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Les écologistes, la force politique qui monte.

  • ELMS
  • 3 juil. 2020
  • 5 min de lecture

Ils ont créé la surprise aux Elections municipales 2020. Les Verts considérés aujourd'hui comme la troisième force politique en France a fait une percée fulgurante, dans des villes jusque là considérées comme des bastions de la droite ou de la gauche. Certains parlent d'un véritable raz-de-marée écologique. Dans l'Outremer, seule la ville de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe ou de La Possession à La Réunion ont suivi la tendance écolo.




Pendant longtemps, la question écologique a été ignorée ou reléguée au second plan. Dès que l'on parlait d'écologie ou de protection de l'environnement, cela rimait surtout avec les mouvements hippies apparus au milieu des années 60 et pronant un changement de nos modes de vie. Une image qui lui a longtemps collée à la peau.


Cependant, depuis environ une décennie, la cause écologiste gagne du terrain sur le plan sociétal et politique. Essentiellement portée par une jeunesse plus inquiète de son avenir, de l'héritage qu'elle léguera aux générations futures. Exit donc l'image du " bobo écolo fumeur de cannabis qui parle lentement". Désormais, la question écologique s'est invitée dans les foyers à travers des reportages télévisés, dans les salles de classe et même dans les dialogues internationaux entre chefs d'Etat. Selon un sondage réalisé en 2019, par IPSOS-Sopra-Steria pour Le Monde la Fondation Jean-Jaurès et l'Institut Montaigne, la question environnementale s'est même hissée à la première place des préoccupations des français. Interrogés sur les enjeux qui les préoccupent le plus, les Français placent en tête " la protection de l'environnement " ( 52%), devant "l'avenir du système social" (48%) et les " difficulté en termes de pouvoir d'achat" ( 43%). Cette donc une preuve qu'ils ont cessé d'être de simples spectateurs lointains des effets du changement climatique ( ouragans, fonte des glaces etc) et les perçoivent directement : canicules, variation brutales des températures, pollution dans les grandes villes, effondrement de la biodiversité, conséquence sur la santé et la disparition de certaines espèces sauvages du fait des activités humaines polluantes et le braconnage .


Depuis quelques années, la question environnementale est devenue si importante qu'il est quasi-obligatoire que chaque président français fasse entrer dans son gouvernement des écolos ou des ministres apparentés. Le Ministère de l'Environnement est aussi important que ceux de l'Economie et des Finances, des Armées, de la Santé etc. Terminé aussi le temps, où le parti des Verts, désormais Europe Ecologie les Verts faisait des petits scores aux différentes élections. Capable de rivaliser avec les autres grands partis de la droite traditionnelle et de la gauche sociale-démocrate, le parti écologique supplante même les partis de la gauche radicale ou de l'extrême droite dont les montées en puissance inquiétaient. Une progression qui n'a pas laissé indifférents les partis traditionnels, principalement ceux de gauche ou du centre qui s'arrachent la présence de représentants de la cause écologiste dans leurs rangs.


L'influence politique des écologistes s'est surtout fait ressentir du côté de l'Union Européenne, où ils sont particulièrement présents. Aux élections européennes de 2019, la liste écologiste avoisinait les 5% dans certains sondages (7 à 8% pour d'autres), néanmoins, les écolos furent la grande surprises de l'élection, en remportant 13,5% des suffrages exprimés avec 3 055 023 voix, lui permettant d'obtenir 13 sièges au Parlement européen. Par contre, sur le terrain national, bien que présent depuis les années 70, leur influence a été lente et progressive, avec des participations aux élections présidentielles ( 1988, 1994, 2002, 2007) législatives, régionales et enfin municipales. A chaque fois, les écologistes n'obtenaient pas des résultats suffisants. Dès la refonte du mouvement le 13 Novembre 2010, les écologistes ont misé sur l'expansion politique. Participation aux régionales de 2010, aux cantonales de 2011, union sacrée avec le parti socialiste pour les sénatoriales de 2011, participation à l'élection présidentielle de 2012 pour ensuite participer aux différents gouvernements de François Hollande.


