Bye Bye Taipei, Bonjour Pékin. Le Honduras se rapproche de la Chine au détriment de Taïwan
- Emrick LEANDRE
- 21 mars 2023
- 13 min de lecture
La Chine populaire dans son envie d'isoler diplomatiquement Taiwan qu'elle considère comme une province rebelle multiplie les pressions diplomatiques sur les quelques états et micro-états qui ont encore des liens avec Taipei. Pékin a réussi en fin de semaine dernière à convaincre un autre petit pays, le Honduras, de couper les ponts avec les indépendantistes taïwanais.

Actrice majeure de la scène géopolitique internationale, la République Populaire de Chine s'impose depuis trois décennies comme une actrice incontournable tant au niveau économique, diplomatique et militaire. Longtemps vue par les occidentaux comme l'USINE du monde, la RPC est devenue la deuxième puissance économique mondiale et depuis 2020, elle talonne son grand rival américain pour la position de 1ère puissance. Après avoir investi en Afrique, la Chine se tourne vers les pays de la Caraïbe.
Avec une superficie de 9 677 009 km2, pour 1,4 milliards d'habitants, sans compter sur une croissance économique qui pendant 28 ans donna des tournis à l'Occident ( la croissance était à 17% mais en 2015, elle est tombée à 7% en 2019, 8,1% en 2021). Confiante et consciente de son hégémonie, depuis deux décennies, la République Populaire de Chine s'impose comme une puissance géopolitique en nouant des partenariats économiques internationaux. Premièrement, avec les pays asiatiques qui ont été fortement influencés par la culture chinoise pendant des milliers d'années, puis, avec les Etats-Unis qui renouèrent avec l'Empire du milieu sous Richard Nixon. Rappelons qu'à cette période, la Guerre Froide était dans toutes les actualités et il existait une réelle tension globale. Ainsi, dans sa lutte à mort contre l'Union Soviétique, les USA approfondirent leur relation avec la République populaire de Chine ( RPC). Une relation cordiale mais surtout intéressée par Washington qui voyait en ce pays à l'histoire riche mais à l'économie archaïque d'en faire un allié de profits.
Elle sera amplifiée par le président Jimmy Carter, lorsqu'il rencontra en 1979, le nouveau leader chinois Deng Xiaoping qui avait décidé de tourner la page des années Mao et de lancer la Chine dans la voie du développement économique. La même année, Deng Xiaoping se déplaça aux Etats-Unis. Ce fut le premier voyage officiel d'un dirigeant chinois communiste vers un pays occidental. Des accords furent signés, permettant à de hauts-gradés de l'A.P.L (Armée Populaire de Libération) de faire des séjours à l'université militaire de West Point. Surtout, nombreux sont les étudiants chinois qui étaient autorisés à partir étudier dans des universités américaines. Une nouvelle élite chinoise allait apparaître. Elle serait éduquée à l'occidentale et deviendra de facto bilingue formera, la nouvelle Nomenklatura de la RPC.
L'Europe, elle aussi ne fut pas en reste puisque dès la fin des années 1960 et le début des années 1970, les gouvernements européens, comme le grand allié nord-américain se tournèrent peu à peu vers Pékin. C'est le cas par exemple de la France qui dès 1958 sous l'égide du général De Gaulle renoue diplomatiquement avec la Chine continentale au détriment de l'île rebelle. Le Général, laissa entendre que la France devait mener une politique indépendante et de non-alignement aux deux blocs de l'époque et dès l'automne 1963, alors que le conflit sino-soviétique faisait rage, Paris envoya officieusement un émissaire du nom d'Edgar Faure en mission d'information à Pékin. C'est à partir
La France ré-établit un dialogue diplomatique avec la république populaire de Chine à l'initiative de de Gaulle le 27janvier 1964. Ainsi, en septembre 1973, le président français Georges Pompidou, fait un voyage en Chine, où il rencontre le président Mao Zedong, puis le premier ministre chinois, Zhou Enlai qui avait fait ses études en France. Peu à peu, par opportunisme antisoviétique, les autres pays d'Europe occidentale suivirent le pas de la France.
L'ouverture des canaux diplomatiques, les réouvertures d'ambassades, la reprise du commerce entre le continent européen et la Chine populaire permirent à Pékin de connaître un début de développement économique. Un développement très encadré par le puissant PCC qui continuait ( et continue encore) à maintenir l'économie, le peuple sous sa coupe réglée afin de prévenir les grèves et les manifestations sociale populaires. Une surveillance qui n'empêcha pas, bien des années après, la révolte de la Place Tiananmen.
