Fusillade sur le Pont Neuf à Paris : le policier mis en examen vient de La Réunion
- ELMS
- 28 avr. 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 juin 2022
Dimanche soir, au soir de l'élection présidentielle, Deux personnes ont perdu la vie et une troisième a été grièvement blessée après un refus d’obtempérer, dimanche soir, à Paris. Le policier mis en cause est originaire de l'île de La Réunion. Selon ses dires, les deux passagers du véhicule ont refusé d'obtempérer et auraient foncé sur lui. Sauf que la thèse de la légitime défense n'a pas été retenue par les juges et il a été mis en examen pour "homicide volontaire" mercredi. Dénonçant la décision des juges d’instruction, le syndicat de policiers Alliance a appelé à un rassemblement, lundi.

Au soir des résultats de l'élection présidentielle, dimanche 24 avril, un fait divers est venu secouer la capitale : deux hommes âgées de 25 et 31 ans, sont morts après qu'un policier a ouvert le feu sur leur véhicule. Un troisième, situé à l'arrière de la voiture, a été blessé. Interrogé par l'IGPN, la police des polices, après le drame, le gardien de la paix, un jeune homme de 24 ans originaire de La Réunion, présenté à deux juges d'instruction a été mis en examen. Il est membre d'un groupe d'appui de nuit au sein de la Compagnie de Sécurisation de la Cité (CSC) - unité chargée notamment de la protection de la caserne de la Cité, siège de la préfecture de police.
Selon ses dires, les deux passagers du véhicule visiblement " défavorablement connus des services de police" ont refusé d'obtempérer et auraient foncé sur lui, raison pour laquelle, il aurait fait usage de son arme à feu un HK G36, , une arme de guerre mise à la disposition des policiers depuis 2016 pour être en mesure, notamment, de riposter en cas d’attaque terroriste.
Cependant, les juges d'instruction n'ont pas retenue la thèse de la légitime défense. Selon une source judiciaire, le policier a par ailleurs été mis en examen pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" s'agissant du passager avant et pour "violences volontaires aggravées par personne dépositaire de l'autorité publique" envers le passager arrière.
Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire "sauf exception", de paraître à Paris, d'entrer en contact avec le service de police auquel il appartient pendant six mois, d'exercer en tant que policier impliquant un contact avec le public, de port d'arme et de contact avec les victimes. Il a également une obligation de soins. En revanche, il n’est pas interdit d’exercer, mais il doit le faire sans entrer en contact avec le public. Fait plus rare dans ce genre de cas, ces mesures ont été assorties d’une obligation de soins.
Une décision jugée "inadmissible" par le syndicat de police Alliance appelant à un rassemblement lundi 2 mai à la Fontaine Saint-Michel, face au Tribunal de Paris. « C’est l’incompréhension face à une décision inadmissible, insiste Yoann Maras, délégué régional pour Paris. Notre collègue ne comprend pas ce qui lui arrive : dans les textes, l’usage des armes est considéré comme relevant de la légitime défense lorsqu’un véhicule fonce sur des forces de l’ordre et lui se retrouve mis en examen pour homicide… Les textes existent, il faut les appliquer. »
Rappel des faits :
Dimanche, peu avant minuit, une patrouille de cinq policiers s'était dirigée vers une voiture garée à contresens, feux de détresse allumés, quai des Orfèvres sur l'île de la Cité, à Paris, pour contrôler ce véhicule, selon le compte rendu d'intervention de la police consulté par l'AFP.
Alors que les policiers s'approchaient de l'avant de la voiture, celle-ci a démarré et aurait "foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter", toujours selon la version des fonctionnaires de police.
"Le seul" policier sur place à être armé d'un fusil d'assaut a alors ouvert le feu sur le véhicule qui prenait la direction du Pont-Neuf où il a terminé sa course après être monté sur un terre-plein. Selon les premiers éléments de l'enquête, une dizaine de cartouches ont été tirées, "cinq ou six impacts ayant atteint les individus".
Le gardien de la paix réunionnais était équipé d'un HK G36, un fusil d'assaut dont sont équipés les policiers et les gendarmes, depuis les attentats jihadistes meurtriers du 13 novembre 2015 à Paris, pour pouvoir riposter aux tirs de kalachnikov.
Le conducteur de la voiture, âgé lui de 25 ans, retrouvé inerte au volant, et son passager avant, 31 ans, découvert allongé sur le sol à droite de la voiture, sont décédés sur place malgré les soins prodigués par les services de secours.
Tous deux étaient nés à Paris et résidaient dans le XXe arrondissement. Une source proche du dossier a par ailleurs indiqué qu'ils étaient "défavorablement connus, entre autres pour stupéfiants".
Le passager arrière, âgé de 42 ans et inconnu des services de police, avait été blessé au bras et hospitalisé. Il a depuis été entendu, selon une source proche de l'enquête.
Les quatre autres membres de l'équipage de police, une femme et trois hommes, ont également été entendus librement "comme témoins" par l'IGPN, selon une source proche du dossier.
Le parquet de Paris a précisé ne pas vouloir communiquer plus avant sur le fond du dossier "afin de préserver l'objectivité des témoignages qui sont encore à recueillir". En parallèle, le parquet de Paris a également ouvert une enquête pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique", confiée à la police judiciaire parisienne.
Pourquoi la légitime défense n’a (à ce stade) pas été retenue par les juges :
Selon le compte rendu d’intervention de la police, consulté par 20 Minutes, une patrouille de cinq policiers de la Compagnie de sécurisation de la Cité (CSC), unité notamment chargée d’assurer la protection du siège de la préfecture de police, repère une voiture garée à contresens sur le quai des Orfèvres. « L’équipage s’est avancé de façon déterminée vers l’avant du véhicule en se plaçant de part et d’autre de ce dernier », précise le document, rédigé quelques heures à peine après le drame. Il aurait alors, d’après ce même compte rendu, soudainement démarré puis « foncé vers un des fonctionnaires qui s’est écarté pour l’éviter ». Le « seul » policier sur place à être armé d’un fusil d’assaut – celui qui a été mis en examen – a alors ouvert le feu sur la voiture qui a terminé sa course sur un terre-plein du Pont-Neuf.
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