Depuis trois décennies, la République Populaire de Chine s'impose comme un acteur économique de premier choix. Longtemps vue par les occidentaux comme l'USINE du monde, la RPC est devenue la deuxième puissance économique mondiale. A partir de 2020, elle pourrait dépasser les Etats-Unis. Depuis deux décennies, l'Empire du Milieu est devenu une puissance diplomatique et géopolitique. Après avoir investi en Afrique, la Chine se tourne vers les pays de la Caraïbe.
Avec une superficie de 9 677 009 km2, pour 1,4 milliards d'habitants, sans compter sur une croissance économique qui pendant 28 ans donna des tournis à l'Occident,( la croissance était à 17% mais en 2015, elle est tombée à 7%), la Chine s'impose désormais comme une puissance de premier plan. Longtemps vue par les occidentaux comme l'USINE du monde, la RPC est devenue la deuxième puissance économique. Selon la Banque Mondiale, à partir de 2020, elle pourrait dépasser les Etats-Unis. Confiante et consciente de son hégémonie, depuis deux décennies, la République Populaire de Chine s'impose comme une puissance géopolitique en nouant des partenariats économiques internationaux. Premièrement, avec les pays asiatiques qui ont été fortement influencés par la culture chinoise pendant des milliers d'années, puis, avec l'Europe, qui au siècle précédent, a divisée l'ancien Empire chinois après plusieurs guerres coloniales (citons les guerres de l'Opium). Conséquences, les puissances européennes s'accaparèrent le monopole du commerce en Asie et plusieurs villes portuaires chinoises comme Hong Kong, Macao, ou encore Shangaï tombèrent sous son influence. Ce qui entraîna la chute de la dynastie Qing. La colonisation européenne en Chine prit fin à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale puis avec l'avènement de la République Populaire de Chine, en 1949. A cette date, les nationalistes du Kuomintang avec à leur tête le charismatique Tchang Kaï-chek perdent la guerre qui les opposaient aux communistes de Mao Zédong, l'autre figure de la lutte anti-coloniale et anti-japonaise.
Après l'arrivée des communistes à la tête du nouvel Etat chinois, la Guerre froide a commencé. Il n'est pas question pour le gouvernement américain ni aucun gouvernement occidental d'avoir le moindre contact avec ce nouveau pouvoir chinois allié de l'Union soviétique. De son côté Mao Zédong considère alors les États-Unis et leur régime capitaliste comme le principal ennemi de la Chine. Une opposition des idées qui atteindra son paroxysme durant la guerre du Vietnam. En effet, par fraternité communiste, les communistes chinois épaulés de leurs partenaires soviétiques, apportèrent leur aide sur le terrain aux combattants vietnamiens opposés aux soldats sud vietnamiens et leur allié américain. Une guerre qui se solda par la défaite des troupes sud-vietnamiennes, le départ des forces américaines du Vietnam et de l'Asie du Sud-Est et la réunification du Vietnam.
Le retour de la Chine " communiste" dans le concert des Nations :
Alliée indéfectible de l'Union Soviétique à son indépendance, la relation privilégiée qu'elle entretenait avec l'Empire soviétique se détériora à la fin des années 1960. Des tensions apparurent. La Chine accusait son puissant voisin soviétique d'ingérence dans sa politique intérieure. En 1969, c'est l'escalade. Des incidents militaires surviennent sur le fleuve Oussouri à la frontière entre Chine et URSS suite à des revendications territoriales. Plusieurs conflits armés eurent lieu le long de la frontière russo-chinoise. Ces confrontations poussèrent la République Populaire de Chine à se tourner vers son ancien ennemi, les Etats-Unis. Comme le révèle SLATE : " Henry Kissinger, le conseiller du président Nixon, fait deux voyages secrets à Pékin. Il dira plus tard avoir été impressionné par les analyses des dirigeants chinois sur les relations internationales dont ils étaient exclus. En avril 1971, une équipe de joueurs américains de ping-pong est invitée à Pékin et, en janvier 1972, Richard Nixon, le président américain, effectue une visite historique en Chine. Il rencontre Mao Zedong et son Premier ministre Zhou Enlai. "
Dans sa lutte à mort contre l'Union Soviétique, les USA approfondirent leur relation avec l'Empire du Milieu. Elle sera amplifiée par le président Jimmy Carter, lorsqu'il rencontre en 1979, le nouveau leader chinois Deng Xiaoping qui a décidé de tourner la page des années Mao et de lancer la Chine dans la voie du développement économique. La même année, Deng Xiaoping se déplace aux Etats-Unis. C'est le premier voyage officiel d'un dirigeant chinois chez l'Oncle Sam. A partir de ce moment, de hauts-gradés de l'A.P.L (Armée Populaire de Libération) font des séjours à l'université militaire de West Point. Surtout, nombreux sont les étudiants chinois qui sont autorisés à partir étudier dans des universités américaines. Une nouvelle élite chinoise apparaît. Elle éduquée et bilingue, elle formera, la nouvelle Nomenklatura de la RPC. Une période de faste et de d'ouverture économique qui entraîna l'émergence de nouvelles idées politiques telle que la démocratisation des institutions politiques. Pour autant, le régime n'entendait aller dans le sens de la démocratie. Dès lors, des contestations au sein de la société civile apparurent. Nombre de jeunes chinois éduqués dans les meilleures universités américaines, asiatiques ou européennes aspiraient à un changement politique. En 1989, les jeunes se réunirent sur la Tiananmen à Pékin. Au départ, Encouragées par des intellectuels, les ouvriers et certains membres du gouvernement, la manifestation est désapprouvée par Deng Xiaoping, qui y voit la mainmise de l'Occident.
