Rachelle Allison avec “ Si j’étais pire “ j’explore des situations où la femme a le mauvais rôle
- ELMS
- 30 oct. 2021
- 16 min de lecture
Malgré les contraintes sanitaires liées à l’actuelle pandémie de Covid-19, Rachelle Allison a été très active musicalement. Après un passage remarqué dans le Planète Rap de Meryl, une omniprésence sur les réseaux sociaux et un titre qui annonçait les hostilités, “ Fanm sé dyab”, comprenez la femme est le diable. La chanteuse Guadeloupéenne nous a gratifié d’un nouvel EP “ Si j’étais pire” dans lequel l’artiste y célèbre la femme sous tous ses aspects et, elle aborde des thèmes poignants plus que d’actualité.

Le nom de Rachelle Allison n'est plus à présenter. Présente depuis une bonne décennie sur le devant de la scène musicale antillaise, l'artiste originaire de Basse-Terre s'est érigée comme une valeur sûre de la nouvelle génération d'interprètes issus de la nouvelle vague musicale antillo-guyanaise.
Malgré les contraintes sanitaires liée à l’actuelle pandémie de Covid-19, Rachelle Allison a été très active musicalement. Après un passage remarqué dans le Planète Rap de Meryl, une omniprésence sur les réseaux sociaux et un titre qui annonçait les hostilités, “ Fanm sé dyab” la femme est le diable. La chanteuse Guadeloupéenne nous a gratifié d’un nouvel EP “ Si j’étais pire” dans lequel l’artiste y célèbre la femme sous tous ses aspects et, elle aborde des thèmes poignants plus que d’actualité . Dans ce projet de 10 titres qu’elle partage entre des chants en solo et des featurings remarqués avec des artistes comme Meryl, Matieu White, Jok’air, Bawbi Gucci, ou encore le duo de Sainte Lucie Lucity et enfin Chanel. Le temps d’une interview, Rachelle Allison est revenue sur sa carrière musicale qui est à son apogée.
The Link Fwi : Bonjour Rachelle Allison, bienvenue sur The Link Fwi, premièrement qui es-tu, peux-tu te présenter à nos spectateurs (trices) ?
Rachelle Allison :Tout d’abord, je voudrais vous remercier de me recevoir sur votre programme. Je suis Rachelle Allison, chanteuse, Guadeloupéenne originaire de Basse-Terre. J’évolue dans un style plutôt afro-caribéen / urbain. Cela va bientôt faire dix ans que je suis dans la musique.
TLFWI Quel est ton parcours musical et comment es-tu entré dans la musique ?
Rachelle Allison : J’ai fréquenté le monde de la musique assez jeune. Ma toute première session studio, j’étais enfant, je devais avoir entre 12 ou 13 ans c’était avec Christian Yéyé qui est un producteur sur Basse-Terre. Par la suite, j’ai eu la chance de collaborer avec Henri Debs. Puis, finalement, c’est à l’âge adulte, une fois que j’ai pris cette maturité que je me suis lancé dans la musique en tant qu’artiste à part entière et que l’on m’a baptisé Rachelle Allison qui sont mes deux prénoms, c’était vers 2011/2012. Donc plus de dix ans de musique sous le nom de Rachelle Allison mais sinon cela fait bien vingt ans que je fréquente le milieu musical.
The Link Fwi : Quels sont tes influences et les artistes qui t’ont donné l’envie de faire de la musique ?
Rachelle Allison : Lorsque j’étais petite, je ne saurais dire quel fût le déclic, je sais que j’écoutais beaucoup de Ms Lauryn Hill, Alicia Keys, j’étais aussi très impressionné par la voix de Mariah Carey vu qu’elle monte dans les aigus et quand j’étais enfant, j’arrivais à le faire. J’aimais beaucoup Whitney Houston et plus localement, j’avais beaucoup d’admiration pour Gilles Floro, Tanya St Val, Jean-Michel Rotin et la diva Edith Lefel.
TLFWI : Comment qualifierais-tu ta musique, précédemment tu nous a parlé de la Caribbean urban music, peux-tu nous en dire plus ?
