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Javier Milei, la rockstar ultralibérale crée la surprise pour les présidentielles en Argentine.

L'Argentine a t'elle tomber dans l'escarcelle de l'extrême droite populiste ? Rien n'est moins sûr mais les craintes sont vives. Javier Milei, libertarien, antisystème, ultralibéral, militant antiavortement, pro-arme, a créé la surprise ce dimanche en se plaçant en tête de la primaire de la présidentielle Argentine. De quoi faire trembler l'ensemble de l'échiquier politique argentin.



Il y a eu les victoire de Viktor Orban en Hongrie, il y a eu Donald Trump aux Etats-Unis, Jair Bolsonaro au Brésil, l'Argentine va t'elle est aussi tomber dans l'escarcelle de la mouvance populiste d'extrême droite ? Rien n'est moins sûr, puisque les élections présidentielles ne sont pas encore passées mais les craintes sont vives. Javier Milei, libertarien, antisystème, ultralibéral, militant antiavortement, pro-arme, a créé la surprise ce dimanche en se plaçant en tête de la primaire de la présidentielle Argentine. Un pays qui a vécu des années de plomb durant les différentes dictatures militaires des années 1970-1980. De quoi faire trembler l'ensemble de l'échiquier politique argentin.


Avec son style rock'n'roll, ses positions et ses propos volontairement choquants, l'homme détonne. Il envoute, fascine, cristallise. Ce fils d'un homme d'affaires dans les transports de passagers, économiste de formation avec un passage chez HSBC Argentine, il aurait même été membre du groupe de politique économique de la Chambre de commerce internationale et du Forum de Davos mais l'homme a toujours été un proche de l'aile la plus à droite du paysage politique argentin en étant conseiller économique du général Antonio Domingo Bussi lorsque celui-ci, mis en cause pour crimes contre l'humanité commis sous la dictature, fut élu député en 1999. Longtemps homme de l'ombre, il connaît une forte médiatisation depuis, 2014 où il est fréquemment invité dans des émissions de télévision et de radio pour livrer ses analyses économiques. Une médiatisation qui lui permet de figurer dans le classement les plus influentes d'Argentine en 2019. A ses heures perdues, il écrit des livres d'économie à succès dans lesquels il présente sa vision pour l'économie argentine. S'il n'écrit pas, il chante du Rock dans plusieurs petits groupes.


Ce lien avec d'anciens cadres de la junte militaire aurait pu interpeller mais loin de là, puisque dimanche soir Javier Milei a créé la surprise. Alors qu’il était crédité par les sondages de 20 % des voix lors des primaires pour désigner les protagonistes de la prochaine présidentielle, le candidat antisystème a obtenu plus de 30 % des voix. Il devance ses autres candidats des autres bords politiques comme Patricia Bullrich, 67 ans, qui, dans une primaire indécise à droite, a pris l’avantage sur le maire (centre droit) de Buenos Aires, Horacio Larreta, avec plus de 28 % des voix ; et Sergio Massa, ministre de l’économie, lequel a, sans surprise, remporté le vote dans le camp gouvernemental, mais arrive en troisième position d’ensemble avec 27 % des voix sur son nom.


Comme l'explique Le Monde, lors de ces PASO (pour « primaires ouvertes, simultanées et obligatoires »), plus de 35 millions d’électeurs argentins étaient appelés à présélectionner à la fois les partis qui seront en lice le 22 octobre − il leur fallait pour cela obtenir 1,5 % des votes nationalement − et leurs candidats. Vingt-deux tickets « président + vice-président » étaient en lice, dont il ne devrait rester qu’une demi-douzaine après le décompte définitif des voix.


Javier Milei a surgi dans l’arène politique il y a deux ans en se faisant élire député de la ville de Buenos Aires. Avec son abondante chevelure brune savamment désordonnée à la Boris Johnson, ses favoris et ses yeux bleus, il se fait vit remarquer sur la scène médiatique argentine . En parlant des médias, l'homme aime passer devant les caméras ou sur les ondes des radios locales et nationales. Chacune de ses sorties médiatiques sont assez vite relayées sur les réseaux sociaux argentins.


Populiste à souhait, il se dit fan de Trump et de Bolsonaro. D'ailleurs comme ses deux modèles états-uniens et brésiliens, il a adopté un discours outrancier de Javier Milei l’a mené aux portes de la présidence en Argentine. Dans ses diatribes, il ne manque pas d'attaquer la classe politique, tous bords confondus. Par exemple dans sa vidéo de lancement de campagne: «Tremblez, politiques. Continuez à mentir aux gens, bandes de délinquants, voleurs. Notre plan ne vous plaît pas… C’est parce que vous n’allez plus pouvoir voler, vous allez devoir travailler comme d’honnêtes personnes.»