Après plusieurs tentatives de négociation, le gouvernement chinois instaura la loi martiale le 20 mai 1989 et fit intervenir l'armée le 4 juin 1989. La répression fut brutale, selon des sources proches du pouvoir, 286 personnes auraient été tuées par l'armée et la police. Selon d'autres sources, provenant notamment de l'ambassade de l'Union Soviétique et des Etats-Unis, la répression aurait fait pas moins de 10 000 victimes, des dizaines de milliers de blessés et des centaines de milliers d'arrestations. Certains opposants ne revinrent jamais des tristes camps de rééducation chinois.
La répression marqua un coup d'arrêt dans de la relation entre la Chine et les pays Occidentaux. Isolé et condamné par les grandes puissances occidentales, le gouvernement chinois réagit en mettant en place un vaste mouvement de modernisation du pays. " En 1992, lors d'une tournée d'inspection dans le sud du pays, Deng Xiaoping lance au peuple chinois: «Enrichissez-vous!». Et il ajoute: «Il faut prélever les éléments positifs du capitalisme pour édifier le socialisme à la chinoise.»
Durant vingt-huit ans, la RPC fit de grands progrès en matière de développement. Au début des années 1990, la Chine commença en fabriquant quantité de produits de base, chaussures, vêtements, appareils électroniques, jouets pour enfant etc, la Chine devint l'atelier du monde. De plus en plus d'entreprises occidentales, européennes comme américaines s'installent en Chine pour bénéficier d'une main d'oeuvre bon marché et d'avantages fiscaux considérables. Les années 2000 sont des années de croissance et d'ouverture sur le monde, par exemple, en 2001, la Chine devient membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Pourtant, aucune démocratisation n'est entamée par les apparatchiks du Parti Communiste. Au contraire, ces deux dernières années, sous les présidences de Hu Jintao et Xi Jiping, le régime se durcit. L'opposition à l'intérieure du pays est réduite au silence. Les minorités religieuses et ethniques ( ouïghours, Kazakhs, Tadjiks, Dounganes) sont extrêmement surveillées, les plus virulentes sont déportées dans des camps de concentration pour y être rééduquer. Le Tibet est quant à lui, colonisé. Le gouvernement central encourage, les chinois Han à s'installer dans cette région stratégique, riche en matières premières. En 1995, le Portugal abandonne son ancien comptoir commercial de Macao et en 1997, le Royaume-Unis se retire de son enclave de Hong-Kong, dès lors, la réunification de la Chine continente est amorcée.
Chin'Afrique, un partenariat privilégié :
Fort de cette croissance à deux chiffres, le modèle chinois inspire notamment les régimes les plus autoritaires de la planète, parmi lesquels, ceux en Afrique; continent qui fut très opprimé par les siècles de colonisation européenne. Cette relation s'est développée avec la conférence de Bandung (ou conférence de Bandoeng) qui s'est tenue du 18 au 24 avril 1955 en Indonésie, réunissant pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques dont Gamal Abdel Nasser (Égypte), Jawaharlal Nehru (Inde), Soekarno (Indonésie) et Zhou Enlai (Chine). Cette conférence marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du « tiers monde ». Ceux-ci ne souhaitaient pas intégrer les deux blocs qui se font face, à savoir les États-Unis et l'URSS. Ils choisissent le non-alignement. De cette conférence découla, le Mouvement des Non-Alignés, auquel prirent part les nouveaux états indépendants africains. Les pays présents à cette réunion, affirment, l'existence des pays du " tiers monde" sur la scène internationale et l'établissement d'une coopération entre eux dans l'intérêt mutuel de chacun.
C'est à partir de ce moment, que la Chine noua des relations diplomatiques avec ces jeunes nations africaines qui pour beaucoup arrachèrent leur indépendance par la voie militaire. En 1961, la toute nouvelle Association de l’amitié des peuples de Chine et d’Afrique visite l’Afrique de l’Ouest et prépare la visite de Zhou Enlai. En 1963, le ministère des Affaires étrangères chinois se dote d’une section Afrique. La même année, Zhou Enlai commence sa tournée par l’Égypte, mise au ban par l’Europe pour avoir nationalisé le canal de Suez, et visite ensuite la Guinée et le Mali, qui ont alors refusé de rallier la Communauté des États africains proposée par le général de Gaulle. A partir de ce moment, le continent devient une priorité pour la Chine.
