Elections régionales : Quand la jeunesse s'engage
- ELMS
- 13 juin 2021
- 11 min de lecture
Bien souvent on reproche aux jeunes de ne pas prendre part aux divers débats politiques ou sociétaux qui ont lieu en Guadeloupe, ou assez souvent, l'avis de cette jeunesse importe peu. Il est aussi reproché à la classe politique de ne parler de la jeunesse qu'en période électorale, mais de façon générale, les jeunes sont les grands oubliés de la vie communautaire. Cette année, une liste fait sensation, " Faire partie de la solution ". Sa particularité, une moyenne d'âge comprise entre 25 et 35 ans. Nous avons rencontré deux de ses membres.

Lucinda et Régis sont deux jeunes dont les profils diffèrent. Salariée dans le domaine de la communication pour l'une, étudiant et entrepreneur pour l'autre. Il sont pourtant tous les deux convaincus d'une chose, la voix de la jeunesse n'est pas assez entendue par la classe politique. Justement, en matière d'engagement politique, Lucinda est loin d'être une novice, puisqu'elle a siégé il y a quelques années au Conseil Régional des jeunes. Pour Régis, quant à lui, c'est une grande première. Malgré ces différences, ils sont tous les deux animés par cette volonté de porter la voix des jeunes guadeloupéens (nes) dans cette élection régionale.
Il faut dire qu'en Guadeloupe, il est souvent reproché aux jeunes de ne pas prendre part aux divers débats politiques ou sociétaux qui ont lieu. Assez souvent, l'avis de cette jeunesse importe peu. De plus, il est reproché à la classe politique de ne prendre en compte l'avis de cette jeunesse qu'en période électorale. Cependant, de façon générale, les jeunes sont les grands oubliés de la vie communautaire. En somme, il y a un clivage entre la classe politique et la jeunesse guadeloupéenne qui est la première victime des politiques publiques et de leurs manquements. Pourtant, cette année, une liste fait sensation, " Faire partie de la solution". Sa particularité, une moyenne d'âge comprise entre 25 et 35 ans. Lucinda et Régis nous en disent plus :
The Link Fwi : Bonjour Lucinda, bonjour Régis bienvenue sur The Link Fwi, premièrement qui êtes-vous, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs (trices) ?
Lucinda : Je me présente Lucinda Francisco, 30 ans, je suis chargée de projet en communication digitale. En ce qui concerne mon parcours politique, j'ai été élue deux fois au Conseil Régional junior en 2009 et en 2012.
Régis : Eloi Régis, je suis étudiant et entrepreneur dans le secteur du numérique.
TLFWI : Qu’est-ce qui vous a motivé à vous rassembler pour ces élections régionales ?
Lucinda : Je connais la tête de liste Willy William, depuis le Conseil Régional des jeunes. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Lorsqu'il m'a fait part de son intention de former une liste pour se présenter aux élections régionales et de l'accompagner dans cette nouvelle aventure politique, j'ai adhéré et j'ai suivi, car c'est une liste pleine de valeurs, les personnes qui font partie de cette listes sont des personnes de valeurs, et nous avons chacun notre pierre à porter à l'édifice guadeloupéen.
Régis : Me concernant, étant un jeune, j'étais déjà très en alerte concernant les différentes problématiques locales. J'avais l'envie d'apporter mon énergie, ma créativité pour aider à résoudre ses problèmes que nous rencontrons chez nous en Guadeloupe.

The Link Fwi : Qu’est-ce que la liste “ Faire partie de la solution “ ?
Lucinda : " Faire partie de la solution " est une liste composée de plusieurs jeunes et moins jeunes évidemment, avec une moyenne d'âge de 27 ans. Toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées. Nous avons des colistiers qui sont étudiants, en reconversion professionnelle, des entrepreneurs, des personnes issues des milieux associatifs, des personnes aussi venant du domaine du numérique. Cette liste rassemble vraiment toutes les catégories professionnelles que l'on peut trouver en Guadeloupe.
TLFWI : Etiez-vous déjà engagés politiquement, membres d’une organisation politique ou une association ? ( Lucinda, Régis )
Régis : Je suis membre d'une association dont je suis le président mais je n'étais pas engagé politiquement, ni membre d'un parti d'ailleurs. Cependant, j'ai toujours mené une politique dans ma vie qui consiste au développement de la Guadeloupe, de contribuer à son émergence et à la mise en avant des choses positives qui se font chez nous. Pour la solution pour faire sortir la Guadeloupe de cette crise passera par nous, guadeloupéens et par nous les jeunes.
