Chlordécone : le non-lieu bientôt confirmé par le tribunal.
- ELMS
- 25 nov. 2022
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Le Chlordécone c'est le scandale écologique de ces quarante dernières années en France. C’est surtout un scandale politique, aux accents post-coloniaux. Près de quatre décennies d’une pollution volontaire pensée par les producteurs de banane de Guadeloupe et de Martinique avec des complicités au plus haut sommet de l’Etat. Pourtant, après des mois d'enquête, le couperet est tombé. Le Parquet de Paris demande un non-lieu.

Le Chlordécone c'est le scandale écologique de ces quarante dernières années en France. C’est surtout un scandale politique, aux accents post-coloniaux, qui s'est déroulé principalement aux Antilles-Françaises. Près de quatre décennies d’une pollution volontaire pensée par les producteurs de banane de Guadeloupe et de Martinique avec des complicités au plus haut sommet de l’Etat. Le scandale du Chlordécone s’est notamment illustré par un très long bras avec l’Etat pour la reconnaissance de ce crime écologique. Un combat qui se poursuit encore à ce jour.
Disons-le clairement, la question de la pollution au Chlordécone a déjà fait couler beaucoup d'encre. La nouvelle qui a été diffusée par l'ensemble des organes de presse antillais risque fort de détériorée les relations entre les Outremers et l'Hexagone déjà au plus mal depuis qu'a été évoquée un possible non-lieu du scandale sanitaire par les juges d'instruction en charges du dossier.
En effet, le parquet de Paris a demandé un non-lieu dans l'enquête sur l'empoisonnement à vaste échelle lié à l'utilisation du chlordécone aux Antilles françaises. Cette étape était attendue depuis que les juges d'instruction parisiens du pôle de santé publique avaient annoncé fin mars la clôture de leurs investigations sans avoir procédé à des mises en examen.
Dans son réquisitoire définitif daté de jeudi 24 novembre, le parquet considère notamment que les faits semblent prescrits, s'agissant notamment de l'empoisonnement, ou non caractérisés, concernant l'administration de substances nuisibles. Il appartient désormais aux juges d'instruction de rendre leur décision finale dans ce dossier très sensible en Guadeloupe et en Martinique où plus de 90% de la population adulte est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France.

Plus de quinze ans de combat judiciaire bientôt annihilé :
Pour rappel, le scandale sanitaire a débuté en 2002, avec l’arrivée des patates de Martinique au port de Dunkerque en 2002 a rendu l’affaire publique. Sans aucune hésitation, au nom de la santé de la population française, les patates empoisonnées ont été détruites.
Après 15 ans de silence et de négation qui ont laissé la place aux aveux et aux investigations, le chapitre judiciaire s'était ouvert laissant espérer une possible justice rendue.
Attention, par volet judiciaire, beaucoup ont pensé à l'ouverture d'un procès avec dans le box des accusés, le lobby des grands planteurs et l'Etat en tant que personne morale qui a couvert ce crime environnemental et humanitaire, il n'en est rien. Détrompez-vous, il s'agissait simplement d'auditions des plaignants. A savoir, les associations écologistes représentées par leurs avocats, les syndicats du monde agricole qui représentent les ouvriers agricoles qui ont été de près comme de loin en contact avec le pesticide ou encore les avocats des régions impactées. Très attendues du grand public, ces auditions ont eu lieu le mercredi 20 Janvier et le Jeudi 21 janvier 2022 à Paris avec des visio-conférences vers Fort-de-France et Pointe-à-Pitre.
Une lueur d'espoir s'est profilée, avec enfin une justice qui aurait pu se mettre du côté des victimes. Néanmoins, l'espoir a été balayé par les juges du Pôle Santé du Tribunal de Paris qui ont évoqué la prescription de certains faits. De plus toujours selon les hauts magistrats, des pièces manqueraient au dossier. Elles auraient vraisemblablement disparu. De ce fait, tout le dossier d'instruction serait sous le coup d’une prescription. Ce qui signifie qu'aucune mise en examen, aucun procès ne pourraient avoir lieu et que les coupables continueraient de couler des jours heureux alors que, plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et à la Martinique est contaminée par le chlordécone, selon Santé publique France. En outre, les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde. Dans ce cas comment ne pas être révolté par cette injustice puisant ces racines dans l'histoire coloniale ? Un sentiment d'injustice qui montre à nouveau que les antillais ne sont pas des français à part entière mais qu'ils ne sont qu'entièrement à part.
Soulignons que l'annonce de la fin des investigations sans aucune mise en cause avait déjà soulevé un tollé fin mars. "La tournure que prend cette scandaleuse affaire est préoccupante car on s'achemine vers un déni de justice", avaient ainsi dénoncé les avocats de l'association Pour une écologie Urbaine. La possible prescription de l'action publique a par ailleurs déjà suscité indignation et colère aux Antilles, notamment en Martinique où 5 000 à 15 000 personnes avaient par exemple défilé dans les rues de Fort-de-France fin février 2021.
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