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Emmanuel Macron, un discours qui ne calme pas la colère.

C'était le grand rendez-vous télévisuel des français, le discours enregistré du chef de l'Etat Emmanuel Macron. Un discours qui fait suite à la validation de la loi sur la réforme des retraites approuvée par toutes les instances décisionnelles de la République, Assemblée Nationale, Sénat et Conseil d'Etat. Un discours plus solennel, plus humble mais qui ne convainc pas les français, toujours en colère contre le " président des riches"




L'exercice de communication se voulait parfait, discours millimétré pré-enregistré de 12 minutes, sans journaliste pour le couper avec leurs questions. Une intervention à un horaire de grande écoute, le 20h, l'heure à laquelle les français se retrouvent seuls, en famille ou entre amis pour diner. Le discours était sobre, humble même, les mots choisis et pesés pour plaire aux français. Une présence médiatique fait suite à la validation de la loi sur la réforme des retraites approuvée par toutes les instances décisionnelles de la République, Assemblée Nationale, Sénat et Conseil d'Etat.


Disons-le nous avons vu un Emmanuel Macron différent mais pas sûr que cela satisfasse le peuple en colère contre un pouvoir qui avance, fait des lois sans les écouter. D'ailleurs, ils n'ont pas si tord vu que le président dit assumer les réformes menées par son gouvernement.


"Ces changements étaient nécessaires", a martelé le président de la République, reconnaissant que ceux-ci constituent un effort mais assurant qu'ils étaient accompagnés de mesures de justice. Des changements nécessaires pour "garantir la retraite de chacun" mais aussi "produire plus de richesses pour notre pays tout entier". "Cette réforme est-elle acceptée? A l'évidence, non", a cependant reconnu Emmanuel Macron appelant à en "tirer tous les enseignements". Prenant acte de la "colère" qui s'est exprimée, "face à un travail qui ne permet plus de bien vivre, face aux prix qui montent", il a assurant ne pas pouvoir "y rester sourd"


Malgré les demandes de Référendum, sur la question des retraites, le président ne semble vraiment pas prêt à accéder à la demande d'un grand nombre des français. Le chef de l'Etat estime que si les Français ont exprimé leur colère face à la réforme des retraites, c'est notamment parce que "certains ont le sentiment de faire leur part sans être récompensés de leurs efforts, ni en aide ni en services publics efficaces". "J'ai entendu dans les manifestations une opposition à la réforme mais aussi une volonté de retrouver du sens dans son travail, d'en améliorer les conditions", a-t-il déclaré pour justifier la nécessité d'engager un nouveau chantier sur le travail.


Pour Emmanuel Macron son intervention avait surtout pour objectif de tourner la page de la réforme des retraites qui selon ses propres dires a divisé la nation. Le président souhaitait fixer le cap des prochaines réformes énoncées pour plaire aux français.


Trois grands chantiers.


Ce lundi, comme en mars dernier, Emmanuel Macron s'est donc attaché à se projeter dans l'avenir. En esquissant de nouveau les chantiers à venir. Trois en particulier: le travail tout d'abord. Si le président s'est félicité de résultats "indiscutables" sur le chômage, il a assuré vouloir agir "de manière plus vigoureuse". Il a rappelé avoir proposé aux organisations syndicales et patronales de se retrouver dès demain pour ouvrir une série de sujets comme les revenus des salariés, l'usure professionnelle, etc. L'intersyndicale, réclamant un "délai de décence" avait annoncé qu'elle n'irait pas mardi matin à l'Elysée: Emmanuel Macron rencontrera donc seulement le patronat, Medef et Confédération des PME. Emmanuel Macron a appelé aussi à accélérer la réindustrialisation, se félicitant des ouvertures d'usines et a annoncé que la planification écologique serait dévoilée d'ici l'été.


Deuxième chantier, celui de "la justice et de l'ordre républicain". Il a notamment promis "des annonces fortes dès le mois de mai" contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales, tout en promettant de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale". Enfin, le président de la République a esquissé un troisième chantier, celui "du progrès pour mieux vivre" avec un focus sur les services publics et notamment l'éducation nationale. "Notre école va changer à vue d'oeil", avec une meilleure rémunération des enseignants ou encore des remplacements systématiques des enseignants absents. La Première ministre Elisabeth Borne doit annoncer une feuille de route détaillée la semaine prochaine. Et Emmanuel Macron a appelé à dresser un premier bilan le 14 juillet.


