Elie Domota est relaxé de toutes les charges.
- ELMS
- 28 juin 2022
- 8 min de lecture
C'est aujourd'hui qu'avait lieu le verdict final du procès intenté au leader du LKP. Ainsi, Elie Domota a été entièrement relaxé au terme de son procès pour " violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique sans ITT " et " refus de se soumettre aux prélèvements obligatoires " après son arrestation le 30 décembre 2021.

Telle une série télévisée, les procès des syndicalistes se déclinent étrangement sous la forme de plusieurs épisodes avec, à la clé du suspens, des fous rires et beaucoup d'entractes. Autre similitude entre une audience judicaire et votre série préférée, c'est surtout, l'attente. En effet, lorsque vous couvrez un procès de syndicaliste, il est important d'avoir de la patience car, comme les grandes sorties Netflix ou Amazon Prime, il faudra attendre encore et encore pour voir enfin la nouvelle saison ou tout simplement la fin de votre programme favori.
Sauf que, vous l'aurez compris, cet article, ne parle évidemment pas de série télévisée (quoique, ça aurait pu). Depuis décembre 2021, la Guadeloupe vit à l'heure des procès des principaux leaders syndicaux qui ont pris la tête de la contestation sociale ayant pour origine le refus du pass-sanitaire puis l'obligation vaccinale pour les personnels soignants, votés le 5 août 2021. Après les pompiers arrêtés après avoir été molestés par la police ( des officiers bien antillais), l'arrestation des Grands-frères qui ne sont toujours pas fixés sur leur sort et Gaby Clavier accusé de menaces de mort proférées à l'encontre de l'ancien directeur du CHU et dont le verdict n'a toujours pas été rendu et qui a été condamné. Il y a les poursuites contre Elie Domota.
L'ancien secrétaire générale de l'UGTG, porte parole du LKP et leader charismatique incontesté de la lutte contre la vie chère ainsi que toutes les formes d'oppression à l'encontre des ouvriers de Guadeloupe, jouit d'une respectabilité à l'échelle internationale depuis qu'il a mené en 2009, un mouvement syndical d'ampleur populaire, soit deux à trois ans avant les Printemps arabes et dix ans avant la crise des Gilets Jaunes dans l'Hexagone et sur l'île de la Réunion.
Après l'épisode 1, l'épisode 2 voici qu'avait lieu ce mati, mardi 28 juin 2022, l'épisode 3 avec le verdict final de la série de procès du leader du LKP, qui a eu lieu ce matin, mardi 28 juin 2022.
Pour rappel, le 30 décembre 2021, des heurts ont éclaté entre les opposants à l'obligation vaccinale et les forces de l'ordre qui étaient massées au rond point Nelson Mandela de Petit-Pérou. L'objectif était d'empêcher les manifestants de se rendre vers le centre commercial Milénis et dans une moindre mesure en direction de l'aéroport Pôle Caraïbe. Les manifestants, disons le bien étaient non-violents, avaient été dispersés violemment par les policiers épaulés par les gardes mobiles de la gendarmerie nationale qui n'ont pas hésité à faire usage de la force ainsi que de gaz lacrymogène en grand nombre. De plus, les hommes de loi avaient procédé à des arrestations notamment celle d'Elie Domota, ancien secrétaire général de l'UGTG et porte-parole du LKP.
L'interpellation du leader syndical avait été filmée et les vidéos avaient le tour des réseaux sociaux et même du monde. Dans ces vidéos ont y voit, Elie Domota franchir les mains levées ( selon lui pour montrer sa non violence), les barrières érigées par policiers et gendarmes qui jusqu'à présent affirment avoir essuyé des jets de pierres et des insultes des manifestants. L'arrestation d'Elie Domota avait fait grandement réagir en Guadeloupe et bien au delà. Après quelques heures de garde à vue, il avait été remis en liberté et ovationné par une foule de guadeloupéens(nes) massés devant le commissariat de Pointe-à-Pitre/Abymes pour réclamer la liberté pour le syndicaliste.
Le procureur demandait la condamnation du syndicaliste pour action ayant entraînée la violence sans ITT et 3000€ d'amende.
