Face à l'inflation l'Etat prend des mesures, mais elles sont mitigées.
- ELMS
- 24 déc. 2022
- 9 min de lecture
Alors que l'année 2022 tire sa révérence pour faire place à 2023 et son lot de mystères, nul n'a pu ignorer l'augmentation des prix. Une hausse commencée en 2020 et qui s'est poursuivi en 2021 et en 2022. Disons-le clairement, ces deux dernières années ont été placées sous le signe de l'inflation. Face à cette hausse des prix rendant le quotidien des français difficile, l'Etat a pris des mesures mais, elles sont mitigées.

Alors que l'année 2022 tire sa révérence pour laisser place à l'année 2023 et son lot de surprises, s'il y a bien une chose que les Français ont constatée et qu'ils décrient c'est la hausse des prix.
Une hausse commencée en 2020 durant la période de la pandémie de la Covid-19 et qui s'est poursuivie en 2021 et même jusqu'en 2022. Disons-le clairement, ces deux dernières années ont été placées sous le signe de l'inflation. Une situation difficile pour une grande majorité des foyers et même pour la classe moyenne. Entre la hausse des carburants à la pompe, l'augmentation du prix du gaz pour le chauffage domestique entrainant une flambée des prix de la consommation notamment les prix des denrées alimentaires, les Français ne savent plus où donner de la tête et non que ça dans la tête et dans leur bouche : la vie est devenue chère !
Les raisons de l'augmentation des prix :
A quelques heures des célébrations de Noël beaucoup fêteront sobrement du fait de la vie chère qui a pris tout le monde de court. L'heure n'est donc pas à la fête mais plus à la colère et l'Etat l'a bien compris.
Toutefois avant de détailler les différentes mesures prises par le Gouvernement pour calmer la colère populaire, il est important de rappeler que pendant plus de trente ans, l'inflation, comprenez, la hausse généralisée et durable des prix des biens et des services, est restée basse. En France, elle oscillait entre 0 et 3% voire 4%. Parfois, comme en 2015-2016 et lors de la récente pandémie, elle était même nulle voire carrément négative. Cependant, à partir de juillet 2021, la situation a brutalement changé. Entre juillet 2021 et juillet 2022, elle est passée de 1,5% à 6,8%(nouvelle fenêtre), avant de légèrement ralentir en août (6,5%(nouvelle fenêtre)). La France reste en dessous du niveau de la zone euro (9,1% en août 2022(nouvelle fenêtre)). Dans certains petits pays européens, l'inflation atteint 10, voire 20%
Nous l'évoquions dans notre article daté du 4 mai 2022 sur le bilan du premier mandat d'Emmanuel Macron. Un bilan plus mitigé mais avec des points positifs comme notamment la croissance nationale ainsi que le PIB sont en augmentation, même chose pour le pouvoir d'achat des Français qui est lui aussi en hausse :
" Au quatrième trimestre 2021, le PIB a augmenté de 0,7% par rapport au troisième trimestre, un niveau plus élevé qu'attendu initialement par l'Insee. Sur l'ensemble de l'année 2021, la croissance s'établit ainsi à 7%, soit la croissance la plus haute depuis 1969. Un record à contrebalancer toutefois. La crise du coronavirus a très largement affecté l'activité en France. La récession avait alors été de 8% en 2020. Entre le troisième trimestre 2017 et le quatrième trimestre 2021 dernière donnée établie par l'Insee, l'activité a progressé de 4,6% "
" A la fin de ce premier mandat, la préoccupation première des français a bien évidemment été celle du pouvoir d'achat. Un pouvoir d'achat qui a progressé sur le mandat d'Emmanuel Macron. En effet, selon l'Institut National de la Consommation, au 3ème trimestre 2021, le pouvoir d'achat (calculé avec le revenu disponible brut ajusté par unité de consommation) augmente de + 1,2 % par rapport au trimestre précédent."
D'autre part, dans son étude l'OFCE avançait même l'idée selon laquelle les français ont gagné en pouvoir d'achat boosté par la création d'emplois et des baisses d'impôts dans les gains de niveau de vie enregistrés par les ménages. Selon l'étude les ménages auront gagné en moyenne 0,9% par an de revenu disponible entre 2017 et mi-2022, soit quelques 300 euros. Toutefois, même si grâce aux actions de l'Etat, l'industrie et la production nationale ont tenu le coup, ces deux dernières années, l'organisme proche de Science Po Paris écrivait que la crise sanitaire liée à la Covid-19 avait impacté fortement la balance commerciale :
" La France a vu son déficit commercial se creuser pour atteindre un record de 84,7 milliards d'euros en 2021, contre 58,2 milliards quatre ans plus tôt. Le précédent record date de 2011 : la balance commerciale était alors tombée dans le rouge à hauteur de 75 milliards. "
De plus, du fait de la crise sanitaire, les exportations ont progressé (de 17 % par rapport à 2020, année de crise où elles avaient chuté de 13 %) moins que nos importations (+ 18,8 %), la facture énergétique ayant largement pesé, dans le sillon de la hausse des prix des matières premières. Un déficit au-dessus de ceux des pays d'Europe.