L'économise libertarien argentin Javier Milei est arrivé en tête des primaires. (ALEJANDRO PAGNI/AFP)


Se revendiquant de l'école autrichienne, l'économiste argentin se situe dans la mouvance libertarienne, estimant qu’il faut réduire l’État à son minimum pour laisser la liberté aux citoyens et aux initiatives économiques. Défenseur de toutes les libertés individuelles, telles que le mariage homosexuel, la légalisation de toutes les drogues, il défend notamment la liberté de vente d’armes. Dans son profond libéralisme, l'homme de droite veut libéraliser la vente d’organes. Sa soif de liberté s’arrête en ce qui concerne l’avortement. Il veut revenir sur la loi votée en 2020 qui donnait libre accès aux femmes à l’interruption volontaire de grossesse. Il revendique ses affinités avec l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro. Par dessus tout, il veut supprimer à terme la Banque centrale, dollariser l'économie argentine, dégraisser l'administration à coup de tronçonneuse.


Il a promis de refaire de l’Argentine une « puissance », comme lorsqu’elle était « terre promise » de l’émigration européenne, au début du XXe siècle. Un thème de « grandeur retrouvée » qui n’est pas sans rappeler Donald Trump ou Jair Bolsonaro.


L'économiste surfe sur la colère générale contre les résultats économiques du président péroniste Alberto Fernandez catastrophiques. L’inflation dépasse les 100 % annuels, la récession menace. «Les exportations ont chuté, notamment à cause de la sécheresse et cela met notre économie dans une situation préoccupante, analyse l’économiste Luis Palma Cane.


L'ascension de Milei reflète une tendance régionale plus large de ces dernières années, qui a vu des politiciens latino-américains s'écartant du courant dominant et s'engageant à rompre le statu quo gagner en importance au Brésil, en Colombie, au Pérou et au Chili.


Sur les marchés boursiers argentins, ses positions inquiètes mais pas de quoi faire peur au peuple qui est fatigué d'une classe politique corrompue qui ne parvient pas à relever l'économie d'un pays en crise depuis des années et qui vit sur son passé grandiose du temps où le plus grand pays hispanophone du continent était la 3e puissance régionale, juste après les Etats-Unis et le Canada. Il est loin ce temps.


«La société attend de nouvelles propositions. Javier Milei répond au besoin de nouveauté de la population mais il n’a aucune expérience et n’aura pas de majorité parlementaire», précise Marcelo Bermolen. Ce sont surtout les jeunes qui se sont mobilisés pour Milei. Les jeunes n’ont connu que Macri et le péronisme, version Fernandez. Pour eux, les deux ont échoué. Ils sont pragmatiques. Ils votent pour une nouvelle proposition. La société a clairement fait le choix, lors de cette primaire de la nouvelle politique face à la vieille politique. Reste à confirmer lors de la présidentielle du 22 octobre prochain.»


Toutefois, les opposants affirment que les propositions de Milei sont irréalistes. Il s'agit notamment du projet de dollarisation de l'économie, auquel la plupart des Argentins sont opposés en dépit de la dépréciation rapide du peso et de la forte inflation. Une parité dollar-peso introduite pour des raisons similaires dans les années 1990 a apporté des avantages à court terme, mais s'est soldée par une dévaluation peu glorieuse.


Face à lui, Patricia Bullrich essayera de faire jouer son expérience politique. Issue d’une grande famille argentine, de fortune agraire et éminemment politique, qui compta plusieurs ministres et des maires de Buenos Aires, la candidate du parti Juntos por el Cambio (« Unis pour le changement ») a participé à plusieurs gouvernements, sous le centriste Fernando de la Rua (1999-2001). Elle a été ministre de la sécurité sous Mauricio Macri (2015-2019), un passage qui lui a valu des polémiques sur sa gestion musclée de manifestations, et le début d’une image de mano dura (« main de fer »), qu’elle ne renie en rien. Face à la menace ultralibérale, elle déjà trouvé son slogan de campagne : « C’est tout ou rien », mais rien n'est joué. Les instituts de sondage attribuent à Mileil près de 20 % des intentions de vote, un niveau de soutien qui pourrait donner à son parti une influence significative au Congrès et lui permettre de jouer le rôle de faiseur de roi dans un éventuel second tour entre les deux principaux candidats.







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