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Classement des lieux qui commémorent l'esclavage.

Dernière mise à jour : 13 mai 2021


Dans le monde, plusieurs lieux ou monuments commémorent l'esclavage. De la Guadeloupe à l'Afrique du Sud, en passant par la France, tour du monde de ces lieux de mémoire.

Mois de Mai, mois d’histoire. Chaque année, à la même période, la France et deux de ses territoires, la Martinique et la Guadeloupe commémorent le sacrifice de celles et ceux qui se sont battus pour la liberté que nous jouissons aujourd’hui. Partout, des hommages sont rendus à ces héros qui ont marqué l’histoire à l’encre rouge sang. Entre les visites guidées des différents monuments historiques, les projections de films ou documentaires dans les différentes médiathèques des communes, les conférences et les débats autour du sujet, on peut dire que les Martiniquais, les Guadeloupéens et plus largement les Français renouent avec leur patrimoine et leur histoire avec ferveur. Cependant, la France et ses Outremers ne sont pas les seuls endroits à rendre hommage aux victimes de ce crime qui est pourtant encore d'actualité.

Petit tour d'horizon des lieux à travers le monde qui rendent hommage à l'esclavage.

1) Le Mémorial Acte en Guadeloupe :

Malgré les nombreuses critiques des mouvements nationalistes, le Mémorial Acte où “Centre Caribéen d’Expressions et de Mémoire de la Traite et de l’Esclavage” est certainement l’un des plus impressionnants au monde dédié à cette période de l’histoire. Sa construction a nécessité plus de 80 millions d’euros. Il a été inauguré en 2015 et renferme 7800 m2 d’espace abordant l’histoire de la traite et l’abolition de l’esclavage. Il a accueilli plus de 110 000 visiteurs la 1ère année de son ouverture au public. De plus, le MActe a été plusieurs fois récompensé à l'international.

En effet, il a obtenu le prix spécial « Worldwide category – Highly commended » le 1er novembre 2015, lors du British Guild of Travel Writers (BGTW) mais aussi, il a remporté la catégorie « Outstanding Heritage Site » aux African Diaspora World Tourism (ADWT) awards 2016 (Atlanta, États-Unis) ainsi que le Prix du musée 2017 du Conseil de l’Europe est décerné au Mémorial ACTe le 9 décembre 2016.

2) National Museum of African American History and Culture à Washington :

Le National Museum of African American History and Culture c'est son nom a le mérite de figurer dans notre liste. Inauguré le 25 septembre 2016 par le président Barack Obama et sa femme Michelle, en présence de son prédécesseur George W. Bush, de sa femme Laura et de plusieurs milliers de personnes, le National Museum of African American History, comparable au Mémorial Acte en Guadeloupe, sauf, qu'il traite exclusivement de l'histoire des Afro-Américains, passant au crible les méandres de l'histoire américaine : esclavage, ségrégation, lutte pour les droits civiques, culture afro-américaine et l'élection du premier président noir des Etats-Unis.

L'idée d'un lieu rendant hommage à la communauté afro-américaine, a été pensée par d'anciens combattants de la Guerre de Sécession en 1915, pour glorifier leurs actions sur le champs de bataille. Par la suite, c'est l'idée d'un musée qui viendra pour au final être oublier, suite à la crise économique qui frappa les Etat-Unis en 1929. L'idée sera reprise par les militants anti-ségrégation dans les Années 1950-1960 à l'époque où les Etats-Unis étaient secoués par les nombres manifestations pour les Droits-Civiques. L'idée sera une nouvelle fois oubliée, face aux refus des hommes politiques blancs de l'époque. C’est finalement en 2003 que le projet va enfin être validé par le Congrès. Sa conception a été confiée en 2009, à l'architecte Ghanéen, résident à Londres, David Adjaye, qui notamment le concepteur du Musée d'Art Contemporain de Denver, le Centre du Prix Nobel de la Paix.