Pour fini sur ce premier point, depuis la reprise de l'activité après la crise Covid, les consommateurs rattrapent une partie de leur demande reportée. Pendant une telle reprise de la demande, il est assez facile pour les entreprises d'augmenter un peu les prix sans perdre de clients. La réouverture a également des effets sur l'offre : le rétablissement des chaînes d'approvisionnement et d'acheminement est chronophage et onéreux. La politique zéro-Covid de la Chine (fermeture d'usines, voire de villes entières dès apparition de quelques cas) rend ce processus encore plus compliqué. Une demande plus forte rencontre une offre réduite : les prix montent. Une hausse des prix déjà ressentie donc par les ménages mais accrue avec la guerre en Ukraine.
En effet, cet autre facteur et non des moindres qu'est la Guerre en Ukraine s'apparente non seulement à une guerre opposant deux armées avec ses victimes mais surtout elle a également des accents de guerre économique entre les Occidentaux qui soutiennent Kiev et la Russie. Le lot de sanctions économiques à l'encontre de la Russie qui figure parmi les plus gros producteurs de gaz et de pétrole au Monde a des conséquences sur les ménages. Il faut dire que depuis l'invasion ou le début de "l'opération spéciale", l'intervention russe en Ukraine fait monter les prix de nombreuses matières première comme le pétrole, le gaz, l'huile, le blé.) Puis, face aux sanctions européennes et internationales, la Russie a décidé elle aussi de sanctionner l'Europe et tous les pays qui soutiendraient Kiev avec ce qu'elle exporte le plus : son gaz et son pétrole. Qui plus est, Moscou fait monter la pression en attaquant la production agricole, principale source de revenue de son voisin et ancien pays satellite frère, entrainant ainsi, une baisse des exportations ukrainiennes notamment les céréales et le blé. Les sanctions contre la Russie et ses actions sur le terrain ukrainien obligent de nombreux pays européens y compris la France à réorganiser leurs approvisionnements en matières premières ou en denrées agricoles. Un processus complexe et coûteux. Les résultats sont sans appel, les prix augmentent.
Le troisième et dernier facteur dont on avait oublié les conséquences est la baisse de la valeur de l'euro €. Elle a commencé en 2021 et s'est accélérée en 2022. Aujourd'hui, l'euro a a atteint la parité avec le dollar et s'est également déprécié par rapport à d'autres monnaies du continent par exemple : le franc suisse. Comme le note le site vie-publique, cette baisse de l'euro renchérit le prix des importations, dont le prix des énergies fossiles et renforce ainsi l'effet d'inflation importée.
La France moins touchée que ses voisins européens, mais.. :
La France est, pour l'instant, moins touchée par la flambée des prix, notamment grâce au nucléaire et au "bouclier tarifaire" mis en place par le gouvernement pour contenir la forte hausse du prix du gaz et du prix de l'électricité (il s'étendra jusqu'au 31 janvier 2023), permet de contenir la hausse des prix, mais pèse sur les finances publiques. D'autre part, la France est moins dépendante des importations d'énergies fossiles, notamment de Russie, et dispose d'un important parc nucléaire.
Pourtant, selon l'INSEE, sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois d'octobre 2022, les prix à la consommation augmenteraient de 6,2 % en octobre 2022, après +5,6 % le mois précédent. Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 1,0 %, après -0,6 % en septembre. Les prix de l’énergie rebondiraient dans le sillage des prix des produits pétroliers. Ceux des services seraient stables, le rebond des prix des services de transport étant contrebalancé par le repli de ceux des autres services. Les prix de l’alimentation accéléreraient et ceux des produits manufacturés ralentiraient légèrement. Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 7,1 %, après +6,2 % en septembre. Sur un mois, il rebondirait de 1,3 %, après -0,5 % le mois précédent.

Selon une enquête de la Banque de France commandée à l'institut CSA et menée auprès de 5 054 résidents de 18 ans et plus, 60 % des résidents français interrogés considèrent que l’inflation et le pouvoir d’achat sont les défis économiques prioritaires actuels ; 82 % des ménages pensent que la politique monétaire a un effet plutôt important ou important sur leur pouvoir d’achat et donc la quasi-totalité des ménages. Ainsi, 96% des ménages perçoivent une hausse globale des prix au cours des 12 derniers mois et 73% des Français ont le sentiment que le pouvoir d'achat a baissé, notamment en raison de la hausse des prix alimentaires.
De nouvelles mesures prises par l'Etat pour contenir l'inflation :
Toutefois, il n'y a pas que du négatif. D’après l’Insee, au troisième trimestre de 2022, le pouvoir d’achat total des ménages rebondit à +0,9%. Cette hausse est liée aux mesures de soutien et aux créations d’emploi. Le pouvoir d’achat par tête rebondit également à +0,8 %
Cette potentielle stabilité serait dû aux actions du Gouvernement (que nous avons énuméré plus haut) pour préserver le pourvoir d'achat des ménages. C'est même un véritable défi pour nos dirigeants, dans un contexte de crise énergétique et économique.
