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Le Procès d'Elie Domota devient celui des violences policières et coloniales.

  • ELMS
  • 8 avr. 2022
  • 4 min de lecture

Elie Domota avait rendez-vous devant les juges du tribunal correctionnel pointois. Le syndicaliste guadeloupéen est poursuivi pour violence sur dépositaire de la force publique et refus de se soumettre aux prélèvements signalétiques. Souvenez-vous fin décembre, il avait été interpellé lors d’une marche sociale aux Abymes. Ce qui aurait dû être son procès est devenu celui des violences policières et coloniales.


Elie Domota à sa sortie du Tribunal. Photo : ELMS.

Décidément les procès s'enchaînent pour les opposants à l'obligation vaccinale en Guadeloupe. Après Gaby Clavier accusé de menaces de mort proférées à l'encontre de l'ancien directeur du CHU et dont l'affaire n'a toujours pas encore été conclue. Jeudi, c'était au tour de l'autre figure majeure de la lutte syndicale dans le département, Elie Domota.


Le matin du procès, syndicalistes et personnels soignants s'étaient donnés rendez-vous dans le parking du CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes où ils ont établi leur piquet de grève après s'être faits évacuer par la police à la fin du mois de décembre 2021. Tour à tour, les principales figures de la lutte syndicale en Guadeloupe ont pris la parole pour évoquer le combat mener contre ce qu'ils appellent une injuste à l'encontre de celles et ceux qui refusent la vaccination contre le Covid-19. Bien que le temps se fasse long, ils continuent de mener le combat pour leur intégration complète.


A la fin de ce tour de parole, c'est donc à pied, suivi par plusieurs dizaines de sympathisants que le charismatique syndicaliste s'est rendu au Tribunal de Pointe-à-Pitre où les juges l'attendaient.



Pour rappel, le 30 décembre 2021, des heurts avaient éclaté entre les opposants à l'obligation vaccinale et les forces de l'ordre massées au rond point Nelson Mandela de Petit-Pérou. L'objectif était d'empêcher les manifestants de se rendre vers le centre commercial Milénis et dans une moindre mesure en direction de l'aéroport Pôle Caraïbe.

Non-violents, les manifestants avaient pourtant été dispersés violemment par les policiers épaulés par les gendarmes mobiles qui avaient fait usage de la force ainsi que de gaz lacrymogène en grand nombre. De plus, les hommes de lois avaient procédé à des arrestations notamment celle d'Elie Domota, ancien secrétaire général de l'UGTG et porte-parole du LKP.


L'interpellation du leader syndical avait été filmée et les vidéos fait le tour des réseaux sociaux. Dans ces vidéos ont y voyait le syndicaliste franchir les mains levées ( selon lui pour montrer sa non violence), les barrières érigées par policiers et gendarmes qui jusqu'à présent affirment avoir essuyé des jets de pierres et des insultes des manifestants. L'arrestation du leader syndical avait fait grandement réagir en Guadeloupe et bien au delà. Après quelques heures de garde à vue, il avait été remis en liberté et ovationné par une foule de guadeloupéens(nes) massés devant le commissariat de Pointe-à-Pitre/Abymes et qui réclamaient la liberté pour le syndicaliste.


Jeudi, s'est donc tenu ce que l'on pourrait qualifier de 1ère partie du volet judiciaire. Elie Domota devait répondre de deux chefs d'accusation, celui de : « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT » et « refus de se soumettre aux prélèvements obligatoires».


On s'y attendait, l'audience qui devait débuté à 14h fut très longue. Premièrement, Procureurs et avocats devaient s'accorder les avocats du syndicaliste plaidaient pour une relaxe de leur client vu le manque de teneur du dossier pour lequel ce dernier était poursuivi, sachant que d'autant plus que lors de sa déposition Elie Domota n'avait pas signé le PV de l'officier de police judiciaire. Ces derniers ont donc demandé l'annulation de la garde à vue de leur client vu la connexité entre les protagonistes. Le prévenu lui, appuyait sa défense sur la non-violence du mouvement face à la violence des forces de l'ordre qui ont gazé et chargé les manifestants.


Le procureur quant à lui plaidait pour une poursuite de l'affaire avec une mise en accusation de l'accusation. Selon lui, la plainte a donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire sous l’autorité d’un juge d’instruction. Donc, on ne peut retenir l’affaire aujourd’hui. De plus, le tribunal n’est pas correctement saisi. Par la suite, durant l'audience, le procureur affirmait que l'interpellation suivait la procédure réglementaire et que les gendarmes en mission en Guadeloupe ont essuyé des tirs de projectiles, principalement des pierres et des insultes. Après une suspension d'audience, les juges ont statué pour un maintient du procès. Après avoir écouté cinq des sept témoins qui ont en grande majorité apporter leur expérience personnelle ou connaissances historiques. Tous ont évoqué des précédentes affaires de violences policières qui ont toute penché du côté des forces de l'ordre. Ils ont cité la tragique affaire Salin, du nom de ce jeune lycéen nommé Charles Henri Salin tué par un gendarmes poursuivi mais jamais condamné. Une triste affaire de bavure policière dans une Guadeloupe des années 1980 en ébullition. Autre fait relaté par les témoins, la récente affaire Claude Jean-Pierre, ce retraité décédé suite à un contrôle de gendarmerie sur la commune de Deshaies.

A travers tous leurs témoignages, ils ont tous évoqué la bonne foi du syndicaliste guadeloupéen qu'il voit comme un héro de l'histoire moderne de la Guadeloupe.

Reste encore deux témoins à entendre puisque vue l'heure tardive, le tribunal a mis l'audience en continuation au 19 mai prochain à 8h00, une longueur qui n'est pas sans rappeler le dossier d'un autre syndicaliste : Gaby Clavier.





A la fin du procès, le syndicaliste précédé de ses conseils, Me Tacita, Me Daninthe, Me Evita Chevry, Me Sarah Aristide et la figure montante du barreau, me Gelabale, se sont exprimés. Un à un, ils sont revenus sur différents épisodes violents et marquants de l'histoire de la Guadeloupe parmi lesquels, la violence coloniale débutée avec l'esclavage et la colonisation puis, les répressions brutales contre le mouvement ouvrier tel que le massacre de 1952 au Moule, ou les événements de Mè 67 à Pointe-à-Pitre. Le procès d'Elie Domota est devenu celui de la colonisation française et la tribune de la lutte contre les violences coloniales et policières. Rendez-vous donc le 19 mai prochain à 8h00 pour la suite de ce volet judiciaire qui s'annonce très long.



Rétrospective du procès d'Elie Domota ici :




Quelques photos prises durant le procès :





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