En 1964, Zhou Enlai visite l'Algérie puis le Mali. Les investissements chinois en Afrique débutent en 1964, avec la construction du chemin de fer Lusaka et Dar Es Salam. Comme le souligne Jean-Raphaël Chaponnière, dans Afrique contemporaine " le projet est rejeté par Washington et Londres qui le jugent moins rentable qu’une route. Le président Nyerere de Tanzanie évoque alors cette proposition à Zhou Enlai, et ce dernier réalise aussitôt que cette demande permettra à la Chine de reproduire le geste de l’URSS à Assouan[...] Critiquée aussi bien par les Soviétiques que par les Occidentaux, les jugeant incapables de mener un projet aussi ambitieux, l’offre chinoise a amené les bailleurs à réévaluer ce projet [...] Pendant ce temps, une équipe chinoise parcourt à pied le tronçon tanzanien et rédige un rapport de huit pages qui conclut à la faisabilité du chemin de fer. Après un nouveau refus occidental, la Zambie et la Tanzanie confient le projet à la Chine. La construction du Tanzam, cette voie ferrée longue de 1600 kilomètres a été le plus grand projet réalisé en Afrique par l’aide étrangère et son montant (400 millions USD) a placé la Chine parmi les premiers bailleurs de fonds [...] Commencée en 1973, la construction est achevée en 1976 avec une année d’avance. Mobilisant 15 000 travailleurs chinois, dont plusieurs centaines de spécialistes des chemins de fer, sa réalisation a assuré la réputation des entreprises de construction chinoises qui, dans les années 1980, construisent les palais, assemblées nationales et stades financés par l’aide chinoise... "
Au cours des 1960 et 1980, Pékin apporta son soutien militaire à plusieurs mouvements indépendantistes en guerre contre leurs colonisateurs européens. Ce fut le cas par exemple en Angola, lors de la guerre de décolonisation, où le MPLA ( parti aujourd'hui au pouvoir) d'Agostinho Neto et l'UNITA de Jonas Savimbi bénéficièrent tous deux d'un entraînement, d'une aide financière et d'un soutien politique de la part de la RPC. A l'indépendance en 1975, les deux mouvements politiques d'idéologie socialiste marxiste, se font la guerre pour le contrôle du pays et de ses immenses richesses naturelles. La guerre civile devint rapidement une guerre régionale puis une guerre internationale. Le MPLA au pouvoir, reçu l'aide de l'URSS, de Cuba ainsi que des autres pays socialistes tandis que la Chine, elle, a préféré aider le leader de l'UNITA, Savimbi qui durant sa jeunesse avait étudié en Chine. Au Mozambique, le FRELIMO (Front de libération du Mozambique) de Samora Machel en lutte pour l'indépendance, reçu argent et matériel militaire de la part des chinois. Par la suite, le leader anti-colonialiste mozambiquais reçu un appui militaire lors de la Guerre civile qui l'opposa au RENAMO (Résistance nationale du Mozambique). L'ex-Rhodésie du sud, pays limitrophe du Mozambique, elle aussi en proie à une guerre de décolonisation opposant les soldats du gouvernement nationaliste blanc de Ian Smith soutenu par le régime d'apartheid d'Afrique du Sud , les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, et les guérilleros marxistes de Robert Mugabe, opposant à la politique d'apartheid imposée par le colonisateur britannique. Robert Mugabe et ses hommes ont été armés, entraînés et financés par divers pays socialistes, parmi lesquels, la République Populaire de Chine. En Afrique du Sud, l'opposition anti-apartheid regroupée au sein de l'ANC et sa branche armée uMkhonto we Sizwe sont soutenus militairement et financièrement par les nations socialistes, parmi lesquelles Cuba, l'URSS et la République Populaire de Chine.
A la même période, le régime communiste chinois arme les mouvements de guérilla en Ethiopie, en lutte contre le gouvernement du DERG dirigé par Mengistu Haile Mariam, soutenu par l'Union Soviétique. La Chine a également soutenu les indépendantistes erythréens du leader Isaias Afwerki en lutte contre l'Ethiopie. Elle aide le gouLa Chine a également aidé le régime de l'ancien dictateur soudanais Omar Al Béchir lors de la guerre civile qui l'opposa aux mouvements rebelles du Sud Soudant et du Darfour.
Cette aide militaire de la Chine, lui permet de devenir un acteur géopolitique et en 1971, la République Populaire de Chine entre à l'ONU, grâce au vote de vingt-six pays africains. Sa rivale, Taiwan est chassée de l'Organisation Internationale malgré les efforts de son plus puissant allié, les Etats-Unis. Aujourd'hui, un seul pays conserve des liens économiques avec Taïwan.
