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Jean-Claude Naimro de Kassav' nous raconte ses meilleurs souvenirs de ses 50 ans de carrière.

Kassav’, six lettres pour désigner un groupe qui depuis quarante-deux ans fait danser la planète entière. Créé en 1979 à l’initiative de Freddy Marshall et des frères Décimus : Pierre-Edouard et George, le groupe qui n’était au départ qu’un simplement projet expérimental avait l’envie de créer un nouveau style musical, révolutionna la musique antillaise, française, et même internationale. Dès sa création, Kassav’ mélangea tous les styles musicaux de la région Caraïbe pour en faire une nouvelle sonorité musicale : le Zouk. Pour nous en parler, nous avons rencontré Jean-Claude Naimro à Paris au Dig Studio. C'est une interview exclusive de ce pianiste hors-pair, chanteur mélodieux et auteur de nombreuses balades créoles zouk mondialement écoutées.



portrait photo de Jean-Claude Naimro. Crédit photo : KRB

Kassav’ six lettres pour désigner un groupe qui depuis quarante-deux ans fait danser la planète entière. Créé en 1979 à l’initiative de Freddy Marshall et des frères Décimus, Pierre-Edouard et George le groupe qui n’était au départ qu’un simple prijet expérimental avec l’envie de créer un nouveau style musical révolutionna la musique antillaise, française et internationale.


Rejoins par la suite par un certain Jacob Desvarieux, véritable virtuose de la guitare, né à Paris mais ayant vécu à Marseille puis à Dakar au Sénégal et même en Guadeloupe avant de retourner à Paris. C’est au cours d’une rencontre dans un studio pour lequel Jacob Desvarieux que les trois musiciens se sont rencontrés. C’est à partir de ce moment que l’alchimie est née. Pendant très longtemps, le noyau dur du groupe a été Jacob, George et Pierre-Edouard.

Derrière la création de ce groupe, il y avait une volonté de revendication identitaire. En effet, dès la création du groupe, il y avait une volonté de revendication identitaire de la part des fondateurs. Il faut dire que Kassav’ est un groupe de son temps. A la fin des années 1970 début 1980, les Antilles-Françaises comme l’ensemble de la planète étaient secouées par des contestations politiques, culturelles et sociales.


Ainsi, dès le départ, Kassav' mélangea tous les styles musicaux de la région pour les réinventer à sa "sauce". Il faut savoir, avant la naissance du groupe, ils existaient principalement comme styles musicaux en Guadeloupe et en Martinique : le compas, musique traditionnelle originaire d’Haïti, le Gwoka ( et ses 7 variantes rythmiques), musique traditionnelle de la Guadeloupe, le Bèlè (et ses 11 variantes) musique traditionnelle de la Martinique, ainsi que la Mazurka, la valse créole et le chouval-bwa, musiques traditionnelles de la Martinique associées à la ville de Saint Pierre mais originaires d'Europe. Autres musiques majeures des îles, la Biguine, la Cadence-Lypso (Calypso et Cadence), créée par Exile One (de la Dominique) avec Gordon Henderson et interprétée par des groupes tels que Les Grammacks avec Jeff Joseph comme membre principal. Experience 7, fut le premier groupe Guadeloupéen à populariser ce style musical ( et devenu depuis une autre référence du Zouk) aux Antilles Françaises dans les années 1970. Par ailleurs, le Kadans fut repris à la sauce locale par Les Aiglons de Guadeloupe (avec pour chanteurs Alain et Pierre D'Alexis, Michel D'Alexis chef d'orchestre trombone à pistons, Michel Nerplat sax ténor, compositeur de leur plus grand succès Kuis La), Typical Combo de Guadeloupe (avec pour chanteurs le regretté Georges Plonquitte, Daniel Dimbas, Iver Abidos et plus récemment Rodrigue Marcel...).

De ces mélanges musicaux naquit le zouk et dès son commencement, le succès a été au rendez-vous.


Durant les premières années, la formation n’est pas très stable. Plusieurs chanteurs s’enchainent au sein de la formation. C’est lors de la sortie du second album de Kassav’ que Jocelyne Béroard intègre le groupe de zouk. Première en tant que choriste sur le titre “ Soleil “, titre qu’elle a repris dans l’album Vini pou en 1987. Riche de plusieurs expériences musicales en tant que choriste pour les plus grands noms de la musique africaine, jamaïcaine et même française, la chanteuse originaire de la Martinique, portée par le rythme entrainant du titre “ Lévé o Ka “ présent sur le premier album de Kassav’ : “ Love and Ka Danse “ est véritablement séduite par cette sonorité novatrice qui lui était familière. Une chose qu’elle savait, c’est avec Kassav’ qu’elle souhaitait performer.


