Après avoir reçu la médaille d'honneur de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) à Paris. Après, l'Oscar d'honneur à Hollywood, voici que la réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy a été honorée par la présidente de l'Assemblée Nationale. Une reconnaissance tardive mais importante pour le travail accompli.
Euzhan Palcy est une habituée des distinctions internationales. Chaque année, la réalisatrice martiniquaise reçoit une flopée de prix, tous plus honorables les uns que les autres.
Après avoir reçu, le 13 juin dernier, la médaille d'honneur de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) à Paris. Après sa distinction à Hollywood avec son Oscar d'honneur, Euzhan Palcy connue pour avoir réalisé le film " la Rue Case Nègre" a été reçue au Palais Bourbon par Yaël Braun Pivet qui lui a remise la médaille de l'Assemblée Nationale.
Une distinction tardive mais important pour le travail accompli comme l'a souligné la présidente de l'Assemblée Nationale : «C'est une femme au parcours extraordinaire et talentueuse qui fait partie vraiment des mythes et nous n'avons pas tant que cela. Il est très important aujourd'hui d'honorer ceux dont la République est fière. L'Assemblée nationale se trouve pleinement dans sa mission en faisant cela.En tant que présidente de l'Assemblée nationale, j'essaie à chaque fois que cela est possible d'honorer tous nos Outre-mer. Nous honorons une grande réalisatrice. J'espère que ces moments de communion que nous venons de vivre pourront se reproduire à plusieurs reprises. Elle mérite d'en avoir (des honneurs,ndlr) parce que je trouve que nos Outre-mer font que la France est grande, qu'elle touche son rêve d'universalité. Il faut donc mettre en valeur ces grandes figures ultramarines comme les grandes figures hexagonales. Il y a peu de femmes réalisatrices et qui ont obtenu autant de succès et de reconnaissance de leurs pairs. C'est déjà une femme qui représente l'excellence à laquelle elle y est parvenue par son travail. Cette réussite qu'elle doit par son travail, son talent est un exemple pour tous. Il y aussi ses films, ce qu'ils disent parce que c'est une femme engagée, qui porte ses valeurs à travers son art»,
De son côté, Euzhan Palcy s'est dite « J'en ai beaucoup mais il y a des récompenses qui sont plus chères à mon cœur. Être honorée par l'extérieur c'est formidable mais quand on est honorée par les siens, c'est encore mieux. Recevoir cette reconnaissance me fait chaud au cœur car la presse française a été timide lorsque j'ai reçu mon Oscar».
Pour la réalisatrice martiniquaise, cette reconnaissance est « fondamentale » car elle peut aider à faire émerger de nouveaux parcours et inspirer les générations futures. «J'aime bien recevoir des médailles, des récompenses mais ce qui m'intéresse est de pouvoir avoir les moyens pour faire des films et pour former des jeunes, pour cette nouvelle génération est là et a besoin de voir des films, de se reconnaître. L'Oscar ouvre toutes les portes, cette médaille de l'assemblée nationale et celle de la SADC est très importante. Depuis l'âge de 10 ans, j'ai décidé de faire du cinéma. j'ai tout sacrifié pour cela car c'est ma passion. Je pense à nos jeunes qui ne se voient pas à l'écran ou lorsqu'ils sont à l'écran, ce sont dans des rôles dégradants. C'est humiliant et blessant d'être sans arrêt absent. J'ai travaillé dur pour ça, j'ai ouvert la voie, je le dis sans arrogance. Je suis très heureuse de voir beaucoup de jeunes, et notamment de jeunes femmes de s'encourager à faire ce métier en voyant mon parcours. Elles savent qu'elles peuvent me contacter. Ils me trouvent lorsqu'elles ont besoin de moi et je leur donne du temps, les conseille. Je suis avec eux car ils représentent la relève».
Biographie d'une réalisatrice engagée :
Née le 13 janvier 1958 en Martinique, est la première réalisatrice noire produite par un studio de Hollywood (Metro Goldwyn Mayer), la seule femme qui ait dirigé Marlon Brando. Très jeune, elle se passionne, pour le cinéma. C'est à l'âge de 17 ans, qu'elle réalise pour la télévision française de Martinique son premier téléfilm, La Messagère. En 1975, Euzhan Palcy s’envole pour Paris sur les conseils de son père qui l’encourage dans son amour du cinéma mais lui conseille aussi de s’inscrire à l’université. Diplômée de la Sorbonne (Lettres et Théâtre), elle étudie également à l’École Louis-Lumière et se spécialise en tant que directeur de la photographie.
Elle est connue pour son film notable, "LA RUE CASE NEGRE" qui est une adaptation du roman éponyme. En 1983. Rue Cases-Nègres émeut le public qui découvre la Martinique an tan lontan et l’existence miséreuse des familles noires attachées aux plantations de canne. Le film est un succès public. Le long métrage remporte dix-sept prix internationaux, en France et aux États-Unis. En réalisant Rue Cases-Nègres en 1983, Euzhan Palcy a mis la Caraïbe française sur la carte de la cinématographie, remportant le Lion d’argent, le Prix de la meilleure actrice au Festival du Film de Venise et un César brisant le plafond de verre de la réalisation dans le cinéma français, en devenant la première cinéaste noire à se voir décerner cette prestigieuse distinction.
Face au succès de ce premier film international, elle se lance dans la réalisation d'un deuxième film"Une saison blanche et sèche", qui est une adaptation du roman de l’écrivain sud-africain André Brink raconte son pays déchiré par l’apartheid et le racisme. La martiniquaise devient la première réalisatrice noire produit par un studio hollywoodien, MGM / UA.
Elle réalise le film "SIMEON" qui est une sorte de conte fantastique et musical, entre la vie et la mort dans lequel le fantôme d’un musicien, poète et séducteur célèbre, est le captif d’une petit fille Orélie dont il ne peut se délivrer qu’en accomplissant une bonne action. Les acteurs de ce nouveau film seront les musiciens du groupe musical antillais KASSAV', qui composeront la bande originale.
Euzhan Palcy a effectué la majorité de sa carrière aux Etats-Unis. Mais elle avait ses raisons, en particulier le manque d’opportunités en France, et ce n’est un secret pour personne, surtout pour les metteurs en scène et les acteurs noirs. « Si j’étais restée en France, j’aurais peut-être changé de métier. Je n’aurais jamais pu faire ce que j’ai fait. Il fallait partir », confiait la cinéaste à La1ere.fr en mai 2015. Forte de son succès local, national et international, Euzhan part s'installer aux Etats-Unis où en janvier 1999, la télévision américaine diffuse le film Ruby Bridges, une fresque historique qu’elle réalise et coproduit sur une enfant de cinq ans qui se bat pour mettre à bas les barrières de la discrimination raciale dans les années 1960.
Mais ce n'est pas la première récompense nationale, puisque la réalisatrice antillaise de renommée internationale a déjà été promue officier de l’ordre national du Mérite en 2009 et officier de la Légion d’honneur en 2018.
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