Lucinda : Je dirais que j'ai suivi certains mouvements politiques à certaines périodes électorales qui ont eu lieu. Je suis aussi également membre d'une association dont je suis la présidente, il s'agit d'un club automobile et nous oeuvrons dans les domaines de la sécurité routière, nous travaillons également avec l'Etablissement Français Public du Sang pour inciter les automobilistes à donner leur sang car, lorsqu'un accident survient, le constat est là, il manque souvent de sang pour sauver la personne accidentée.
TLFWI : Mais qu’entendez-vous par “ Faire partie de la solution ? “ Quelle serait selon vous la solution ?
Régis : pour nous faire partie de la solution par le dénouement de tous les problèmes que nous rencontrons en Guadeloupe. De manière générale, en analysant, ces problèmes sont liés à l'esclavage et à la colonisation, cela est aussi lié à nos rapports à nous-mêmes comment on se voit en tant que peuple, et par nos rapports avec les étrangers, et j'en passe, mais c'est en partie les raisons de ces disfonctionnements de notre société et qui se répercutent dans différents domaines tels que celui du travail et donc l'idée est d'aborder la question du point de vue critique de manière à trouver des solutions ensemble. Je dis ensemble car, si des actions sont menées sans la participation des différents acteurs de la société, dont la jeunesse logiquement, il y aura des mécontents, et nous serons encore confrontés à de nouveaux problèmes qui se coupleront à ceux déjà rencontrés par le passé et dans notre temps présent.
Lucinda : Nous sommes partis du constat qu'en Guadeloupe, il y a des actions menées sans le consentement de la population et nous subissons les conséquences de ces décisions prises au sommet donc en France Hexagonale, sans demander l'avis des Guadeloupéens. Nous ce que l'on veut, c'est de rassembler toute la population autour de thématiques, afin de réfléchir ensemble, trouver les réponses aux questionnements, trouver les solutions aux problèmes rencontrés. Nous avons donc cette volonté d'englober toute la population dans les prises des décisions qui nous concernent.
The Link Fwi : Selon vous, la jeunesse est-elle réellement écoutée dans la société et par la classe politique ?
Lucinda : il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet.
Régis : Pour moi, la jeunesse est écoutée dans le paysage politique guadeloupéen mais, elle n'est pas mise en avant. Les solutions, la créativité tout ce qui constitue la force de la jeunesse est souvent vampirisé au profit des autres, de eux qui sont visibles dans la politique locale depuis trente voire cinquante ans. S'il y a donc une chose à améliorer, c'est bien cela, la mise en avant des jeunes, notamment ceux qui travaillent, par les médias et par les membres de la classe politique.

TLFWI : Donc si on comprend bien ton argument, la voix de la jeunesse est utilisée à mauvais escient et donc, cette jeunesse serait manipulée par la classe politique ?
Régis : Exactement. Nous les jeunes nous nous informons, nous savons ce qui se passe dans le reste du Monde via les réseaux sociaux etc, donc certaines personnes voient très vite le potentiel de cette jeunesse et l'utilise à leurs propres fins.
Lucinda : Me concernant, je dirais que la jeunesse n'est écoutée qu'en période électorale. Il y a des promesses de faites mais au final aucune n'est tenue. Rien qu'au niveau de la formation de l'emploi, nous constatons qu'il y a des manquements et que cela entraîne une énorme fuite des cerveaux. On le voit, nous partons nous former ou étudier en France ou ailleurs, lorsque nous revenons, nous avons du mal trouver un emploi ou tout simplement à nous faire une place chez nous, alors qu'on nous dit de partir étudier et de retourner mais dans quelles conditions ? Cela démontre que toutes les promesses formulées ne sont pas remplies. Ainsi, il serait bien et impératif que nous les jeunes, nous soyons écoutés, consultés surtout pour les thématiques qui nous concernent. Que nous fassions part de nos opinions, de nos avis pour que nous n'ayons plus à subir ces situations.
TLFWI : Pensez-vous jouer un rôle dans cette campagne, êtes-vous écouter et êtes-vous pris au sérieux ?
Lucinda : Lorsque la liste a été dévoilée et officialisée, beaucoup pensaient que nous plaisantions et ne nous prenaient pas au sérieux. Néanmoins, de part les médias, nos réseaux sociaux, nous recevons des encouragements, et nous ressentons un réel engouement de la part des jeunes ainsi que des moins jeunes. Quant au rôle à jouer, nous voulons rencontrer toutes les catégories socio-professionnelles, recueillir leurs doléances voir avec eux les solutions et faire porter la voix de la jeunesse.