A la fin de cette période de grande violence, la Chine a été la première à se porter garante de la reconstruction de ces pays. C'est le cas de l'Angola. En 2002, au sortir de vingt-sept années de guerre civile, le gouvernement d'Eduardo Dos Santos, faute d'avoir obtenu des Occidentaux et des institutions financières internationales, le soutien sollicité, se tourne vers la Chine afin d’assurer sa reconstruction. L'Angola fut d'ailleurs le premier pays du continent à nouer un partenariat économique avec la nation asiatique. D'autres pays africains suivront l'exemple angolais, Congo, Congo RDC, Mozambique, Zimbabwe, Soudan, Ethiopie, Guinée, Libéria, Sierra Leone etc. Tous vont se presser à Pékin pour se relever.
En vingt ans, les anciennes puissances coloniales européennes ont été remplacées par la nouvelle puissance mondiale chinoise. s échanges économiques entre la Chine et le continent avoisinent les 200 milliards de $. Entre 2005 et 2017, la Chine a prêté 137 milliards$ aux pays africains. Grâce à cet argent, les gouvernements africains ont pu réaliser de vastes projets de constructions des infrastructures. Le métro aérien d'Addis Abeba a été financé par de l'argent chinois. Les entreprises chinoises sont présentes dans quarante pays d'Afrique et depuis 2010, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent. En une décennie, la Chine est aussi devenue, la principale créancière des Etats africains. Certains s'alarment de la dette cumulée par ces pays, en grand besoin de développement. Il est vrai que des pays comme le Zimbabwe ont vu leur dette respective doublée voire triplée ( Zimbabwe : 48% en 2013, 82% en 2017). Selon la Banque Mondiale, vingt-sept pays d'Afrique présentait une augmentation préoccupante du niveau de leur dette. Un risque de défaut de paiement à venir. Pas de quoi inquiéter les deux parties. En même temps, grâce à l'argent qu'elle donne, la Chine fait des bénéfices sur les intérêts, pour l'Afrique, l'argent chinois est une opportunité pour combler ses besoins énormes d'infrastructures, ce qui stimule sa croissance et son développement. Ainsi la Chine apporte argent, matériel, expertise technique, main d'oeuvre, tandis que l'Afrique lui fournit du pétrole et autres minerais précieux. Autant dire que la Bromance a encore de beaux jours devant elle, même si des voix commencent à s'élever dans ces pays et que les gouvernements autoritaires d'autrefois sont remplacés par des démocraties. De plus, l'Occident n'a pas dit son dernier mot concernant son pré-carré africain.
La Chine dans la Caraïbe.
Depuis quelques années, plusieurs grands journaux locaux titrent sur la présence de plus en plus grande de la Chine dans la Caraïbe. Cet autre pré-carré des puissances occidentales, lui aussi, succombe aux charmes de la nouvelle puissance chinoise. Cependant, ce que ces médias omettent de dire, la présence chinois ne date pas d'aujourd'hui.
Au cours de la période coloniale, des contingents de travailleurs chinois sont acheminés vers cette région du Monde, longtemps marquée par la Traite négrière et l'esclavage. Comme le souligne le site caribbean atlas.com; dès 1806, on trouve la présence d'ouvriers chinois notamment à Trinidad. " Il y a eu deux vagues d’immigration chinoise vers la région caribéenne. La première concernait des ouvriers sous contrat amenés dans la Caraïbe – principalement dans l’île de Trinidad, à Cuba et en Guyane britannique – pour travailler sur les plantations sucrières pendant la période post-esclavagiste. La deuxième vague consistait en migrants volontaires, venus en petits groupes (généralement des parents) en Guyane britannique, à la Jamaïque ou à Trinidad entre les années 1890 et les années 1940. "
Le site caribéen précise que : " dès 1802 le Capitaine William Layman avait suggéré que la colonie de Trinidad tirerait un grand profit de la main d’œuvre chinoise gratuite. L’on estimait que cette main d’œuvre serait un bon substitut pour les esclaves africains et que ces « hommes libres civilisés » pourraient servir d’exemples aux esclaves africains dans l’industrie agricole, pour, en fin de compte, éviter la révolte et prévenir l’établissement d’un « empire noir », comme cela a été le cas en Haïti[...] La première expérience caribéenne d’une main d’œuvre chinoise fut donc menée en 1806, quand à peu près 192 immigrants chinois arrivèrent dans l’île de Trinidad à bord du navire Fortitude. Cette première tentative fut un véritable échec, car le taux de mortalité des chinois dans l'île était très élevé. Après l'abolition de l'esclavage en 1833, le gouvernement britannique, mit en place une migration massive et organisée de travailleurs engagés chinois. De 1850 à l’année 1866, approximativement 18 000 Chinois arrivèrent dans la Caraïbe. Ces ouvriers sous contrat s’engagèrent pour des périodes de trois, puis de cinq ans, sans aucune possibilité de rapatriement vers la Chine. Évidemment, l’immigration chinoise ne « sauva » pas l’industrie sucrière dans les colonies concernées. En effet, les ouvriers sous contrat abandonnèrent rapidement la plantation, avant même la fin de leur contrat dans de nombreux cas, en remboursant ou rachetant les années restantes. Ces nouveaux migrants devinrent artisans, coiffeurs, tailleurs, boulangers, charpentiers, orfèvres, bûcherons et agriculteurs notamment en Guyane Britannique.
