En fin de semaine dernière, la présidence de la République annonçait dans son communiqué de presse à l'attention des médias nationaux, une prise de parole du président de la République, Emmanuel Macron. Très attendu sur les suites à donner au confinement et sur la question de son prolongement, le président a effectivement prit la parole Lundi, en direct du bureau présidentiel et retransmis sur l'ensemble des chaînes et radios nationales. Il a notamment annoncé le prolongement du confinement jusqu'au 11 Mai.
Depuis le début du confinement, le président et le gouvernement n'ont pas cessé de prendre la parole pour tenir informer les citoyens. Entre les effets d'annonce, les contradictions, les discours martiaux, le président veut être le leader qui rassure la nation face à ce moment tragique et historique.
Petit récapitulatif des allocutions présidentielles :
La première allocution remonte au jeudi 12 mars. Emmanuel Macron y annonçait la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités à compter du lendemain soir. Ce jour là il a décidé de maintenir le premier tour des élections municipales du dimanche 15 mars.
Le lendemain des résultats du premier tour, le président Macron reprend la parole et annonce le début du confinement pour deux semaine. Au cours de ce discours, le Président prend la décision de reporter le second tour des élections municipales au mois de Mai. Son discours martial dans lequel, il décrit le virus comme l'ennemi invisible qui a infiltré la France et qui doit être combattu. " Nous sommes en guerre", une guerre sanitaire évidemment dans laquelle la guerre est entrée et dont l'issue ne pourrait être que la victoire totale contre le Coronavirus. Pour cela, le Emmanuel Macron avait imposé un confinement encore plus strict.
Le 25 Mars dernier, le Président prononce son troisième discours de crise en direct de l'hôpital de Mulhouse, ville où les premiers cas de Covid-19 ont été détectés. Toujours dans un style martial, le président Macron a rendu hommage aux personnels soignants de Mulhouse mais aussi tous ceux qui sont en première ligne face à l'épidémie. Au cours de cette allocution télévisée, le Président Macron en homme de terrain a lancé l'opération Résilience,
Pour cela, Emmanuel Macron a fait appel à l'effort national et a lancé l'«Opération Résilience » semblable à l'«Opération Sentinelle » pour le terrorisme. Cette opération basée sur le déploiement des forces armée dans les territoires les plus touchés, (Corse, Grand-Est, Outremer) est consacrée à l’aide et au soutien aux populations, ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie. Parmi les décisions prises par Président de la République, fut l'envoie des deux Portes-Hélicoptères, le Mistral qui est depuis arrivé dans l'Océan Indien, et le Dixmude qui devrait arriver en Martinique afin d'épauler les équipes médicales des départements français d'Amérique, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. A travers son discours, Emmanuel Macron a appelé à la solidarité à l'unité et au courage des français face à la tragédie qu'est le Coronavirus. « L’unité et le courage, nous permettront de vaincre, nous ne sommes qu’au début, mais nous tiendrons »répétant à nouveau plusieurs fois « nous sommes en guerre ».
Discours à la nation du Lundi de Pâque :
D'ordinaire à cette période, les français célèbrent Pâque en famille ou entre amis, autour d'un bon plat concocté pour l'occasion. Pâque annonçant le retour des beaux jours, nombreux sont les français qui se rendent à la plage, à la rivière ou aux abords des lacs, tout dépend de la région dans laquelle on se trouve, n'oublions pas que Mayotte est un territoire musulman. Aux Antilles-Françaises, plus précisément en Guadeloupe comme en Martinique, la période pascale est le moment le plus important de la vie religieuse. C'est surtout l'occasion pour eux de camper sur les bords des plages ou des rivières en famille ou entre amis. C'est aussi l'occasion pour eux de déguster des plats à base de crabe. Cette année, le Coronavirus aura eu raison de la tradition. En effet, à la demande des autorités sanitaires, les guadeloupéens et les martiniquais se sont confinés chez eux, tout le week-end pascal. Les églises vides ont quand même célébré les traditionnelles messes pascales.
Ce lundi, le président de la République, Emmanuel Macron s'est une nouvelle fois adressé à la nation. Il s'agit de sa quatrième allocution présidentielle depuis le début du confinement suite à la propagation du virus Covid-19 sur le territoire national. Très attendu sur les suites à donner au confinement et sur la question de son prolongement, le président a fait plusieurs annonces et lever le voile sur les doutes subsistants et tous les sujets ont été abordés. Analyse.
