Donald Trump, fidèle à son style, a pendant longtemps nié la menace qui pesait sur son pays. Il y a quelques semaines de cela, il paradait même devant les caméras, en vantant comme à l'accoutumer, les bien-faits du système américain. Le président des Etats-Unis prenait avec mépris le virus Covid-19 qu'il qualifiait de virus " Chinois", allant même jusqu'à nier le taux de létalité du Covid-19 (3,4 %). Aujourd'hui, les USA sont devenus le pays le plus touchés et sont même devenus le deuxième pays au monde avec le plus de victimes. Contrairement aux autres pays où le système de santé est un droit universel, au pays de l'Oncle Sam, se soigner peut coûter très cher.
Ah ! Les Etats-Unis, leurs buildings en verre, leurs malls, leurs avenues mythiques. Ah ! Les Etats-Unis et leur culture diffusée par le biais de la NBA, la NFL, le Baseball ou son cinéma Hollywoodien, ses universités prestigieuses de la Ivy League, tel que Harvard, Yale, Standford, Princeton, Brown, Colombia, Darthmouth etc. Il faut le dire, les Etats-Unis fascinent sur tous les points et ils sont des millions chaque année à vouloir tenter le chance au pays de l'argent roi et ils sont nombreux à rêver d'une belle vie, d'un travail correctement payé, d'une belle maison dans les banlieues chics à la Desperate Housewives. En somme, ils sont nombreux à vouloir vivre leur American Dream.
En 2014, le nombre d’immigrés dans le pays était de 42,4 millions soit 13,3% de la population totale. Pour la même année, le Département de la sécurité intérieure des États-Unis a enregistré 11,4 millions d’immigrés illégaux répartis à travers le pays. Près de 80% seraient originaires d’Amérique du Nord, Centrale et des Caraïbes. Les Mexicains représentent à eux seuls 60% des immigrés illégaux selon le département de la Sécurité intérieure des États-Unis. En 2017, ils étaient 49,8 millions d'immigrés et en 2018, on comptait 48 millions d'immigrés sur le territoire américain soit 15% de la population américaine qui est de 326 millions. L'immigration sujet sensible au Pays de l'Oncle Sam qui est régulièrement au centre des débats lors des élections présidentielles. Donald Trump, en 2016,il a fait de l'immigration son principal cheval de bataille lors des élections présidentielles cette année là. Pays d'immigration par excellence, les Etats-Unis sont un pays cosmopolite, multiculturel, métissé et ce malgré les nombreux chapitres sombres qui parsèment l'histoire de cette jeune nation où le monde entier se retrouve à l'intérieur de ses frontières.
Cependant, tout n'est pas rose aux Etats-Unis. Pays du capitalisme extrême les inégalités sociales sont criantes. On peut dire que depuis la relance économique et la période de croissance sous la présidence de Donald Trump les inégalités sociales n'ont jamais été aussi profondes. Selon les statistiques officielles, en 2015, la pauvreté concernerait officiellement 43,1 millions de personnes, soit 13,5% de la population américain. En 2014, 47 millions d'américains recevaient des bons d'aide alimentaire, les fameux Food Stamp. En 2017,12,3% de la population est considérée comme pauvre soit 39,7 millions d'Américains. Les années Trump ont été marquées par plein emploi, 4% de taux de chômage en 2018, et de ce fait, il y a eu une très légère baisse de la pauvreté. Pour l'année 2018, près de 12% de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit près de 39 millions d’Américains sont touchés par la pauvreté. Evidemment, ce sont les Etats du Sud qui sont le plus touchés par la pauvreté. Son taux de pauvreté s’établit à 13,5%. À l’opposé, le nord-est et le centre des États-Unis affichent les taux de pauvreté les plus faibles, autour de 10%. L'incroyable réussite économique des États-Unis a essentiellement profité aux plus riches. D'ailleurs selon les statistiques, la fortune des trois familles les plus riches des États-Unis a augmenté de 6 000% en trente-cinq ans, tandis que le revenu médian américain diminuait de 3% dans la même période.
