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Chômage, violence, drogue et règlement de compte, la Martinique crie à l'aide !


Fusillade dans les discothèques, braquages avec violence, série de règlements de comptes meurtriers, saisies régulières de stupéfiants à l'aéroport, depuis le début de l'année 2019, la Martinique fait parler d'elle et les forces de l'ordre ne savent plus où donner de la tête. Une situation qui interpelle au plus haut niveau de l'Etat. Depuis de début de l'année 2019, la Martinique bat les records en matière de violence.Une situation qui exaspère habitants et policiers qui réclament au gouvernement des moyens supplémentaires face à des bandes armées qui n'ont peur de rien, pas même la police.

Fusillade dans les discothèques, braquages avec violence, série de règlements de comptes meurtriers, saisies régulières de stupéfiants à l'aéroport, depuis le début de l'année 2019, la Martinique fait parler d'elle et les forces de l'ordre ne savent plus où donner de la tête. Une situation qui interpelle au plus haut niveau de l'Etat et qui exaspère les habitants de cette île qui, d'ordinaire est beaucoup plus tranquille que ses voisines de St Lucie, de la Dominique ou encore son île soeur la Guadeloupe.

Avec ses plages, ses criques, ses paysages verdoyants, son atmosphère caribéenne, la Martinique a tout d'un paradis sur terre. Joyaux de la France depuis 1635, l'île au fleur a tout d'un paradis sur terre. Avec ses plages, ses criques, ses paysages verdoyants, son atmosphère caribéenne, font rêver plus d'un. Cependant, le paradis en une décennie, le paradis s'est transformé, notamment pour les locaux. Entre le chômage de masse, le marasme économique, le départ massif de la jeunesse, l'île française devient un terreau fertile pour la délinquance. Pas une semaine sans que les médias locaux ne relayent les faits divers qui se concentrent principalement dans la zone urbaine de Fort-de-France-Schoelcher-Le Lamentin.

De paroles d'anciens, l'île serait méconnaissable. Une violence qui se serait banalisée bien que l'on soit loin des faits divers de la Guadeloupe ou de la Guyane. Pourtant, ils sont de plus en plus à dénoncer cette violence qui touche principalement les jeunes.

La jeunesse première victime des politiques sociales :

Cette jeunesse première victime de cette violence sociale. La Martinique tout comme son île soeur, la Guadeloupe connaît un fort dépeuplement. Recensement après recensement, l'île perd des habitants, principalement la jeunesse (diplômée ou non) qui fuit le fort taux de chômage où il s'élève à 18% pour la population active et 40% pour les jeunes entre 15-24 ans. En l'espace de 5 ans, la Martinique connaît une forte de baisse de sa population; Selon l’INSEE, l’île aux fleurs aurait perdu 16 000 habitants en cinq ans. Une baisse de la population qui en dit long sur la crise économique et sociale que traversent ces territoires autrefois prospères. Cette diminution va de paire avec la baisse de la natalité. En effet, la Martinique affiche une baisse plus prononcée avec 1,91 naissances par femme en 2016 contre 1,95 en 2015.

Le chômage principal problème de l'épanouissement social est le principal facteur de départ de la jeunesse vers l'Hexagone et désormais vers de nouvelles destinations telles que le Canada, ou les autres pays de l'Union Européenne. Selon le BIT ( Bureaux International du Travail) pour l'année 2018 en Martinique, 27 000 personnes sont au chômage. Un chômage deux fois plus élevé qu’en France métropolitaine (9 %). Comme en Guadeloupe et Guyane, le chômage est d’abord structurel. Il résulte de l’étroitesse du marché du travail insulaire, mais également de l’inadéquation des besoins avec les qualifications de la population active. À ceci, s’ajoutent les problèmes de mobilités pour les actifs éloignés des zones d’emploi. Les jeunes âgés de 15 à 29 ans sont les premiers touchés par le chômage de masse (41 %). Ils y sont d’ailleurs un peu plus nombreux qu’en 2017, trois points de plus. Ce fort taux s’explique par les difficultés d’insertion des jeunes en milieu professionnel, surtout pour ceux peu ou pas diplômés.

De plus toujours selon le BIT, à la Martinique, 11 % des actifs occupés sont en sous-emploi soit, 14 000 personnes. Une situation qui s'illustre par un fort déclassement scolaire. Le déclassement scolaire consiste à occuper un emploi dont les qualifications attendues sont en deçà du niveau de formation obtenu. En gros, c’est comme si vous étiez diplômé d’un master en économie et que vous travailliez dans un supermarché en tant que caissier ou étalagiste.