Rachelle Allison : Alors, ce n’est pas vraiment un style, c’est moi qui l’ai inventé (rires). Pourquoi, tout simplement c’est une question qui revient souvent “ quel est ton style “. En tant qu’artiste, je trouve cela très frustrant de dire que je fais du zouk ou que je fais du RnB. Nous les artistes, nous devons être en mesure de surfer sur différents styles et de ce fait les différents courants musicaux qui m’intéressent et avec lesquels je me suis déjà essayé sont des styles afro-caribéens et urbains. J’ai donc rassemblé ces trois mots là. Ce qui a donné la Caribbean Urban Music.
The Link Fwi : Quels sont tes thèmes de prédilection ?
Rachelle Allison : Entre mes débuts et aujourd’hui, on va dire que j’ai une quarantaine de titres, et dans la plupart de mes textes, je vais souvent parler d’amour, des relations hommes/femmes. Après, j’entends souvent les gens dire “ Rachelle Allison ne parle que de sexe “ (rires). En vérité, je ne dois avoir que cinq ou six titres qui traitent de ce sujet. Il y a “ Avan vou”, “ Bedroom Queen”, “ Animal “ mais il n’y a pas tant que ça. Dans ces chansons, je vais mettre en avant ma sensualité, mais comme venu d’une femme, cela parait plus choquant, on va coller cette étiquette. Finalement pour moi qui une femme, il est important, de me réapproprier ma sexualité. Dans la société dans laquelle nous vivons, le corps et la sexualité de la femme sont instrumentalisés à des fins marketing. Par exemple, pour vendre un gel douche, on va mettre en avant le produit avec des seins nus. On va mettre en avant le corps d’une femme pour vendre une voiture. Le corps de la femme est vendeur mais pour tout et n’importe quoi. Quand j’étais étudiante des amis en marketing, me disaient que si une enseigne voulait vendre du café ou n’importe quel produit de consommation alimentaire, on va mettre sur un grand 4/3 la bouche d’une femme. Pourquoi la bouche ? Car elle suggère une forme de sensualité et notamment une certaine pratique sexuelle faite durant les préliminaires. Cela ne dérange pas quand c’est sous cette forme. Cependant, quand une femme va affirmer sa féminité, sa sexualité ou se servir de son corps, elle va de suite être sujette à des préjugés, elle va être juger. Elle va être considérée comme une femme facile. L’idée est donc de dire qu’en tant que femme, je veux maîtriser mon sujet, je veux aborder cette thématique sans rentrer dans l’excès, le cru ou la vulgarité. J’ai besoin que cela devienne quelque chose de normal non quelque chose de tabou. Autre chose, je parle du plaisir féminin pour que les jeunes filles qui vont écouter ces musiques qu’elles n’aient pas à rougir lorsque l’on en parle et qu’elles prennent conscience que dans l’acte sexuel, le plaisir de la femme et tout aussi important que celui de l’homme. Souvent, nous les femmes dans un rapport intime, nous voulons d’abord faire plaisir à l’homme ou bien souvent, et ce bien souvent, on pense que le rapport sexuel se termine une fois que l’homme a éjaculé alors que la femme a aussi son plaisir. Elle doit aussi atteindre l’orgasme et l’acte ne s’arrête pas uniquement quand l’homme a terminé. Autre exemple, c’est tout récemment que j’ai su que le clitoris n’était pas simplement la partie extérieure visible et qu’il était bien plus grand qu’on ne le pense. Le sujet est très large mais une chose est sure ce n’est pas à l’école dans les cours d’éducation, au collège je crois, que l’on va apprendre tout ceci aux jeunes filles. Il faudrait lever le tabou pour que chacun prenne conscience de ses capacités et comprenne son corps et que le plaisir ne soit pas un secret. C’est ma petite lutte personnelle mais non je ne parle pas uniquement de sexe.
TLFWI : Sur la plupart de tes chansons on voit que tu mélanges les deux langues, “ créole”, “ français” est-ce un choix stratégique, en gros vouloir toucher un public à la fois francophone et créolophone ?