3) African American Family Monument, à Savanah en Géorgie :

The African-American Family Monument est avant tout une statue symbolisant l’ abolition de l’esclavage, a été érigée en 2002. Le monument représente une famille noire moderne qui a brisé ses chaînes. On peut y lire l’inscription suivante* :

“We were stolen, sold and bought together from the African continent. We got on the slave ships together. We lay back to belly in the holds of the slave ships in each others excrement and urine together, sometimes died together, and our lifeless bodies thrown overboard together. Today, we are standing up together, with faith and even some joy "

Traduction : “Ensemble, nous avons été volés, vendus et achetés depuis le continent africain. Ensemble, nous avons embarqué sur les navires négriers. Ensemble, nous nous sommes couchés sur le ventre dans les cales des navires négriers dans nos excréments et notre urine. Nous sommes parfois morts ensemble et nos corps sans vie ont été jetés par dessus bord ensemble. Aujourd’hui, ensemble nous sommes debouts, avec foie et même un peu de joie”.

4) Whitney Plantation en Louisiane :

La Witney Plantation habitation de type coloniale située en Louisiane plus exactement dans la petite ville de Wallace près de la Nouvelle-Orléans, qui, depuis 2014 abrite un musée sur l'esclavage en grandeur nature. Il s'agit d'une immersion à travers les 264 ans d'histoire de la plantation.

Du champs d'indigo et de canne à sucre aux baraquements à esclavages, en passant par les geôles de la propriété et la chapelle, tout a été conservé afin de permettre aux visiteurs sans distinction de "race" ou de nationalité de se mettre dans la peau des personnes qui jadis, vécurent sur cette plantation. Depuis son ouverture en 2014, la Whitney Plantation bat des records d'affluence (34 000 la première année) pour un public très varié même si les afro-américains, en quête de leur histoire, constituent le gros des visiteurs. ( A lire notre article sur le sujet : La Whitney Plantation ).

5) Mémorial du CAP 110 à la Martinique :

Le mémorial Cap 110 de Laurent Valère, situé Anse Caffard, en Martinique, fut édifié en 1998, sur le territoire et à l’initiative de la ville du Diamant, à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Le concepteur, Laurent Valère, est un artiste martiniquais né en 1959.

L’œuvre déposée à même le sol forme un ensemble de quinze bustes de personnages affligés, présentés de manière serrée, en triangle. Construites en béton armé et blanchies au sable de Trinité-et-Tobago, chacune des statues pèse quatre tonnes pour une hauteur de 2,5 mètres. Elles sont orientées au cap 110 (est-sud-est), en direction de l’Afrique et du golfe de Guinée, d’où leur nom. Toutes présentent un même visage penché dans le même sens, accablé, les yeux baissés vers la terre et la mer. Le site a été choisi en hommage aux victimes du dernier naufrage de navire négrier de l’histoire de la Martinique. Aux abords de l’Anse Caffard, du nom du colon Jean Caffard, un navire transportant des esclaves s’échoua en pleine tempête sur les rochers de la côte, la nuit du 8 avril 1830, alors que la traite avait été déclarée illégale. Le bateau fut entièrement détruit, son nom et sa nationalité jamais établis. Sur près de 300 individus, il y eut 86 rescapés ; 46 cadavres furent repêchés, dont les corps furent inhumés au cimetière.

6) La Maison des Esclaves à Gorée :

Pour l'histoire; cette maison aurait été la dernière esclaverie en date à Gorée. La première remonterait à 1536, construite par les Portugais, premiers Européens à fouler le sol de l'île en 1444. Au rez-de-chaussée se trouvent les cellules (hommes, enfants, chambre de pesage, jeunes filles, inapte temporaire). Dans celles réservées aux hommes, faisant chacune 2,60 m sur 2,60 m, on mettait jusqu’à 15 à 20 personnes, assis le dos contre le mur, des chaînes les maintenant au cou et aux bras. On ne les libérait qu'une fois par jour afin de leur permettre de satisfaire leurs besoins, généralement dans cette maison, ils y vivaient dans un état d'hygiène insupportable. L'effectif dans cette petite maison variait entre 150 à 200 esclaves. L'attente de départ durait parfois près de trois mois, ces esclaves ayant affaire à des voiliers pour leur transport. Dans cette maison, le père, la mère et l'enfant dans les cellules étaient séparés. Tous partaient vers les Amériques, mais le pays de destination dépendait des besoins des acquéreurs, le père pouvait partir en Louisiane aux États-Unis, la mère au Brésil ou à Cuba et l'enfant à Haïti ou aux Antilles. Ils partaient de Gorée sous des numéros de matricule et jamais sous leurs noms africains.

