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[ Société ] L'extrême pauvreté, véritable fléau pour les Outre-mers.

  • ELMS
  • 10 juil. 2020
  • 16 min de lecture

Pour la carte postale, les Départements d'Outremer sont avant tout des endroits où il fait bon vivre, avec un soleil qui brille toute l'année, des plages de sables fins sur lesquelles, nous consommons des Ti-Punch ou de l'eau de coco, le tout, les pieds dans une eau cristalline à 28°c. Pourtant, loin de ces clichés dignes des cartes postales, pour les habitants de la Guadeloupe, de la Martinique, de Guyane, de la Réunion et encore plus de Mayotte, la vie est plutôt difficile.



En début de semaine, le nouveau premier ministre Jean Castex a publié la liste de ses nouveaux ministres parmi lesquels, Sébastien Lecornu au poste de ministres des Outre-mers. Le jeune ministre de 34 ans a pris ses fonctions mardi 06 Juillet et remplace donc Annick Girardin qui officiait à ce poste depuis le début de la mandature du président Emmanuel Macron. Une nomination qui a fait grincer des dents car, elle rompt avec la tradition de nomination d'ultramarins à ce poste. En effet, depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, il est le premier ministre des Outre-mer non originaire des régions ultramarines.


Malgré ce fait, le nouveau ministre est loin d'être un novice sur la question ultramarine et les problématiques auxquels sont confrontés ces confettis de France. Entré au gouvernement au poste de secrétaire d'état à la transition écologique, il était jusqu'à très récemment ministre chargé des Collectivités territoriales au sein des différents gouvernement de l'ancien premier ministre Edouard Philippe.


Plusieurs dossiers attendent donc le nouveau ministre :

la gestion de la crise du coronavirus en Guyane,

- le référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie,

- le réchauffement climatique en Polynésie française, la question de l'érosion des côtes

- le chlordécone en Martinique et en Guadeloupe,

- le problème de l'eau en Guadeloupe,mais surtout, l'épineuse question du chômage et de la pauvreté, véritables fléaux pour ces territoires français ultrapériphériques.


La pauvreté, l'autre fléau des Outre-mers :


Pour la carte postale, les Départements d'Outremer sont avant tout des endroits où il fait bon vivre, avec un soleil qui brille toute l'année, des plages de sables fins sur lesquelles, la dégustation des Ti-Punch ou de l'eau de coco est possible, le tout les pieds dans une eau cristalline à 28°c. Un stéréotype véhiculé par les médias nationaux pour donner l'envie de visiter ces petits bouts de France disséminés au quatre coins du Monde. Parmi les autres clichés il y a en autre, l'amabilité et l'accueil chaleureux de ces peuples ce qui donne un aspect convivial au séjour touristique. Pourtant, loin de ces clichés, la vie sous les tropiques est loin d'être de tout repos. Pour les habitants de la Guadeloupe, de la Martinique, de Guyane, de la Réunion et encore plus de Mayotte, la vie est même plutôt difficile. Le chômage de masse est l'une des problématiques jamais résolues par les différents gouvernements qui se sont succédés à Matignon. Les jeunes, premières victimes des mauvaises politiques sociales, qui faute de trouver un travail correct chez eux, sont obligés de quitter leurs familles et leurs régions natales pour la France Hexagonale. Dans ces territoires, le chômage est bien souvent suivi d'une pauvreté extrême. Pour celles et ceux qui font le choix de rester, ils doivent jongler entre le manque de perspectives économiques et la vie chère. Conséquence, un taux de pauvreté supérieur à celui de l'Hexagone. Avec l'actuelle pandémie de la Covid-19, la question de la précarité et de la fragilité des populations a été plusieurs fois relatée dans différents articles tant au niveau local que national. Impossibilité de ce confiner, situation sanitaire déplorable, problème d'eau, risque de famine dans certains quartiers populaires de Guyane et de Mayotte, autant de problèmes auxquelles doivent faire face ces régions et qui soulignent l'importance pour elles de trouver un développement qui leur est propre et surtout à long terme.