Régis : Oui, pour moi, nous aurons et nous avons un grand rôle à jouer dans ces élections et en Guadeloupe de manière générale. Tout le monde doit être consulté. Nous qui représentons la jeunesse en étant la liste la plus jeune de ces élections et s'ils essaient de régler les problèmes sans nous, les jeunes, je ne pense pas que les solutions aux problèmes rencontrés aboutiront. La solution pour moi serait de travailler ensemble et peu importe qui gagne, nous travaillerons avec eux et j'espère qu'il travaillera avec nous.

The Link Fwi : Vous êtes donc dans l'ouverture et prêts à travailler avec les autres listes ainsi qu'avec le ou la futur (e) président(e) du Conseil régional ?
Lucinda : Effectivement, comme le soulignait mon colistier, nous sommes prêts à travailler avec tout le monde peu importe le bord politique, car selon nous, le plus important c'est l'avenir de la Guadeloupe et des décisions doivent être prises.
TLFWI : Vous n'avez pas de bord politique, vous n'êtes ni de gauche, ni de droite ni autonomistes, ni indépendantistes, quelle est votre position quant à cette question de l'autonomie ?
Lucinda : Il est vrai qu'on constate que la question de l'évolution statutaire a ressurgi. Elle est posée et le sera toujours. Nous à " Faire partie de la solution", nous souhaitons laisser les Guadeloupéens choisir l'avenir du territoire. Mais, en ce qui nous concerne, nous prenons pas partie sur cette question.
The Link Fwi : Vous portez donc la voix de cette jeunesse incomprise ? Vous considérez vous comme ses porte-paroles ?
Régis : En effet, nous pouvons le dire. Lorsque nous discutons avec d'autres jeunes, ils nous disent que nous faisons ce que eux auraient aimé faire et d'ailleurs nous les invitons à nous rejoindre pour le faire. Nous sommes aussi les porte-paroles des sans-voix, les jeunes, les personnes qui subissent des injustices, toutes celles et ceux qui aimeraient entreprendre, celles qui sont léser par le système ou qui ne comprennent pas comment fonctionnent les administrations etc.
Lucinda : Nous sommes les porte-paroles de toutes la jeunesse mais pas qu'elle, nous parlons pour toutes les tranches d'âge. Nous les invitons d'ailleurs à nous suivre sur les réseaux sociaux, à participer au débat politique, à apporter leurs questions afin que le jeu démocratique puisse perdurer.
TLFWI : Selon vous quelles seraient les thématiques chères à la jeunesse guadeloupéenne ?
Lucinda : Selon moi, les thèmes qui reviennent sont avant tout la formation qui est une chose importante, car une fois le Baccalauréat en poche, il est important de se former afin d'avoir un travail à la clé et ça en Guadeloupe, il y a des problèmes à ce niveau.
Régis : pour moi en premier lieu, la formation, qui débouche sur la question du retour au pays de nos jeunes partis faire une formation ou poursuivre leurs études dans l'Hexagone. Certains partent se former mais une fois de retour au pays, on leur fait comprendre qu'ils ont trop de diplômes etc. Autre secteur important, l'entrepreneuriat. On a pu le constater de nombreux jeunes veulent entreprendre et à ce niveau, il y a un manque de communication.
The Link Fwi : En matière de chômage, d’économie, politique de logement, quelles sont les ambitions de " Faire partie de la solution “ ?
Régis : Par rapport à l'économie, nous à " Faire de la solution" ,nous nous orientons vers le " localisme " priorité aux productions locales. Nous aurions aimé que l'économie de notre territoire soit tournée vers ces forces. Certaines existent déjà mais, nous pourrions notamment, développer la production d'ignames, le manioc. Nous avons des plats traditionnels que nous pourrions développer et exporter à l'étranger. Nous devrions tourner notre économie vers l'économie bleue, nous sommes entourés d'eau, nous sommes un archipel situé dans la Caraïbe. La pêche devrait être un secteur clé pour la Guadeloupe. Au niveau énergétique, nous souhaiterions que notre île puisse se fournir en pétrole chez nos voisins de la Caraïbe, particulièrement au Venezuela, alors que nous dépendons de fournisseurs européens, africains ou asiatiques. En nous fournissant près de chez nous, cela nous permettrait de faire de diminuer les coûts. En terme de politique de l'habitat, on sait qu'il manque près de 20 000 logements, ainsi, l'idée serait de respecter l'environnement avec la construction de bâtiments écologiques qui pourraient être fournis en électricité grâce à des panneaux solaires. Toujours dans cette thématique, nous pourrions développer la géothermie alors qu'à ce jour la Guadeloupe est très dépendante des énergies fossiles, notamment notre électricité est produite grâce à la combustion alors que c'est nocif. Si je m'en souviens bien, la centre géothermique de bouillante génère au moins 8 millions d'€ de bénéfices. Il serait impératif de se la rapproprier, encore faut-il une réelle vision de cette réappropriation de nos moyens de production.

