Florence Naprix, une artiste engagée pour NOU
- ELMS
- 16 juin 2021
- 17 min de lecture
Des studios d'enregistrement aux salles de spectacle et de concert, Florence Naprix a le mérite d'avoir tout fait. La voix d'or de la musique guadeloupéenne et plus largement du jazz-créole est de retour chez elle. Cette fois, elle a décidé d'investir une nouvelle scène, celle de la politique. L'artiste aux multi-facettes s'est engagée du côté de la liste NOU rassemblant divers partis et organisations patriotiques et nationalistes guadeloupéens. Elle nous en dit plus.

Qui a dit qu'être artiste empêchait d'avoir une opinion politique ou tout simplement s'engager pour la société ? Albert Camus disait justement que " le but de l'art, le but d'une vie ne peut être que d'accroître la somme de liberté et de responsabilité qui est dans chaque homme et dans le monde." Les rares artistes qui osent le faire ou qui se définissent comme les porte-paroles des sans voix l'ont bien compris. D'ailleurs, l'art en lui-même est emprunt de militantisme.
L'artiste dont l'article lui est consacré, fait partie de ces acteurs culturels qui osent s'engager et défendre des valeurs positives pour la société. A ce propos, il y a quelques mois, la chanteuse avait décidé, dans une série de podcasts de balancer ses porcs, en évoquant les violences sexuelles qu'elle a subi tout au long de sa jeunesse et de sa carrière. Artiste talentueuse multi-facettes, Florence Naprix n'est donc plus à présenter, tant son parcours musical est riche de plusieurs expériences.
Après vingt ans de vie dans l'Hexagone, la voix d'or de la musique guadeloupéenne et plus largement du jazz-créole est de retour chez elle et, elle a décidé d'investir une nouvelle scène, celle de la politique. L'artiste aux multi-facettes milite désormais du côté de la liste NOU rassemblant divers partis et organisations patriotiques et nationalistes guadeloupéens. Elle nous en dit plus.
The Link Fwi : Bonjour Florence Naprix bienvenue sur The Link Fwi, on ne vous présente plus, premièrement comment se déroule ce retour au pays ?
Florence Naprix : Ce retour au pays se passe super bien ! (rires) J'aime bien quand on me demande si j'ai trouvé mes marques, mais je me rends compte que je ne les ai jamais perdues. C'est comme ci je n'étais jamais partis. Ce n'est pas un retour au pays, je suis à la maison. Je suis arrivé avec pleins de projets, en me disant qu'il me faudrait un temps d'adaptation etc et puis au final non, je me suis retrouvé dans un tourbillon dès mon arrivée, notamment au niveau de l'engagement politique avec l'ANG, organisation que j'ai rejoins même avant mon retour en Guadeloupe et donc j'arrive avec le podcast " Rebelle est la bête " et toute ma volonté de modifier notre rapport à la parole afin de les libérer et j'arrive avec toutes ces velléités de m'engager politiquement pour la Guadeloupe, j'ai aussi l'envie de profiter de mon pays, sans oublier la musique évidemment et tout cela se met en place.
TLFWI : On vous connaît dans le milieu musical, mais pas pour ce côté militante politique. Etiez-vous déjà engagée politiquement ou membre d’une organisation politique ou une association ?