Selon le rapport de l'INSEE daté du 1er Juillet 2020, en 2017 les habitants des Départements d'Outre-mer ( DOM) ont globalement un niveau de vie plus faible que dans l'Hexagone et les inégalités sont plus marquées, en particulier en Guyane et bien plus encore à Mayotte. Le taux de pauvreté monétaire ( seuil à 60%) des DOM est deux à cinq fois plus élevé qu'en France Hexagonale. Les chômeurs, les personnes non diplômées, les jeunes et les familles monoparentales sont les plus touchés par la pauvreté. La proportion des prestations sociales dans le revenu des ménages est sensiblement plus forte qu'en France Hexagonale. Analyse par département.


a) Plus d'un tiers de la population en Guadeloupe sous le seuil de pauvreté :


Au delà de l'aspect paradisiaque de son chapelet d'îles et d'îlots, la vie dans l'archipel guadeloupéen est loin d'être de tout repos pour les locaux. Au cours de cette période ( 2017) 134 800 Guadeloupéens, soit 34% de la population, vivent en dessous du seuil de pauvreté national, fixé à 1010 euros par mois et par unité de consommation. En ce qui concerne les couples avec deux enfants de quatorze ans, le revenu avoisine les 2121 eu par mois. A titre de comparaison, en France hexagonale, le taux de pauvreté est de 14%. De plus, en Guadeloupe, la moitié de la population vit avec moins de 1310€ par mois tandis que dans l'Hexagone, le niveau de vie médian est de 1700€. 19% des guadeloupéens vivent avec moins de 790€ par mois, alors qu'en France, seuls 6% de la population vivent avec moins de 790€/mois. Par ailleurs, 16% des guadeloupéens vivent avec un salaire compris entre 790€ et 1010€ / mois. Dans l'Hexagone, ils sont 8% de la population à toucher un salaire compris entre 790€ et 1010€.



Selon l'institut national des sondages, l'économie guadeloupéenne souffrirait notamment de plusieurs handicaps structurels comme l'étroitesse du territoire et son isolement, ce qui aurait des conséquences sur le marché local de l'emploi dominé par une minorité de la population. L'institut parle de " situations monopolistes qui peut avoir pour conséquence un défaut de compétitivité des entreprises locales". Dans son rapport, l'INSEE évoque aussi la faible qualification de la main d'oeuvre locale liée à des inégalités d'accès à la formation (sociales et géographiques). Ainsi, le manque d'emploi augmenterait le risque de pauvreté. En 2017, en Guadeloupe, le chômage s'établit à 22,4% pour la population active, dont près de 43,3% chez les jeunes entre 15-24 ans. Des situations qui poussent de plus en plus de jeunes guadeloupéens et guadeloupéennes au départ notamment vers la France Hexagonale. Pour rappel, en l'espace de 5 ans, l'île aux belles eaux a perdu 10 000 habitants passant de 404 600 habitants en 2011 à 397 000 en 2017, désormais l'archipel guadeloupéen compterait environ 394 100 habitants en 2018 soit une baisse de 3000 habitants en une année. Une population qui continue de baisser, preuve de l'échec des différentes politiques sociales établies par les gouvernements successifs.


Autre frange de la population touchée par la pauvreté, les familles monoparentales. " 49 % des individus de ces ménages vivent sous le seuil de pauvreté national. Ces familles cumulent les difficultés : absence d’emploi (33 % d’entre elles) et absence de diplôme (38 %) pour la personne de référence. Bien que les allocations familiales soient versées en Guadeloupe dès la naissance du premier enfant sous conditions de ressources, le niveau de vie des familles monoparentales reste faible. Le taux de pauvreté des personnes seules est également élevé : quatre sur dix sont concernées. "

Les inégalités sont donc plus fortes sur le territoire guadeloupéen que sur celui de l'Hexagone. En effet, en 2017, les 10% des personnes ayant les niveaux de vie les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 600€/mois par unité de consommation et les 10% de personnes ayant les niveaux de vie les plus élevés ont un niveau de vie supérieur à 2940€ par mois par unité de consommation, soit 5 fois plus que les ménages les plus modestes. En France Hexagonale, les inégalités seraient moins fortes, avec un rapport de 3.3. Le fossé social se creuserait au fur et à mesure des années et question répartition des richesses, celle-ci serait plus inégalitaire que dans l'hexagone.


