contre et 66 abstentions. Ce qui fait réagir les français c'est le sulfureux article 24, qui a été rédigé en fonction des plaintes ou des aveux des policiers eux-mêmes qui se disent en quelque sorte " harceler" par des témoins armés de leurs téléphones et ce peu importe le motif du contrôle. Ainsi, les policiers se plaignent de ces images qui finissent sur la toile et qui accentuent l'hostilité à leur égard.


Officiellement, l'idée n'est pas d'interdire de filmer, ou de restreindre la liberté de la presse, la liberté d'informer mais, de protéger les policiers. la proposition interdit « l’usage malveillant » de l’image des policiers et gendarmes, sous peine d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende. Ses auteurs entendent empêcher les appels à la violence visant des membres des forces de l’ordre sur les réseaux sociaux. Ils font référence au cas de fonctionnaires identifiés sur des vidéos, puis menacés dans leur vie privée. Sauf, que le texte fait polémique vu que sans les preuves vidéos ou photos, nul ne pourra prétendre être une victime de violence policière. Puis, les journalistes, voient en ce texte une violation de la liberté de la presse. On évoque, une loi " liberticide" proposée par un Gouvernement qui tend de plus en plus vers l'autoritarisme. Déjà que, comme on a pu le voir durant les manifestations des Gilets Jaunes entre 2018 et 2019, les journalistes et reporters ont souvent été pris pour cible par les forces de sécurité qui n'ont pas hésité à tirer des projectiles du genre flashballs, grenades Gli-F4, ou du gaz lacrymogène sur les professionnels de l'information. Qui plus est, cette loi va à l'opposer de la circulaire de 2008 de l'ancien ministre de l'intérieur rappelant que « les policiers ne peuvent s’opposer à l’enregistrement de leur image lorsqu’ils effectuent une mission ». Filmer et diffuser est un droit démocratique qui risque désormais de disparaître.


Malgré la controverse, le Gouvernement reste ferme dans sa volonté de voir sa loi adoptée. Bien que la semaine dernière, le ministre de l'intérieur a affirmé vouloir modifier certains passages de la loi notamment ceux concernant la presse.





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