Florence Naprix : Moi non plus je ne connaissais pas cette Florence Naprix (rires). J'ai toujours été militante, je me suis toujours vu comme un porte-étendard de la Guadeloupe. Dès que je suis partis m'installer dans l'Hexagone pour mes études, partout où je passais, je transpirais la Guadeloupe, je rapportais la Guadeloupe avec moi. Quand j'ai commencé à chanter, pareil je me suis fait un devoir de dire à tous ceux que je rencontrais que ce pays est magnifique et que je le dise aux guadeloupéens aussi. La carte postale fait rêver pleins de gens, mais au delà de la carte touristique, nous sommes un peuple, avec ses coutumes, ses traditions, son histoire, des rêves, des talents et des promesses super riches et cela me faisait quelque de rencontrer des personnes qui n'en avaient pas la moindre idée. Ils ne savaient où est située la Guadeloupe, il fallait donc que je leur explique. Et même chez nous, il faut rappeler toute la force dont nous sommes pétris. J'ai donc pris sur moi et je suis devenu en quelque sorte une ambassadrice de la Guadeloupe. On ne m'a rien demandé, mais c'est comme cela, il fallait que je le fasse (rires). Depuis Août dernier, ce sont les violences entre les gens qui m'interpellent beaucoup, j'ai donc décidé de m'emparer de cette problématique car ici, nous sommes aussi remplis de violence. Nous sommes intrinsèquement très violents vis à vis de nous-mêmes, nous n'écoutons pas forcément nos corps. Nous sommes aussi violents dans nos rapports sentimentaux, d'ailleurs nous l'avons vu avec les divers confinements où les violences conjugales ont augmenté. Les rapports dans les couples sont très difficiles, les rapports familiaux sont durs, nous ne sommes pas toujours dans la bienveillance. D'ailleurs, la bienveillance peut-être considérée comme une faiblesse. Tout cela se répercute dans notre quotidien. Dans le travail, dans le monde politique, dans la société, il y a des abus et si nous nous y intéressons pas, il n'y aucune raison que cela change. Or, selon moi, il n'en tient qu'à nous pour que ça change et tout cela m'amène sur le champs politique et donc, je tombe sur un mouvement qui à l'air de porter ces idées que je partage, c'est ANG. Je découvre ce mouvement entre Août et Septembre, et je retrouve des amis avec qui je partage ces réflexions tels que Vincent Tacita, Laurence Maquiaba, Nathalie Minatchy et bien d'autres. Nous étions d'ailleurs membres d'un groupe " Ansanm pou nou menm " groupe qui s'est monté pendant le premier confinement lorsque nous nous sommes rendus compte de comment la France gérait cette crise sanitaire et nous n'avions rien à dire sur la façon dont était gérée la Guadeloupe, jusqu'à présent d'ailleurs. Dans toutes ces décisions prises, nous le peuple guadeloupéen, nous ne comptons pas. Notre avis importe peu. C'est vrai que de temps en temps, les élus se sont manifestés, mais l'Etat par la voix du préfet, leur a très vite fait comprendre que leur avis importait peu. Il fallait donc que cela change et c'est la raison pour laquelle nous avons créé " Ansanm pou nou menm " qui a commencé par une lettre ouverte écrite par Laurence Maquiaba et qui a été adressée aux élus afin qu'ils prennent leurs responsabilités. Ensuite, je découvre ANG qui existe depuis 2006 et dont je n'avais pas entendu parler. Il faut savoir que le mouvement a été créé par Luc Reinette, figure majeure de la lutte nationaliste en Guadeloupe et ANG a déjà participé à des événements marquants de l'histoire sociale contemporaine de la Guadeloupe comme la signature des accords Bino de 2009 avec le LKP. J'ai d'abord hésité car je ne me considérais pas comme une femme politique, pourtant dans mon art et ce que je représente, c'est déjà de la politique. Ce qui change c'est de retrouver toutes ces volontés individuelles et ils vont collectivement monter un projet pour la Guadeloupe et j'ai très envie de participer, même en n'étant pas sur place. Je prends ma carte à l'ANG et je rejoins les kadans qui sont nos commissions de travail et par la suite à mon retour en Guadeloupe, je rejoins le mouvement et la décision est prise par un vote à la majorité, nous allons aux élections régionales. Aller aux régionales est une chose à laquelle je ne me sentais pas capable de faire. Pourtant, j'y suis.

The Link Fwi Qu’est-ce que la liste “ Nou “ qui sont ses membres et qu’est-ce qui vous a motivé à tous vous rassembler pour ces élections régionales ?
