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Emrick LEANDRE

Affaire Claude Jean-Pierre : l'enquête continue, une première étape vers la justice.

Dernière mise à jour : 21 avr. 2023

Non, il n'y aura pas de non-lieu. Contrairement aux réquisitions du procureur, la juge d'instruction a tranché, les investigations concernant le décès la mort du retraité guadeloupéen, se poursuivent. L'espoir renaît donc pour Fatia et Christophe, fille et gendre de Claude Jean-Pierre qui parlent d'une première victoire.



Fatia & Christophe. Photo par ELMS Photography


L'affaire Claude Jean-Pierre c'est cette affaire judiciaire impliquant deux gendarmes sur le territoire de la commune de Deshaies en Guadeloupe. Un banal contrôle routier qui s'est soldé par la mort d'un homme Claude Jean-Pierre que l'on surnommait affectueusement Klodo.


Depuis deux ans et demi, Fatia, fille de la victime épaulée par son compagnon Christophe ainsi que l'ensemble des membres de la famille Jean-Pierre demandent justice. Une justice qui se fait plus qu'attendre et qui pourrait bien malgré eux se solder par un "non-lieu" demandé par le procureur de la République Xavier Sicot. Fidèle à ses déclarations du début, le procureur a donc estimé ne pas avoir suffisamment d'éléments et a préconisé l'abandon des charges contre les deux gendarmes Charlier et Boyer. Deux noms pour deux hommes payés pour nous protéger et qui ont figé à tout jamais la vie de cette banale famille guadeloupéenne.


Pourtant malgré les images diffusées sur Le Média, montrant l'acte de violence à l'encontre du vieil homme, on y voit les gendarmes extraire brusquement Claude Jean-Pierre de son véhicule et sa tête heurter l’habitacle, les deux militaires incriminés, bénéficient du statut de témoin assisté. Un statut juridique qui leur confère des droits comme celui d'avoir un avocat, de consulter le dossier, de demander l'annulation d'un acte ou d'une pièce de la procédure, de demander des actes comme demander des expertises ou des contre-expertises. Un statut qui les protège de toute mise en accusation vu qu'à tout moment, le juge en charge de l'instruction peut demander un changement de leur statut juridique. Toutefois, ce qui dérange par-dessus tout avec le statuts auxquels ils ont eu droit, c'est que les gendarmes sont libres et de continuer à exercer leur profession.


N'oublions pas que la victime était bien Claude Jean-Pierre et dans une moindre mesure, la famille et n'ont pas les gendarmes par qui le scandale a commencé.


Alors que le 5 février, Xavier Sicot, procureur de la République demandait le non-lieu, c'était l'émoi en Guadeloupe. Nombreux sont ceux et celles qui voyaient cela comme une nouvelle injustice comme elles sont les légions dans l'histoire de la Guadeloupe.


Cependant, coup de théâtre, il n'y aura pas de non-lieu. Contrairement aux réquisitions du procureur, la juge d'instruction a tranché, les investigations concernant le décès la mort du retraité guadeloupéen, se poursuivent. L'espoir renaît donc pour Fatia et Christophe, fille et gendre de Claude Jean-Pierre qui parlent d'une première victoire. Nous avons recueilli leurs réactions.



Fatia & Christophe. Photo par ELMS Photography


The Link Fwi : " Bonjour Christophe et Fatia, c'est toujours un honneur et un plaisir de vous recevoir sur The Link Fwi. La décision est tombée, hier, le juge d'instruction a décidé de poursuivre les investigations concernant la mort tragique de Klodo, votre père et beau-père, comment vous sentez vous ? Pensez-vous que vous avez été écouté ?


Fatia : Tout d'abord, nous tenions à vous remercier de toujours nous donner la parole. Merci à vos lecteurs, lectrices qui vont lire cette interview. C'est important pour nous d'avoir des presses indépendantes qui nous donnent la parole librement. Pour revenir à la question, nous sommes contents de voir que la juge a décidé de poursuivre l'enquête de ne pas suivre les réquisitions du procureur et cela montre bien qu'il y avait des zones d'ombre sur notre affaire. Comme elle le dit elle-même, il y a un souci de vérité. Depuis, le début nous avons la posture, nous sommes transparents mais malheureusement l'ancienne juge qui était en charge du dossier n'a pas eu le même regard que sa remplaçante. Nous considérons cette décision comme une " petite victoire". Ce n'est pas une fin en soi mais c'est une victoire.