" La moitié des personnes ayant les niveaux de vie les plus modestes ne disposent que de 26 % de la masse des niveaux de vie. En revanche, les 20 % de personnes les plus aisées en perçoivent 47 %, soit 6 fois plus que celle détenue par les 20 % les moins bien dotés. En France métropolitaine, ce rapport est de 4. Ces inégalités expliquent en partie le taux élevé d’individus avec un très faible niveau de vie en Guadeloupe."



b) 29% des Martiniquais vivaient sous le seuil de pauvreté en 2017 :


Sur certains aspects, la situation économique et sociale à la Martinique semble meilleure que celle de son île soeur, la Guadeloupe ou des autres régions ultramarines, mais l'écart entre l'île des caraïbes et l'Hexagone est tout aussi important. En 2017, sur l'île aux fleurs, 28,6% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire soit 96 400 personnes, contre 14,1% en France Hexagonale. Ces seuil s'élèverait à 1041€/mois et par unité de consommation. Il correspond à un revenu disponible de 2186€/mois pour un couple avec deux enfants de moins de quatorze ans. Comme en Guadeloupe et dans les autres régions ultramarines, le chômage est l'une des causes principales du fort taux de pauvreté. En 2017, il s'élève à 17%, soit deux plus qu'en France hexagonale. Pour la même année, 12% des martiniquais et martiniquaises se situent à la frontière entre le chômage et l'inactivité. 40% des jeunes entre 15-24 ans sont sans emploi. La proportion de personnes disposant d'un emploi parmi celles ayant entre 15 et 64 ans est bien plus faible sur l'île que dans l'Hexagone ( 54% à la Martinique contre 65% en France en 2017). Cependant, le taux de pauvreté est inférieur à ceux des autres départements français d'Outre-mer. Malgré ce fait, la situation économique pousserait de nombreux jeunes à quitter l'île par manque de perspectives économiques. En cinq ans, la Martinique aurait perdu 16 000 habitants avec désormais une population estimée à environ 375 000, une tendance toujours à la baisse.


Pour autant, les jeunes et les familles monoparentales sont les plus touchées par la pauvreté, comme le relate, l'INSEE, en 2017, 47% des membres des ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans vivent sous le seuil de pauvreté. Les jeunes en emploi perçoivent des salaires plus faibles en début de carrière. Ensuite, le taux de pauvreté diminue avec l'âge de la personne de référence jusqu'à 75 ans. Ainsi, il s'établit à 34% pour les 30-39 ans, 32% pour les 40-49%, 29% pour les 50-59ans. Les jeunes retraités, âgés de 60-74 ans sont les moins touchés par la pauvreté soit 22%. Quant à ceux qui ont 75 ans voire plus, ils sont beaucoup moins touchés par la pauvreté; près de 30% vivraient avec un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.


En ce qui concerne la pauvreté des familles monoparentales martiniquaises, bien qu'inférieure à la Guadeloupe ou autres de DROM, elle est toujours plus élevée que dans l'Hexagone. " Ils sont respectivement 41% (familles monoparentales) et 40% (hommes vivant seuls) à vivre avec un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Néanmoins, les femmes seules sont un peu moins affectées avec un taux de pauvreté s'établissant à 37%. A l'inverse, moins de 20% des ménages composés de deux adultes,(couples avec ou sans enfants) vivent sous le seuil de pauvreté."




Les inégalités sont donc plus criantes à la Martinique que dans l'Hexagone. Les 10% les plus riches gagnent au moins 4,2 fois plus que les 10% les plus pauvres. En France Hexagonale, ce rapport est plus faible et les 10% les plus riches gagnent 3,4 fois plus que les 10% les plus pauvres. A la Martinique, les 20% les plus aisés perçoivent 41% de la masse totale des revenus contre 8% pour les 20% des ménages les plus modestes. Ces inégalités seraient dû selon l'INSEE à un niveau de vie plus faible pour les plus modestes.




c) En Guyane, la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté :


Dès que l'on évoque la Guyane, inconsciemment on pense à l'Amazonie et sa riche biodiversité, à son melting-pot culturel, pourtant la plus grande région de France est l'une des plus pauvres. D'ailleurs, l'actuelle pandémie de coronavirus qui frappe actuellement le territoire guyanais montré l'extrême fragilité de sa population. Sur place, on parle d'impossibilité pour les populations de rester confiner du fait de la promiscuité dans les quartiers populaires et les habitations insalubres.