Un système de santé inégal et complexe :
L'une des conséquences les plus manquantes de ces inégalités est évidemment le système de santé. Alors qu'en France, l'accès aux soins est un droit universel. Ainsi, chaque Français(e) est libre de choisir son médecin traitant, un spécialiste en accès direct, son établissement de santé, sa structure d’hébergement, ceci dans le secteur public comme dans le secteur privé. D'ailleurs le Pays des Droits de l'Homme figure dans les classements mondiaux des pays avec le meilleur système santé au Monde, même si, ces vingt dernières années, le système de soin français a été au coeur des politiques d'austérité menées par les différents gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédés. D'ailleurs en France, plusieurs lois ont été adoptées afin de garantir aux citoyens un accès aux soins, on appelle cela " la démocratie sanitaire ". La loi n°2002-303 du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système santé, réaffirme le respect des libertés des patients, le malade est considéré comme non seulement une personne détentrice des droits fondamentaux mais d'abord comme un usager à titre individuel dans sa relation avec la profession médicale, ensuite, à titre collectif par son rôle dans les institutions de santé. La loi de 2004-806 du 9 Août 2004, concernant la politique vaccianale se donne pour objectif de développer une politique de santé rééquilibrée entre préventions soins et réadaptation. Avec cette loi, la priorité du Gouvernement est axée sur la réduction de la mortalité, de la morbidité évitables ( avant 60 ans), la lutte contre les inégalités de santé, l'amélioration de la qualité de vie des personnes en situation de handicap ou de perte d'autonomie et la prise en compte des déterminants de santé dans leur globalité. Enfin il y a la loi n°2009-879 du 21 Juillet 2009 portant réforme sur l'organisation de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires qui a eu pour objectif de mettre en place une offre de soins gradués, accessibles à tous, satisfaisant à l'ensemble des besoins de santé. Elle propose une modernisation globale du système de santé avec la modernisation des établissements de santé, l'amélioration de l'accès à des soins de qualité, la prévention et la Santé Publique, l'organisation territoriale du système de santé avec depuis la création d'Agences Régionales de Santé présentes sur l'ensemble du territoire national.
De plus, en France, l'Etat est le garant de l'intérêt public et de l'amélioration du de l'état sanitaire de la population.Il doit donc mettre en oeuvre toutes les mesures tendant à assurer la plus grande égalité possible des citoyens face à la maladie et à promouvoir la Santé Publique. De ce fait en France, la santé est aux mains de l'Etat. C'est aussi la raison pour laquelle le système de santé à la française est considéré comme le plus coûteux au Monde. Le Français dépensent-ils pour leur santé 2.977 euros par an et par personne en 2017, c'est le montant de la consommation de soins et de biens médicaux, selon cette étude du ministère des Affaires sociales. Selon l'Insee, en 2017, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) est évaluée à 199,3 milliards d’euros (Md€), soit 2 977 euros par habitant. Elle représente 8,7 % du PIB (– 0,1 point par rapport à 2016). Bien qu’en hausse de 1,3 % par rapport à 2016, la CSBM ralentit fortement et atteint en 2017 sa plus faible croissance depuis dix ans. Celle-ci s’explique par le fort ralentissement des volumes (+ 1,4 point en 2017 contre + 2,9 points en 2016) qui fait plus que compenser les effets de prix (– 0,1 point en 2017 contre – 0,9 point en 2016). En 2018, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) est évaluée à 203,5 milliards d’euros (tableau 1), soit 3 037 euros par habitant. Elle progresse moins vite en 2018 (+1,5 %) qu’en 2017 (+1,7 %) : le plus fort dynamisme des volumes (1,7 %, après 1,5 % en 2017) est atténué par un léger recul des prix de la CSBM (−0,2 %). En 2019, selon les données du Ministère des Solidarités et de la Santé, reposant sur les données de l'année 2018, la CSBM représente 8,6 % du PIB et 12,5 % de la consommation effective des ménages. En somme, le système de santé français est efficace mais très coûteux.
Pays ultra-libéral et fédéral, Les Etats-Unis ont opté pour un autre système de santé. Contrairement à des pays comme la France, où la santé est un droit universel garantit par l'Etat, l'Etat Fédéral américain joue un rôle bien moindre. Contrairement au système français, il n’existe pas aux Etats-Unis de régime général d’assurance-maladie : le pays de l'Once Same reste à ce jour, la seule nation industrialisée à ne pas posséder de système de santé universel. Le système américain est même très complexe. Il est centré sur le concept de « service » : des entités des secteurs public ou privé « achètent » des services de santé à des « fournisseurs », ceux-ci étant soumis à des régulations imposées par le gouvernement fédéral mais également spécifiques de chaque Etat. Par ailleurs, il fait intervenir différents acteurs des secteurs public et privé. Parmi les organismes publics on trouve, « U.S. Department of Health and Human Services » (HHS) qui est la principale agence de santé aux Etats-Unis, Center for Disease Control and Prevention (CDC) est une agence du HHS et la principale agence de santé publique aux Etats-Unis. La “Food and Drug Administration” (FDA) qui assure la sécurité et l’efficacité des médicaments humains et vétérinaires, des produits biologiques, dispositifs médicaux et denrées alimentaires ainsi que des produits cosmétique et les National Institutes of Health (NIH) qui conduisent de nombreux programmes de recherche destinés à améliorer la santé des citoyens américains. Ces instituts constituent la principale agence de financement de la recherche en santé aux Etats-Unis. En Outre, les Etats fédérés ont eu aussi leur propre politique de santé et de couverture santé. La plupart des Etats disposent de départements administratifs similaires à ceux retrouvés au niveau fédéral (Division of Insurance, Department of Health…). De façon notable, les Etats participent au financement du programme Medicaid et à sa régulation, et établissent également les règles en matière d’assurance santé privée au sein de l’Etat et ce sont les gouverneurs, les garants de la santé publique au sein de leur état. On a pu le constater avec
Au niveau des assurances privées, elles sont regroupées au sein d'organismes privés, à titre d'exemple, l’America’s Health Insurance Plans (AHIP) est une organisation nationale qui représente près de 1300 entreprises privées fournissant une couverture d’assurance santé.