Le site transformé en musée en 1962, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1978. Il reste un haut lieu de mémoire du commerce triangulaire et accueille des milliers de visiteurs chaque année.

7) Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes :

Dans l'histoire de la Traite Négrière, la ville de Nantes à jouer un très grand rôle. La capitale de la Loire-Atlantique fut le premier port négrier de France. Pour ce réconcilier avec ce passé resté longtemps tabou, en 2012, la ville inaugure le Mémorial de l'Abolition de l'Esclavage.

Le parcours :

Situé sur les quais de la Loire, entre le pont Anne-de-Bretagne et la passerelle Victor-Schœlcher, s’étend une promenade végétalisée de 7000 m2. Tout au long de cette esplanade sont réparties 2000 plaques de verre. 1710 rappellent le nom des navires et les dates de départ des expéditions négrières nantaises. Les 290 autres plaques indiquent les comptoirs négriers, les ports d’escale et les ports de vente en Afrique, aux Antilles, aux Amériques et en Océan Indien. Au rythme de ses pas, le visiteur prend conscience de l’ampleur de cette tragédie.

8) Monument en hommage aux esclaves révoltés de 1811, St Leu à La Réunion :

La sculpture en hommage aux esclaves révoltés de 1811 a été réalisée par Richard Vildeman et inaugurée le 8 novembre 2011, pour le 200ème anniversaire de cette révolte menée par des esclaves du 5 au 8 novembre 1811. Cette révolte constitue la seule grande révolte d'esclaves de La Réunion. Elle fut durement réprimée par les colons vivants sur l’Île.

Il s’agit d’un mur arrondi, dans lequel on trouve des cavités avec des têtes, celles d’esclaves condamnés à mort suite à la révolte de 1811. On peut lire sur une des plaques les noms des esclaves qui ont participé à la révolte, et sur l’autre plaque l’inscription suivante : « À la mémoire des esclaves qui ont pris part à la révolte du 08 novembre 2011 à Saint-Leu. Vingt-cinq d’entre eux furent condamnés à mort par la justice coloniale française en mars 1812. Deux cents ans après, les Réunionnais se souviennent et rendent hommage à tous les combattants de la liberté. »

9) Ouidah et la Porte de Non-Retour au Bénin

Au XVIIIe siècle, du temps de la Traite Négrière, la ville de Ouidah dans l'actuel Bénin, fut l'un des principaux point de vente et de départ des esclaves vers les colonies françaises et d'autres pays européens. Orchestrées par l'Etat négrier d'Abomey pour le compte des européens, les razzias dans les villages et la vente des esclaves, qualifiés de « marchandises », s'y déroulèrent dans les conditions les plus inhumaines qui soient. Environ deux millions d'êtres humains vont ainsi être acheminer vers les Amériques depuis Ouidah.

La Porte du Non Retour symbolise également le point d'arrivée de ce que l'on appelle aujourd'hui la route des esclaves.

Cette route partait de la Place des enchères, aussi appelée place Chacha au centre ville de Ouidah. Cette place avait été érigée en 1717 par le roi Ghézo d'Abomey qui confia à son ami, le brésilien Chacha de Souza, la vente des prisonniers de guerre aux européens.

Encore aujourd'hui on trouve au milieu de cette place un arbre pluri-centenaire, l'arbre de l'oubli. Y était pratiqué un rituel destiné à faire perdre aux hommes et femmes, vendus comme esclaves, tout repère. Les hommes devaient tourner neuf fois et les femmes sept fois autour de l'arbre qui leur ferait oublier leur culture, leur passé et leur patrie.

Avant de parcourir les quelques kilomètres qui les séparaient des bateaux, les esclaves étaient marqués au fer rouge d'une lettre, signe du pays d'appartenance de leurs nouveaux acquéreurs.

Ensuite, afin de tester leur résistance sur les bateaux durant la traversée, ils étaient enfermés pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois dans de petites cases, où l'obscurité était quasi totale. Ceux qui mouraient ou qui n'étaient plus en état de faire la traversée étaient jetés dans des fosses communes. Ceux qui restaient, parcouraient enchainés les uns aux autres les quelques kilomètres qui les séparaient de la plage.