La plus grande région française est sans doute l'une des régions d'Outremer et plus largement de France avec le plus d'inégalités sociales, salariales. En 2017, en Guyane, une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté, ce qui correspond à 122 600 personnes pauvres. Ces personnes ont un niveau de vie inférieur à 1010€ / mois et par unité de consommation. A titre de comparaison, le taux de pauvreté est plus faible en Guadeloupe avec 34%, à la Martinique il est de 29% tandis que dans l'Hexagone, ce taux de 14%. Ainsi, en Guyane, la moitié de la population guyanaise vit avec au moins 920€/ mois et par unité de consommation.


En Guyane, 23% de la population vivrait avec moins de 550€ alors qu'en Guadeloupe seuls 9% de la population vivrait avec moins de 550€ alors qu'en France Hexagonale, ce taux n'est que 2%. De plus, 30% de la population vivrait avec un salaire compris entre 550€ et 1010€ à titre de comparaison, en Guadeloupe, 25% de la population gagnerait un salaire entre 550€et 1010€ et dans l'Hexagone seuls 12% de la population gagnerait un salaire entre 550 et 1010€ / mois.


Tout comme en Guadeloupe, à la Martinique et dans le reste des Outre-mers, le chômage est l'une des causes de ce fort taux de pauvreté. Malgré un fort recul ces dernières années, ( 22% en 2014), (19% en 2018), il reste tout de même plus élevé que dans l'Hexagone où il s'élève à 9% pour la même année. Les jeunes de 15 à 29 ans sont les premières victimes du chômage de masse ( soit 32% de la population active) et donc les premiers touchés par la pauvreté. Un chômage reposant sur des problèmes structurels que sont l'étroitesse du marché et l'inadéquation des besoins avec les qualifications de la population active. Rajouter à cela les problèmes de mobilités pour les actifs trop éloignés des zones d'emploi. En outre, en Guyane, l'âge précoce du premier enfant rend plus difficile l'insertion des jeunes dans le marchés du travail. Ils disposent de salaires plus faibles en l'absence d'ancienneté et d'expérience. De ce fait, les personnes vivant dans un ménage dont la personne de référence est âgée de moins de 30 ans sont particulièrement touchées par la pauvreté, 74% des individus de ces foyers vivent sous le seuil de pauvreté et 27% ont un très faible niveau de vie. Tandis que dans les ménages où les personnes âgées de 65 ans ou plus, le taux de pauvreté n'est que de 34%.


L'autre facteur et non des moindres, l'immigration. L'INSEE dans son rapport souligne que : "Les résidents guyanais nés à l’étranger présentent des taux de pauvreté nettement supérieurs à ceux nés dans un DOM ou en France métropolitaine. Ainsi, 74 % des personnes dont la personne de référence du ménage est née à l’étranger sont pauvres et 37 % vivent avec un très faible niveau de vie. Un Guyanais sur trois est originaire du Surinam, de Haïti ou du Brésil. Ils disposent le plus souvent de faibles revenus et rencontrent des difficultés pour s’insérer sur le marché du travail. Pour les personnes vivant dans un ménage dont la personne de référence est native de Guyane ou d’un autre DOM, le taux de pauvreté s’établit à 39 %. Enfin, les individus vivant dans un ménage dont la personne de référence est née en France métropolitaine sont peu touchés par la pauvreté (5 %). La personne de référence de ces ménages occupe en majorité un emploi."


Les inégalités sont beaucoup plus importantes en Guyane qu'en France Hexagonale , ainsi donc, selon l'INSEE, " Les 10 % de personnes ayant les niveaux de vie les plus modestes ont un niveau de vie mensuel inférieur à 360 euros par mois par UC. Les 10 % de personnes ayant les niveaux de vie les plus élevés ont un niveau de vie supérieur à 2810 euros par mois par UC, soit 7.8 fois plus que le 1er décile. Tandis qu'en France, les inégalités sont moins fortes avec un rapport à 3,3 en 2017. "


Toujours selon l'Institut des sondages, " La moitié des personnes ayant les niveaux de vie les plus modestes ne dispose que de 20 % de la masse des niveaux de vie. En revanche, les 20 % de personnes les plus aisées perçoivent 47.3 % de la masse totale des niveaux de vie, soit 10.7 fois plus que celle détenue par les 20 % les plus modestes." Si l'on comparait avec l'Hexagone ( 4) ou encore la Guadeloupe(5,9), ce rapport est nettement moins élevé.



d) La Réunion et Mayotte deux îles très pauvres mais des situations différentes :

