Mardi, à l'appel des syndicats et du personnel du Centre Hospitalier de la Guadeloupe, 7000 guadeloupéens et guadeloupéennes ont défilé dans les rues de Pointe-à-Pitre, pour dénoncer les conditions de travail et les conditions sanitaires déplorables du CHU. Notre reportage photos.
Depuis le 8 Juillet dernier, le personnel du CHU de Pointe-à-Pitre / Abymes est mobilisé, pour dénoncer les mauvaises conditions de travail dans lesquelles ils exercent leur métier.
En effet, depuis l'incendie du 28 novembre 2017, les services ont été éclatés dans des cliniques privées, à la Polyclinique aux Abymes et aux Eaux claires, à Baie-Mahault, deux communes voisines de Pointe-à-Pitre où est implanté l’hôpital. La maternité ne réintégrera plus ses locaux, qui n’étaient plus aux normes. Elle sera remplacée par un pôle parents-enfants flambant neuf, en octobre 2020. Un nouveau CHU, annoncé pour l’automne 2022, doit sortir de terre aux Abymes. L’investissement atteint 590 millions d’euros. Mais en attendant, que ces nouveaux établissements ouvrent leurs portes, les patients sont accueillis dans des conditions sanitaires déplorables.
Selon les syndicats, depuis cet incendie, la mortalité au sein du CHU aurait plus que doublé, mais pour les autorités sanitaires, ces chiffres sont exagérés.
Face au mutisme des autorités, les syndicats ont décidé de bloquer partiellement les accès de l'Hôpital général, tout en permettant aux malades et aux ambulances de circuler. Cependant, suite à l'assignation en référé contre l' UTS-UGTG/CGTG CHU, le juge des référés a donné raison à la direction du CHU, et a ordonné à l'intersyndicale « ainsi que tout occupant de leur chef de cesser immédiatement le blocage et de rétablir l'accès tant routier que piéton du CHU de Pointe-à-Pitre Abymes et de ses annexes et de libérer les lieux qu'ils occupent. Cette obligation est assortie d'une astreinte de 1 000 euros par jour de retard à compter de la signification de la décision.
Face à cela, le personnel a reçu le soutien populaire de la grande majorité des guadeloupéens. Selon un récent sondage de Qualistat publié le 1er août, le mouvement social est soutenu par 82 % de la population locale qui fait bloc derrière les syndicats et le personnel soignant.
Hier encore, à l'appel des syndicats, ils étaient environ 7000 personnes ( selon les syndicats) 2000 selon la police à s'être donné rendez-vous devant les grilles de l'Hôpital. Par la suite, ils ont défilé dans les rues de Pointe-à-Pitre afin de réclamer de meilleurs conditions de travail ainsi qu'une amélioration des conditions sanitaires au sein du CHU. . « Nous avons régulièrement des problèmes d’approvisionnement de matériel », rappelle Marilyne, infirmière au service hémodialyse. A cela s’ajoutent des problèmes financiers, dont une dette fournisseur de 49 millions d’euros. « La mobilisation est là malgré les vacances et l’approche du 15 aoû[...] Notre mouvement paie : nous avons déjà obtenu des résultats », rappelle pour sa part Eddy Ségur, du syndicat FSU. Une aide de 20 millions d’euros, initialement remboursable, a en effet été passée au rang de subvention et 40 millions d’assurances qui devaient être déduites des aides gouvernementales ne le seront pas. », se félicitait Jean-Marie Nomertin de la CGT-Guadeloupe.
Les syndicats veulent obtenir la relocalisation de certains services dans les locaux du CHU, notamment le pôle parents-enfants, actuellement déplacé dans la Polyclinique, un autre établissement de santé. « Pour l’heure c’est impossible de sortir de la Polyclinique », se défend le porte-parole de la direction du CHU,
Ou encore, comme l'affirmait Gaby Clavier, , secrétaire de la section santé de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), "Le principal objectif c'est d'obtenir plus de moyens pour disposer d'un système de santé correct"
Un mouvement avant tout social :
Au delà des problèmes sanitaires du CHU, c'est avant un mouvement social général qui se dessine. D’autres sujets, comme les sargasses, la gestion de l’eau, le pesticide chlordécone ou encore la jeunesse sont venus se greffer dans les débats. « Nous sommes dans un territoire globalement dégradé », note Elie Domota, de l’UGTG. Les syndicats espèrent un mouvement généralisé à la rentrée, « comme en 2009 ».
Le mouvement a notamment reçu le soutien de plusieurs personnalités locales parmi lesquelles Admiral T ou encore le chanteur Dominique Coco. Par ailleurs, cette deuxième journée de mobilisation a été marquée par le soutien des syndicats de la Martinique, qui ont envoyé une délégation en Guadeloupe. Le collectif CHUM Douvan Douvan et la CGTM Martinique ont organisé une action en soutien à leurs homologues guadeloupéens
Le défilé en photos :