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Alerte : menace sur les plantations de café des Antilles

  • ELMS
  • 22 févr. 2022
  • 5 min de lecture

Le scolyte des baies de caféier est sans doute la nouvelle menace qui pèse sur l’agriculture des Antilles-Françaises. L’insecte originaire d’Afrique, déjà présent dans d’autres îles de la Caraïbe, a été détecté en Martinique en 2012, tandis qu’en Guadeloupe, il a été vu pour la première fois en mars 2021. Une présence grandissante qui inquiète les producteurs de café car, le scolyte qui détruit les grains de café, a entraîné des baisses de rendement sur la production de l’an dernier.




Panique sur la Guadeloupe. Un insecte fait des ravages dans les champs de cafés de l’archipel. Son nom, le scolyte des baies de caféier ( Hypothenemus hampei) Ferrari. Ce coléoptère de très petite taille (1,3mm pour un adulte mâle et 1,7mm pour la femme) est originaire d’Afrique. De la même famille des scolytes présents en Europe, il était déjà présent dans l’ensemble de la Caraïbe. Il a été signalé en Jamaïque en 1992, à la République Dominicaine en 1995, Haïti et Cuba en 2005, Porto Rico en 2007.

En ce qui concerne, le reste du continent, sa présence sera vieille de près d’un siècle. En effet, les première introductions accidentelles d’H.hampei en provenance d’Afrique ont eu lieu au Brésil et remonteraient à 1913 ; toutefois la présence de l’insecte dans l’Etat de Sao Paulo a été officiellement annoncée en 1924.

Selon le spécialiste, le coléoptère a été introduit dans d’autres pays d’Amérique en commençant par le Pérou en 1962, gagnant progressivement toutes les régions productions de café du continent.”


A la Martinique, il a été détecté pour la première fois en 2012. Dans son étude, Bernard Dufour apporte des précisions sur la présence du coléoptère sur l’île sœur : “ Hampei a été détecté en Martinique en octobre 2012, dans la commune de Fonds-Saint-Denis à 650m d’altitude, sur une plantation isolée d’environs 3000m2. L’identification du ravageur a été réalisée en décembre 2012 au Centre de la Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) à partir d’échantillons conservés en alcool. “

La Guadeloupe est donc la nouvelle terre de colonisation de l’insecte qui a été vu pour la première fois en mars 2021, dans un jardin de particulier sur la commune de Capesterre-Belle-Eau, lors d’une collecte d’échantillon par la FREDON Guadeloupe.

Un ravageur dangereux qui menace les récoltes de café de la Guadeloupe :

Bien qu’il soit un élément important d’une forêt saine et qu’il joue un rôle décisif dans la décomposition des bois morts, le scolyte en surpopulation est considéré par les spécialistes comme un ravageur très dangereux, car, en effet, il s’attaque à différents arbres malades ou mourants qui lui servent d’habitat. Cependant, comme le rappelle le site misterbois, si sa population augmente énormément en raison des conditions météorologiques favorables et donc l’humidité, le coléoptère peut se propager à des arbres sains et vitaux. Avec des conséquences dévastatrices pour les plantations et les forêts.

De plus, on sait que le scolyte s’adapte à l’ensemble des conditions agro climatiques favorables a` la culture du caféier, s’adapte également au rythme de sa fructification plus ou moins étalée au cours de l’année. Il s’abrite à l’intérieur des baies ou` il se développe et se reproduit. Les femelles devenues adultes ne quittent leur hôte que pour coloniser de nouvelles baies et assurer leur descendance. Pour faire simple, le scolyte des baies de caféier type femelle perce la baie, laissant apparaître un trou de perforation très caractéristique. Elle pénètre alors la cerise pour y pondre ses œufs. Les larves se nourrissent du grain de café, jusqu’à son pourrissement.

Il se propage avec l’activité humaine et peut être transporté dans les sacs, lors des déplacements des baies fraîches qui ont conservé leur enveloppe. Bernard Dufour explique que : “ Le vol est une forme autonome de dispersion de l’espèce, mais les vents violents ainsi que les activités humaines liées à la culture, la récolte et les traitements postrécolte, peuvent être responsables de sa dispersion sur de petites et moyennes distances. Par ailleurs, le commerce international et le tourisme pourraient être a` l’origine de sa dispersion sur des distances beaucoup plus grandes. Dans des régions ou` la caféiculture est fortement implantée, l’éradication d’H. hampei est quasiment impossible et selon les scientifiques, en Asie comme en Amérique, toutes les tentatives de grande envergure ont échoué.