En 1981, suite au départ de Christophe Zadire pour des raisons personnelles, Jean-Claude Naimro aux claviers et Jean-Philippe Marthély au chant rejoignent la formation antillaise. En 1982, c’est au tour de Patrick Saint-Eloi de rallier Kassav’ en devenant le crooner de la bande. A partir de ce moment-là, Kassav’’ a trouvé sa stabilité. On compte ainsi, Jocelyne Beroard, Jean-Philippe Martelly et Patrick Saint-Eloi en tant que voix. Jacob Desvarieux à la guitare et au chant. Jean-Claude Naimro aux claviers. George Décimus à la basse. Claude Vamur à la batterie. Par ailleurs, le groupe fait appel à deux danseuses : Catherine Laupa et Marie-Josée Gibon mais aussi une section de cuivres composée en autre d’Hamid Belhocine au trombone ou le très regretté Freddy Hovsepian (lui aussi décédé en 2021) qui a fait la particularité et la richesse de la musique de Kassav’.



1989 10 ans de Kassav' en Guadeloupe. Collection privée de Jocelyne Beroard.



Malgré les nombreuses années, ponctuées par des départs, des arrivées et des décès, comme celui de Jacob Desvarieux, membre fondateur et même pilier du groupe, Kassav’ a su résister aux ravages du temps et continue de figurer comme une référence musicale mondiale. En effet, loin de se cantonner aux Antilles ( Guadeloupe, Martinique), les antillais de Kassav' ont rempli durant leur longue carrière commune, les plus grandes salles de France et d'Europe. Ils ont également enflammé les plus grands festivals de la World Music à travers le Monde. Ainsi, Jacob et ses amis ont exporté le zouk aux quatre coins de la planète, même vers des destinations insolites telles que le Japon, les pays du Pacifique, ( Nouvelle-Calédonie, Fidji, Vanuatu, Wallis-et-Futuna, Polynésie Française), L'Amérique du Sud ( Argentine, Chili, Brésil etc), l'Europe de l'Est et même l'URSS, devenant la première formation française à jouer dans l'ancien bloc soviétique.


Néanmoins, c'est en Afrique, que les musiciens antillais connaîtront leur plus grand succès. Du Cap-Vert au Sénégal, du Ghana à la Côte d'Ivoire, en passant par les deux Congos( Brazzaville et RDC ), (d'ailleurs, le clip "Syé Bwa" a été tourné à Kinshasa (République démocratique du Congo, qui s'appelait encore Zaïre), sans oublier, l'Angola, le Mozambique, le Rwanda, la République Centrafricaine, l'Île Maurice, l'île de la Réunion etc. A chacun de leurs déplacements, les foules étaient là pour les accueillir, en véritable rock-stars. Jouant dans des stades face à des centaines de milliers de personnes venues pour danser sur les rythmes endiablés du zouk. Un style de musique devenu si populaire qu'en Angola, un musée du Zouk a vu le jour et c'est au Mozambique qu'a été créé le plus grand festival de Zouk du Monde. De plus, un style musical teinté de sonorités antillaises a émergé, la Kizomba.





Jean-Claude Naimro : cinquante ans de carrière, huit albums, soixante titres :


En termes de longévité de carrière et de composition, Jean-Claude Naimro est sans doute celui qui a le plus donné son nom à des tubes chantés tant par Kassav’ que par lui ou bien même par d’autres artistes qui ont évolué dans l’univers zouk ou dans d’autres registres musicaux.


Malgré ce palmarès incroyable et cette longévité musicale, chose rare dans l’univers de la musique antillaise, l’homme a toujours gardé la discrétion. Préférant s’adonner à ce qu’il sait faire de mieux : la composition de tubes intergénérationnels. A lui seul, Jean-Claude Naimro, c’est cinquante années de présence scénique, plus de soixante titres et huit albums en groupe comme en solo. Autant dire, qu’il est devenu un artiste culte apprécié de toutes les générations.


D'ailleurs, qui n’a pas dansé sur au moins un voire deux de ses titres lors des mariages, des communions, des fêtes familiales, des soirées en discothèque ? Même si nous oublions le nom de certaines de ces mélodies, nous les fredonnons. Disons le clairement, Jean-Claude Naimro est un génie de la composition et tout ce qu’il touche, se transforme en succès planétaire. Pourtant, le chanteur, pianiste, auteur-compositeur n’a jamais donné de concert solo. Soit il accompagnait sur scène d’autres artistes soit il se produisait avec sa formation principale : Kassav’.



portrait photo de Jean-Claude Naimro. Crédit photo : KRB

Comme après un long mûrissement, aujourd’hui, Jean-Claude Naimro aborde un virage dans sa carrière d’artiste. 2023, c’est l’année où il a décidé de se livrer pour la première fois à l’exercice du solo sur scène. Pour débuter son « Digital Tour » qui se clôturera le 18 mars au Trianon, à Paris, l’artiste s’est également produit chez lui à la Martinique, à la Salle Aimé-Césaire de l’Atrium où sont venus l’épauler ses amis de la musique avec qui il a collaboré : Ralph Tamar, Tony Chasseur, Greg’Z, Jocelyne Béroard, Georges Décimus, Cindy Marthély. Quelques mois avant cette grande première, il nous avait reçu à Paris, au Dig Studio, son studio d’enregistrement, là où il a composé les plus grands tubes du zouk.





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