L'Etat a donc décidé que le dit bouclier tarifaire qui sera prolongé en 2023 pour limiter la hausse du prix du gaz et de l'électricité à 15% pour les ménages, les petites entreprises et les petites communes (contre une hausse de 120% sans bouclier). Ensuite, il y a le chèque énergie; d’un montant de 100€ en 2021 pour 5,8 millions de ménages ; d’un montant de 200€ pour 5,8 millions de ménages et de 100€ pour 6,2 millions de ménages (en fonction de leurs revenus), en 2022. Il y a aussi, le chèque « fioul » et un chèque « bois » pour aider les ménages les plus modestes.
Face à une potentielle hausse des prix pour la nouvelle année 2023, L'Etat a mis en place de nouvelles mesures parmi lesquelles : l’indemnité inflation de 100€ pour 38 millions de bénéficiaires. Une revalorisation anticipée de 4% des prestations sociales, de la prime d’activité et des retraites en juillet 2022. Une baisse des charges sociales de 550€ pour les indépendants au niveau du Smic (1,6 million de bénéficiaires). Des aides pour les étudiants avec une revalorisation des bourses sur critères sociaux de 4 %. Le dispositif « repas à 1 euro » opéré par les Crous, pour les étudiants précaires est maintenu toute l’année universitaire 2022-2023. Paris a aussi décidé de supprimer la redevance audiovisuelle pour tous les Français. D’un montant de 138 euros en métropole et 88 euros en Outre-mer, celle-ci concerne 27 millions de foyers en France. Une aide exceptionnelle de rentrée d’un montant de 100 € par foyer et de 50 € par enfant pour les ménages éligibles. Cette aide versée en septembre a représenté un gain de 160 € en moyenne. 11 millions de foyers l’ont perçue.
De plus, selon l'Etat, les revalorisations vont se poursuivre en 2023 : +0,8% en janvier pour les retraites et + 1,77% en avril pour toutes les autres prestations sociales.

A partir de janvier, une indemnité carburant pour les travailleurs:
Pour anticiper une potentielle colère populaire comme en 2018, 2019 et 2020 avec le mouvement des Gilets Jaunes, en avril 2022, le Gouvernement avait institué sa principale mesure phare. Une remise à la pompe de 15 centimes d'euros par litre HT (18 centimes d'euros par litre TTC pour les particuliers en France métropolitaine) a été mise en place par le Gouvernement en avril 2022 et prolongée de manière dégressive jusqu'au 31er décembre 2022.
A travers son communiqué, l'Etat a annoncé qu'à partir de partir de janvier 2023, la ristourne carburant va donc être remplacée par une indemnité carburant de 100 euros pour les travailleurs. Cette aide concernera 10 millions de Français actifs, soit les déciles de 1 à 5. Elle représente l’équivalent d’une remise à la pompe d’environ 10 centimes d'euro par litre pour un Français qui parcourt 12 000 km/an (moyenne annuelle d'un trajet domicile-travail). Cette indemnité s’appliquera à tout type de véhicule y compris les deux roues motorisées.
Pour en bénéficier, ce sera très simple : il faudra, à partir du 16 janvier remplir un formulaire sur le site impots.gouv.fr en indiquant :
- son numéro fiscal,
- sa plaque d’immatriculation ou son numéro de carte grise,
- une attestation sur l’honneur indiquant que l’on utilise son véhicule pour aller travailler.
Cette aide sera ensuite versée directement sur le compte en banque du bénéficiaire, sans démarche supplémentaire
Les salariés ont également bénéficié de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat dite « Prime Macron », exonérée d’impôts et de prélèvements sociaux, d’un montant maximum de 1000 euros, porté à 2000 euros en cas de signature d'un accord d'intéressement. Au premier semestre 2022, 900 millions d’euros de primes ont été versés à 1,8 million de salariés avec un montant moyen de 550 euros par prime. Une " Prime Macron " qui a été triplée entre aout et septembre 2023. Une augmentation qui aurait profité à 730 000 salariés pour un montant total de 520 millions d’euros. Le montant moyen de la prime est de l’ordre de 710 euros. Au total entre janvier et août 2022, plus de 1,4 milliard d’euros ont été versés à 2,5 millions de salariés. Pour finir, le Gouvernement invité les entreprises à augmenter les salaires de leurs salariés.
Néanmoins, nul ne peut ignorer que toutes ces augmentations auront bien entendu des conséquences tant sur la balance commerciale que sur les coûts de production de l'industrie nationale puisque l’inflation peut pénaliser la compétitivité d’une économie et le commerce extérieur (les produits importés peuvent devenir moins chers que les produits domestiques).
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