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Guillaume Diop : l'étoile noire de l'opéra de Paris.

C'est historique ! et pour cause, e jeune prodige de 23 ans Guillaume Diop est nommé nouvelle étoile de l’Opéra de Paris. C’est une grande première pour cette institution culturelle nationale créée en 1669.




Il n'y a que le travail qui paye. Mieux encore quand il est fourni avec détermination de brillantes réalisations arrivent. Guillaume Diop peut en témoigner. Le jeune danseur de 23 ans actuellement en tournée en Corée du Sud, a été nommé étoile de l'Opéra de Paris. C’est une grande première pour cette institution culturelle nationale créée en 1669. Jamais aucun afro-descendant n'avait atteint un tel sommet dans l'histoire des ballets français.


L’annonce a été faite à l’issue d’une représentation de « Giselle » sur la scène du LG Arts Center de Séoul (Corée du Sud), où Guillaume Diop, ovationné, venait d’interpréter pour la seconde fois le rôle d’Albrecht dans le ballet romantique de Jean Coralli et Jules Perrot, avec la danseuse étoile Dorothée Gilbert comme partenaire. Sa nomination survient un peu plus d’une semaine après celles de la Néo-Zélandaise Hannah O’Neill et du Français Marc Moreau, à l’issue d’une représentation de « Ballet Impérial » de George Balanchine à Paris.


Le parcours du jeune danseur étoile force le respect. Très vite passionné par la danse et notamment la danse classique. Il s’initie à la danse à l’âge de quatre ans, avant de commencer son apprentissage en 2008 au Conservatoire du XVIIIe arrondissement. Les choses sérieuses commencent à 8 ans, quand il entre au conservatoire du 18e arrondissement de Paris. Il entre à l’école de danse de l’Opéra national de Paris en 2012, puis est engagé dans le corps de ballet en 2018, il reçoit plusieurs prix : jeune espoir masculin du Ballet (Fondation pour le Rayonnement de l’Opéra national de Paris), prix de danse du Cercle Carpeaux, prix AROP de la Danse pour la saison 2020/2021. Tout s’accélère pour lui, il est promu « Coryphée » en 2022 et « Sujet » en 2023 à l’issue du dernier concours de promotion du Ballet. Il devient dont Etoile, sans être passé par le statut de « Premier danseur ».





Dans son article Vanity Fair qui l'avait rencontré détaille son parcours : « Guillaume se rêve plutôt médecin ou avocat. Oui mais la danse est devenue une passion dont il ne peut plus se défaire. À 12 ans, il intègre la prestigieuse école de l'Opéra de Paris. Il ne reste qu'un mois à l'internat. « Être toute la journée avec les mêmes personnes… » Là-bas, il découvre des garçons en mocassins, le col de la chemise qui dépasse du pull. « Moi j'étais en AirMax et jogging. » Guillaume n'a pas les codes. Sa mère fonctionnaire à la mairie de Gennevilliers, son père employé d'une agence aérienne n'y connaissent rien au milieu de la danse. « Quand d'autres élèves avaient déjà eu des coachs particuliers [...]

À 14 ans, il ne sait toujours pas s'il veut devenir danseur. Certains professeurs lui reprochent de « ne pas assez transpirer ». Le soir, il pleure, frustré de ressentir cette pression dont il a du mal à saisir l'objet, comme pris dans un piège. On ne démissionne pas de l'école de danse. Mais Guillaume éprouve comme une envie d'ailleurs. À 16 ans, il s'envole pour les États-Unis. Six semaines de stage auprès de la troupe d’Alvin Ailey lui redonnent la foi [...]


Premier échec au concours d'admission au corps de ballet. Guillaume termine à la « place du con », premier non-sélectionné. La deuxième tentative est la bonne. Il ressent un profond soulagement auquel succède une crise d'angoisse. Tout commence maintenant. « On se retrouve d'un coup très seul. » Fini d'être materné comme à l'école. Pour être distribué, il va falloir gravir les échelons. « Je me répétais : “à tel âge il faut que tu sois tel grade, à 22 ans, il faut que tu sois là." Puis le Covid a tout basculé. » Un an sans concours lui enlève un peu cette obsession de la tête [...]


A la réouverture de l'Opéra, il profite d'un alignement des étoiles. Il est détecté par la directrice de la danse de l'époque, Aurélie Dupont, qui lui propose des remplacements de marque. En juin 2021, il prend la place de Germain Louvet, blessé, dans Roméo et Juliette, aux côtés de Léonore Baulac [...] Six mois plus tard, le voilà bondissant dans Don Quichotte. En parallèle, il décroche le prix de l'Arop et le prix Carpeaux en 2021 [...]


Il le sent bien, les regards sur lui changent, mélange d'admiration et de jalousie. « Forcément, cela crée des tensions que je sois distribué dans des rôles dévolus aux premiers danseurs ou aux étoiles, remarque-t-il lors de notre rencontre, quand il n'était que coryphée, quatrième grade à l'Opéra. J’ai parfois un sentiment d’illégitimité, mais je me concentre sur le travail. » Avec le succès, il s'isole, se ressource autour d'un petit cercle d'amis fidèles, travaille toujours plus. En avril 2022, une fracture de fatigue au tibia le contraint à se mettre en pause quelques mois. Guillaume Diop revient encore plus fort. »


Depuis son entrée dans l'institution, Guillaume Diop a interprété de nombreux rôles principaux masculins, tels que Siegfried dans Le Lac des Cygnes, Roméo dans Roméo et Juliette, ou encore le Prince dans La Belle au bois dormant.





Guillaume Diop figure parmi les cinq auteurs du manifeste « De la question raciale à l’Opéra », écrit en 2020 dans la foulée du mouvement #BlackLivesMatter, Dans ce texte les salariés rapportaient que très souvent, durant les exercices, il leur est demandé de ne pas se cambrer « comme une négresse », de rentrer les fesses et de ramener le pubis pour ne pas « se tenir comme une négresse ». Des injonctions adressées autant à des personnes blanches qu’à des artistes racisés par les maîtres de ballet. A la suite de ce mouvement, Alexander Neef, le directeur général de l’Opéra national de Paris avait chargé Constance Rivière et Pap Ndiaye, chargés d’une mission de réflexion sur les questions de représentations de la diversité et de lutte contre la discrimination au sein de l’Opéra national de Paris.


« L’Opéra comporte désormais dans ses rangs artistiques, techniques et administratifs des personnes de couleur. Néanmoins, les stigmates de la discrimination raciale sont encore présents dans la société française du XXIe siècle. L’Opéra de Paris, noble institution que nous servons avec passion, n’échappe pas à la règle », écrivaient les auteurs du manifeste.


Guillaume Diop sera prochainement distribué dans Le Chant du compagnon errant (Maurice Béjart) présenté à l’Opéra Bastille entre le 21 avril et le 28 mai 2023.


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