Rachelle Allison : Le mélange entre le créole et le français je l’ai commencé dès mes débuts. Pour être honnête, il est plus facile, pas au sens où cela va plus vite mais ce que je veux dire c’est que pour nous locuteurs créolophones, il est plus simple d’écrire un texte en créole qu’en français. Avec le créole, il y a beaucoup plus de métaphores, il est beaucoup plus poétique. Tandis qu’écrire en français est avant tout un exercice. Nous savons tous que la langue française est l’une des langues les plus compliquées et le fait d’avoir des mots mélodieux qui s’assemblent bien pour faire une jolie mélodie c’est un peu plus compliqué. Depuis que j’ai commencé la musique, autant que je vais faire un texte en français autant que je vais l’écrire en créole. J’écris dans les deux langues sans pour autant viser un public particulier, c’est simplement une préférence en fonction du titre. Après, pour de nombreux artistes qui chantent au départ en créole, la langue régionale est souvent considérée comme une barrière si on souhaite s’attaquer à un public plus large et justement l’idée est de forcer les portes qui sont longtemps restées fermer à nous. Quand je vois le titre avec Meryl “ Ma Petite “, le thème est international, le clip a été pensé pour tous les types de public. Puis, nous l’avons écrit autant en français qu’en créole parce que l’on savait que ce titre dépasserait les frontières des Antilles et ne toucherait pas uniquement notre public. C’était l’occasion pour nous d’imposer notre créole sur la scène musicale.
The Link Fwi : Combien d’albums ou d’Ep as-tu à ton actif ?
Rachelle Allison : Je n’ai pas encore d’albums. Le dernier projet que j’ai sorti c’est “ Si j’étais pire “ qui est mon deuxième EP. Juste avant, il y a eu Esquisse publié en 2019. Avant cela, j’ai sorti plusieurs singles “ Anmwé” “ Fanm sé Dyab “. J’ai aussi plusieurs mixtapes “ Vices & Vertu “ et la toute première fût “ La rêveuse “. Cela fait donc quatre projets et quelques singles en électron libre.
TLFWI : Dans ton premier EP ESQUISSE, des artistes tels que Yung Feez, Lyncinais Jean, Lorenz, The Love, T-Shaa, Mathis OneBlaze ou encore J-Kay, tandis que pour ce nouvel EP “ Si j’étais pire “ des artistes comme Méryl, Mathieu White, Lucity ou encore Jok’air et Bawbi Gucci font leur apparition, comment la connexion s’établit-elle avec ces artistes ?Est-ce que c’est toi qui prends contacte et leur propose une collaboration ou c’est eux qui t’approchent et te disent vouloir chanter à tes côtés ?
Rachelle Allison : En général quand je fais un projet musical, je réfléchis aux nombres de tires qui figureront sur l’EP etc, Par la suite, en fonction de la chanson, j’ai une idée de tel ou tel artiste qui chantera avec moi. Pour le coup, c’est donc mon équipe et moi qui allons à la rencontre des artistes et nous leur faisons des suggestions, nous les avons invités sur ce projet, ils ont accepté et ensemble, nous avons fait de très beaux titres. Pour Esquisse, concernant les différents artistes cités, pour la plupart, ils apparaissaient sur le remix de mon titre “ Bedroom Queen “. Dans un premier temps, j’avais invité des femmes à faire ce remix-là. Ensuite, nous avons fait une version plus longue avec des voix masculines. Au passage sur ce morceau, on retrouve Lycinais Jean mais aussi Meryl.

The Link Fwi : Justement peux-tu nous parler de ton deuxième EP “ Si j’étais pire “ quels sont les thèmes abordés, les artistes et beatmakers avec lesquels tu as collaboré ?
Rachelle Allison : Il faut savoir que l’idée de faire ce projet-là a été un travail d’équipe. Il y a Mike que j’ai déjà présenté et avec qui je compose en général. Il y a ensuite, l’équipe de communication qui est derrière, l’Agence 88 et Omax. Tous ensemble, nous déterminons la direction à prendre, l’univers abordé et sous quelle forme il sera présenté. “ Si j’étais pire “ est né de Fanm sé Dyab “. L’idée était de parler des différentes situations où la femme est vue négativement et que nous assumions, que nous prenions à bras le corps cette vision négative de la femme. Pour rappel, l’expression “ Fanm sé Dyab “ est utilisée pour incriminer les femmes qui ont bon dos, selon les situations notamment celles où un homme est déçu du comportement de la femme ou lorsque celle-ci peut commettre les mêmes erreurs que l’homme. Dans ces cas de figure, elle va être associée au diable, elle va être vilipendée, parce que la femme est un objet précieux qui donne la vie et donc elle n’a pas le droit à l’erreur et lorsqu’elle faute, elle est assimilée au diable (rires) Alors que nous femmes comme hommes, nous sommes avant tout des êtres humains, nous avons les mêmes pulsions, nous pouvons commettre les mêmes erreurs, c’est juste que l’un ou l’autre gère la chose différemment et en l’occurrence l’homme gère un peu moins bien ses déceptions (rires).