La répression marqua un coup d'arrêt dans de la relation entre la Chine et les pays Occidentaux. Isolé et condamné par les grandes puissances occidentales, le gouvernement chinois réagit en mettant en place un vaste mouvement de modernisation du pays. " En 1992, lors d'une tournée d'inspection dans le sud du pays, Deng Xiaoping lança au peuple chinois: «Enrichissez-vous!». Et il ajouta: «Il faut prélever les éléments positifs du capitalisme pour édifier le socialisme à la chinoise.»
Le retour de la Chine " communiste" dans le concert des Nations :
Durant vingt-huit ans, la RPC fit de grands progrès en matière de développement. Au début des années 1990, la Chine commença en fabriquant quantité de produits de base, chaussures, vêtements, appareils électroniques, jouets pour enfant etc. C'est à cette période qu'elle s'est imposée comme l'atelier du monde. De plus en plus d'entreprises occidentales, européennes comme américaines s'installèrent en Chine pour bénéficier d'une main d'oeuvre bon marché et d'avantages fiscaux considérables. Les années 2000 ont été des années de croissance et d'ouverture sur le monde. Par exemple, en 2001, la Chine devient membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Pourtant, aucune démocratisation n'est entamée par les apparatchiks du Parti Communiste. Au contraire, ces deux dernières décennies, sous les présidences de Hu Jintao et Xi Jiping, le régime se durcit. L'opposition à l'intérieure du pays est réduite au silence. Les minorités religieuses et ethniques ( ouïghours, Kazakhs, Tadjiks, Dounganes) sont extrêmement surveillées, les plus virulentes sont déportées dans des camps de concentration pour y être rééduquer. Le Tibet est quant à lui, colonisé. Le gouvernement central encourage, les chinois Han à s'installer dans cette région stratégique, riche en matières premières. En 1995, le Portugal abandonne son ancien comptoir commercial de Macao et en 1997, le Royaume-Unis se retire de son enclave de Hong-Kong, dès lors, la réunification de la Chine continentale est amorcée.
Chin'Afrique, un partenariat privilégié :
Après l'Europe, la RPC est partie à la conquête d'un autre territoire l'Afrique. Dès le début des années 1950, lors de la période des indépendances des liens étroits ont été établis entre Pékin et les différentes capitales africaines.
Cette relation s'est développée avec la conférence de Bandung (ou conférence de Bandoeng) qui s'est tenue du 18 au 24 avril 1955 en Indonésie, réunissant pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques dont Gamal Abdel Nasser (Égypte), Jawaharlal Nehru (Inde), Soekarno (Indonésie) et Zhou Enlai (Chine). Cette conférence marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du « tiers monde ». Ceux-ci ne souhaitaient pas intégrer les deux blocs qui se faisaient face à cette période. A savoir les États-Unis et l'URSS. Ils choisirent le non-alignement. C'est à partir de ce moment, que la Chine noua des relations diplomatiques avec ces jeunes nations africaines.
En 1961, la toute nouvelle Association de l’amitié des peuples de Chine et d’Afrique visite l’Afrique de l’Ouest et prépare la visite de Zhou Enlai. En 1963, le ministère des Affaires étrangères chinois se dote d’une section Afrique. La même année, Zhou Enlai commence sa tournée par l’Égypte, mise au ban par l’Europe pour avoir nationalisé le canal de Suez, et visite ensuite la Guinée et le Mali, qui ont alors refusé de rallier la Communauté des États africains proposée par le général de Gaulle. Puis, en 1964, le dirigeant chinois visita l'Algérie puis le Mali. C'est à cette période que les investissement chinois sur le continent commencèrent. A partir de ce moment, le continent devient une priorité pour la Chine qui n'avait qu'un seul objectif, étendre sa sphère d'influence. Au cours des décennies suivantes, la présence chinoise s'est intensifiée sur le continent noir.
D'autre part, au cours des 1960 et 1980, Pékin apporta son soutien militaire à plusieurs mouvements indépendantistes en guerre contre leurs colonisateurs européens. Ce fut le cas par exemple en Angola, lors de la guerre de décolonisation, où le MPLA ( parti aujourd'hui au pouvoir) d'Agostino Neto et l'UNITA de Jonas Savimbi bénéficièrent tous deux d'un entraînement, d'une aide financière et d'un soutien politique de la part de la RPC. Toutefois à son indépendance, en 1975, le conflit s'intensifia entre les deux principaux partis politiques au point que cette guerre civile s'internationalisa. Le MPLA au pouvoir, reçu l'aide de l'URSS, de Cuba ainsi que des autres pays socialistes tandis que la Chine, elle, a préféré aider le leader de l'UNITA, Savimbi qui durant sa jeunesse avait étudié en Chine.