Florence Naprix : Au départ à l'ANG nous nous sommes demandés si nous y allions seuls ou si nous ferions un convoi avec d'autres partis. Au final, c'est nous avons opté pour aller en convoi avec cette volonté de rassembler d'autres partis nationalistes, autonomistes et les indépendantistes et que tout ce monde se retrouve avec cette idée que la Guadeloupe soit souveraine. Ainsi, sur cette liste, on retrouve des membres de l'ANG, certes nous sommes majoritaires mais, il y a l'UPLG avec nous, Agir en Citoyens et l'Alliance pour la Guadeloupe. Quatre forces patriotiques qui se sont associées pour porter ces revendications à la Région.
TLFWI : Sur cette liste, il y a un grand absent, le Parti Communiste, quelles sont les raisons de cette absence ? Il a été question d'un clash entre ANG et Parti Communiste.
Florence Naprix : Ce n'est pas une question de clash. Depuis le début, nous sommes entrés en contact avec différentes organisations dans cette optique d'ouverture et de ne pas se croire les plus sachants. On le sait, le nationalisme a une histoire et nous découlons de cette histoire et de ces luttes menées par le passé. Il y a des organisations qui ont refusé de discuter avec nous. En ce qui concerne l'absence du Parti Communiste, c'est la présence sur leur liste de l'ancien maire de Port-Louis monsieur Arthein, et ses positions sur la question du foncier n'étaient pas cohérentes avec celles que prônent l'ANG et par moment nous devons être cohérents avec nous-mêmes. Nous avons donc choisi de ne pas aller dans cette direction et nous l'avons fait en toute intelligence mais rassurez-vous contrairement à ce qui a été dit, cette discussion n'a pas été aussi houleuse comme les rumeurs ont pu le faire croire.
The Link Fwi : Sur cette liste figurent des visages connus dupaysage artistique, économique, intellectuel, politique et audiovisuel local, n’êtes vous pas la liste des élites locales et des bourgeois ?
Florence Naprix : (rires) Je ris car cette question ressort assez souvent et nous ne pouvons pas passer à côté. Non, ce n'est pas un parti d'intellectuels. C'est vrai qu'il y en a dans l'ANG me concernant, je ne me considère pas comme telle (rires), je réfléchis c'est vrai mais je ne pense pas l'être. Quand l'ANG est réapparue en Juillet, ils étaient dix. Aujourd'hui, nous avons dépassé les sept cent adhérents. Il n'y a donc pas que des intellectuels dans l'ANG et dans la liste NOU. Je ne crois pas que nous devrions avoir peur de mettre des personnes capables de réfléchir et de parler ou même analyser la situation de la Guadeloupe. Après, même dans la population guadeloupéenne, il y a des intellectuels, il y en a aussi qui ne sont pas identifiés de la sorte mais qui pourtant réfléchissent à des thématiques qui sont les leurs. Le fonctionnement de l'ANG est le suivant, il y a les Kadans, avec des gens qui se réunissent autour de grands thèmes, ( fiscalité, culture, souveraineté alimentaire, éducation, santé etc) et que nous abordons pas seulement pour les élections qui sont pour nous juste une étape mais nous travaillons sur ces différents domaines avec des experts. Cependant, il y aussi des personnes qui ne sont pas expertes mais qui apportent leur éclairage et leurs attentes sur ces différentes thématiques en tant que personne lambda et cela que nous mettons en avant sur la liste NOU, des personnes qui seront en mesure de faire entendre toutes ces questions. Sur cette liste, tous les corps de métiers sont représentés, des économistes, des artistes et bien d'autres métiers mais à l'ANG et sur la liste NOU, notre devise c'est " tout moun sé moun ", il y en a pas qui valent plus que d'autres. Ainsi, sur nos sept cent adhérents, il y a toutes les couleurs du peuple de la Guadeloupe et tous les jours nous le constatons malgré les différences nous arrivons à fonctionner ensemble et nous avons donc un véritable laboratoire avec cette liste qu'on a baptisé NOU.
