top of page
ELMS

Affaire Claude Jean-Pierre : " Nous sommes en attente d'une réelle justice pour Klodo " (vidéo)

Connaîtrons nous un jour, le fin mot de cette sordide affaire ? C'est en tout cas l'espoir de la famille de Claude Jean-Pierre, ce retraité décédé dans d'étranges circonstances en décembre 2021 suite à un contrôle de gendarmerie opéré sur la commune de Deshaies en Guadeloupe. Aidés de leurs avocats, depuis près d'une année, Fatia et Christophe mènent un combat sans relâche pour que la justice soit faite et qu'enfin, ils puissent faire leur deuil. Nous les avons retrouvé pour parler des suites de l'affaire, des conséquences de la publication de la vidéo, de l'ampleur médiatique de leur lutte pour justice soit faite pour Claude Jean-Pierre.



Fatia et Christophe les poings levés demandent justice pour Klodo. Photo : ELMS Photography

La Guadeloupe est-elle en train d'emprunter la même trajectoire que l'Hexagone ou encore celle des Etats-Unis ? A savoir, celle des violences policières et de l'impunité liée à l'uniforme. Vraisemblablement.


La Guadeloupe est-elle en train d'emprunter la même trajectoire que l'Hexagone ou encore celle des Etats-Unis ? A savoir, celle des violences policières et de l'impunité liée à l'uniforme. Vraisemblablement.


Dans la pensée commune, lorsque l'on évoque la question des brutalités policières, on pense d'emblée au pays de l'Oncle Sam. Il faut dire que ces dernières années, nombreux ont été les cas de violences policières relayées par la presse nord-américaine ou internationale. Pour la grande majorité d'entre-elles, les victimes sont bien souvent des afro-américains. Ce qui a favorisé à partir de l'année 2014, l'apparition du mouvement Black Live Matter qui a pris une envergure internationale suite à la mort de George Floyd.


La France, quant à elle, n'est pas en reste. Depuis la fin des années 1980, la presse nationale se fait l'écho de ces cas où des policiers ou des gendarmes sont accusés d'usage excessif de la force face à des populations, provenant en général des banlieues et issues de l'immigration. Mauvaise élève de l'Europe, la France figure en bonne place des pays européens où les violences policières sont courantes. Longtemps passées sous silence ou classées sans suite, quelques unes ont quand même défrayées la chronique. On pense aux affaires Zyed et Bouna en 2005,Lamine Dieng en 2007. Plus récemment ce sont les morts de Liu Shaoyao, El Yamni, Bah, Gaye Camara, Elabdani, Mederres, Gomes, Dramé, Legay, Kébé ,Kameni, Touat, Laronze, Rousseau Sissoko. Ce sont bien les médiatiques affaires Adama Traoré et les interpellations violentes de Théo Luhaka ainsi que celle de Michel Zecler, (ce producteur de musique d'origine martiniquaise qui a été véritablement agressé par la police dans son immeuble. Le motif de l'arrestation fut celui du non port du masque alors qu'il rentrait dans les locaux de son studio de musique.)


Cependant, c'est bien la violente répression du mouvement Gilets Jaunes entre 2018 et le début de l'année 2020, qui a mise en lumière ces problèmes. Manifestants éborgnés ou amputés dû aux usages excessifs des flashballs, des grenades de désencerclement de type GLIF-4, des armes proscrites ailleurs en Europe, car considérées par certains fabricants d'armes justement comme des armes de guerre,. Pourtant en France, elles sont encore utilisées sur le terrain.



