Alors que l'enquête se poursuit, la famille est toujours en attente de réponses qui pourtant tardent à venir. Le 20 mai 2021 à la surprise générale, le site d'investigation Le Media dévoilait les images insoutenables de l'arrestation de Claude Jean-Pierre, ce septugénaire mort à la suite de son interpellation sur le territoire de la commune de Deshaies en Guadeloupe. Une arrestation qui fait écho à l'actualité locale et internationale autour des brutalités policières.
Les jours et les semaines se suivent et se ressemblent et à ce jour, toujours aucune avancée dans le dossier Claude Jean-Pierre. Un silence assourdissant et glacial donnant l'impression que la vie de ce septuagénaire ne comptait pas et pourtant comme le scandent les manifestants aux quatre coins du monde, " black lives matter" " all lives matter" toutes les vies comptent.
Cette affaire dont les habitants de la Guadeloupe se pensaient épargnés, ou oubliaient celles du passé, nous rappelle fortement l'actualité nationale ou internationale au sujet des affaires de violence policiere. Dès lors, une question peut-être posée : La Guadeloupe est-elle en train d'emprunter la même trajectoire que l'Hexagone ou encore celle des Etats-Unis ? A savoir, celle des violences policières et de l'impunité liée à l'uniforme. Vraisemblablement.
En effet, dès que l'on évoque la question des brutalités policières, on pense d'emblée au pays de l'Oncle Sam. Nombreuses sont les affaires qui ont émaillé les rubriques des plus grands médias internationaux ces dernières décennies. Dernière en date, la mort de George Floyd qui a permis la propagation du mouvement civil Black Lives Matter aux quatre coins du Monde. La France, quant à elle n'est pas exemptée. On pense à l'affaire Zyed et Bouna en 2005, l'affaire Adama Traoré, Théo Luhaka et plus récemment l'affaire Cédric Chouvia ou encore le tabassage en règle de Michel Zecler, ce producteur de musique d'origine martiniquaise qui a été véritablement agressé par la police dans son immeuble, (le motif de l'arrestation fut celui du non port du masque alors qu'il rentrait dans les locaux de son studio de musique.) La violente répression du mouvement Gilets Jaunes entre 2018 et le début de l'année 2020 est un autre exemple. Manifestants éborgnés ou amputés dû aux usages excessifs des flashballs, des grenades de désencerclement de type GLIF-4 qui au passage sont des armes proscrites ailleurs en Europe, car considérées par certains fabricants d'armes justement comme des armes de guerre, pourtant elles sont encore utilisées sur le terrain.
Malgré les preuves, une grande majorité de ces affaires, dénoncées par des associations, des journalistes ou par les familles des victimes n'aboutissent pas ou sont classées sans suite. Ou bien souvent, les policiers incriminés sont relaxés ou encore l'affaire traine durant des années sans qu'elle n'aboutisse. Donnant un sentiment d'impunité voire d'injustice, avec un pouvoir régalien du côté des hommes en uniforme.
L'affaire Claude Jean-Pierre semble elle aussi emprunter cette voie. Il y a six mois jour pour jour, le 3 décembre, Claude Jean-Pierre décédait au CHU de Pointe-à-Pitre. Tout était parti d'un simple contrôle le 21 Novembre par la gendarmerie sur le territoire de sa commune, Deshaie.
La suite on la connaît, les sapeurs pompiers sont appelés sur les lieux pour un malaise. Très vite, c'est le SMUR qui se rend sur place et qui prend le relais. L'état de Claude se se dégrade. Conduit au CHU de Pointe-à-Pitre, plusieurs examens sont effectués par le médecin en charge. Ce dernier constate une double fracture des cervicales dont une instable qui compresse la moelle épinière. Par ailleurs, des hématomes sont également présents sur le visage de la victime, qui est entre temps conduite en réanimation. Il est ensuite opéré en urgence. L'opération se déroule le 24 novembre et aurait été un succès selon les dires des médecins du CHUG. Cependant, ils auraient admis à la famille que Klodo ne retrouverait pas une vie normale ou du moins pas avant un bon moment car, il y a une lésion à la moelle épinière mais que son pronostic vital n'était pas engagé. C'est donc le soulagement pour la famille et surtout pour la fille qui a fait le déplacement depuis l'Hexagone où elle réside. Pourtant, le jeudi 03 décembre, il décède. La famille porte plainte. Face à la pression populaire, une enquête est ouverte. Un mois, c'est le temps qu'aura mis la justice pour remettre aux avocats de la famille les résultats de l'autopsie et les images des vidéos de surveillance de la municipalité de Deshaies, qui semble s'être terrée dans un silence assourdissant. Stupeur et incompréhension dans ce dossier, le procureur de la République, Xavier Sicot, censé défendre les intérêts communs semble vouloir atténuer la responsabilité des gendarmes. Il justifie l'interpellation de Claude Jean-Pierre par une conduite hésitante causée par l'alcool. Par ailleurs, l'homme de loi estimait face à la presse que les règles d'interpellation avaient été respectées par les gendarmes mis en cause. Il n'aurait pas auditionné les gendarmes mis en cause et encore moins saisi l'IGGN ( Inspection générale de la Gendarmerie Nationale).
Les images de l'interpellation dévoilées :
Alors qu'elle semblait au point mort, le 20 mai 2021, l'affaire a pris une nouvelle tournure avec la divulgation des images du contrôle par le site d'investigation Le Media.
Dans ces séquences vidéo, on voit bien que le retraité n'était pas agressif, bien au contraire, il obtempérait. Les gendarmes l'ont plaqué au sol avec violence, alors qu'il sortait de son véhicule. Klodo est resté plusieurs minutes au sol sous le soleil, d'ailleurs, pour les gendarmes incriminés utiliseront un chapeau qu'ils mettront sur son visage. Toujours selon le site d'investigation, le rapport d’autopsie évoquerait «la luxation de deux cervicales» lors de l’exfiltration de sa voiture.
Le lendemain de la divulgation des images, le procureur de la République convoquait la presse dans un style de communication bien ficelé durant lequel, l'homme de loi mettait en doute l'authenticité de la vidéo et le travail du journal en ligne, tout en maintenant que Klodo était en état d'ébriété ce jour-là, sans pour autant mentionner l'acte des gendarmes. D'ailleurs, ses propos ont été repris par divers organes de presse locaux qui ont brillé par leur manque de professionnalisme depuis le début de cette affaire. Cependant, Xavier Sicot, procureur de la République prétendait une nouvelle fois que «tout est fait pour trouver les éléments de réponse à apporter à la famille :
Cette fois, nous repartageons les 35 min de vidéo durent à regarder mais qui aura au moins permis à l’opinion publique de se rendre compte que Claude Jean-Pierre a bel et bien été victime d'une bavure policière.
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