Pour revenir à “ Si j’étais pire “ j’explore à travers différents titres des situations où la femme a le mauvais rôle. Par exemple sur le titre “ Animal “ en featuring avec Jok’air on aborde le thème de l’infidélité du côté de la femme. Dans l’histoire, elle admet avoir une attirance physique pour un homme, alors qu’elle est en couple. Elle va donc avoir cette pulsion qu’elle aura du mal à contrôler. Selon moi, quand tu penses déjà à l’erreur que tu vas commettre sans même l’avoir commise, tu es déjà dans la démarche de faire cette erreur. C’est comme ci le processus était déjà enclenché dans ta tête. Quand l’idée est déjà dans ta tête et, évidemment je parle en tant que femme et en général, on sait que quand tu penses déjà à l’interdit, c’est que tu vas y aller. C’est comme une pulsion animale, un peu comme ce que l’homme peut ressentir.
Dans “ Plus que ça “ la femme va assumer le fait de s’accaparer l’homme d’une autre. Quand je chante “ elle n’avait pas le choix, je lui ai pris son mec “ et à la fin la morale est de montrer que l’erreur qui a été commise n’a pas été faite par moi mais par le mec qui a flanché et qui est allé dans mes bras. A aucun moment, je l’ai menacé, personnellement, je n’avais pas d’engagement avec toi tandis que lui, si. C’est lui qui a manqué de respect à votre engagement, c’est donc vers lui qu’il faut se tourner. Après, je vous laisse aller découvrir les autres chansons présentes sur l’EP pour comprendre les différents thèmes abordés dans “ Si j’étais pire “
En ce qui concerne les collaborations, il y a eu “ Ma petite “ chantée avec Meryl, sur laquelle on aborde la thématique de l’inceste et des violences sexuelles dans les familles qui sont un véritable fléau chez nous. Nous abordons ce thème sur un zouk composé par les beatmakers Fside et Josh Rosinet. Nous avons voulu traiter ce thème sur du zouk parce que ce style très à la mode au niveau national, des artistes comme Naza, Aya Nakamura et bien d’autres encore qui font la majorité de leurs hits nationaux sur du zouk qui vient de chez nous. Il s’agit donc d’une forme de réappropriation culturelle, et parler de ce sujet sur un rythme dansant afin de donner aux gens l’envie de l’écouter. Après, ce n’est pas pour les choquer au sens propre du terme mais pour les secouer face à ce phénomène qui est quand même récurrent chez nous mais très tabou. Puis, nous voulions dire aux victimes que non elles ne sont pas les coupables. On sait que dans beaucoup de familles, les affaires d’incestes quand elles sont connues, elles sont tues, étouffées pour protéger la réputation de la famille. Pour aussi éviter les “ on dit “, d’être pointé du doigt. Au final, tu as un enfant, dans le clip (nous avons mis une petite fille, mais cela concerne aussi les petits garçons, d’où la présence de petit garçon dans le clip) dont la famille lui demande de se taire. Nous avons donc dans notre société beaucoup d’enfants traumatisés qui deviennent des adultes complètement déboussolés qui ont du mal à se construire. L’idée était d’être un déclic pour un enfant qui se sent coupable de ce qui lui arrive et le déculpabiliser. D’ailleurs suite à ce clip, j’ai eu beaucoup de retours, ce qui est assez lourd à porter, je pensais en avoir les épaules, mais tous les témoignages qui ont suivi au quotidien m’a prouvé que ces faits étaient bien plus présents qu’on ne le pense. Lire tous ces témoignages est lourd pour le moral, quand tu as une formation comme psychologue, tu te prépares à écouter quotidiennement des histoires difficiles. Néanmoins, la satisfaction que j’ai est qu'à travers ces témoignages des personnes qui ont été victimes d’incestes m‘ont avoué qu’elles ont trouvé du réconfort grâce à cette chanson. Je suis donc extrêmement fière de ce que Méryl et moi avons fait grâce à ce titre qui a touché tant de personnes. C’est là que j‘ai pu voir que la musique avait un pouvoir énorme. Elle libère la parole.