Au Mozambique, le FRELIMO (Front de libération du Mozambique) de Samora Machel en lutte pour l'indépendance, reçu argent et matériel militaire de la part des chinois. Par la suite, le leader anticolonialiste mozambicain reçu un appui militaire lors de la Guerre civile qui l'opposa au RENAMO (Résistance nationale du Mozambique). L'ex-Rhodésie du sud, pays limitrophe du Mozambique, elle aussi en proie à une guerre de décolonisation opposant les soldats du gouvernement nationaliste blanc de Ian Smith soutenu par le régime d'apartheid d'Afrique du Sud , les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, et les guérilleros marxistes de Robert Mugabe, opposant à la politique d'apartheid imposée par le colonisateur britannique. Robert Mugabe et ses hommes ont été armés, entraînés et financés par divers pays socialistes, parmi lesquels, la République Populaire de Chine. En Afrique du Sud, l'opposition anti-apartheid regroupée au sein de l'ANC et sa branche armée uMkhonto we Sizwe ont été soutenus militairement et financièrement par les nations socialistes, parmi lesquelles Cuba, l'URSS et la République Populaire de Chine.
A la même période, le régime communiste chinois arme les mouvements de guérilla en Ethiopie, en lutte contre le gouvernement du DERG dirigé par Mengistu Haile Mariam, soutenu par l'Union Soviétique. La Chine a également soutenu les indépendantistes erythréens du leader Isaias Afwerki en lutte contre l'Ethiopie qui était soutenue par l'URSS. La Chine a également aidé le régime de l'ancien dictateur soudanais Omar Al Béchir lors de la guerre civile qui l'opposa aux mouvements rebelles du Sud Soudan et du Darfour.
A la fin de cette période de grande violence, la Chine a été la première à se porter garante de la reconstruction de ces pays. C'est le cas de l'Angola. En 2002, au sortir de vingt-sept années de guerre civile, le gouvernement d'Eduardo Dos Santos, faute d'avoir obtenu des Occidentaux et des institutions financières internationales, le soutien sollicité, se tourne vers la Chine afin d’assurer sa reconstruction. L'Angola fut d'ailleurs le premier pays du continent à nouer un partenariat économique avec la nation asiatique. D'autres pays africains suivront l'exemple angolais, Congo, Congo RDC, Mozambique, Zimbabwe, Soudan, Ethiopie, Guinée, Libéria, Sierra Leone etc. Tous vont se presser à Pékin pour se relever.
Cette aide militaire et économique de la Chine, lui permis de devenir une actrice géopolitique de premier plan sur le continent. Si bien qu'en 1971, la République Populaire de Chine entre à l'ONU, grâce au vote de vingt-six pays africains. Sa rivale, Taiwan est chassée de l'Organisation Internationale malgré les efforts de son plus puissant allié, les Etats-Unis. Aujourd'hui, les entreprises chinoises sont présentes dans quarante pays d'Afrique et depuis 2010, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent. En une décennie. L'empire du milieu est aussi devenue la principale créancière des Etats africains. Certains s'alarment de la dette cumulée par ces pays, en grand besoin de développement.
Ainsi Pékin apporte argent, matériel, expertise technique, main d'oeuvre, tandis que l'Afrique lui fournit du pétrole et autres minerais précieux. Autant dire que la Bromance a encore de beaux jours devant elle.

La Caraïbe en ligne de mire :
Outre les attaches historiques, reposant sur une présence chinoise dans la Caraïbe dans les années antérieures aux années 1950, Cuba, a été le premier pays de la région a avoir reconnu le régime. Cuba fut d'ailleurs, le premier pays du continent américain, à reconnaître la République Populaire de Chine, en Septembre 1960, tournant le dos à Taïwan. Dans la foulée, Ernesto Guevarra accompagné par d'autres officiels cubains, se rendent à Pékin afin de souder les liens entre la plus grande île des Caraïbe et la Chine Maoïste. La coopération entre les deux nations socialistes allait des secteurs militaire, éducatif et économique. La RPC fournit du matériel d’armement (canons, bazoukas, batteries, etc.) et participe à l’entraînement d’officiers des forces aériennes cubaines. De son côté, Cuba lui envoie des techniciens, ingénieurs et enseignants.