Face à cette précarité, beaucoup option pour l'option du départ. Ainsi, la moitié des personnes âgées de 15 à 64 ans, insatisfaites de leur situation, seraient prêtes à quitter la région pour un emploi ou une formation qualifiante. Ce désir de mobilité, important chez les jeunes (64 %) décroît avec l’âge. Ces jeunes, exposés au chômage de masse, manquent souvent d’opportunités en Martinique et sont plus déterminés que leurs aînés à partir.

Augmentation de la violence gratuite :

" Je suis un négro de Mada Là où les balles pleuvent comme les mamas... Et la police n'est pas comme à Paname Ici la Po-po a des badman Et la cocaïna prend Air Caraïbes dans la soute parmi les bagages (Mule) " un clip qui fait beaucoup parler tant les paroles crues divisent en ce moment la Martinique. Pourtant, elles décrivent une réalité sociale. C'est l'émergence et la mise en lumière d'une Martinique que personne ne veut regarder en face, une Martinique glisse lentement mais surement dans la zone de non-droit. Au regard de l'actualité.

Fusillade dans les discothèques, braquages avec violence, série de règlements de comptes meurtriers, saisies régulières de stupéfiants à l'aéroport, depuis le début de l'année 2019, la Martinique fait parler d'elle et les forces de l'ordre ne savent plus où donner de la tête. Depuis le début de l'année, policiers et gendarmes en première ligne de la lutte contre toutes les formes de violence sont régulièrement visés par des actes violents comme en Août dernier où un jeune homme refusant de soustraire à un contrôle de police a ouvert le feu sur les fonctionnaires, qui ont répliqué, blessant mortellement leur agresseur. Une agression armée qui porte à six le nombre d'agressions depuis le début de l'année. Une situation insupportable selon les syndicats de police qui interpellent les personnalités politiques locales qui n'ont pas tardé à monter au créneau et réclamer au gouvernement des mesures et une plus grande fermeté face à la violence qui gangrène les quartiers populaires.

Fin Juillet, à l’initiative de Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, députés et sénateurs parmi lesquels Josette Manin, Serge Letchimy et Jean-Philippe Nilor ont adresser une déclaration commune au Ministre de l’intérieur Christophe Castaner pour dire stop aux homicides et à la circulation d’armes à feu sur le territoire.

Parmi les doléances adressées au gouvernement : des renforts de police judiciaire pour faire avancer les enquêtes, la mise en œuvre par l’Etat, d’un plan de lutte contre la prolifération des armes à feu. Des armes il y en a. Selon les chiffres de la préfecture, il y aurait au moins 7000 armes à feu en circulation légalement en Martinique, mais il existerait sur l'île un marché parallèle des armes en provenance des pays d'Amérique Latine ou de l'île voisine de Sainte-Lucie, même si les autorités se refusent de parler de trafic d'armes. Dans les affaires de braquages d'homicides, les forces de l'ordre retrouvent généralement les même calibres, des canons sciés de calibre 12, des fusils de chasse ou des fusils qui ressemblent à des fusils de chasse. La provenance de ces armes peut en partie s'expliquer par des cambriolages chez des particuliers, ou la "récupération" de l'arme d'un proche. Cependant,depuis quelques années, on constate que de plus en plus d'armes de gros calibres type 38 Spécial ou Magnum, ou encore plus récemment des armes de guerre sont saisies par les policiers et les gendarmes au cours de leurs opérations. Autre tendance observée, l'utilisation d'armes artisanales non létales, achetées sur internet et modifiées pour tuer.

Autre demande formulée par les élus, le recrutement de plus d’un millier de travailleurs sociaux et autres agents de médiation au sein des associations, sous forme de contrats aidés notamment, lesquels ont majoritairement disparu, ce qui a posé des problèmes de prise en charge d’une partie de la population dite "fragile".