TLFWI : Certains membres de cette liste ont fait de la politique dans divers partis politiques locaux ou même milité pour les deux présidents sortants des deux assemblées locales, la liste “ NOU “ n’est-elle pas une liste de revanchards, de déçus de la politique actuelle ?
Florence Naprix : Evidemment que nous sommes déçus de la politique menée actuellement. Nous sommes déçus de voir à quel point, il semble difficile d'être maître chez soi et c'est que nous souhaitons voir changer. Je ne crois pas dans ce mouvement au conflit de personnes. Nous mettons d'ailleurs un point d'honneur à ne pas attaquer les gens. Depuis le début, nous portons un projet et nous le défendons. Notre chef de file, Ronald Selbonne a dit lors du meeting de lancement que si sur une autre liste, des idées nous intéressaient, nous les prendrions, car, le plus important c'est que la Guadeloupe avance. Tous ceux qui ont l'envie de voir le choses changer et qui se reconnaissent dans notre mouvement, sont les bienvenus. Après, ceux qui s'opposent à notre démarche, ou qui tout simplement n'ont pas l'envie d'adhérer c'est leur choix, ou ceux qui veulent faire à leur façon encore une fois, libre à eux mais que cela se fasse sans que pour autant l'on se crache dessus. Ce qui est important c'est de savoir ce que mettons et faisons pour que les choses changent.

The Link Fwi : L’ANG qui conduit cette liste, a connu un fort engouement visible sur les réseaux sociaux, mais n’est-ce pas un phénomène de buzz ?
Florence Naprix : Quand j'ai adhéré à l'ANG, j'ai exactement posé cette question. Je ne voulais pas que nous allions aux élections régionales et que peu importe le résultat que le mouvement meurt. Je ne veux surtout pas dépenser autant d'énergies pour que tout s'arrête. La réponse a été " non " car, le travail qui est mené est un travail de fond et sur du long terme. Nous ne sommes pas venus pour juste gagner des élections. Nous sommes là pour construire la Guadeloupe et c'est sur du long terme. Ce que l'on fait dans les Kadans, c'est d'établir un constat, proposer des solutions viables. Ce que nous visons, ce n'est pas uniquement pour les élections régionales. Me concernant, je ne vais pas m'arrêter aux élections régionales, je sais que je vais continuer à travailler et je sais aussi que les autres membres de la listes continueront eux-aussi à le faire.
TLFWI : Pour ces élections 2021, il semblerait que la question statutaire de l’archipel ressurgisse, l’ensemble des listes parle d’un” Péyi Gwadloup “ et des guadeloupéens comme d’un peuple, pensez-vous qu’il soit important de changer le statut politique de la Guadeloupe et que la question de l’évolution politique de nos îles soit un passage obligé ?