Christophe : En effet, c'est une première satisfaction, une petite victoire. Un juge d'instruction qui ne suit pas les réquisitions d'un procureur c'est pratiquement inédit en Guadeloupe. Nous pouvons nous satisfaire de la mobilisation populaire, médiatique, artistique qui ont lieu en Guadeloupe et au delà. Nous voyons tout ceci comme une petite victoire rien que le fait de voir autant de monde autour de la cause de Claude Jean-Pierre, c'est une première étape mais la mobilisation doit continuer et même se renforcer voire s'intensifier.



TLFWI : Comment avez-vous appris cette décision ? "


Christophe : Figurez vous que nous l'avons apprise de façon tout à fait imprévu. Alors que je sortais du travail, j'ai été contacté par une journaliste de l'AFP qui voulait ma réaction concernant la décision du juge. J'étais étonné. De là, elle m'explique que l'AFP a reçu un communiqué du procureur indiquant que de nouvelles investigations allaient être menées. Elle voulait donc avoir notre réaction par rapport à ça. Je lui ai donc répondu que certes, nous avions eu un retour du juge nous signifiant que de nouvelles investigations allaient être menées mais il n'y avait rien d'officiel et que nous étions en attente d'un communiqué de presse officiel avant de communiqué dessus. C'est par voie de presse que nous l'avons découvert, nous avons échangé avec nos avocats avant de parler à la presse. C'est une première étape mais nous devons continuer de nous mobiliser.


The Link Fwi Pensez-vous que c'est le fait que vous soyez venus en Guadeloupe que vous ayez mobilisé la population qui a influencé sur la décision du juge ? "


Fatia : Selon moi, il y a eu plusieurs éléments qui ont pesé dans la décision. Il y a dans un premier temps, les observations rendues par le collectif des avocats qui nous représentent. Il faut savoir que le procureur a donné ses réquisitions et nos avocats avaient un mois pour remettre des observations concernant cette décision. Chose qui a été faite. C'est la première chose qui a pesé dans la balance. Deuxième chose, c'est la mobilisation du peuple Guadeloupéen, des politiques, des artistes et toutes celles et ceux qui nous soutiennent depuis le début. Cela a permis que l'affaire soit vue différemment et cela a favorisé la décision du juge qui a vu qu'il y avait des choses à faire sur ce dossier. Nous sommes satisfaits de voir que tous nos efforts ont payé.


Christophe : Effectivement, nous nous rendons compte que la mobilisation militante qui a eu lieu devant le tribunal de Basse-Terre, où vous étiez présents. Pour rappel, à cette période, nous avions un procureur qui disait que la rue ne ferait pas changer sa décision. Au final, le constat est là. Peut-être que cela n'a pas changé sa décision mais elle, la juge a opté pour une voie différent de celle qui lui avait été demandée, avec des réquisitions de "non-lieu". Nous attendons avec impatience les nouvelles investigations afin que nous sachions la vérité. Surtout nous tenions à maintenir la mobilisation car, ce n'est pas le moment de se relâcher juste parce que nous cette avis du juge. Tout reste à faire.


TLFWI : Quelle est la prochaine étape pour vous en terme personnel et judiciaire ? "


Fatia : La prochaine étape pour est de continuer à mobilisation. J'ai envie de dire que c'est ancré en nous puisque tant que nous n'avons pas cette mise en examen nous ne pourrons pas baisser les bras. Nous continuons à rassembler autour de nous tout le monde. Au niveau personnel, nous allons essayer de nous reposer parce que le combat de Klodo est un combat de tous les jours. Nous nous battons corps et âme. Nous allons poursuivre la mobilisation, mais nous allons tenter de nous consacrer aussi à notre vie intime.


Christophe : Clairement ,nous allons continuer à faire ce que nous faisons depuis le début, mobiliser autour de nous la population. Nous allons toucher des médias hexagonaux. Nous allons aussi rencontrer le monde syndical et militant puisque la France connaît en ce moment une période assez compliquée d'un point de vue social. Il y a beaucoup de militants syndicaux qui nous ont invité à venir les rejoindre. Nous irons vers la population pour lui expliquer le but de notre démarche et porter la voie du combat et la vérité. Nous essaieront de maintenir cette pression médiatique et populaire pour que les décisions soient en notre faveur et qu'en fin, nous obtenions enfin ce procès et qu'il soit en notre faveur.



The Link Fwi : Savez-vous quand les investigations vont-elles reprendre ? "


Fatia : Pour être honnête, nous ne savons pas encore les dates. Justement nous devons faire le point avec nos avocats concernant l'ensemble de la procédure. Nous n'avons pas encore de date mais ça ne saurait tarder.




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