Un raz de marée vert aux municipales :


Une fois de plus, les écologistes ont créé la surprise dimanche 28 Juin, date du second tour des Municipales qui s'est déroulée dans les conditions particulières liées à la pandémie de la Covid-19. Malgré la forte abstention enregistrée au niveau national, 58,4% selon les chiffres officiels du ministère de l'intérieur, (soit près de 4 points de plus qu'au premier tour du 15 Mars, et plus de 20 points de plus qu'au second tour des élections municipales de 2014), ils ont effectué une percée fulgurante dans des villes jusque là considérées comme des bastions de la Droite ou de la Gauche. Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Tours, Besançon, une trentaine de villes sont passées aux mains des écologistes. Certains parlent d'un véritable raz-de-marée écologique. Yannick Jadot parlait de 15% aux municipales et il y était presque. En effet, les verts ont obtenu au total 13% des suffrages sur l'ensemble du territoire hexagonal.


De ce fait, nul ne peut le nier, c'est une victoire nette et indiscutable des écologistes dans de nombreuses villes de petites, moyennes et même dans les grandes métropoles. La vague écolo a balayé les partis de droite et même le Rassemblement National ( ex-Front National) qui, en dehors de son incontestable succès à Perpignan, Toulon, ou encore Béziers, Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, Hayange en Moselle, Fréjus (Var), Beaucaire ( Gard), Villers-Cotterêts dans l'Aisne ainsi qu'au Pontet dans le Vaucluse. Le RN a obtenu des résultats plutôt modestes lors de ce deuxième tour avec que huit villes en sa possession. Une première dans l'histoire politique française, où nous étions habitués à des duels droite gauche. Cette victoire verte est surtout un véritable coup dur pour la LREM (La République En Marche) du président de la république Emmanuel Macron désavoué dans le fond comme dans la forme. Dans les grandes villes, le parti macroniste est souvent arrivé en troisième position comme à Besançon (Doubs), à Lille ou encore à Rennes, tout en étant éliminé à Limoges (Haute-Vienne), Montpellier ou Dijon (Côte-d'Or).


La victoire des Verts aux élections municipales redessinent la carte du paysage politique français. Désormais troisième force politique au niveau national, le mouvement écologiste devient en quelque sorte le porte-parole de la gauche dominée jusqu'à par le très clivant Jean-Luc Mélenchon. Dans les semaines ou mois qui suivront, il pèsera de tout son poids dans la politique environnementale et même sociale du gouvernement Philippe. Il est fort à parier qu'aux présidentielles de 2022, les écologistes sauront rassembler des forces considérables et peut-être s'imposer dans les débats avenir.


Timide progression dans les Outremers :


Contrairement à l'Hexagone, la vague écologiste n'a pas eu lieu dans les territoires ultramarins. Hormis la ville de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe qui a suivi la tendance nationale avec la victoire de l'avocat Harry Durimel ( 42,7%), ancien leader de Caraïbe écologie les Verts ( la version plus locale de EELV) face à l'ancien maire Jacques Bangou soutenu justement par Caraïbe Ecologie les Verts et le Parti Socialiste (40,1%), l'Outremer n'a pas encore été conquis par les écologistes. A la Martinique, on peut parler de la victoire à Ducos d'Aurélie Nella vice-présidente du parti PEYI A ( 46,52%), parti souverainiste martiniquais créé en 2019 par le député Jean-Philippe Nilor et dont certaines idées ( notamment au niveau environnemental) se rapprochent des écologistes. Autre élue qui se revendique écologiste, la maire réélue de La Possession, Vanessa Miranville. Cette absence des écologistes dans les élections municipales est sans doute dû au fait que les partis de la gauche locale se sont associés aux écolos ou au parti se revendiquant de la mouvance. Comme dans l'Hexagone, pour les prochaines échéances électorales notamment les régionales de l'année prochaine, il est fort à prévoir que la voix des écologistes sera importante pour ceux qui lorgnent la présidence locale.





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