Le charme des îles françaises de l'Océan Indien n'est pas à redire. Avec leurs lagons, leurs paysages tropicaux enchanteurs, où l'on peut s'aventurer pour de longues heures de randonnée, le volcan et les plages paradisiaques, elles attirent, pourtant, comme leurs compatriotes des autres régions ultramarines, le taux de pauvreté est très élevé mais les situations sont différentes. Depuis 2007 sur l'île de la Réunion, la pauvreté et les inégalités reculent. Toutefois, la pauvreté reste plus importante que dans l'Hexagone. Ainsi, en 2017, 38% des réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté, (qui est calculé selon la distribution des revenus de l'hexagone) et qui s'élève à 1041€/ mois et par unité de consommation. Si le taux de pauvreté est plus important sur l'île, c'est dû au fait que le chômage, bien qu'il soit en baisse, il est toujours plus important que dans l'Hexagone. En 2018, le taux de chômage s'établissait à 24%, soit 83000 personnes en situation de chômage. Ce sont les jeunes ( de 15-29 ans) qui sont les plus touchés, avec un taux de chômage établit à 42%. C'est donc un Réunionnais sur 4 qui est en situation de chômage. Les jeunes sont donc plus concernés par la pauvreté. Selon l'INSEE, 115 500 mineurs vivent et grandissent dans un foyer dit pauvre, soit la moitié d'entre eux.




Par contre, comme le souligne l'INSEE, avoir un emploi ne suffit pas toujours à éviter une situation de pauvreté. Ainsi, parmi les ménages dont les revenus d'activité sont la principale ressource déclarée, 21% se situent en dessous du seuil de pauvreté en 2017, c'est deux fois plus qu'en France Hexagonale.


A la Réunion, en nous référant aux données de l'Institut national, on constate que la pauvreté concerne en particulier les communes rurales et les zones éloignées. 50% à Saint-Philippe, 55% à Saint-Rose, 54% à Cilaos, 59% à Salazie. En revanche, les villes du Nord et l'Ouest sont moins touchées par la pauvreté. Par La Possession le taux de pauvreté n'est que de 27%, à l'Etang-Salé, il n'est que de 31%, 33% à Sainte-Marie, 35% à Saint-Paul etc.




L'archipel maorais et la région française la plus pauvre de tout le territoire national. L'actuelle crise liée à la pandémie de la Covid-19 a pointé les carences dont souffre le plus jeune département français. Il ne fait pas de doute que Mayotte est très pauvre, tant au niveau structurel que social. La population maoraise est même la plus pauvre de France. Le niveau de vie médian des habitants de l'archipel français de l'Océan Indien est six plus faible que celui de la France Hexagonale. Alors qu'il avait progressé les années qui ont suivi le changement de statut de l'ancien territoire d'Outre-mer, le niveau de vie baisse d'années en années. Les écarts de richesse entre les plus aisés et les autres se sont même accrus. Selon l'Insee, le niveau de vie plafond des 40% des moins aisés est 20% plus faible qu'en 2011, tandis que le niveau de vie plancher des 10% les plus aisés a augmenté de 50%.

En 2018, à Mayotte, la moitié de la population vit avec moins de 260€/mois par unité de consommation. De plus, selon le site de statistiques, 77% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté national, soit cinq fois plus que dans l'Hexagone. Parmi cette population très pauvre, près de la moitié ne dispose que de très bas revenus soit moins de 160€/mois.


Cette augmentation de la pauvreté s'expliquerait en partie par la pression migratoire de cette décennie. La grande majorité des pauvres seraient d'origine étrangère, comme l'explique l'Insee : " la probabilité d’être pauvre pour un ménage de Mayotte augmente significativement si la personne de référence de ce ménage est une mère isolée, de nationalité étrangère, sans emploi, jeune, sans diplôme qualifiant, locataire de son logement[...] Les ménages dont la personne de référence n’a pas d’emploi (chômeur ou inactif) sont quasiment tous pauvres. Pour autant, avoir un emploi ne protège pas forcément de la pauvreté, du fait de la taille importante des ménages et des faibles rémunérations. Ainsi, 58 % des ménages dont la personne de référence a un emploi sont pauvres. Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 92 % pour les ménages dont la personne de référence n’a pas de diplôme, contre 62 % lorsqu’elle possède un CAP ou un BEP et 42 % lorsqu’elle détient le baccalauréat ou un diplôme supérieur... À Mayotte, 94 % des familles monoparentales (mères isolées avec leurs enfants) sont pauvres. Ce sont les types de ménages les plus concernés par la pauvreté.