Pour revenir aux collaborations, j’en ai une avec le duo Lucity, qui sont deux chanteurs originaires de Sainte-Lucie. Il y a aussi le tube “ Pitché “ avec Matieu White. En beamaker, j’ai aussi travaillé avec YSN, Nicolas qui fait partie de notre équipe dans le studio Hakuna Music Company ( HMC) situé à Petit-Bourg. Il a d’ailleurs fait l’instrumental du titre “ Arrête “ qui est sorti récemment. Je partage aussi une chanson, “ Du Love” avec deux femmes, Bawbii Gucci et Chanel, deux jeunes artistes de Basse-Terre qui évoluent dans le rap, trap music et elles sont vraiment très talentueuses. Je leur souhaite d’aller le plus loin possible.
TLFWI : Peux-tu nous parler de tes Dyab Talk qui ont connu un certain succès durant le premier confinement ? Comment l’idée est partie ?
Rachelle Allison : Alors c’est une question qui me revient souvent “ Pourquoi, j’ai nommé mes lives : Dyab Talk “ C’est toujours en rapport avec le diable etc (rires). Il y a une histoire derrière ça. Justement tout est parti lors du premier confinement, j’avais ce titre “ Fanm sé Dyab” dont j’ai eu la chance d’interpréter lors du passage de Meryl à Planète Rap en tant qu’invité, juste avant le confinement. Quand mon équipe et moi avons voulu sortir le clip, il nous fallait trouver un moyen de le mettre en avant entre quatre murs. En plus à cette période, tous les artistes faisaient des lives sur Instagram. Quand je me connectais sur la plateforme, je voyais régulièrement des artistes d’ici ou d’ailleurs en live. Quand, j’ai vu cela, j’ai moi aussi eu l’envie d’en faire mais en même temps, je me disais que “ ce n’est pas parce que tout le monde en fait que moi aussi je dois le faire. “ Aussi, je ne me voyais pas rester devant une caméra, dans mon appartement à parler pendant des heures mais surtout parler de quoi ? Je me suis dit que si je devais le faire, il fallait qu’il y ait un contexte. En réfléchissant à la stratégie de mettre en avant ce titre pour inciter les gens à le streamer, nous avons voulu donner rendez-vous aux gens en direct sur Instagram qui fut mon seul outil pour promotionner ce morceau. L’idée était de faire un direct avec un décor comme dans les émissions télé ou web et d’aborder des sujets en rapport avec cette expression “ fanm sé dyab”. Bien souvent ce sont des sujets tabous dont beaucoup ont du mal à aborder. Ainsi, à chaque Dyab talk, il y avait un sujet précis et j’invitais aussi des artistes à parler avec moi, le public pouvait aussi venir en direct en cam, c’était un véritable échange entre des confrères artistes et le public. Cela pouvait durer entre deux, trois voire quatre heures jusqu’à six heures de live. J’ai vraiment pris plaisir à faire cela. A ce jour, c’est devenu un moyen de communication que j’utilise que ce soit pour mettre en avant des titres, ou quand je veux parler d’un sujet précis, je remets le décor “ Dyab Talk “ et je lance le débat.
The Link Fwi : En tant que femme et artiste quelle est ta vision de la nouvelle scène musicale créole locale ?