D'ailleurs, aux USA, les assurances privées sont fournies aux citoyens par le biais de leurs employeurs. Ainsi tant, qu'on est employé dans une enseigne on est assuré, mais si on perd son travail, on perd l'assurance santé. Autre spécificité américaine, les citoyens peuvent également cumuler plusieurs assurances privées et en souscrire une supplémentaire, complémentaire à celle fournie par l’employeur. L'assurance privée est encore le moyen de couverture le plus répandu. D’après le rapport du « U.S Census Bureau » paru en septembre 2017, 67,5% des citoyens américains possédaient en 2016 une assurance santé privée pour 37,3% qui bénéficiaient d’une couverture de santé publique. Pour beaucoup, ces assurances sont extrêmement coûteuses et beaucoup d'américains préfèrent ne pas y souscrire. En 2017, 8,8%, soit 28,5 millions de personnes étaient sans assurance maladie. En 2018, ils étaient ainsi 27,5 millions à n'être couverts par aucune mutuelle, soit 10% de la population
Certes, il existe des assurances publiques mais elles couvrent que certaines catégories de personnes (âgées et/ou défavorisées); elles sont regroupées au sein de programmes politiques publiques. Le plus ancien, est le Medicare, programme d’assurance santé fédéral instauré en 1965 par Lyndon B. Johnson. Selon le Center for Medicare & Medicaid Services, 58 millions d’américains bénéficiaient durant l’année civile 2017 du programme Medicare, qui a évolué au cours des dernières décennies, et il est destiné seulement à une partie de la population, tel que les personnes âgées de 65 ans ou plus, les personnes de moins de 65 ans avec certaines incapacités; le Medicaid instauré en 1965; et co-financé par le gouvernement fédéral mais géré par chacun des Etats, destiné aux individus et familles possédant de faibles revenus. Cependant, les conditions d’éligibilité au programme ne sont pas identiques selon les Etats, plus ou moins restrictives. Selon le Center for Medicare & Medicaid Services, 72 millions d’américains bénéficiaient durant l’année civile 2017 du programme Medicaid. Certains Etats proposent un programme « Medicaid » prenant en charge directement les actes de santé. D’autres en revanche font appel à des assurances privées pour fournir une couverture santé aux bénéficiaires. Dans ce cas, les Etats payent directement les assurances privées. Les Etats ont l’obligation d’assurer une couverture santé via le programme pour des services tels que les consultations chez les médecins généralistes, les hospitalisations, les soins préventifs (mammographies, coloscopies par exemple) ou encore les services liés à la santé mentale.
Plus récemment, la loi dite Obamacare, surnom donné à l’Affordable Care Act, promulgué le 30 mars 2010 par Barack Obama et appliqué depuis le 1er janvier 2014. La raison d’être de ce texte de loi est de faire bénéficier tous les citoyens américains, et plus particulièrement les plus démunis, d’une couverture santé. Pour ce faire, cette loi oblige tous les citoyens à souscrire une assurance santé auprès d’un assureur privé. Ainsi , les personnes qui étaient déjà couvertes à titre individuel mais dont la police ne correspondait pas aux exigences de l’Obamacare ont été invitées à changer d’assureur à la fin de l’année 2014. Une aide financière a par ailleurs été accordée aux Américains disposant de revenus plus modestes. Les citoyens n’ayant souscrit aucune assurance doivent depuis 2015 payer une pénalité. Grâce à l’Obamacare, la proportion de la population américaine non assurée est passée de 16% à 8,9% de 2010 à 2016. La loi oblige également les entreprises de plus de 50 employés à proposer une couverture santé à leurs employés. Enfin, l’Obamacare permet de faciliter l’accès au programme Medicaid dans les différents Etats : les Etats sont libres de choisir d’abaisser ou non le seuil financier pour bénéficier du programme Medicaid. Dans les Etats qui ont décidé de mettre en place cette réforme, toute personne ou ménage dont les revenus annuels s’élèvent à moins de 133% du seuil de pauvreté national peut désormais bénéficier du programme. Lors de la signature du texte en 2010, Barack Obama annonçait une première estimation du coût de l’Obamacare de 940 milliards de dollars sur les 10 premières années du programme (de l’année fiscale 2010 à l’année fiscale 2019). En 2012, le Congressional Budget Office a révisé cette estimation, l’élevant à 1760 milliards de dollars.
