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Des habitants de Bonaire et Greenpeace portent plainte contre l'Etat néerlandais.

Greenpeace et sept habitants de l'île de Bonaire dans les Caraïbes ont lancé aujourd’hui (jeudi 11 mai) une action en justice contre l'Etat néerlandais pour qu'il protège ses citoyens insulaires contre la montée des eaux, a annoncé l'organisation environnementale.




La Caraïbe attire et fait rêver. Il faut dire que notre région à de quoi faire des envieux. Entre les kilomètres de plages de sable fin, les paysages verdoyants (ou arides) et une population métissée, fruit de l'histoire coloniale, joviale et accueillante, il y a de quoi vouloir prendre ses valises, quitter le stress des grandes zones urbaines mondialisées pour un peu de farniente au soleil. Chaque année, ils sont plusieurs dizaines voire des centaines de milliers de touristes originaires d'Europe, d'Amérique du Nord, du Moyen Orient et même d'encore plus loin à venir dans l'un ou l'autre des états qui constituent le 7e continent ( comme on aime à l'appeler).


Pourtant, au-delà de l'aspect paradisiaque s'il y a bien une chose qui préoccupe, c'est la question climatique qui s'impose de plus en plus dans les débats internationaux. Tous les territoires sont concernés et plus particulièrement les états dits insulaires, en deux mots, les îles. La Caraïbe est donc l'une des zones du Globle les plus à risque.


Ainsi, on l'a appris, Greenpeace et sept habitants de l'île néerlandaise de Bonaire, petite île dans les Caraïbes, située à quelques encablures des côtes du Venezuela ont lancé aujourd’hui (jeudi 11 mai) une action en justice contre l'Etat néerlandais pour qu'il protège ses citoyens insulaires contre la montée des eaux, a annoncé l'organisation environnementale. A en croire l'ONG, l'heure est grave et la petite île risque de disparaître si aucune action n'est prise sérieusement.


Selon le quotidien néerlandais qui a relayé l'information, leurs avocats ont envoyé ce jeudi une « lettre d'action » au gouvernement, le sommant de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de mieux protéger de leurs effets l'ancienne colonie néerlandaise, depuis 2010 une des trois municipalités dites « spéciales »du pays avec Saba et Saint-Eustache. C'est même la première fois, qu'un état occidental, européen est menacé de poursuites judiciaires pour la raison environnementale.


Ils citent un rapport commandé par Greenpeace Pays-Bas. par la Vrije Universiteit d’Amsterdam. suggérant qu’un cinquième de l’île pourrait être perdu à cause de l’élévation du niveau de la mer d’ici la fin du siècle. Une « lettre avant action » – un coup de semonce juridique – a été envoyée au Premier ministre néerlandais Mark Rutte avant l’action en justice.


Selon la loi néerlandaise, l'assignation est la première étape pour poursuivre l'Etat en justice, a expliqué à l'AFP Bram Karst, porte-parole de Greenpeace.


La professeure Jackie Bernadela, une des plaignantes s'est exprimée sur les raisons qui ont poussé à mener une telle action au gouvernement néerlandais : " Je peux voir comment le changement climatique a déjà un impact sur Bonaire, même si nous sommes une petite île et que nous n’émettons pratiquement pas de gaz à effet de serre. Sans pression sur le gouvernement de La Haye, rien ne changera à Bonaire. »


Des inondations qui menacent l'histoire de l'île :


Selon le rapport Greenpeace du fait des inondations liée aux pluies toujours plus nombreuses, la capitale de l'île Kralendijk sera engloutit sous les eaux et dans une moindre mesure, la pointe sud basse de Bonaire sera également touchée, y compris le lac Cai, l’ancien village de pêcheurs de l’île. Les tempêtes peuvent augmenter davantage le risque d’inondation. Dans chacun des scénarios climatiques examinés, les routes et autres infrastructures fondamentales seront également endommagées. Des inondations qui auront également un impact sur l'histoire et la culture de l'île, avec des sites historiques qui pourront être touchés et complètement détruits dans moins de 30 ans. C'est le cas des cabanes des esclaves, site historique protégé et véritable patrimoine historique de l'île.