Le Royaume Uni n'est pas le seul pays européen a importé de la main d'oeuvre asiatique. la France elle-aussi favorisera l'arrivée d'engagés chinois pour remplacer les anciens esclaves africains libérés en 1848. C'est principalement à la Martinique que ces engagés ont été amenés, mais comme pour les îles anglophones, cette migration fut un échec. On dénombra un grand nombre de victimes. Les rares survivants furent rapatriés vers la Chine. Compte tenu du nombre insuffisant de femmes chinoises, ceux qui décidèrent de rester aux Antilles-Françaises, se mélangèrent à la population noire.Beaucoup d’entre eux choisirent d’épouser ou de cohabiter avec des femmes qui étaient généralement noires ou de couleur.
La Caraïbe connut une deuxième vague d'immigration chinoise entre 1910 et 1940. Ces immigrés étaient avant tout des hommes en quête d’une meilleure vie et ils choisirent le plus souvent d’ouvrir des petits commerces dans les zones urbaines et rurales de deux colonies particulières : l’île de Trinidad et la Jamaïque. Les Antilles Françaises aussi connurent une autre vague de migration chinoise. Contrairement aux engagés du siècle précédent, ces nouveaux migrants, ne se marièrent pas avec les femmes caribéennes, on leur contractait des mariages « par correspondance », directement de la Chine et les promises étaient expédiées vers la Caraïbe. Cependant, beaucoup eurent des enfants avec des femmes noires.
Dans les années 1960, grande période d'indépendance, nombre de ces chinois caribéens étaient des notables. Les enfants de deuxième et de troisième génération avaient, le plus souvent, quitté les petites boutiques de leurs parents, pour faire de études universitaires aux Etats-Unis ou à Angleterre. Certains d'entre eux, soutinrent les idées partis indépendantistes. Tandis que d'autres participèrent au développement culturel de leur pays. Ainsi, de nombreux sino-caribéens ont contribué à l'essor de la culture caribéenne. C'est le cas en Jamaïque où des sino-jamaïcains ont développé l'industrie musicale, c'est le cas des familles Kong ou les Chin. Le blog killerswithoutfillers.wordpress.com en apprend un peu plus sur ces entrepreneurs chinois :
" Au début des années 60, la famille Kong, Leslie et ses deux frères, tient un singulier commerce sur orange street : un glacier-disquaire qué s’appelorio Beverley’s. Très vite, Leslie se passionne pour les disques qu’il vend, et aménage un studio au-dessus de la boutique de glace. Commence alors la glorieuse histoire du label Beverley : difficile de rendre grâce en trois lignes à l’importantissime catalogue qu’il produira entre 61 et 71 (sa mort) mais on peut évoquer, en vrac, ses collaborations avec Desmond Dekker (qui signe chez lui une chanson inspirée du docteur Fu Man Chu, personnage de fiction asiatique inventé par le romancier Sax Rohmer1), Jimmy Cliff, Bob Marley (dont il produit les 2 premiers singles), ou The Maytals. Qu’il me soit permis de citer arbitrairement deux chansons de la discographie Beverley, qui constituent à elles seules de solides preuves de la qualité ET de l’influence de ce studio : le mythiqueCaution de Bob, et le non-moins fameux Night and Day de Toots & the Maytals. And the list goes on and on… "
" Patricia et Vincent, les deux premiers protagonistes de la dynastie-reggae des Chin. A la fin des années 50, Vincent est réparateur de jukeboxs : de ce poste d’observation privilégié de la musique, lui vient l’idée de profiter plus directement du succès des disques qu’il voit défiler dans les machines qu’il bricole. Ainsi en 1959, il ouvre avec sa femme Patricia un premier magasin qu’il nomme Randy’s. Très vite, en 1960, il utilise Federal (l’un des seuls studios alors établit sur l’île) pour s’essayer à la production : lors de sa première session, il enregistre, entre autres, Bunny & Skitter et Rico Rodriguez. Ma foi, l’affaire est bien lancée. La suite vous la connaissez : le magasin déménage au 17 North Parade, devient cette incontournable plaque tournante du 45 tours (surmontée de la célèbre punchline « Name it, we have it »), et Vinz et Patou poursuivent leur travail de production dans le studio du 1er étage, enregistrant les meilleurs chanteurs et musiciens: Don Drummond, Lord Creator, Ken Boothe, Alton Ellis, Stranger Cole, The Gaylads etc… Les plus grands producteurs de l’île utilisent aussi le studio Randy’s, de Bunny Lee (tient, un Lee ?) à Niney, en passant par Phill Pratt. Plus tard, émigré aux Etats-Unis, le couple créé VP qui est encore aujourd’hui le plus énorme et incontesté producteur et distributeur de musique caribéenne. Leur fils, Clive Chin, est lui aussi actif à Randy’s dès les années 70. Il produit et arrange, par exemple, l’immense album à succès Java Java. "