Emmanuel Macron souhaite aussi "engager la réforme du lycée professionnel pour que le plus grand nombre de nos adolescents et de nos jeunes accède à des formations vraiment qualifiantes soit à l'emploi". Aussi, "nous redoublerons d'effort pour ramener vers le travail le plus de bénéficiaires du RSA". Avec les organisations syndicales et patronales, le président veut "ouvrir une série de négociations sur des sujets essentiels : améliorer les revenus des salariés, faire progresser les salaires, mieux partager la richesse, améliorer les conditions de travail, trouver des solutions à l'usure professionnelle, accroître l'emploi des seniors et aider aux reconversions". Pour tout cela, il mise sur la réindustrialisation et l'économie verte.



Des réactions politiques mitigées :


Le passage présidentiel n'a pas manqué de faire réagir la classe politique, de gauche comme de droite.


Du côté de la Majorité présidentielle à Renaissance, c'est Elisabeth Borne qui a réagi Elisabeth Borne, Première ministre: "Emmanuel Macron l'a formulé avec force: +Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d’ambition et d'action au service de la France+. Je présenterai la semaine prochaine la feuille de route de mon Gouvernement"





Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance: "Répondre aux inquiétudes exprimées par nos concitoyens ces derniers mois tout en bâtissant un pays plus indépendant, une nation plus juste et solidaire dans une Europe plus forte : voilà le cap fixé par Emmanuel Macron. Renaissance y mettra toutes ses forces et son énergie".


Sacha Houlié, député Renaissance: "Travail et partage des richesses, Justice et ordre républicain, progrès sociaux et services publics, les chantiers présentés par le président correspondent aux demandes de nos concitoyens. Nous serons au rendez-vous, aux côtés de la Première ministre, pour concrétiser ces promesses".


Du côté de la gauche, Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise a écrit : "Irréel Macron. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste".





Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI a tweeté : "Il n'y a plus qu'Emmanuel Macron pour croire en Emmanuel Macron. Le Président bunkérisé n'a rien à offrir au pays. On préfère volontiers le bruit des casseroles à ses mots creux. Le 1er mai, on lui rappelle qu'on ne gouverne pas contre le peuple".






- Olivier Faure, premier secrétaire du PS sur twitter a lui aussi réagi : "Depuis le palais de l'enlisé le président pyromane promet 100 jours pour éteindre le feu qu’il alimente quotidiennement".


- Fabien Roussel, secrétaire national du PCF: "Ceux qui n'ont pas écouté n'ont rien perdu".


- Cyrielle Chatelain, cheffe de file des députés écolos: "Emmanuel Macron n'annonce rien, ne change rien. Il ne prend pas la mesure ni de la colère, ni de l'ampleur de la crise sociale et environnementale. Le discours d’un vide abyssal d’un Président ivre de sa propre parole".


A droite, les critiques sont vives et on parle même de scepticisme


- Eric Ciotti, patron de LR: "J'accueille avec scepticisme ce long catalogue de vœux pieux qui n'apporte ni cap ni nouveauté, malgré des objectifs tout aussi louables qu'évidents. Le président de la République n’a esquissé aucune remise en cause et n'ouvre aucune perspective concrète : la méthode ne changera visiblement pas. Emmanuel Macron semblait débuter ce soir un mandat présidentiel dont il est pourtant investi depuis six ans".


- Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR: "Un discours attendu, Emmanuel Macron comme à son habitude : bardé de certitudes et de promesses de lendemains qui chantent. Mais aucune remise en question, aucun changement de méthode, aucune rupture dans une politique qui déçoit depuis 6 ans".


Sur les bords de l'Extrême droite, évidemment, Marine Lepen n'a pas manqué de commenter.


La patronne des députés RN a marqué : "Par l'annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos et d’ignorer leurs souffrances. Cette pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir annonce la poursuite d’un quinquennat de mépris, d'indifférence et de brutalité dont il faudra sortir par les urnes".




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