Fatia et Christophe les poings levés demandent justice pour Klodo. Photo : ELMS Photography


Des violences policières par le passé :



Eloignée de l'Hexagone, la Guadeloupe s'est longtemps crue épargner par les violences policières; bien que de nombreuses affaires de brutalités policières jalonnent l'histoire de l'archipel. Celle qui revient le plus est lbien évidemment la répression de Mè 67 dont le bilan humain fut dramatique et la blessure est jusqu'à présent béante. Autre affaire, celle du lycéen Charles-Henri Salin, assassiné par un gendarme alors qu'il sortait du cinéma Rex. Une affaire qui n'a jamais été résolue puisque le gendarme Maas (c'est son nom), coupable de ce crime, a été dans un premier temps acquitté avant d'être déclaré coupable d'avoir «provoqué la mort sans intention de la donner». Cependant, toujours selon le Tribunal, il aurait eu «un motif légitime». Il fut même décoré pour ses états de service. Autre affaire, plus récente celle-là, en 2017, à Trois-Rivières, commune du Sud Basse-Terre, un père de famille appelle les secours pour son fils schizophrène. Au final, ce dernier est abattu par les hommes du RAID. Résultat 8 balles tirées, une famille endeuillée qui a porté plainte contre l'usage excessif de la force et un système judiciaire toujours silencieux, même 6 ans après les faits.



Affaire Claude Jean-Pierre, déjà un an et aucune avancée :



Depuis décembre 2020, une affaire ébranle la tranquillité des îles. Celle de Claude Jean-Pierre, du nom de ce retraité, de 67 ans décédé dans d'étranges circonstances suite à un contrôle de gendarmerie opéré le 21 novembre 2020 sur le territoire de la petite commune de Deshaies en Guadeloupe.


La suite on la connaît, les sapeurs pompiers sont appelés sur les lieux pour un malaise. Très vite, c'est le SMUR qui se rend sur place et qui prend le relais. L'état de Claude se dégrade. Conduit au CHU de Pointe-à-Pitre, plusieurs examens sont effectués par le médecin en charge. Ce dernier constate une double fracture des cervicales dont une instable qui compresse la moelle épinière. Par ailleurs, des hématomes sont également présents sur le visage de la victime, qui est entre temps conduite en réanimation. Il est ensuite opéré en urgence. L'opération se déroule le 24 novembre et aurait été un succès selon les dires des médecins du CHUG. Cependant, ils auraient admis à la famille que Klodo ne retrouverait pas une vie normale ou du moins pas avant un bon moment car, il y a une lésion à la moelle épinière mais que son pronostic vital n'était pas engagé. C'est donc le soulagement pour la famille et surtout pour la fille qui a fait le déplacement depuis l'Hexagone où elle réside. Pourtant, le jeudi 03 décembre, il décède. La famille porte plainte. Face à la pression populaire, une enquête est ouverte. Un mois, c'est le temps qu'aura mis la justice pour remettre aux avocats de la famille, les résultats de l'autopsie et les images des vidéos de surveillance de la municipalité de Deshaies. Autre fait répertorié dans ce dossier, le manque de neutralité du procureur la République de Basse-Terre, Xavier Sicot, censé défendre les intérêts communs, semble vouloir atténuer la responsabilité des gendarmes. Il justifie l'interpellation de Claude Jean-Pierre par une conduite hésitante causée par l'alcool. Par ailleurs, l'homme de loi estimait face à la presse que les règles d'interpellation avaient été respectées par les gendarmes mis en cause. Il n'aurait pas auditionné les gendarmes incriminés et encore moins saisi l'IGGN.




Fatia fille de Klodo lève ses poings et demande justice pour son père. Photo : ELMS Photography

Un an après les faits, l'affaire semble être au point mort. Connaîtrons nous un jour, le fin mot de cette sordide affaire ? C'est en tout cas l'espoir de la famille. Aidés du collectif d'avocats, présidé par Me Bernier, Fatia et Christophe, fille et gendre de Klodo mènent depuis ce jour tragique de décembre 2021, un combat sans relâche pour que justice soit faite et qu'enfin, ils puissent faire leur deuil. Notre journaliste les a retrouvé à Paris pour parler des suites de l'affaire et des conséquences de la publication de la vidéo par le site d'investigation Le Média, l'ampleur médiatique nationale et internationale que cela a causé et leur désir que justice soit faite pour Claude Jean-Pierre.



Rencontre avec la famille de Claude Jean-Pierre





Comments


bottom of page