Tout au long de ce marathon judiciaire, Elie Domota devait répondre de deux chefs d'accusation, celui de : « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT » et « refus de se soumettre aux prélèvements obligatoires».
Le procureur représentant le ministère public a mené une plaidoirie à charge contre le syndicaliste. Pour l'homme de loi, Domota aurait foncé délibérément sur le barrage érigé par les gardes mobiles. Pour lui, il y a donc violence caractérisée contre les forces de l'ordre qui ont mené leur mission avec professionnalisme avec respect de la déontologie d'interpellation. Les gendarmes non originaires de la Guadeloupe, dont la fonction est noble ont mené une mission de sécurisation de la Guadeloupe où des actes de violence, de vandalisme étaient commis entre fin novembre 2021 et janvier 2022. Selon le représentant de l'autorité judiciaire, Elie Domota que l'on présente comme la victime de ce procès avec une enfance difficile dans la pauvreté, est loin d'être à ranger dans la catégorie des misérables. Aux mots du procureur, la justice serait même complaisante vis-à-vis du syndicaliste, défendu par neuf avocats dont trois stars des robes noires venues expressément de Paris pour défendre le leader du LKP. Entre les ajournements, les renvoies, les suppressions d'autres audiences pour qu'il soit lui seul jugé.
Toujours dans sa diatribe, Elie Domota, n'est plus légitime pour parler au nom de la Guadeloupe et des guadeloupéens. Un Domota dont les actions divisent plus qu'elles unifient la société guadeloupéenne. Il y aurait donc deux Guadeloupe, une constituée de militants ( minoritaires) mais très actifs qui soutiendraient le syndicaliste et l'autre partie de la société ( plus majoritaire) qui ne se reconnaîtrait plus dans les actions syndicales ont viré à la terreur, entre novembre et janvier 2022. Terreur organisée par ces mêmes personnes qui disent vouloir défendre les intérêts du peuple. Le procureur affirme que des soignants vaccinés auraient été insultés et même brimés par leurs collègues non-vaccinés. Autre victime des actions syndicales, il y a bien évidemment les pointois qui ont été au coeur de ces nuits violentes entre des bandes de jeunes pilleurs armés qui s'en sont pris aux commerces de la ville. Parmi les grandes victimes énumérées par le procureur, il y a tous ces guadeloupéens(nes) qui ont été bloqués chez eux car, empêchés d'aller travailler vu les événements qui se déroulaient mais aussi tous ces morts de la covid-19 qui ont écouté les paroles complotistes des syndicalistes. Qui plus, pour Patrick Desjardins, l'indépendantisme radical prôné par les syndicalistes en premier lieu desquels Elie Domota, ne suscite plus l'adhésion du peuple qui n'aspire qu'à la tranquillité et au développement économique du territoire.
En ce qui concerne, la manifestation du 30 décembre 2021, elle n'avait pas été signifiée auprès des autorités et était donc interdite. Les gendarmes était de ce fait dans le bon droit de leur exercice professionnel quand les manifestants sont venus au contact. Des manifestants qui étaient bien violents, contrairement aux affirmations de ceux-ci. Par ailleurs, une fois arrêté, le leader syndical avait refusé de répondre aux question de l'officier de Police judiciaire et aurait également refusé de signer le rapport. A la fin de sa plaidoirie, Patrick Desjardins a demandé la condamnation du syndicaliste pour action ayant entraînée la violence sans ITT et 3000€ d'amende mais, prône la relaxe du syndicaliste au motif de refus de se soumettre aux injonctions des forces de l'ordre lors de son arrestation car, tout simplement, la rébellion n'est pas caractérisée. Le prévenu n'a pas résisté. En même temps, il avait été gazé, plaqué au sol et menotté, donc impossible de se débattre.
Au final, le procureur demandait la relaxe pour le chef de refus de se soumettre aux relevés signalétiques lors de la garde à vue, surtout que le prévenu n'a pas résisté et donc la rébellion n'est pas caractérisée. Toutefois, le représentant de l'autorité judiciaire demandait la condamnation du syndicaliste pour action ayant entraînée la violence sans ITT et pour cela, le procureur demande 3000€ d'amende.