Néanmoins, en 1963, la RPC en lutte idéologique avec l'URSS s'éloigne de son " frère " cubain lorsque Fidel Castro se rend en visite officielle à Moscou. Les deux pays rétabliront leurs relations en 1982, puis en 1983 avec le déplacement à Pékin du ministre cubain du Commerce, Ricardo Cabrisas, met un coup d’arrêt aux tensions diplomatiques. Les relations entre Cuba et la RPC vont s'intensifier au début des années 1990, la Chine étant l'unique grande puissance communiste du Monde. Dans les années 2000, elle parvient ainsi à se hisser, au deuxième rang, et même au premier rang, après le Venezuela, à partir de 2016, pour les exportations et les importations cubaines. L’île importe principalement du riz, des équipements mécaniques (bus, voitures, matériels agricoles et de construction), des appareils électriques, électroménagers et informatiques, des produits chimiques, ainsi que du mobilier et des produits d’habillement (chaussures, tissus). En retour, elle exporte essentiellement du nickel, des aliments (sucre, fruits de mer), du tabac, du rhum, des produits biotechnologiques et des médicaments.
Dans les années 1960, les petites nations caribéennes accèdent à l'indépendance ou à l'autonomie. Pour autant, malgré la liberté acquise, ces nouveaux pays continuèrent d'échanger avec la République de Chine, l'autre chine. Héritage de la décolonisation et de la guerre froide, la Caraïbe est restée durant quarante ans dans le giron occidental, Royaume-Uni et Etats-Unis en tête. Pendant, quarante ans, ces petits états ont reçu, matériels, équipements, aide médicale de la part de l'île rebelle asiatique. Taïwan finançait également de nombreux projets de construction à travers toute la Caraïbe. En contrepartie, l'île asiatique bénéficiait d'un soutien sans faille de la part de ses partenaires caribéens.
A l'image de la politique internationale, la relation entre les pays de la Caraïbe et la République de Chine est en perte de vitesse. La petite île de 25 millions d'habitants ne fait plus réellement le poids face à sa grande rivale communiste. Après l'Afrique, c'est bien la Caraïbe qui est dans le viseur de Pékin.
Depuis, une dizaine d'années, la République Populaire de Chine multiplie les efforts de rapprochement avec les Etats insulaires caribéens. L'objectif de Pékin est bien de diminuer l'influence de son ennemie capitaliste et démocrate. Un jeu d'influence, qui passe par des financements de projets, des projets de construction d'infrastructures dont les pays de la Caraïbe ont grand besoin. Ces Etats encore très pauvres ont besoin de l'argent de Pékin pour " booster " leur économie exsangue. En contrepartie, les Pays de la région doivent mettre à tous les accords qui les liaient à Taïwan. Une politique économique de chantage qui profite surtout à Pékin et que dénonce Taïpei, qui se fait peu à peu éliminée dans la région.
Bye Bye Taïwan, Bonjour Pékin. Le Honduras se rapproche de la Chine :
La Chine populaire dans son envie d'isoler diplomatiquement Taiwan qu'elle considère comme une province rebelle multiplie les pressions diplomatiques sur les quelques états et micro-états qui ont encore des liens avec Taipei. Pékin a réussi en fin de semaine dernière à convaincre un autre petit pays, le Honduras, de couper les ponts avec les indépendantistes taïwanais.

En effet, Xiomara Castro de Zelaya présidente du Honduras a annoncé le mardi 14 mars son intention d’établir des relations diplomatiques formelles avec Pékin, impliquant logiquement la rupture des relations avec Taipei, puisque la Chine refuse en effet qu’un pays entretienne conjointement des relations diplomatiques avec Pékin et Taipei.
Le Honduras, pays très pauvre d'Amérique Centrale, évoque des motivations économiques, a annoncé il y a quelques jours qu’il entendait rompre ses liens diplomatiques avec l’île et soutiendrait les prétentions de Pékin, qui considère que Taiwan fait partie intégrante de son territoire.