1) Mea-Culpa du Président sur la mauvaise gestion de la crise sanitaire :
Durant 27min49 sec, Emmanuel Macron assis au bureau présidentiel, lieu de décision et symbole du pouvoir politique marquant, on a eu droit à un discours d'une autre nature. Le président a préféré adopté un style langagier qui diffère des discours précédents. Autant qu'auparavant le président adoptait un style martial avec un ethos de chef de guerre conduisant la nation à la victoire, le Président a cette fois choisit pour un autre style d'Ethos dans son discours. L'Ethos c'est « tout ce qui, dans l’énonciation discursive, contribue à émettre une image de l’orateur à destination de l’auditoire ».
Moins martial, avec un ton moins grave, des mots choisis pour rassurer, Emmanuel Macron a voulu s'ériger en président rassurant, invitant à l'unité et à la solidarité, tout en rappelant que la guerre contre le Covid-19 est loin d'être terminée. Il est vrai que, la situation reste très préoccupante en France et dans le monde. Dans le Grand Est et en région parisienne, notamment, les hôpitaux sont toujours débordés.Près de 15 000 décès (chiffres de ce lundi soir) sont à déplorer dans l’Hexagone. Dans les territoires d'Outre-mer on dénombre officiellement ( sans les chiffres des médecins généralistes et spécialistes) 1097 cas avérés ont été dénombrés dans neuf territoires. On comptabilise également 21 décès.
Si la (légère) baisse du nombre de patients en réanimation se poursuit, près de 7 000 personnes se trouvent encore dans un état grave. L'un des points marquants de ce discours est le fait qu'Emmanuel Macron a avoué que le Gouvernement n’avait pas assez préparé cette crise sanitaire et que le Coronavirus avait été sous-estimé. « Étions nous préparés à cette crise ? A l’évidence pas tout à fait. Mais nous avons su nous adapter", avant de conclure; le moment que nous vivons est un ébranlement intime et collectif[...] Nous en tirerons toutes les conséquences. Nous avons dû nous adapter sans cesse. Ce virus était inconnu. Cette épidémie a révélé des failles, des insuffisances. Nous avons manqué de masques, de gels, de blouses… Dès l’instant où ces problèmes ont été identifiés, nous nous sommes mobilisés. Les commandes sont, désormais, passées et nos entreprises françaises répondent présent ». Le président a aussi admis des failles dans la gestion de la crise : « le moment a révélé des failles des insuffisances" évoquant notamment le matériel manquant, tel que les masques, avant d'affirmer que "les commandes sont désormais passées. D’ici 3 semaines, nous autons multiplié par 5 la production de masques pour nos soignants et nous aurons produit 10 000 respirateurs de plus. »
2) Prolongement du confinement jusqu'au 11 Mai :
Plusieurs fois repoussé au cours de ces dernières semaines, par le président lui-même, depuis un mois, les français sont invités à respecter les mesures d'hygiène et le confinement le plus strict. Les rumeurs sur un prolongement du confinement abondaient ce week-end, elles ont été confirmées. Au cours de son discours, le Président Macron a décidé de prolonger le confinement de un mois. Il prendra fin le 11 Mai prochain.... au moins ! car tout dépend de cas de Coronavirus.
« si la situation s’améliore, l’épidémie reste toujours présente. Le confinement le plus strict doit encore se poursuivre. La fin du confinement le lundi 11 mai ne sera, toutefois, possible que si le maintien à domicile est respecté et si l’épidémie ralentit. Je demande à tous nos élus d’aider à ce que ces règles de confinement soient les mêmes partout. Il faut aussi continuer à appliquer les gestes barrières. »
En ce qui concerne la sortie du confinement, le Président a annoncé qu'elle se ferait par étape. La reprise des écoles pareil. Conscient des difficultés de certains élèves à poursuivre leurs scolarité pendant le confinement, car, ils sont nombreux à ne pas avoir de connexion internet, d'ordinateurs.
« Nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées. Trop d’enfants dans les quartiers populaires et les campagnes sont privés d’école, sans avoir accès au numérique. Il faudra organiser différemment le temps et l’espace, bien protéger les enseignants et les élèves ».Les cours, par contre, ne reprendront pas avant le mois de septembre dans l’enseignement supérieur.
3) Multiplication des dépistages et utilisation des masques :
Parmi les critiques émises contre le Gouvernement, le refus de pratiquer les dépistages à la population. Les critiques les plus virulentes comparaient la position gouvernementale avec les actions menées dans d'autres pays dans le Monde qui ont utilisé les dépistages dès le début de l'épidémie. En France, il y a eu un manque d'anticipation de la part de l'Etat, mais il faut rappeler que les matériels de tests ne sont plus produits en France mais en Chine et aux Etats-Unis, donc le manque de logistique sur le territoire a fait que le Gouvernement a refusé les tests pour la population. Cette fois, en suivant les recommandations du Conseil Scientifique le Président a changé sa position et, il a évoqué des dépistages qui seront menés par les laboratoires publics et privés. Toute personne présentant des symptômes devra "être testée".