Les frères Chin-Loy figurent eux aussi sur la petite liste de ces chinois qui ont participé au développement culturel en Jamaïque : " A la fin des années 60, Herman et son demi-frère Lloyd ouvrent Aquarius record store sur Half Way Tree. L’histoire est semblable à celles de Leslie Kong ou Vincent Chin : au dessus de la boutique familiale, ils aménagent (avec l’aide d’un ingénieur gallois) le premier studio 24 pistes de l’île. C’est ici qu’Herman découvre Horace Swaby, et le baptise du nom générique qu’il donnait alors à tous ses claviéristes : Augustus Pablo. Il est de fait pour beaucoup dans la popularisation du mélodica sur les disques jamaïcains. On doit notamment à Herman et son Aquarius l’énormeArise Black Man d’Alton Ellis, et parmi les meilleurs morceaux de Lloyd Charmers et ses Hippy Boys. "
Guerre d'influence dans la Caraïbe :
Les relations diplomatiques et économiques entre les pays de la Caraïbe et la République Populaire de Chine sont assez récentes. En effet, Cuba, seule nation communiste de la région, a noué des liens très fraternels avec la Chine communiste depuis la prise de pouvoir de Fidel Castro. Cuba fut d'ailleurs, le premier pays du continent américain, à reconnaître la République Populaire de Chine, en Septembre 1960. Dans la foulée, Ernesto Guevarra accompagné par d'autres officiels cubains, se rendent à Pékin afin de souder les liens entre la plus grande île des Caraïbe et la Chine Maoïste. Au même moment, Cuba rompt toutes ses relations avec Taïwan, alliée de l'Occident. La coopération s’étend rapidement aux secteurs militaire, éducatif et économique. La RPC fournit du matériel d’armement (canons, bazoukas, batteries, etc.) et participe à l’entraînement d’officiers des forces aériennes cubaines. De son côté, Cuba lui envoie des techniciens, ingénieurs et enseignants. Les deux nations commuistes intensifient leurs échanges après la crise des missiles de Cuba. A un moment où Castro est lâché par son allié soviétique. La Chine devient le troisième partenaire économique de Cuba. Néanmoins, en 1963, la RPC en lutte idéologique avec l'URSS s'éloigne de son " frère " cubain lorsque Fidel Castro se rend en visite officielle à Moscou. Les deux pays rétabliront leurs relations en 1982, puis en 1983 avec le déplacement à Pékin du ministre cubain du Commerce, Ricardo Cabrisas, met un coup d’arrêt aux tensions diplomatiques.
Les relations entre Cuba et la RPC vont s'intensifier au début des années 1990, la Chine étant l'unique grande puissance communiste du Monde. Dans les années 2000, elle parvient ainsi à se hisser, au deuxième rang, et même au premier rang, après le Venezuela, à partir de 2016, pour les exportations et les importations cubaines. L’île importe principalement du riz, des équipements mécaniques (bus, voitures, matériels agricoles et de construction), des appareils électriques, électroménagers et informatiques, des produits chimiques, ainsi que du mobilier et des produits d’habillement (chaussures, tissus). En retour, elle exporte essentiellement du nickel, des aliments (sucre, fruits de mer), du tabac, du rhum, des produits biotechnologiques et des médicaments.
Dans les années 1960, les petites nations caribéennes accèdent à l'indépendance ou à l'autonomie. Pour autant, malgré la liberté acquise, ces nouveaux pays continuèrent d'échanger avec la République de Chine, l'autre chine. Héritage de la décolonisation et de la guerre froide, la Caraïbe est restée durant quarante ans dans le giron occidental, Royaume-Uni et Etats-Unis en tête. Pendant, quarante ans, ces petits états ont reçu, matériels, équipements, aide médicale de la part de l'île rebelle asiatique. Taïwan finançait également de nombreux projets de construction à travers toute la Caraïbe. En contrepartie, l'île asiatique bénéficiait d'un soutien sans faille de la part de ses partenaires caribéens.
A l'image de la politique internationale, la relation entre les pays de la Caraïbe et la République de Chine est en perte de vitesse. La petite île de 25 millions d'habitants ne fait plus réellement le poids face à sa grande rivale communiste. Après l'Afrique, c'est bien la Caraïbe qui est dans le viseur de Pékin.