Le ministre des Affaires étrangères hondurien, Eduardo Enrique Reina, a indiqué que le gouvernement avait demandé en vain à Taiwan d’accroître son aide financière au pays et de renégocier une dette de plusieurs centaines de millions de dollars avant de décider de se tourner vers la Chine. «Il fallait prendre cette décision», a assuré Eduardo Reina en soulignant que «171 pays au monde ont des relations avec la Chine continentale», tandis que Taïwan n'en a qu'avec 14 États. «Nous nous conformons, avec retard et en toute responsabilité, à une tendance mondiale. L'idée c'est de rechercher la manière d'obtenir plus d'investissements et d'activité commerciale», a insisté le ministre hondurien.
Un porte-parole taiwanais a prévenu le Honduras qu’il risquait, en cherchant « à apaiser sa soif avec du poison », de se retrouver piégé financièrement par le régime communiste du président Xi Jinping. En somme, il s'agit là d'une diplomatie du $ et c'est à celui qui a le plus gros carnet de chèque.
Comme en Afrique, la Chine mène une politique de financement de projets de construction, de routes, d'hôpitaux et de stades, avec des projets hautement visibles comme la réhabilitation de la route de la capitale jamaïcaine à l’aéroport. En 2006, le Costa Rica reconnaissait la République Populaire de Chine; Grâce à ce geste,Pékin décide d'y construire une raffinerie dont le montant est évalué à 1,3 milliard de dollars. Par la suite, des routes estimées à plus de 400 millions de dollars voient aussi le jour;
Le cas du Panama est un autre exemple de la percée chinoise dans la région. L'ancienne colonie espagnol qui fut pendant un siècle un protectorat des Etats-Unis entretenait pendant longtemps des relations cordiales avec Taïwan, jusqu'en 2017, où Panama City a rompu ses liens avec l'île nationaliste pour reconnaître la Chine Communiste. Depuis, les deux gouvernements entendent accroître leurs échanges. Il faut dire que Panama revêt une position stratégique dans le commerce maritime mondial, 5% du commerce maritime international passe par le Canal, soit au total 403 millions de tonnes de cargaison en 2017, dont 166 millions de tonnes des Etats-Unis et 44 millions de tonnes pour la Chine. Aujourd'hui, la Chine est le 2e partenaire de l'isthme qui voit en Pékin un potentiel soutien international, pour le maintien de son statut de paradis fiscal. Ce qui déplaît forcément à l'ancien colonisateur nord-Américain.

Au Honduras, 74% de ses près de dix millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement de Xiomara Castro a sollicité de Taïwan le doublement de son aide au Honduras en la passant de cinquante à cent millions de dollars par an. Tegucigalpa a proposé aussi, sans succès, de «réadapter la dette» de 600 millions de dollars contractée par le Honduras auprès de Taipei, a indiqué Eduardo Reina.
Si la présidente du Honduras acte ses paroles, son pays rejoindra ses voisins du Costa Rica (en 2007), Panama (en 2017), du Salvador (en 2018) et du Nicaragua (en 2021) qui ont tous rompu avec Taipei au profit de Pékin pour une question financière. Du côté de Washington, évidemment, l'arrivée chinoise à ses frontières les plus proches ne satisfait pas et comme le souligne nos confrères de La Presse : " Washington s’est notamment alarmé au cours des dernières années de la construction projetée au Salvador, avec le soutien de la Chine, d’un port important qui pourrait servir à terme à des fins militaires. "
Selon le site zone bourse : Les États-Unis tentent de décourager le Honduras de donner suite à son projet de changer d'allégeance diplomatique de Taïwan à la Chine, selon des sources proches du dossier, espérant que l'absence d'un accord formel pourrait laisser la porte ouverte à un changement d'avis.
Les responsables américains et taïwanais affirment que, même si l'annonce n'était pas surprenante compte tenu de la position de M. Castro pendant la campagne, le tweet et son temps utile les ont pris au dépourvu. Les fonctionnaires américains, anciens et actuels, n'hésitent pas à affirmer que de nombreux pays qui ont opéré ce changement n'ont pas récolté les avantages économiques qu'ils espéraient.
En excluant le Honduras, il ne reste plus que 13 États à travers le monde qui reconnaissent officiellement Taiwan sur le plan diplomatique, et ce nombre pourrait encore décroître en raison de la campagne « systématique » menée par Pékin. Ces treize pays sont le Saint-Siège ( Vatican), les îles Marshalls, la République de Palau, République de Nauru, les îles Tuvalu, le Paraguay, le Bélize, la République d'Haïti, St Kitts&Nevis, St Lucie, St Vincent et les Grenadines et le Royaume d'Eswatini.
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