« À partir du 11 mai, tous les laboratoires publics et privés seront en capacité de tester toutes les personnes présentant des symptômes. Les personnes ayant le virus pourront être mises en quarantaine. Une application numérique dédiée permettra de savoir si une personne a été en contact avec une personne contaminée. Nos assemblées devront, toutefois, débattre de cette application avant le 11 mai...»
Pour les masques, les gants et les appareils respirateurs faisaient cruellement défaut et pendant longtemps le gouvernement a oscillé entre les doutes, les suppositions et même le refus de voir la population porter des masques à toute occasion. Des décisions qui ont suscité de vives critiques de part et d'autre de l'échiquier politique, aujourd'hui le président a changé sa position en
« En complément des gestes barrières, l’État devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public. Ce sera possible grâce à nos importations et aux productions des entreprises françaises».
4) Aide aux étudiants de l'Hexagone et surtout ceux de l'Outremer :
L'Outre-mer grand oublié du discours politique de crise du Président, aucune phrase à l'attention de ces territoires éloignés qui affrontent eux-aussi le Covid-19 avec des difficultés propres à leurs spécificités. Parmi elles on retrouve principalement, le manque de matériel et le manque accru de personnels soignants dans les hôpitaux, les problèmes d'eau et de salubrité pour certaines de ces régions. Pourtant, le Président n'a pas abordé les sujets marquants pour les Outre-mers qui attendaient des réponses fortes. Cepdendant, Emmanuel Macron a parlé d'une aide financière qui sera accordée aux personnes en situation de précarité parmi lesquels les étudiants et surtout les étudiants ultramarins du fait de l'éloignement de leur région d'origine. Cette aide sera abordée au cours du Conseil des Ministres de Mercredi.
« Une aide exceptionnelle aux familles les plus modestes avec des enfants, afin de leur permettre de faire face à leurs besoins essentiels[...] Les étudiants les plus précaires, en particulier ceux qui vivent loin de leur famille, en particulier lorsque celles-ci vivent en Outre-mer, seront aussi aidés. Des étudiants qui -à la différence des écoliers et des lycéens qui pourront retrouver le chemin de l’école à partir du 11 mai- ne reprendront les cours « pas avant l’été»
5) Aide aux entreprises pour la reprise de l'économie :
Ce week-end, le président du MEDEF , Geoffroy Roux de Bézieux, avait créé la polémique en demandant aux salariés de travailler un peu plus à l’issue du confinement.
« Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire », estimait le responsable patronal dans cet entretien. Car « l’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020 »
Un avis partagé par la secrétaire d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher, mais qui a fait réagir les syndicats tant au niveau national que local en Outre-mer, qui ont fustigé les propos tenus par le représentants des patrons français. Néanmoins, une chose est sûre il faudra les questions de la reprise du travail et celle de la relance économique devront être abordées tôt ou tard. Épidémie et confinement obligent, le recours au chômage partiel a été demandé par 700 000 entreprises et associations, pour huit millions de salariés, soit trois millions de plus en une semaine. Des données révélées, samedi, par Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. La reprise économique d’après confinement s’annonce donc extrêmement compliquée pour un grand nombre de commerces, d’entreprises artisanales et de PME.
Dans son discours à la nation, Emmanuel Macron n'a pas manqué d'aborder cette épineuse question et, il s'est voulu rassurant pour tous les entrepreneurs, les petits entrepreneurs qui sont dans le doute, l'incertitude face à l'avenir de leurs entreprises :
Je sais les angoisses des entrepreneurs. J’ai demandé au gouvernement d’accroître les aides. Je souhaite que les banques décalent les échéances et que les assurances soient au rendez-vous. Un plan spécifique sera mis en œuvre pour les secteurs qui seront durablement affectés. Des annulations de charges et des aides spécifiques seront mises en place », notamment pour les professionnels du tourisme. Des aides très attendues par les socio-professionnels aussi bien dans l'Hexagone qu'en Outre-mer. Une chose est sûre, l'actuelle épidémie de Coronavirus est un véritable coup dur pour les entreprises notamment les moyennes, les petites et les très petites entreprises. Un accompagnement de l'Etat sera le bienvenu.