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Suicide d'Océane Alger : un dernier procès gagné par la famille.

  • ELMS
  • 16 juin 2022
  • 4 min de lecture

Le marathon judiciaire est enfin terminé. Les parents de la jeune Océane Alger, ont gagné le procès qu'ils avaient intenté au complice de l'ex petit ami de leur fille. Une escroquerie qui avait poussé la jeune fille à commettre l'irréparable. Le suicide. Quatre ans après le drame et plusieurs procès, l'ami de l'ex petit ami a été condamné par le Tribunal d'Evry-Courcouronnes. C'est donc la fin d'un marathon judiciaire pour les parents de la jeune Océane qui voient la justice s'accomplir.



Océane Alger morte par suicide après une escroquerie. Photo familiale.


Océane Alger était une jeune femme qui croquait la vie à pleines dents. Aimée, choyée même par sa famille et ses amis(ies), la jeune martiniquaise avait toute la vie devant elle a commencé par son baccalauréat en Sciences et Technologies du Management et de la Gestion ( STMG) qu'elle préparait dans le lycée de la petite commune de Bondoufle peuplée de 9500 âmes.


Pourtant, le 8 mars 2018, la jeune fille de 17 ans se suicide en se jetant sous un train à la gare d’Évry-Courcouronnes. Geste incompréhensible mais désespéré d’une adolescente qui n’a pas supporté d’être arnaquée par son petit ami, un certain Rayan K. : il l’avait entrainée dans une arnaque aux chèques volés.


Tout a commencé par une banale rencontre et une histoire d'amour entre deux jeunes adultes à peine sortis de l'adolescence. Ryan K qui affirme être un chauffeur UBER. Très vite, le jeune homme de 22 ans lui avoue avoir un problème. Il prétend n’avoir pas de compte bancaire pour déposer les chèques que lui remet son employeur. Il persuade la jeune fille de les déposer sur son compte et d'utiliser sa carte bleue en contrepartie. Au départ sceptique, la jeune femme finit par céder.


Ainsi en février 2018, elle accepte. Elle dépose les chèques et lui donne comme prévu sa carte bleue que le jeune homme utilise à volonté. Sauf que, ce qu'elle ignore, c'est que les chèques son volés. La jeune lycéenne se retrouve avec un trou de 6300€ lorsqu’ils sont rejetés.


Désemparée, non protégée par sa banque, la jeune antillaise n'ose pas en parler à ses parents. La veille de commettre l'irréparable, elle leur écrit une lettre pleine de culpabilité :

"Je ne peux plus rester sous votre toit au sein de la famille avec tous les problèmes que je vous emmène. En soi ce n’est pas ma faute mais j’en assume les conséquences". (Extrait de la lettre d'adieu d'Océane)

Le lendemain, Océane se jette sous un train à la gare d'Evry-Courcouronnes. La suite, c'est Serge Bilé de Martinique la 1ère qui la raconte :


Dévastés par le suicide d’Océane Alger, sa famille ne souhaite pas en rester là. Elle veut lui rendre justice et se lance dans une éprouvante bataille devant les tribunaux.


En octobre 2019, la famille Alger fait condamner Rayan K. pour escroquerie aux chèques volés. L’ancien petit ami d’Océane écope d’un an de prison avec sursis : il doit en outre verser 15 000 € pour préjudice moral.


En mars 2020, la famille Alger fait également condamner un homme de 22 ans. Témoin du suicide d’Océane à la gare d’Évry-Courcouronnes, il avait pris une photo du cadavre et l’avait diffusée sur Snapchat.

"Non seulement il a fait la photo, mais il a pris le temps de la retravailler et d’ajouter un émoticône pour obtenir ce qu’il voulait, c’est à dire un maximum de vues", se désolait Laurence Alger.


En avril 2021, la famille Alger fait aussi condamner la banque qui gérait le compte d’Océane pour des manquements. Interviewés par nos confrères de RCI Martinique, Laurence Alger, soeur ainée d'Océane affirmait que " Sa banque malgré l'alerte auprès de sa conseillère un mois avant son suicide et l'entretien avec le directeur de l'établissement, nous avons pu constater qu'elle n'avait pas été écoutée et que nous, sa famille, n'avions pas été alertés".

Comme le précisait Me Potin avocate de la famille "Il y avait une convention de compte signé entre la mineure, ses parents et la banque qui prévoyait un certain nombre de dispositions permettant ou interdisant de procéder à telle ou telle opération et elle a pu le faire, ce qui démontre que la banque n'a pas respecté ses obligations en application d'un contrat".

La banque est condamnée et le directeur de l’agence reconnait la « responsabilité » de l’établissement et verse une indemnité.


Quatre ans après le drame et plusieurs procès, la victoire finale :


Mardi 14 juin 2022 dernier, s'est tenu le procès du complice de l'ex petit ami d'Océane. Il s'agit de l'homme qui a fourni les chèques volés à la jeune femme. Serge Bilé raconte le procès :


" En l’absence du prévenu, son avocat cherche à amoindrir sa faute. Cité comme témoin, le directeur de la banque atténue la responsabilité de son agence, prenant le contrepied de ses propres déclarations un an plus tôt.


Comme une plaie qui s’ouvre à nouveau, ces incohérences font mal à la famille Alger. Après la plaidoirie de leur avocate, le Président du tribunal lui donne la parole.

Dans la salle d’audience, la cadette de la fratrie, Laurence Alger, se lève et fond en larmes en tremblant. Puis, prenant son courage à deux mains, elle se redresse et s’adresse à l’assistance.

Je constate que chaque partie essaie de rejeter la faute du suicide d’Océane sur l’autre, de minimiser la gravité des évènements qui lui est reprochée

Laurence Alger parle également de son association « Prévention Océane » qui a pour but de dénoncer, alerter, sensibiliser, prévenir des dérives, telles que le revenge porn ou autres arnaques.

Le procès s’achève sur une condamnation pour complicité d’escroquerie de l’ami de Rayan K. Il écope de six mois de prison avec sursis et devra verser des dommages-intérêts à la famille Alger."


C'est donc la fin d'un marathon judiciaire pour les parents de la jeune Océane qui voient la justice s'accomplir.




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