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Plus de cas de dépression aux Antilles que dans l'Hexagone

  • ELMS
  • 4 nov. 2021
  • 8 min de lecture

Les Antilles seraient-elles plus concernées par les cas de dépression que l'Hexagone ? Il s'emblerait. Selon la récente étude de l'INSEE, en Guadeloupe comme à la Martinique, une personne sur six souffrirait de dépression. Des chiffres supérieurs à ceux de la France Hexagonale. La crise sanitaire liée à la Covid-19 pourrait aggraver la situation.





La dépression est l'un des fléaux de notre société contemporaine. C'est l'une des maladies psychiques les plus fréquentes. Elle survient à tout âge et elle est plus fréquente chez l'adulte même si des adolescents ou même de jeunes enfants peuvent souffrir de dépression. Caractérisée par un trouble mental marqué par la tristesse, la perte d'intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, des troubles du sommeil ou de l'appétit, d'une sensation de fatigue et d'un manque de concentration.


Elle peut être de longue durée ou récurrente, et porte essentiellement atteinte à la capacité des personnes à fonctionner au travail ou à l'école, ou à gérer les situations de la vie quotidienne. Lorsque légère, la dépression peut être traitée sans médicaments.


Néanmoins, selon les professionnels de santé , la volonté seule ne permet pas de s'en sortir et donc, qu'elle soit modérée ou grave, les patients peuvent avoir besoin de médicaments et d'une thérapie par le dialogue. C'est pourquoi elle doit être soignée pour ne pas se compliquer ou devenir chronique.


Ainsi, nul ne peut dire qu'il est épargné par la dépression. Véritable mal qui nous ronge de l'intérieur et dont on ne parvient pas à poser les bons mots dessus. Il suffit d'un rien, une déception sentimentale, un grand moment de stress ou d'anxiété, ou encore un environnement toxique au travail ou au sein de la famille, la descente aux enfers commence. On peut aussi être affecté par le décès d'un proche. De plus, la présence d'une maladie chronique, d'un handicap, la dépendance à l'alcool, au tabac ou l'addiction à d'autres substances consommées pour apaiser des angoisses sont des facteurs favorisant la survenue d'une dépression.


Toujours selon les spécialistes de la santé mentale, la dépression peut être aussi génétique. Une personne dont l'un des parents a fait une dépression a deux à quatre fois plus de risque d'être dépressive au cours de sa vie. Cependant, cette vulnérabilité ne s'exprime le plus souvent qu'en présence d'un vécu difficile (abandon, violences, abus sexuel...) dans le passé ou de facteurs environnementaux défavorables. Cette interaction entre les gènes et l'environnement est déterminante dans la compréhension du mode de survenue de la dépression.


Selon la méthode dite « de l’algorithme », une personne est considérée comme souffrant d’un syndrome modéré de la dépression si elle ressent « plus de la moitié des jours » ou « presque tous les jours » au moins deux symptômes dont au moins un symptôme général. Une personne qui ressent « plus de la moitié des jours » ou « presque tous les jours » au moins cinq symptômes de la dépression, dont au moins un des symptômes généraux, est considérée comme présentant un syndrome sévère.


On ne plaisante pas avec le sujet, puisque dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide. En France, près de 10 000 personnes dépressives se suicident chaque année et les malades sont plus de 176 000 à faire une tentative de suicide.



La France, pays très concernés mais moins que certains pays européens.


La France dans son ensemble est l'un des pays d'Europe où la population souffre le plus de dépression. En 2017, d'après le Baromètre santé, près d'une personne sur dix, âgées de 18 à 75 ans, a connu un épisode dépressif au cours des douze derniers mois. Après une stabilité observée entre 2005 et 2010, la fréquence de la dépression est en augmentation entre 2010 et 2017 et concerne davantage, les femmes, les personnes entre 34-44 ans, les personnes au chômage. Pour le site https://www.la-depression.org/ en 2010, 7,5 % des 15-85 ans auraient vécu un épisode dépressif, avec une prévalence deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes. Concernant les enfant, selon le site, la prévalentce des troubles dépressifs est estimées entre 2,1 et 3,4% chez l'enfant et à 14% chez l'adolescent. Tandis que le site de l'Assurance Maladie estime que près de 8% des adolescents entre 12 et 18 ans souffriraient d'une dépression.