Autre problème exposé dans le rapport de l'ONG environnementale, concerne la mort des récifs coraliens qui sont la barrière protectrice naturelle de Bonaire. Un récif coralien qui est un véritable poumon aquatique pour les espèces marines très nombreuses dans les eaux de Bonaire. C'est aussi l'une des attractions touristiques de l'île du sud de la Caraïbe. Toutefois, dans le scénario climatique le plus extrême, cependant, la quantité de dommages au corail sera si grave que d’ici 2050, il ne restera plus que 13 des 86 sites de plongée. En conséquence, le tourisme de plongée diminuera et cela aura un impact énorme sur l’économie. Dans tous les scénarios, le corail continuera à mourir après 2050. En conséquence, il y a une forte probabilité que tous les coraux auront disparu d’ici la fin de ce siècle.


Des problèmes pour la santé publique :


Le changement climatique peut également avoir des conséquences majeures sur la santé publique à Bonaire. Les résidents sont plus susceptibles d’être physiquement affectés par la chaleur, une condition connue sous le nom de stress thermique. Ce qui conduira à plus de maladie mais également une augmentation de la mortalité des locaux. Les patients atteints de maladies cardiovasculaires présentent des symptômes plus graves. Par ailleurs, les moustiques qui propagent des virus, tels que Zika et la dengue, se développent encore mieux à mesure que le climat se réchauffe, de sorte qu’un nombre accru d’infections par ces virus est attendu. Enfin, les chercheurs concluent qu’en raison de l’impact des inondations et des tempêtes, le risque de traumatisme psychologique à l’avenir est élevé.



Le directeur exécutif de Greenpeace Pays-Bas, Andy Palmen, a déclaré dans un communiqué: « Peu importe que vous viviez à Bonaire, à La Haye ou à Amsterdam. Le gouvernement a le devoir de protéger toutes les municipalités contre les inondations et autres conséquences mortelles de la crise climatique. »


Les Pays-Bas font pourtant figure d'exemple en matière de protection de l'environnement, de diminution des gaz à effets de serre et d'une vie de plus en plus 100% avec leurs barrages anti-tempête, les milliers de digues construits pour protéger le territoire européen des Pays-Bas, dont environ un tiers se situe sous le niveau de la mer. Cependant, l'envers du décor est bien là, le pays est aussi un des plus gros pollueurs par habitant du continent, et a fait face à une série d'affaires visant ses émissions.


Des actions antérieures des militants écologistes ont été couronnées de succès devant les tribunaux néerlandais. Un collectif de groupes écologistes connu sous le nom d’Urgenda a obtenu une décision de la Cour suprême exigeant que l’État néerlandais réduise ses émissions de gaz à effet de serre en 2019. Les décisions rendues dans les affaires portées par le groupe Mobilisation pour l’environnement en 2019 et 2022 signifient que le gouvernement propose maintenant un plan de rachat controversé pour les « pollueurs de pointe » des composés azotés, afin de protéger la nature vulnérable.


Comme le souligne le rapport Greenpeace, Bonaire, Saba et Saint-Eustache sont des municipalités spéciales des Pays-Bas depuis 2010, mais le gouvernement néerlandais n’a presque aucun plan pour protéger les îles contre les inondations causées par l’élévation du niveau de la mer. Puis comme le rappelle l'ONG, les pays riches, y compris les Pays-Bas et d’autres pays européens, sont responsables de la majorité des émissions mondiales de CO2 et pourtant ne contribuent pas équitablement à l’effort mondial de réduction de ces émissions et Bonaire comme tous les autres petits états sont les plus grandes victimes de l'égoïsme des pays riches.


De leur côté, le ministre de l'écologie et du Climat néerlandais, Rob Jetten, et Hennyson Thielman, représentant du gouvernement néerlandais à Bonaire, ont déclaré dans une réaction commune qu’il était « clair qu’il fallait agir rapidement pour protéger les habitants de Bonaire et sa nature unique contre les effets du changement climatique » et se sont engagés à accélérer leurs efforts.


Après une bataille du Vanuatu, durement touché par le réchauffement, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté fin mars une résolution « historique » demandant à la justice internationale de clarifier les « obligations » des Etats dans la lutte contre le changement climatique.



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