Elie Domota, un homme sincère dans ses combats, issu du peuple :
Défendu par neuf avocats, tous des pontes du pénal. On peut citer me Socrate Tacita et son fils Patrice, me Evita Chevry, me Sarah Aristide, Me Ezelin. Pour ce procès, le TGI de Pointe-à-Pitre a même résonné sous la voix tonitruante de la star des robes noires, l'avocat William Bourdon connu pour avoir défendu des victimes de génocide, de crime de guerre émanent des plus féroces dictatures de part le monde et célèbre pour sa lutte pour le respect des Droits de l'homme. La star du Barreau parisien, était épaulée de son jeune associé Vincent Brengarth, venu de Paris, plaider pour Elie Domota.
Lors de cette série de procès. Ils ont dressé le portrait du syndicaliste, comme étant un homme de conviction. Véritable inspiration vivante intergénérationnelle qui a eu l'audace de mené une lutte historique qui a inspiré les plus grandes révolutions du monde de cette décennie. Dans leurs joute oratoires, les avocats de la défense ont parlé d'un Elie Domota, certes cadre fonctionnaire mais, qui est bien issu d'une famille très populaire de Basse-Terre. Selon eux, la principale victime de ces procès, est bien Elie Domota qui a été gazé, mis au sol, menotté. Son arrestation est une nouvelle preuve de la violence commise par les corps de police/ou/gendarmerie. Une arrestation qui replonge la Guadeloupe dans son passé douloureux, où s'entremêlent esclavage et colonisation. Elle est un mépris pour l'ensemble des guadeloupéens vent debout contre cette nouvelle injustice venue de Paris, l'obligation vaccinale. Tous ont pointé du doigt l'accent politique du procès. Selon eux, il y aurait volonté de la part de la justice punir Elie Domota et dans une moindre mesure, le peuple guadeloupéen qui a osé dire " non" à Emmanuel Macron et donc à l'Etat français. Ce qui pousserait ce dernier à continuer les poursuites contre le syndicaliste malgré le fait qu'il y ait une absence de procès verbal. De plus, les gendarmes eux-mêmes auraient nié le fait de violence reproché à Elie Domota.
Chacun des conseils a démonté l'argumentaire du Procureur et de l'avocat de la partie civile. Au motif de refus d'obtempérer, il n'y a pas eu de sommation de la part du peloton de gendarmerie. Selon eux, le porte-parole du LKP est la mauvaise civile. Il a été choisi parce qu'il fait partie des figures majeurs de la luttes contre le pass-sanitaire et l'obligation vaccinale. Il a été délibérément arrêté, molesté pour en faire un exemple. Il y a donc eu une volonté manifeste de la part de l'Etat d'humilier le syndicaliste qui est l'héritier de ces luttes sociales nationalistes qui ont cours en Guadeloupe depuis le début des années 1960. Tous ont demandé la relaxe totale de leur client.

Elie Domota est relaxé de toutes les charges dont il était poursuivi :
C'est aujourd'hui qu'avait lieu le verdict final du procès intenté au leader du LKP. Ainsi, Elie Domota a été entièrement relaxé au terme de son procès pour " violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique sans ITT " et " refus de se soumettre aux prélèvements obligatoires " après son arrestation le 30 décembre 2021.
Lors de l’annonce de cette décision, Élie Domota n’était pas présent, mais l’un de ses avocats, Maître Sarah Aristide, était bien là. Et pour elle, cette décision est tout simplement logique.
C'est une décision normale, le dossier ne tenait pas la route, et il ne pouvait donc pas conduire à une quelconque condamnation de Mr Domota, qui n'a pas été l'auteur de violences. À l'inverse, nous avons versé une vidéo au débat, et nous avons appris lors de la première audience qu'un réquisitoire avait désigné un juge d'instruction pour investiguer sur les violences policières dont a été victime Mr. Domota, et dont il va falloir chercher les auteurs.
Vincent Brengarth avocat parisien s'est lui aussi exprimé sur la relaxe du syndicaliste guadeloupéen.
Retour sur les procès d'Elie Domota en vidéo :
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