Les personnes originaires de l’étranger sont aussi particulièrement exposées à la pauvreté. Ainsi, le taux de pauvreté atteint 94 % lorsque la personne de référence du ménage est née à l’étranger. En effet, le plus souvent, les personnes venant de l’étranger résidant à Mayotte disposent de faibles revenus et ne perçoivent pas de prestations sociales[...] Pour les ménages dont la personne de référence est native de Mayotte ou d’un autre DOM, le taux de pauvreté s’établit à 59 %. Il est nettement moindre pour les natifs de métropole (4 %). Ces derniers sont plus souvent en emploi : le taux d’emploi est ainsi de 23 % en 2018 pour les natifs de l’étranger, de 38 % pour les natifs de Mayotte et de 80 % pour les natifs de métropole"



Les territoires d'Outre-mer très dépendants des aides sociales :


Une économie sous perfusion de l'Etat, un chômage endémique qui pousse de nombreux habitants (notamment les jeunes) à fuir, un taux de pauvreté bien plus supérieur que celui du niveau national, des situations de monopoles d'une minorité sur la majorité, autant de facteurs qui rendent ces territoires extrêmement fragiles tant au niveau économique qu'au niveau social. Une situation inédite pour des petits paradis sur terre, riches en biodiversité ou en matières premières qui se retrouvent dans une situation de de totale dépendance des aides sociales et de ce fait de la France. Une situation qui évidemment varie en fonction de la région, par exemple :


En Guadeloupe, les prestations sociales occupent une plus large place dans le revenu disponible des ménages guadeloupéens par rapport à ceux vivant en France. Elles représentent 58% du revenu disponible des 20% des ménages les plus modestes, tandis que dans l'Hexagone, elles ne représentent que 31% du revenu disponible. Elles soutiennes les revenus les plus faibles en permettant d'assurer à une personne ou à sa famille un revenu minimum afin d'échapper à l'extrême pauvreté. Chez les 20 % de ménages les plus modestes, le revenu de solidarité active (RSA) à un poids prépondérant, soit 27 % du revenu disponible. Viennent ensuite les prestations familiales (12 %), puis les aides au logement (10 %) et l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) et l’allocation adulte handicapé (9 %). Signe d’une précarité accrue, entre 2011 et 2017, le montant mensuel du RSA et celui de l’ASPA ont progressé respectivement de 17 % et 13 % en moyenne annuelle.


En Guyane, , les ménages les plus pauvres dépendent essentiellement des prestations sociales. Elles représentent 70 % du revenu disponible des 20 % des ménages les plus modestes et 56 % pour les ménages les plus aisés, alors qu'en France ce type de revenu représente respectivement 31 % et 10 % des revenus. Chez les 20 % de ménages les plus modestes, le revenu de solidarité active (RSA) à un poids prépondérant, soit 31 % du revenu disponible. Viennent ensuite les prestations familiales (26 %), puis les aides au logement (9 %), l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) et l’allocation adulte handicapé (4 %).


Une situation quasi similaire sur l'île de La Réunion, et comme le précise l'Insee : le niveau de vie de nombreux Réunionnais dépend fortement des prestations sociales et plus particulièrement des minima sociaux. Le poids des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages est trois fois supérieur à La Réunion par rapport à la métropole : 16 % contre 5 %[...] Au contraire, les pensions et retraites ont un poids deux fois inférieur. Ceci s’explique par la jeunesse de la population conjuguée à un fort taux de chômage, le plus élevé de France en 2017 après Mayotte (23 %). Fin 2017, La Réunion compte 163 200 allocataires de minima sociaux.



Une telle situation est un véritable frein pour le développement économique de ces régions incapables de nourrir leurs enfants. Après la crise sanitaire dû au coronavirus, il faudra s'attendre à un possible effondrement de l'économie de ces territoires déjà fragilisés. Des actions fortes menées au plus haut sommet de l'Etat devrons être entreprises pour relancer les économies locales. Par ailleurs, les dirigeants de ces régions devront eux-aussi proposer une nouvelle alternative afin de changer de paradigme et voir l'avenir sous un meilleur jour. 58 recommandations de la Délégation Outre-mer du Sénat, ont d'ailleurs été formulées en ce sens.





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