Depuis, une dizaine d'années, la République Populaire de Chine multiplie les efforts de rapprochement avec les Etats insulaires caribéens. L'objectif de Pékin est bien de diminuer l'influence de son ennemie capitaliste et démocrate. Un jeu d'influence, qui passe par des financements de projets, des projets de construction d'infrastructures dont les pays de la Caraïbe ont grand besoin. Ces Etats encore très pauvres ont besoin de l'argent de Pékin pour " booster " leur économie exsangue. En contrepartie, les Pays de la région doivent mettre à tous les accords qui les liaient à Taïwan. Une politique économique de chantage qui profite surtout à Pékin et que dénonce Taïpei, qui se fait peu à peu éliminée dans la région.
A ce jour, sur les vingt-sept pays qui reconnaissent la souveraineté de l'île nationaliste, ils ne sont que sept pays de la Caraïbe parmi lesquels quatre de la Caraïbe insulaire,(Haïti, Saint Kitts and Nevis, St Lucie, Saint Vincent et les Grenadines) à maintenir des liens diplomatiques. Une liste qui se raccourcit d'année en en année.
Assaut chinois sur la Caraïbe :
L'autre concurrent de la RPC dans la Caraïbe ce sont les Etats-Unis, qui maintiennent des relations historiques avec les Etats insulaires et ceux d'Amérique Centrale. Depuis 1823, la Caraïbe comme le reste du continent américain est considérée par Washington comme son arrière cour Cette position politique a été édictée par le président de l'époque, James Monroe, qui lors de son discours au Congrès en décembre 1823 lâche « Aux Européens le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde »
" Ses propos visent spécifiquement les européens à qui il défend toute intervention dans les affaires américaines. Par «américaines », le président Monroe entend l’ensemble du continent américain de l’Alaska à la Terre de feu, comprenant ainsi l’Amérique du Sud partiellement décolonisée à l’époque. "
Par ses mots, James Monroe trace les grandes lignes de la future politique étrangère américaine qui dure depuis 200 ans. Une politique reposant sur le fait que l’ensemble du continent ne peut plus être soumis à la colonisation ou à l’ingérence européenne qui était vue comme une menace pour la sécurité et la paix ; et de même, les Etats Unis s’abstiendront d’intervenir dans les affaires des pays européens. Pour autant, malgré cette apparente neutralité, la doctrine Monroe s’est essentiellement manifestée par un interventionnisme dans la zone latino-américaine afin d’y défendre les intérêts américains. A plusieurs reprises, les Etats-Unis n'ont pas hésité à intervenir directement militairement dans la région : ( Haïti, République Dominicaine, Cuba, Panama, Grenade ) ou indirectement soit en utilisant des groupes paramilitaires ( Guatemala, Nicaragua, Jamaïque) ou en soutenant des dictatures militaires ( Chili, Brésil, Argentine, Colombie, Venezuela etc).
Seule grande puissance du continent, les Etats-Unis maintiennent une influence considérable sur ces pays. Une influence qui comprend divers aspects, culturel, économique et politique. L'oncle Sam est l'acteur essentiel de la vie régionale avec une présence physique grâce à l’État associé de Porto Rico et par ses territoires du Commonwealth (îles Vierges US). Les Etats-Unis maintiennent dans la région un important dispositif militaire (base de Guantánamo à Cuba, les bases de Panamá ont été rétrocédées en 1999, base militaire à Antigua & Barbuda ou encore à Porto Rico.)
Malgré cette omniprésence américaine, la République Populaire de Chine mise de plus en plus sur la Caraïbe. Bien qu'elle ne soit pas le premier partenaire économique de la région, depuis 2005, la RPC multiplie les efforts de rapprochement avec les pays de la Caraïbe. Cuba et la République Dominicaine sont les pays qui bénéficient le plus des aides de Pékin. La Chine est désormais le deuxième fournisseur de Cuba et de la République dominicaine et le deuxième et le troisième marché d’exportation pour ces pays. En ce qui concerne ses échanges avec les pays du CARICOM, ils ont connu un démarrage dans cette décennie.
Plusieurs projets ont été entrepris par la Chine dans la région, citons par exemple aux Bahamas, où une entreprise de Hong Kong a investi environ 3 milliards de dollars pour aménager le Freeport Container Port, un port en eau profonde adapté aux navires porte-conteneurs. Toujours aux Bahamas, en 2011, la Banque d'import-export de Chine a accordé un prêt de 2,45 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) pour la construction d'une station balnéaire à Baha Mar, près de Nassau, la capitale. A Cuba, la Chine y a installé plusieurs bases militaires. On sait que, du personnel chinois occupe à Lourdes, Bejucal et Santiago de Cuba d'anciennes installations de renseignements datant de l'époque soviétique.
