L'histoire retiendra son nom : Ketanji Brown Jackson. La juriste afro-américaine de 51 ans, diplômée de Harvard, avec un parcours exemplaire, passée par le bureau des avocats commis d'office et la commission chargée de réduire les inégalités raciales dans la justice.
Elle est entrée dans l'histoire des Etats-Unis malgré elle. La juge Ketanji Brown Jackson, nommée vendredi par Joe Biden à la Cour suprême des Etats-Unis, a été confirmée par le Sénat. Sa nomination qui fait grand bruit, car elle est historique. La juriste est devenue la première magistrate afro-américaine au sein de la haute institution où n’ont siégé jusqu’ici que deux hommes noirs.
En effet, sur un total de 115 juges en deux cent trente-deux ans, la Cour suprême des Etats-Unis n’a compté que deux Noirs (Thurgood Marshall et Clarence Thomas, qui y siège toujours). Sa nomination a été confirmée par le Sénat, ainsi, Ketanji Brown Jackson, 51 ans, est la troisième, et la première Afro-Américaine. Elle est aussi la sixième femme. Sur neuf juges, quatre sont des femmes, une proportion impensable il y a quelques années.
Un de ses oncles a écopé d’une peine de prison à vie
L’occasion pour elle de rappeler qu’elle a eu « une expérience de la vie un peu différente » de ses collègues. Et pas uniquement parce qu’elle est noire. Contrairement à ses collègues, Ketanji Brown Jackson a une expérience bien différente mais riche d'un parcours professionnel et intime du système pénal.
Alors que la plupart des juges de ce niveau se sont distingués comme procureurs, la diplômée de Harvard, a travaillé du côté des accusés : pendant deux ans, elle a été avocate dans les services de l’aide juridictionnelle à Washington, où elle a défendu des prévenus sans ressources. Elle a ensuite raconté avoir été « frappée » par leur méconnaissance du droit et avoir, une fois devenue juge, pris « grand soin » d’expliquer ses décisions aux condamnés.
Par ailleurs, un de ses oncles a écopé en 1989 d’une peine de prison à vie dans le cadre d’une loi très répressive, qui imposait automatiquement la réclusion à perpétuité après trois infractions aux lois sur les stupéfiants. Même si elle n’était pas proche de lui, « cette expérience familiale l’a sensibilisée à l’impact de la loi sur la vie des gens », a raconté au Washington Post un ami, sous couvert d’anonymat.
Une vie stable dans une famille choyée :
Loin de l'archétype de l'afro-américaine née et élevée dans le ghetto, Ketanji Brown Jackson a, elle, eu une enfance très stable dans une famille d’enseignants installée en Floride. Son père avait ensuite repris des études de droit et est devenu juriste dans un conseil d’école, tandis que sa mère se hissait au rang de directrice. Championne de concours d’éloquence dès le lycée, elle brille et rejoint la prestigieuse université Harvard, dont elle sort diplômée avec mention.
Dans les années qui suivent, elle alterne les expériences dans le privé et le public. Elle travaille notamment comme assistante du juge progressiste de la Cour suprême Stephen Breyer, qu’elle est désormais appelée à remplacer. Elle exerce dans des cabinets d’avocats mais aussi à la Commission des peines, une agence indépendante chargée d’harmoniser la politique pénale aux Etats-Unis.
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