Pour un certain nombre de citoyens, environ 14 % ( chiffres de 2016) à l’heure actuelle, ne disposent d’aucune assurance. Se soigner aux USA est donc très cher. Sur l'année fiscale 2017, le montant moyen dépensé par un Américain pour son assurance santé était de 6690$. Pour une famille, ce montant moyen était de 18 764$.
Les pauvres et les minorités premiers concernés par le Coronavirus :
En quelques semaines, les Etats-Unis ont dépassé en nombre de personnes infectées des pays comme la Chine (81 953 cas confirmés, 77 525 personnes guéries, 3 339 décès officiellement enregistrés), l'Italie (143 626 cas confirmés, 28 470 personnes guéries, 18 279 décès), l'Espagne ( 152 474 cas confirmés, 52 165 personnes guéries, 15 353 décès), le Royaume-Uni (73 758 cas avérés, 8 958 décès enregistrés),la France, ( 90 676 cas confirmés, 24 932 personnes guéries, 13 197 décès) ou encore l'Iran ( 68 192 cas confirmés, 35 465 personnes guéries, 4 232 décès enregistrés), depuis que le Covid-19 a touché terre aux USA, 502 513 cas ont été confirmés, 28 706 personnes ont été guéries et 18 679 décès ont été enregistrés. Les personnes les plus à risque face à l'actuelle pandémie, ce sont les pauvres ou ceux qui n'ont pu souscrire à une assurance maladie, donc impossibilité pour eux de se rendre dans un hôpital ou tout simplement, beaucoup refusent de se rendre dans un centre médical faute de moyen financier pour se faire soigner. La presse nationale américaine évoque régulièrement des cas où des personnes atteintes de Covid-19 transférer dans les hôpitaux et une fois guéries, elles recevraient des factures hallucinantes dépassant les 10 000 dollars de frais de santé à régler, c'est le cas de Danni Askini, malade du Coronavirus et s’en est heureusement sortie. Non couverte par une mutuelle santé, comme 27,5 millions d’Américains, elle a par contre reçu une facture de 34.927,43 dollars (environ 33.000 euros) pour le traitement et les tests qu’elle a subit.
Les minorités sont elles aussi très exposées par le COVID-19, le cas de la communauté afro-américaine est très alarmant: Les américains noirs sont plus touchés que leurs compatriotes blancs. Selon les données nationales, le nombre de noirs décédés du Coronavirus est bien plus supérieur aux américains blancs.Par exemple, l'Etat de Louisiane situé dans le Sud très pauvre a enregistré 19 253 cas confirmés dont 755 morts en 24H. Dans cet Etat, 70% des morts sont des noirs, alors qu'ils ne représentent que 30% de la population. Dans d'autres Etats, le même constat, dans l'Etat du Wisconsin et plus précisément dans sa capitale Milwaukee, les Noirs représentent 70 % des décès alors qu’ils ne comptent que pour 26 % dans la population. Dans l'Illinois, plus précisément à Chicago, 67 % des décès liés au Covid-19 concernent les afro-américains pour seulement 32 % de la population. Sur l'ensemble du territoire américain, les Afro-Américains représentent 33 % des hospitalisations liées à la pandémie alors qu’ils ne comptent que pour 13 % dans la population. Les chiffres sont respectivement de 45 % et de 64 % pour les Blancs. En Caroline du Nord, 31% des morts étaient Noirs,alors qu'ils ne représentent que 22% de la population.
Si les noirs sont les plus exposés c'est dû au fait qu'ils sont plus susceptibles d'avoir du diabète, des maladies du coeur, d'hypertension, des poumons ou d'obésité. Autre facteur explicatif, les Afro-Américains restent une communauté précaire, la plus mal logée, la plus mal payée. Beaucoup par manque de moyen, font l’impasse sur les ruineuses assurances santé privées. L'autre facteur est dû au fait que nombreux sont les afro-américains qui occupent des emplois les plus exposés grande distribution, travaux publics, agroalimentaire, voirie etc. difficile donc pour eux de rester confiner chez eux comme le font leurs compatriotes blancs beaucoup plus aisés et plus intégrés. Ainsi, même face à la maladie, les inégalités perdurent aux pays des l'argent roi.