Comme en Afrique, la Chine mène une politique de financement de projets de construction, de routes, d'hôpitaux et de stades, avec des projets hautement visibles comme la réhabilitation de la route de la capitale jamaïcaine à l’aéroport. En 2006, le Costa Rica reconnaissait la République Populaire de Chine; Grâce à ce geste,Pékin décide d'y construire une raffinerie dont le montant est évalué à 1,3 milliard de dollars. Par la suite, des routes estimées à plus de 400 millions de dollars voient aussi le jour
Le cas du Panama est un autre exemple de la percée chinoise dans la région. L'ancienne colonie espagnol qui fut pendant un siècle un protectorat des Etats-Unis entretenait pendant longtemps des relations cordiales avec Taïwan, jusqu'en 2017, où Panama City a rompu ses liens avec l'île nationaliste pour reconnaître la Chine Communiste. Depuis, les deux gouvernements entendent accroître leurs échanges. Il faut dire que Panama revêt une position stratégique dans le commerce maritime mondial, 5% du commerce maritime international passe par le Canal, soit au total 403 millions de tonnes de cargaison en 2017, dont 166 millions de tonnes des Etats-Unis et 44 millions de tonnes pour la Chine. Aujourd'hui, la Chine est le 2e partenaire de l'isthme qui voit en Pékin un potentiel soutien international, pour le maintien de son statut de paradis fiscal. Ce qui déplaît forcément à l'ancien colonisateur nord-Américain.
Plus au nord, au Nicaragua, Pékin envisage la construction d'un gigantesque canal à l'image de celui du Panama. Long de 278 km, reliant l’embouchure du Rio del Brito côté Pacifique à celle du Rio Punto Gorda donnant sur la mer des Caraïbes. D’une profondeur et d’une largeur minimale de 30 et 230 mètres, il sera beaucoup plus profond que les canaux de Suez ( en Egypte) et celui de son voisin, le Panama. Pas moins de 50 milliards $US et 50 000 ouvriers ( tous chinois) seront mobilisés pour cet ambitieux projet. Selon les accords, le Nicaragua récupérera la gestion du Canal après cinq ans d'exploitation chinoise. Si ce canal du Nicaragua se concrétise, il serait le seul à pouvoir accueillir des navires commerciaux que le canal de Panama ne pourrait faire transiter : les post-post-panamax. Un projet qui boosterait l'économie de ce pays très pauvre d'Amérique Centrale dirigé par le très controversé Daniel Ortega, mis sur les bancs de la communauté internationale.
L'implantation de Pékin dans la région s'est intensifiée notamment après le passage des Ouragans Irma et Maria. La RPC a donné 2 millions € à l'île de Barbuda qui fut complètement dévastée par l'ouragan Maria. Par la suite Pékin a commencé la reconstruction des principales infrastructures. L'île de la Dominique qui a reconnu la RPC en 2004, augmente ses échanges avec la Chine continentale. Entre 800 et 900 Dominiquais ont bénéficié de la formation continue financée par le gouvernement chinois dans la période 2005-2013. En Avril 2012, la Chine livre une nouvelle route à Roseau, la Edward Oliver Leblanc Highway. Une construction à hauteur de plusieurs millions de $US. Le Service de police de la Dominique a été pourvu de matériels et d’équipements, y compris de motocyclettes, et a bénéficié d’une formation linguistique en mandarin. En 2017, l'île anglophone, elle aussi ravagée par Maria a certes bénéficié d'une aide financière du FMI mais elle aussi reçu une aide complémentaire de la part de la Chine Communiste. C'est d'ailleurs la Chine qui entreprend une bonne partie de la reconstruction. En 2018, la République Populaire de Chine a ouvert une ambassade à Roseau, preuve d'un rapprochement entre les deux pays.
Pékin continue de nouer des alliances avec d'autres pays de la région, comme c'est le cas avec la Barbade, Trinidad & Tobago, Surinam, Guyana etc. Des pays qui entrent dans le grand projet stratégique que met en place l'Empire du Milieu, la Nouvelle Route de la Soie. Projet pharaonique qui tire son nom de l'ancienne route de la soie qui jadis reliait l'Orient et l'Occident. Des voies commerciales qui relieraient la Chine à l'Occident et qui engloberaient 68 pays représentant 4,4 milliards d’habitants et 62 % du PIB mondial. Selon la banque Morgan Stanley, les investissements chinois cumulés dans les pays des "routes de la soie" dépasseront 1.200 milliards de dollars d'ici 2027. Outre la voie commerciale traditionnelle, la Chine veut inclure les pays de l'Amérique Centrale et de la Caraïbe, qui disposent d'une position stratégique pour l'ambition chinoise.
De plus, l'autre enjeu essentiel de la présence chinoise dans la Région est le soutien géostratégique. Car si la caraïbes et l’Amérique centrale ne représentent qu’un bassin de 43 M d’habitants, ce qui est peu comparé au près de 1,4 milliard de Chinois, cette région est une constellation de petits États, souvent insulaires, qui représentent autant de voix dans bon nombre d’instances internationales.
Quand on sait que très souvent, la Chine se heurte souvent aux grandes nations occidentales à l’ONU ou à l’Organisation mondiale du commerce, cet appui est non négligeable.