Même si elle est encore loin des chiffres de la Guadeloupe, de Saint-Martin ou de la Guyane, la Martinique figure tout de même dans le classement des départements les plus violents de France. Selon le bilan sécurité réalisé de l'année 2017 dévoilé par la Préfecture en 2018, e, la violence des faits, comme l’utilisation, qui se banalise, des armes blanches et armes à feu, restent des facteurs d’inquiétude et de forte mobilisation des services. Le niveau des violences physiques non crapuleuses (7,36‰ contre 4,92‰ au niveau national) reflète le recours fréquent à des violences, avec armes ou non, sur le département, souvent dans un cadre familial ou entre proches. L'île a connu une baisse des cambriolages. de 5 % en 2017 (8857 atteintes aux biens en 2017 contre 9336 en 2016 soit 479 faits de moins). Tandis que les atteintes volontaires à l’intégrité physiques (AVIP) ont été stables en 2017 soit 4967 faits contre 4973 en 2016;

Bien qu'elle connaisse une baisse de sa délinquance, l'île au fleur voit une augmentation des assassinats. En effet, depuis le début de l'année, 17 homicides ont été recensés dont 15 par armes à feu soit autant que les années précédentes. Dernier assassinat en date, celui d'une jeune femme âgée d'une vingtaine d'années, dont le corps a été retrouvé avec plusieurs impactes de balles. Une violence commise principalement par des jeunes âgés de 18 à 30 ans et qui se revendiquent de gangs à l'image des Etats-Unis, le tout sous fond de trafic de drogue.

Hausse du trafic de drogue sur fond de musique trap et de gangs armés :

La drogue a toujours circulé aux Antilles-Guyane.Entre l'herbe que les locaux consomment de façon habituelle, et le crack arrivé à la fin des années 80, qui a fait beaucoup de dégâts et continue d'en faire au sein de la population, la cocaïne semble être la drogue "à la mode" depuis environ une décennie, si bien que les Antilles-Françaises et la Guyane sont devenues les plaques tournantes du trafic international. Les Antilles-Françaises(Guadeloupe, Martinique) ont été pendant longtemps des zones de consommation de crack (cocaïne base), mais depuis le milieu des années 2000, les trafiquants, bloqués au nord de la Caraïbe par les services américains, se sont détournés vers les Antilles-Françaises. Aujourd’hui, la Martinique et la Guadeloupe jouent un rôle de plus en plus important dans l’alimentation du marché Hexagonal dont la demande explose. Selon l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), la cocaïne compterait dans l'Hexagone quelque 2,2 millions d'expérimentateurs et 450.000 usagers réguliers Les territoires d’Outre-Mer (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Guyane) sont donc d’importantes zones de transit de la cocaïne à destination de l'Hexagone.

Les services de police estiment en effet qu’entre 15 % et 20 % des 5 tonnes de cocaïne saisies annuellement en moyenne depuis le début des années 2000 sur le territoire français proviendraient des deux départements français. La cocaïne atteint les Antilles principalement depuis les côtes du Venezuela d’où partent des lanchas (embarcations rapides), des bateaux de pêche ou des voiliers de plaisance (slow-movers), dont les cargaisons sont déchargées soit directement en Guadeloupe ou en Martinique, soit sur des îles proches comme Sainte-Lucie ou la Dominique avant de gagner le territoire national par la biais de mûles, généralement des jeunes femmes au chômage, payées pour avaler des ovules de cocaïne avant d'embarquer sur des vols à destination de Paris. En 2017, 17,5 tonnes de cocaïne avaient déjà été interceptées par les services français. Début Janvier, 1,4 tonne de cocaïne a été saisie dans les Hauts-de-Seine en Région Parisienne. La marchandise d'une valeur de plus de 90 millions d'euros a été expédiée par container depuis la Martinique, et était dissimulée parmi des déchets industriels.

L'économie parallèle favorise la création de bandes organisées ou gangs dont l'activité principale repose sur le braquage et le trafic de drogue. Des bandes qui n'hésitent pas à sortir les fusils pour défendre leur territoire ou pour se protéger face à d'éventuels rivaux vu les sommes d'argent amassées. Dans ces bandes, des jeunes à peine sortis de l'adolescence et sans repère, fortement influencés par la musique trap, style de musique venu directement du Sud des Etats-Unis, rendant hommage aux dealers et aux gangs. Une jeunesse qui prend pour modèle Pablo Escobar, El Chapo ou plus localement Kevin Doure, trafiquant de drogue martiniquais condamné en Juin 2018 à 22 ans de réclusion pour trafic international de cocaïne. Le Martiniquais était à la tête d'un réseau organisé de trafiquants entre l'Amérique Latine, les Antilles et l'Hexagone. Un point de non-retour que semble avoir atteinte la Martinique et plus spécifiquement les Antilles-Guyane.

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