Selon une récente étude, près d'une personne sur cinq au cours de sa vie a connu un épisode dépressif dans sa vie et la dépression concerne aujourd'hui trois millions de Français. La situation se serait dégradée avec l'actuelle crise sanitaire qui a été marquée par le confinement et donc l'isolement et l'ennui qui en ont découlé, la santé mentale des Français serait au plus bas.


Dans une autre enquête du . menée en avril 2020, la santé mentale des Français a été impactée par le confinement et la Covid-19. Les premiers concernés sont encore une fois les femmes et les jeunes qui sont plus d’un quart à ressentir un stress accru, un fort sentiment de solitude et une colère. Par ailleurs, avec le confinement, les personnes à tendance dépressive sont plus vulnérables.


Contrairement à l'idée reçue les Français sont loins d'être les plus gros consommateurs d'anti-dépresseurs en Europe et dans le Monde. Selon le Panorama de la santé 2019 de l’OCDE, les plus gros consommateurs d’antidépresseurs sont les Islandais avec 118 doses quotidiennes pour 1 000 habitants. En comparaison, les Français ne sont qu’à 60,3 doses, à l’image des Autrichiens et loin derrière le Portugal (95 doses) et l’Australie (105 doses).


Plus de cas de dépression aux Antilles que dans l'Hexagone


L'idée véhiculée des îles, de leurs plages de sable fin, cocotiers et paysages luxuriants invite au voyage et à l'appaisement. Pourtant, les îles de Guadeloupe et de la Martinique sont des territoires à " dépression".


Selon la récente étude de l'INSEE, en Guadeloupe comme à la Martinique, une personne sur six souffrirait de dépression. On apprend qu'en 2019, avant le début de la pandémie de Covid-19, 97 600 Antillais âgés de 15 ans et plus, soit 16 % de la population, souffrent de symptômes de dépression, comme la tristesse, des troubles du sommeil, ou des difficultés à se concentrer. Ces symptômes sont qualifiés de sévères pour 5,3 % de la population. Des chiffres supérieurs à la France Hexagonale. En effet, la part des personnes souffrant de dépression y est plus élevée qu'en France métropolitaine ( 11% et 3,5% de sévère.)


Neuf symptômes sont récurrents : L'envie de se faire mal ( 6,5% ), lenteur ou agitation ( 5,3%), problème de concentration (8,4%), mauvaise estime de soi ( 9,9%), trouble de l'appétit ( 13,7%), fatigue et manque d'énergie (23,2%), trouble du sommeil (16,7%); tristesse (11,8%), peu d'intérêt (14,0%).





Selon l'enquête de l'Institut des sondages, ce sont les femmes et les séniors qui seraient les plus touchés. Ainsi, entre 15 et 75 ans, 15 % de personnes souffrent de dépression (contre 10 % en France hexagonale). On sait également que cette part évolue avec l'âge mais diffère selon le sexe. Pour les hommes, le taux de dépression progresse régulièrement avec l’âge, passant de 11 % entre 15 et 34 ans à 15 % entre 55 et 74 ans. À l’inverse, le taux de dépression des femmes diminue : il passe de 19 % pour les plus jeunes à 16 % entre 35 et 74 ans. Il reste toutefois toujours plus élevé que celui des hommes.


Les séniors antillais seraient plus concernés par la dépression que leurs compatriotes hexagonaux de la même tranche d'âge. Près d’un senior sur quatre souffre de dépression aux Antilles (soit 22 % des hommes et 26 % des femmes), contre un sur six en France métropolitaine.





Le chômage et le manque de perspectives économiques seraient les causes de ces dépressions.


Ainsi, le taux de dépression est de 13 % pour les personnes en emploi, de 17 % pour les chômeurs et de 20 % pour les retraités. Cette dernière catégorie est également plus touchée par des problèmes de santé liés à l’âge, notamment des difficultés ou des limitations physiques dans les activités du quotidien, impactant le moral. La dépression touche 17 % des personnes ayant eu au moins un arrêt de travail pour raisons de santé contre 11 % pour le reste de la population.


Toujours selon l'étude, les personnes les plus diplômées seraient les moins sujettes à la dépression. Le taux de dépression diminue fortement quand le niveau de diplôme augmente, passant de 19 % pour les personnes sans aucun diplôme à 9 % pour celles ayant au moins deux années d’études après le baccalauréat. A diplôme égal, les femmes sont toujours plus touchées par la dépression que les hommes (environ + 4 points).