Une propagation rapide, si bien que désormais, le scolyte serait présent dans presque la quasi-totalité des plantations de café, notamment celles de la Côte-sous-le-vent. Il aurait été observé à partir d’août 2021, lors du début de la récolte. Les pertes qui étaient d’environ 5% au départ, selon La 1ère, soit une centaine de kilos de café en produit fini, approchent maintenant les 10%, en fin de production. Une véritable catastrophe pour toute une filière qui se tourne vers les services de l’Etat pour la mise en place d’une lutte collective avec le déploiement de moyens efficaces et non polluants pour freiner la propagation du coléoptère

La crainte des producteurs guadeloupéens est justifiée, car, lorsque l’on sait que la Guadeloupe produit une vingtaine de tonnes de café par an et qu’elle le vend sur un marché à haute valeur ajoutée, c’est une toute une filière qui est en péril. Pendant très longtemps, dans les zones touchées, principalement en Amérique du Sud, dont le Brésil en tête, les producteurs de café ont eu recours à des insecticides très nocifs pour la faune, la flore ainsi que pour la santé humaine. Néanmoins, rassurez-vous, il existe des techniques saines élaborées par le CIRAD déjà testées dans d’autres pays. Il y a notamment :

  • La récolte sanitaire stricte au niveau des branches,

  • Le piégeage des femelles colonisatrices ;

  • L’application rigoureuse des opérations d’entretien dans les plantations.

Trois activités qui sont selon le Cirad complémentaires et efficaces contre ce ravageur. D’autre part, dans son dossier d’étude, l’organisme d’état souligne : “ qu’en période de migration, les scolytes tendent à se réfugier dans les baies résiduelles en attendant de coloniser les baies de la nouvelle fructification. Ainsi, l’élimination complète des baies résiduelles encore présentes sur les branches après la récolte (récolte sanitaire) empêche la survie d’une partie des populations du coléoptère. “ Dans son étude, le chercheur Bernard Dufour parle d’autres méthodes qui consistent à l’usage d’hyménoptères parasitoïdes, élevées dans manière artisanale depuis le Mexique jusqu’aux pays andins (efficacité qui serait vraisemblablement contestée). Autre méthode déjà testée et commercialisée sur d’autres marchés tel que le marché colombien, il s’agit de l’application de spores du champignon entomopathogène Beauveria Bassiana Vuill par aspersion. Autre méthode appréciée des producteurs, les pièges BROCAP. Au sujet de ces pièges, le CIRAD détaille que : “ les femelles de scolytes provenant des baies résiduelles au sol, sont capturées à l’aide de pièges BROCAP, maintenus dans les plantations.”


Installation du piège Brocap® © Bernard Dufour, Cirad

Comment fonctionnent les pièges ?

Selon le Centre de la recherche agronomique, les pièges BROCAP fonctionnent avec un attractif qui permet de capture les scolytes au cours de leur vol de migration. Un attractif d’un coût de 3$/piège et il serait indispensable de disposer de 18 pièges par hectare et de deux diffuseurs d’attractif par piège. Des prix dérisoires quand on voit les pertes que l'insecte peut occasionner.


Ainsi, grâce à sa forme adaptée au comportement d’approche de l’insecte et à son puissant mélange attractif, le piège BROCAP, permet de lutter efficacement contre ce ravageur, surtout lorsqu’il est utilisé dans le cadre d’une lutte intégrée et de produire par ailleurs un café naturel, sans résidus de pesticides. Concernant son efficacité, selon le centre de recherche, “ le piégeage de masse serait très efficace, avec jusqu’à 10 000 scolytes par piège et par jour,à l'occasion des grands pics de migration observés en zone tropicale, notamment en Amérique centrale, dans les plantations de variétés traditionnelles d'Arabica. Efficace également en zone équatoriale en adaptant la durée annuelle de fonctionnement des pièges. “ Une efficacité telle que le piège réduirait les invasions de 90% en zone tropicale, lorsque le piégeage est associé à d'autres composantes de lutte telles que la récolte sanitaire stricte au niveau des branches et les soins agronomiques apportés aux caféiers tels que la taille, la fertilisation et l'entretien du sol.



Tout savoir sur les recherches ici :












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