Florence Naprix : Cela fait doucement rire quand l'on voit que des partis traditionnels comme le parti socialiste ou même le GUSR qui ont été pendant longtemps assimilationnistes te parlent d'un " Péyi Gwadloup" (rires). Nous avons déjà gagner sur ce point et cela conforte notre idée qu'être nationaliste n'est pas une insulte. Il y a eu toute une période où dire à une personne qu'elle est indépendantiste s'assimilait à une insulte grave. On utilisait souvent ce mot pour rabaisser celui ou celle qui avait juste une idée différente de la politique locale et beaucoup ce sont faits catégoriser et même blacklister. Aujourd'hui, je suis convaincu que l'ANG a apporté cette question dans les débats. Depuis, nous constatons, une dédramatisation de la question du changement statutaire. A mon sens, il est temps que nous sortions de ce stade où, désolé mais je nous vois comme des Tanguy chez nos parents et nous persistons à rester chez eux. Tout ce que je veux dire, c'est que nous sommes dans un tel état d'infantilisation qui s'est d'ailleurs vu avec cette crise Covid-19, où on nous permet de sortir, on nous dit de rester chez nous. Au niveau éducatif c'est pareil, ils décident des programmes que nos enfants doivent étudier. Ils décident de tout et je ne vois pas dans quelle mesure cette situation doit persister. Je ne vois pas pourquoi nous devrions continuer à subir et je pense qu'il serait temps que nous prenions notre avenir en main. Il est temps que Tanguy quitte ses parents et qu'il prenne son appartement, prenne femme et enfants et qu'il mène sa propre vie (rires). Il serait absurde de persister à vivre dans un système dont on se rend compte qu'il ne nous fait pas de bien. Nous sommes tout simplement niés, notre avis ne compte pas et toutes les questions liées à la crise le démontrent. La directrice de l'ARS et le préfet n'ont rien avoir avec la Guadeloupe. Donc, qu'est-ce qui leur permet de décider pour nous ? En fait, ils ne le font pas pour nous, ils agissent pour autrui et nous, nous ne comptons pas et même nos hommes politiques ne comptent pas. Pour répondre à la question, non ce n'est pas un phénomène de mode, tout le monde prend enfin conscience de la nécessité de se poser les bonnes questions de qui nous sommes, nous Guadeloupéens et quelle est notre place dans cet archipel qui est le nôtre.
The Link Fwi : Justement, cette question statutaire n’est-elle pas l’adage des intellectuels, pensez-vous que la population suivra si un jour un vote est organisé ?
Florence Naprix : Je ne sais pas, j'estime que le peuple c'est NOU, je parle des 700 adhérents de l'ANG. Si en neuf mois, nous avons pris autant de personnes je ne pense pas qu'il n'y ait que des intellectuels, et je ne crois pas que cette question du nationalisme soit exclusivement réservée à eux. A mon sens, elle concerne l'ensemble des Guadeloupéens, tous ceux et celles qui veulent se sentir chez eux. Elle implique aussi tous ceux et celles qui veulent que leurs enfants cessent de se poser la question du retour au pays. Récemment, je discutais avec une amie, elle a à peu près une soixantaine d'année et elle me disait que ses quatre enfants ainsi que ces petits-enfants sont tous dans l'Hexagone et aucun n'envisage de rentrer au pays. Je trouve cela terrible, surtout quand on voit que des personnes n'appartenant pas à ce territoire s'installent chez nous et nous, nous avons peur de revenir. Ainsi, tous ceux qui sont soucieux savent qu'il y a des choses à faire. Je suis enchantée que le débat soit enfin lancé et qu'il soit mieux accepté. La démarche de l'ANG et de la liste NOU est de justement dire que nous avons en Guadeloupe les capacités pour nous prendre en main.

TLFWI : Justement, concernant votre programme, quel est-il ? Que proposez-vous de concret à la Guadeloupe et à son peuple ?