Rachelle Allison : Je suis contente de voir que nous soyons plus ouverts musicalement. Dans la question vous me demandez ma vision en tant que femme, mais je n’ai pas envie de dissocier les hommes des femmes malheureusement, c’est quelque chose qui se fait. Quand moi j’ai commencé, régulièrement on me demandait ou l‘on me conseillait de faire du zouk. Je n’ai absolument rien contre ce genre musical, j’en ai déjà fait mais je ne voulais pas m’imposer artistiquement dans cette catégorie-là afin de ne pas rester uniquement cantonner à ce style, car le jour où tu essaies de faire autre chose, on te voit comme une zoukeuse qui veut faire autre chose, comme ce fut le cas pour de nombreuses chanteuses qui ont voulu changer de style. Aujourd’hui, les jeunes femmes ont cette liberté de commencer sur un certain genre mais d’avoir autant de chance que les autres de réussir. Il fut un temps, même à mes débuts, ce n’était pas forcément le cas. J’ai été très tardivement médiatisé. Je passais à la radio seulement quand j’étais en collaboration avec un artiste masculin qui était déjà médiatisé. En solo, c’était très compliqué pour moi. Je dirais que c’est grâce au développement d’internet que j’ai commencé à exister dans le milieu musical. Après ce qui devient difficile quand tu es un artiste indépendant est le fait qu’il faille être bon, avoir une bonne communication et un bon rapport avec son public. Il faut être très présent sur les réseaux sociaux, être régulier, être un bon communicant. Il faut une certaine fréquence de publication pour avoir de la visibilité. La difficulté vient d’ailleurs maintenant, mais avec les artistes de la nouvelle génération comme ils sont nés dans cette ère du tout numérique, ils arrivent et s’en sortent très bien.

The Link Fwi : Et si on revenait sur ton passage à Planète Rap sur invitation de Meryl. Quels ont été les retours et les répercussions sur ta carrière ?
Rachelle Allison : Déjà rien que le fait que Meryl se soit entourée d’artistes originaires de Guadeloupe, Martinique, Guyane, Haïti fut quelque chose d’inédit. Il n’y a pas énormément d’artistes antillais qui ont eu l’opportunité d’avoir leur Planète Rap et Meryl malgré sa jeunesse, elle a eu tout cet élan de partage et d’amour, a voulu mettre en lumière des artistes de chez nous, je peux dire que c’est devenu légendaire. Après ce passage radio, nous avons vu un élan de solidarité entre les artistes. J’ai beaucoup de reconnaissance d’avoir pu participer à cet événement et pour tous les artistes qui ont chanté dans le studio de Planète Rap se sont serivs du titre qu’ils ont chanté pour ensuite se propulser. Moi, par exemple, j’ai chanté “ Fanm Dyab” il me fallait donc chanter fanm sé dyab. Tout le monde a donc pu surffer sur la vague. Malheureusement le confinement est passé par là, mais cela ne nous a pas freiné. C’est vrai que j’aurais dû sortir mon EPun peu plus tôt mais grâce au confinement, nous l’avons approfondi, retravaillé certains titres, en rajouté. Nous avons pu avoir plus de collaboration et les choses se sont passées comme elles le devraient. Le Planète Rap a été un véritable tremplin pour nous tous et encore une fois, je remercie Meryl pour le geste.
TLFWI : Quelle est ton actualité, as-tu prévu de sortir un autre projet ?
Rachelle Allison : Avant la sortie de l’EP, j’ai clipé “ Pitché “ avec Matieu White qui a connu un bon succès. Ensuite, il y a eu “ Oui ” la fameuse demande en mariage qui est en fait un NON (rires). Après, on a enchaîné avec “ Ma Petite” puis il y a eu “ Plus que ça “ et le nouveau clip, c’est “ Arrête “. D’autres clips sont prévus comme celui avec Lucity. Si je pouvais, je les aurais toutes filmées et nous sommes déjà en train de travailler le prochain projet.
The Link Fwi : Une actualité donc très active ?
Rachelle Allison : Effectivement (rires). Comme je disais précédemment la difficulté maintenant que nous parvenons à nous imposer avec le style qui est le nôtre, elle est désormais dans la régularité, dans la communication, dans la fréquence mais également dans la présence, c’est un travail à temps plein. On peut ne pas avoir de week-ends ou de nuits. Bien souvent, le retour sur investissement est long et quand on commence à l’avoir c’est là qu’il faut encore plus travailler, donc pas de vacances.
TLFWI : Où pouvons-nous suivre ton actualité ?
Rachelle Allison : Biensûr vous pouvez me suivre sur Instagram : RachelleAllisonHd, j’ai aussi ma page Youtube : Rachelle Allison, Twitter : rachellehd et Facebook : Rachelle Allison mais Instagram est le réseau social que j’utilise le plus.
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