TLFWI : Je me mets à la place du citoyen lambda qui ne sait pas pour qui voter, celui qui n’a jamais voter ou tout simplement celui qui refuse de voter, quels seraient vos arguments pour me convaincre et comment allez-vous présenter vos idées afin de me persuader de me rendre dans un bureau de vote ?
Régis : Le premier argument que je peux formuler concerne le renouvellement de la classe politique ce qui entraînera à mon sens, un changement des orientations en matière de politique publique. Cela fait longtemps que la population cherche la jeunesse, au niveau du fonctionnement de la Guadeloupe, dans le paysage politique maintenant nous sommes là, nous sommes prêts à contribuer à apporter nos idées et c'est la raison pour laquelle la population doit rendre cela possible en votant pour la liste " Faire partie de la solution " le 20 Juin.
Lucinda : En votant pour notre liste, cela démontrera l'engagement du citoyen en apportant sa voix et surtout être pris en considération. Notre liste souhaite faire porter la voix de tous les Guadeloupéens, ceux qui se sentent léser ou celles et ceux qui n'ont tout simplement plus confiance en la politique menée par les partis traditionnels, celles et ceux qui en ont assez des promesses non tenues. Nous à " Faire partie de la solution " , nous voulons changer cette vision de la politique. En votant pour notre liste, l'électeur votera pour lui-même car, nous sommes la voix du peuple.
TLFWI : En tant que jeunes dans une élection régionale, comment se passe ces élections et surtout comment parvenez-vous à la financer ?
Lucinda : Il faut savoir que nous n'avons personne qui nous finance, et que nous avons un mandataire financier et que nous fonctionnons avec des dons. Pour ceux qui souhaitent faire des dons à " Faire partie de la solution " pour que la campagne se déroule pour le mieux, vous le pouvez, en contactant le mandataire financier de notre liste.
Régis : Mon impression c'est que ces élections ne sont pas ouvertes à tout le monde. Rien que du point de vue administratif et financier. Faire campagne à un certain coût, par exemple, nous devons imprimer près de 600 000 circulaires de propagande ce qui représente un budget, ne parlons même pas de la préservation de l'environnement avec tout ce papier utilisé par toutes les listes et qui se retrouveront très certainement sur la voie publique, dans les poubelles etc. Puis, si nous parlons du coût financier, cela contribue à un renfermement du monde politique.
The Link Fwi : Lorsque vous serez élus à la Région quels sont les dossiers sur lesquels vous travaillerez les 100 premiers jours ?
Lucinda : Nous allons commencé par les quatre points qui nous tiennent à coeur. La politique du retour au pays, la coopération avec la Caraïbe mais surtout la problématique de l'emploi et de la formation et tous les problèmes administratifs.
TLFWI : Quel bilan faites-vous de la mandature qui s’achèvera en Juin ?
Régis : Il y a quand même du positif dans ce bilan. Il y a quand même des choses qui ont été faites même si on peut regretter certaines choses et je pense que nous devrions nous focaliser sur les choses positives. Quoi qu'il arrive rien n'est irrémédiable et même s'il y aurait eu des erreurs, elles pourront être corrigées par la nouvelle majorité. Je pense que nous devrions avoir un regard assez bien veillant, nous Guadeloupéens sur ce que nous faisons en Guadeloupe en général, car nous écrivons notre histoire. Nous sommes un peuple jeune avec nos qualités et nos défauts et nous devrions donc être plus bienveillants sur ce qui a été mené même si beaucoup reste à faire et aussi soyons plus positifs. Puis, si nous voyons que des choses doivent être faites, nous devrions nous engager pour rêgler les problèmes en question.
The Link Fwi : Où pouvons-nous suivre l’actualité de Faire partie de la solution ?
Lucinda : Vous pouvez nous suivre sur l'ensemble des réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Instagram et même Tiktok " Faire partie de la solution. " Vous trouverez aussi les informations concernant le mandataire financier et l'équipe de communication.
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