Florence Naprix : Nous avons mis en avant quatre points mais en tant que chanteuse et artiste, je vais m'arrêter à la culture. Nous savons que la Région est un acteur actif de ce domaine. Cependant, la culture se borne à des événements ponctuels surtout au gré des subventions, donc de l'argent mis à la disposition pour cela. A mon avis, ce n'est pas la meilleure façon de faire vivre ce système et ce n'est pas vivable pour les artistes car, autour il y a toute une industrie. Nous nous sommes rendus compte que la culture n'était pas prise au sérieux. Il faut savoir que la culture est le parent pauvre de la politique. A l'ANG et chez NOU, nous voyons la culture comme la colonne vertébrale de la nation. C'est ce qui fait la nation. Or, nous la déprécions. Il faut que ça change en permettant à la population de vivre sa culture et de se l'approprier, car, la culture englobe l'histoire, la façon dont nous vivons, dont nous mangeons, dont nous parlons, comment nous vivons la mort, elle comporte nos us et coutumes. Les artistes sont donc là pour porter cela, et nous le faire ressentir. Pour parvenir à cet objectif, nous allons mettre un pôle guadeloupéen où l'on va mettre en lien divers acteurs de la culture. Cela va permettre à ces personnes de travailler plus librement. Nous avons aussi aborder la thématique du créole, on a constaté qu'il y a des fractures sociales liées à la langue. Il y a des personnes qui ne maîtrisent pas forcément le français et pourtant, quand ils vont dans les administrations, ils sont reçus en français et ça favorise une division, c'est la raison pour laquelle, il faut que nous prônons un ancrage du créole dans le quotidien. A ce niveau, il y a énormément de travail à faire, lorsque l'on voit que certaines personnes assimilent notre langue à de l'irrespect, je me dis que nous sommes encore loin. Nous allons donc favoriser la communication entre les Guadeloupéens car, cela contribue à notre force. Au niveau de la Caraïbe, nous allons passer par le Caricom pour renforcer nos liens avec nos voisins, des liens historiques, mémoriels, artistiques avec d'autres artistes des pays à côtés de chez nous, avant cela se faisait mais aujourd'hui ces liens ont disparu. Il est important que nous rétablissions ces liens. Après, il n'y a pas qu'avec la Caraïbe que nous devions établir des liens, il y a d'autres liens à établir avec d'autres pays hors de notre zone.
The Link Fwi : Et la jeunesse dans tout ça, est-elle au coeur de vos ambitions ? Selon vous quelles sont les thématiques qui lui sont chères ?
Florence Naprix : Quoi qu'il arrive à l'ANG lorsque nous prendrons nos fonctions, il n'y aura pas d'autre choix que de s'occuper de la jeunesse. La jeunesse est partie prenante de notre organisation. Tous les jeunes de moins de trente-cinq ans, sont réunis dans une mouvans, ils sont hyper actifs, ils sont présents dans les réseaux sociaux comme sur Instagram avec NOU ANGAJE. La jeunesse sait ce qu'elle doit faire et elle n'attend sur ses aînés pour prendre des propres initiatives. Sur notre liste, il y a des jeunes comme Julie Tran, N'Dy Thomas, Meryl Cussey etc, qui sont admirables. Avec nous, la jeunesse ne sera donc pas oubliée.

TLFWI : Si je me mets à la place du citoyen lambda qui ne sait pas pour qui voter, celui qui n’a jamais voter ou tout simplement celui qui refuse de voter, quels seraient vos arguments pour me convaincre et comment allez-vous présenter vos idées afin de me persuader de me rendre dans un bureau de vote ?
Florence Naprix : Je m'adresse donc à celles et ceux qui refusent de voter. Je me rends compte qu'ils sont nombreux même au niveau des militants, ils sont nombreux à refuser de voter dans le principe républicain français et je comprends. Ce qui déçois et je l'entends bien, c'est la façon dont la politique est menée jusqu'à présent. Même moi-, j'ai rarement voter. J'ai pris du temps à avoir une carte électorale et même quand je l'ai eu, je m'y rendais rarement, je me disais que cela ne servait à rien. Cependant, aujourd'hui, je crois que c'est faux. En votant, nous pouvons exprimer notre choix et approuver ou désapprouver les orientations qui ont été menées et sanctionner les personnes qui les ont conduites. En ne votant pas, nous ne participons pas aux prises de décision et nous ne pouvons donner notre avis dessus. Il est important d'infiltrer le milieu politique et pour ce faire, nous devons nous rendre aux urnes. Sur notre liste NOU, il y a en a pleins qui ne votaient pas, qui n'avaient pas de carte électorale, ou qui tout simplement refusaient de voter, mais cette année, ils ont changé d'avis et ils iront voter. Il est nécessaire de se rendre aux urnes le 20 Juin et d'inverser la tendance. Comprenez que prendre le pouvoir passe par le vote.
The Link Fwi : Quel bilan faites-vous de la mandature qui s’achèvera en Juin ?