Une différence entre les natifs et ceux nés dans l'Hexagone ?


Il semblerait que ça soit le cas. Selon l'INSEE, parmi les Antillais, les personnes nées aux Antilles françaises (natifs) sont plus souvent en situation de dépression que les personnes nées en France métropolitaine (17 % contre 9,2 %). Les natifs sont notamment plus âgés (28 % à la retraite contre 12 %), et plus souvent au chômage (17 % contre 13 %). Les femmes nées aux Antilles sont plus nombreuses à souffrir de dépression que les hommes (19 % contre 14 %). Pour les personnes nées ailleurs en France, c’est l’inverse : 8,1 % des femmes sont dépressives contre 10 % des hommes.


La surface du logement a aussi son importance.


L'enquête de l'INSEE avance aussi l'idée que la surface du logement occupé a un impact sur la santé mentale. Pour l'institut, en maison ou en appartement, 13 % des personnes résidant dans des logements de plus de 100 m² présentent des symptômes dépressifs, et environ 16 % de celles habitant dans des logements de 70 à 100 m². En revanche, 18 % des personnes habitant dans des maisons de moins de 70 m² sont dépressives, et 22 % de celles résidant en appartements de même taille.

Ceux accédants à la propriété sont les moins touchés par des symptômes dépressifs (13 %, contre 16 % des propriétaires et 17 % des locataires). Il s’agit d’une population plus jeune (55 % ont moins de 55 ans contre 40 % des propriétaires), mais aussi plus aisée (35 % appartiennent aux 20 % les plus aisés contre 21 % des propriétaires et 13 % des locataires).


La crainte d'une augmentation de cas de dépression liée à la Covid-19.



En effet, comme pour l'Hexagone, la crise sanitaire née de la pandémie de Coronavirus a aggravé la santé mentale aux Antilles Françaises. Les principaux facteurs explicatifs sont l’isolement lié au confinement, la dégradation de la situation financière, ainsi que les symptômes évocateurs de Covid-19. L’augmentation est particulièrement importante chez les jeunes et les femmes. L'enquête Etudes & Résultats de la Direction générale, des Etudes, de l'évaluation et des Statistiques. Lire l'enquête Etudes & Résultats





En mai 2020, à l’issue du premier confinement national, 13,5 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion1 présentent un syndrome dépressif (15,8 % des femmes et 11,0 % des hommes). Ce syndrome est majeur2 pour 5,3 % d’entre elles (6,8 % des femmes et 3,6 % des hommes) et mineur pour 8,2 % (9,0 % des femmes et 7,4 % des hommes).


Pour lutter contre la dépression, les professionnels de la santé conseillent en général, une pratique régulière du sport qui comme on le sait à des vertus sur la santé mentale. L'Insee précise que si 17 % de la population ne pratiquant pas ou peu d’activité physique est dépressive, 14 % des 15-34 ans et 11 % des 35-74 ans pratiquant au moins deux heures de sport par semaine le sont.

Là aussi, les bienfaits sont plus perceptibles chez l'homme, puisque seuls 9,3 % de ceux pratiquant une activité physique régulière sont atteints de dépression, contre 16 % pour les non pratiquants. Pour les femmes, l’écart est moins important : respectivement 16 % et 19 %. Les hommes sont également plus nombreux à déclarer avoir une activité physique que les femmes, un sur trois en pratique au moins deux heures de sport toutes les semaines, contre une femme sur quatre. De plus, l’activité physique augmente avec les revenus, 43 % des 20 % les plus aisés pratiquent au moins deux heures de sport chaque semaine, contre 23 % des 20 % les plus défavorisés.


Autre bienfait, l'alimentation équilibrée. Ainsi, une alimentation saine et équilibrée améliore l’état de santé mental, le taux de dépression passant ainsi de 18 % pour les personnes ne consommant quasiment pas de fruits ou légumes frais à 11 % pour ceux en mangeant au moins cinq portions quotidiennement. Cependant, la consommation quotidienne de fruits et légumes est liée au niveau de revenus : 20 % des 20 % les plus aisés en mangent au moins cinq portions par jour, contre 11 % des plus faibles revenus.



Voir les détails de l'étude : ICI



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