Après plusieurs mois de manifestations et de confrontation, en mai dernier, le gouvernement par la voix du président annonçait la fin du grand projet minier Montagne d'or. Coup de théâtre, l'Etat a une nouvelle fois changer sa position, en donnant son feu vert pour une relance du controversé projet minier. Des irréductibles continuent de tenir tête et manifestent leur mécontentement.
Montagne d'or c'est le grand projet minier en Guyane et plus largement de l'Amérique du Sud, tant au niveau de sa superficie que par ses promesses économiques pour la Guyane, plus grande région de France et pourtant très pauvre. Les promoteurs mettent en avant la création de 3 750 emplois directs et indirects dans la zone concernée. Soutenu par une grande majorité de la classe politique guyanaise mais aussi par le président de la République Emmanuel Macron, qui vantent le potentiel économique pour la Guyane et surtout pour la France. Les défenseurs du projet s'appuient sur le rapport Cyclope intitulé, «Le projet minier de la Montagne d’Or, quelles réalités économiques? » attestant la faisabilité du projet. Cette étude conduite par le Philippe Chalmin et s’appuyant sur des arguments économiques essentiellement, souligne que « ce projet est vecteur d’un nombre significatif d’opportunités pour l’économie de la Guyane et sa population si des outils de valorisation, dans une logique de partenariats public-privé, sont mis en œuvre ». L'autre objectif affiché par les défenseurs de « Montagne d’Or » est la lutte contre l'orpaillage clandestin, véritable fléau sécuritaire, environnemental et économique pour la Guyane.
Ce rapport contre également les arguments de l’organisation non gouvernementale WWF, soulignant un « mirage économique ». « Alors que les statistiques relatives à l’emploi et à la précarité témoignent de l’urgence sociale en Guyane, il ne fait aucun doute que le développement du projet MDO ne peut être que favorable sur le plan économique, notamment pour la CCOG », indique le rapport sans nier toutefois l’aspect environnemental. « L’impact environnemental d’un tel projet est indéniable.
A l’origine de « Montagne d’Or » se trouve la compagnie minière du même nom. La concession concernée se trouve sur une surface de 15,24km² et se trouve dans la forêt amazonienne. Si ce projet se poursuit, il s’agira du plus gros projet aurifère français. Les revenus de cette exploitation devraient s’élever à 3 milliards d’euros.La compagnie minière a commencé les explorations en 1994 et a déterminé qu’il y avait 85 tonnes d’or exploitables. Le projet prévoit ma mise en service en 2022. Depuis, une étude de faisabilité économique a été réalisée et la compagnie est toujours en attente pour obtenir les autorisations nécessaires pour commencer. Le problème du projet réside dans son impact environnemental. Selon les organisations écologistes, « Montagne d’Or » produirait près de 400 millions de mètres cubes de déchets miniers par année et utiliserait 142 millions de litre de fuel pour l'exploitation des gisements d'or. C'est sur ce point que les militants écologistes et autres opposants au projet, alertent sur les dangers environnementaux et sanitaires si « Montagne d’Or » commence. De plus, « Montagne d’Or » se situerait dans des zones réservées aux autochtones, premiers habitants de la Guyane.
Position trouble de l'Etat sur la question de Montagne d'Or :
En Mai dernier, suite à plusieurs mois de manifestations, de tractations, d'informations et confrontations, les militants écologistes ont eu une apparente victoire. Le gouvernement par la voix du président annonçait la fin du grand projet minier Montagne d'or, affirmant que le projet industriel d'extraction Montagne d'or en Guyane était "incompatible avec les exigences de protection de l'environnement" et ne se ferait pas.
Sauf que, coup de théâtre, mercredi ( 16 Octobre 2019), l'Etat est revenu sur sa décision. La commission départementale des mines devait voter en faveur ou non d'une "demande de prolongation des concessions" de la Montagne d'or pendant 25 ans. Les concessions des deux zones concernées (nommées "Bœuf mort" et "Elysée") avaient expiré le 31 décembre 2018.
La Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL) - les services de l'Etat sur place dans son rapport publié dans les pages de Médiapart annonçait émettre un "avis favorable". "Concernant la concession Elysée […] des travaux d'exploration doivent encore être réalisés pour permettre d'estimer les réserves et ressources des gisements d'or primaire situés dans cette concession. La durée de 25 ans n'apparaît donc pas justifiée, il semblerait plus adéquat de la réduire à 15 ans" (...) Le démarrage prévisionnel de la construction de la mine est annoncé pour fin 2020-2021 en fonction de la date de dépôt et de l'avancée de l'instruction des demandes d'autorisation environnementales et minières."
La décision prise par les services de l'Etat qui s'opposent à la position d'Elisabeth Borne actuelle ministre de l'Ecologie, qui a sitôt commenté sur Twitter la décision émise par la DEAL.
Une position trouble de l'Etat qui dit " non au projet " mais qui délivre des Concessions aux compagnies minières. Une décision qui évidemment a fait réagir les militants de la cause écologiste parmi lesquels, l'association Or de Question qui est mobilisée dès le départ contre l'exploitation des mines aurifères. Dès le Mardi ( 15 Octobre 2019) l'association donnait rendez-vous le lendemain, soit le Mercredi 16, à tous ses membres devant la préfecture ou s'est tenue, la Commission des mines en présence du préfet, les membres de la classe politique guyanaise, des représentants des peuples premiers, des associations écologiques et des responsables des mines.
C'est la raison pour laquelle les membres d'Or de Question se sont réunis hier matin devant les jardins de la Préfecture de Cayenne, au même moment où se tenait à l'intérieur du bâtiment officiel, la Commission départementale des mines. Une instance propre à la Guyane. Bien que n'étant qu'une simple poignée de manifestants, Or de Question a tenu à montrer son mécontentement face à la nouvelle décision prise par les services étatiques. Face à ce nouveau rebondissement, on ne peut que s’attendre à des fortes mobilisations dans les prochains mois.