Florence Naprix : Ce que je constate, tout a été entaché par la crise sanitaire. Comme je disais, je ne m'intéressais pas à la politique. Je n'écoute pas les discours politique, je n'y comprends rien donc parler de bilan, je pense pas être en mesure d'en dresser un mais toujours est-il c'est que je ne m'y retrouve pas en tant que femme, en tant qu'artiste. Il est difficile en tant qu'artiste d'aller porter un projet que j'estime " beau" comme le spectacle que j'ai monté en homme à Manuella Pioche, grande chanteuse guadeloupéenne, pourtant elle est morte à trente-sept ans dans le dénuement complet et oubliée de tous, quand j'ai voulu promotionner ce spectacle hors de la Guadeloupe, je suis entré en contact avec la Région l'objectif était de nous faire connaître vers d'autres destinations. Il était question de partir à huit personnes mais avec ce que l'on nous attribue, j'ai à peine de quoi nous nourrir et ps nous loger et surtout pas nous payer pour le travail accompli. Face à cela, je suis obligé de me tourner vers d'autres partenaires, le privé. Néanmoins à la différence des autres pays, le privé en Guadeloupe, ne donne pas d'argent pour les oeuvres culturelles, ce n'est pas dans la tradition, là encore c'est quelque chose à modifier du coup, je suis obligé d'abandonner cette idée de partir avec mon spectacle, alors qu'il a eu un franc succès en France Hexagonale lors des deux représentations qui ont eu lieu. L'artiste en Guadeloupe n'est pas aidé. Encore une fois, je pense que nous n'avons pas encore compris ce qui devait être fait.
TLFWI : Lorsque vous serez élus à la Région quels sont les dossiers sur lesquels vous travaillerez les 100 premiers jours ?
Florence Naprix : Sur la liste NOU, nous évoquons en priorité la question du foncier, le pôle culturel que j'ai abordé précédemment. Il y a aussi la question de la souveraineté alimentaire, la fiscalité aussi sera traitée et sans oublié la formation.
The Link Fwi : Êtes-vous prêts à travailler avec les autres équipes qui seront à la Région ?
Florence Naprix : Come le disait Ronald Selbonne, " Si nou ka vwè on biten adan program a on dot ki ka ban nou'y nou ké pran'y " L'idée est de travailler pour la Guadeloupe et de rester cohérent. Notre objectif est une Guadeloupe souveraine.
TLFWI : En matière de financement, comment cette campagne se déroule t'elle ?
Florence Naprix : Une campagne ce sont de grosses dépenses, je ne m'y attendais pas. On voit les novices (rires). Comme les autres listes, nous sollicitons les uns et les autres, pour qu'ils nous accompagnent financièrement. Tous les dons sont les bienvenus. Les entreprises ou les particuliers qui sont sensibles à notre démarche et qui ont envie de nous donner. Pour cela, nous avons une adresse mail : mandatairenou@gmail.com donnez si vous pensez que la Guadeloupe a besoin de NOU. Nous avons aussi fait un concert de levée de fonds malgré les contraintes sanitaires, nous nous sommes inspirés du Téléthon. Le concert était visible. Tout au long de nos prestations, on invite le public à faire des dons.
The Link Fwi : Où pouvons-nous suivre l’actualité de NOU et la vôtre ?
Florence Naprix : Sur Facebook, la page NOU, mais aussi la page Alyans Nasyonal Gwadloup ( ANG). Nous sommes aussi sur Instagram, Alyans Nasyonal Gwadloup. Les jeunes de l'ANG sont aussi présents sur les réseaux sociaux : Nou Engajé. Par ailleurs, nous avons une page Youtube et notre site est en construction.
En ce qui me concerne, je suis présent sur l'ensemble des réseaux sociaux, Florence Naprix sur Facebook, Twitter, Instagram. J'ai également un site : florence-naprix.com Mon podcast Rebelle est la bête est aussi sur les réseaux sociaux ainsi que dans la Peau de Mano. danslapeaudemano.com
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