La Porte du Non Retour porte en elle les signes des atrocités perpétuées tout au long de ce parcours. On peut trouver, sur les deux faces de la Porte, différentes sculptures et fresques les symbolisant. D'un côté, faisant face à la mer, la marche des esclaves vers les bateaux et de l'autre côté, dos à la mer, faisant face à la ville de Ouidah, les esclaves marchant depuis l'arbre de l'oubli.

10) Le Musée d'Aquitaine :

Bordeaux fut le 2ème port le plus important d’Europe durant le commerce triangulaire après le port de Nantes. Comme sa rivale, Bordeaux a décidé de renouer avec ce passé douloureux. Dans sa conception actuelle, le musée d’Aquitaine a été officiellement créé en 1962 à l’initiative du muséologue Georges Henri Rivière qui avait été chargé de la réorganisation des musées d’histoire, archéologie et ethnologie après la guerre.

Dans un premier temps, le musée d’Aquitaine a partagé le bâtiment du musée des Beaux-arts dont il occupait l’aile nord. Dans les années 1970, il est décidé d’installer le musée d’Aquitaine cours Pasteur, dans les anciens locaux de la faculté des sciences et des lettres de Bordeaux construite à la fin du XIXe siècle par Pierre-Charles Durand, architecte de la ville, sur l’emplacement du couvent des Feuillants où Michel de Montaigne fut enterré en 1592.

Une ambitieuse politique d’acquisition est alors menée en parallèle aux travaux de rénovation du bâtiment qui ont lieu de 1982 à 1986 et le nouveau musée ouvre ses portes au public en 1987.

Plusieurs expositions permanentes relatent l'histoire de la ville parmi elles, celle qui évoque le rôle de Bordeaux dans la Traite Négrière et dans le développement économique de la France du 18e et 19e siècle.

11) Cape Coast Castle au Ghana :

Entre le 16e et le 17e siècle, Cape Coast Castle a joué un rôle très important dans le comme triangulaire. Il même parmi les plus importants lieux de la traite négrière sur la côte de l'Or. L'histoire de Cape Coast débute au moment en 1650 quand le roi d’Efutu, Bredewa (Bredeva), autorisa la Compagnie suédoise d'Afrique à y installer un comptoir, appelé le fort Carolusburg.

En 1652, les Suédois s'emparent de tout le secteur de Cape Coast, auparavant sous le contrôle portugais, puis néerlandais, et centré autour de Carolusborg. Une première construction en bois fut érigé en 1653 par la Compagnie suédoise d'Afrique et nommée Carolusborg d'après le roi Charles X de Suède. Il fut plus tard reconstruit en pierre. En avril 1663, toute la Côte de l'Or est prise par les Danois et intégrée à la Côte-de-l'Or danoise. En 1664, le fort est pris par les Britanniques et est reconstruit et agrandi par le Comité des Marchands.

Comme plusieurs autres villes de la côte atlantique de l’Afrique, cet autre site de mémoire du commerce triangulaire était l’une des dernières étapes des esclaves avant l’embarquement sur les navires négriers ce jusqu'en 1830, date où la Traite négrière fut interdite par les autorités britanniques.

12) Stone Town, Slavery Memorial à Zanzibar, Tanzanie :

La Traite Négrière ne concerne pas simplement la côte Atlantique, elle a également eu lieu dans l'Océan Indien. Les esclaves de la Corne de l'Afrique étaient acheminés vers les pays arabes du Golfe Persique. Avant d'arriver à destination, ils étaient conduits généralement à Zanzibar, archipel situé au large des côtes de la Tanzanie. A l'époque, l'archipel indépendant était un sultanat très riche et très puissant dont la puissance reposait principalement sur le commerce des esclaves.

Pendant des siècles, Zanzibar développe activement ce commerce destiné à ravitailler en main d'œuvre ses plantations de girofliers et de cocotiers mais surtout à exporter les esclaves vers tous les États du golfe Persique. Dominant une grande partie de l'Ouest de l'océan Indien, les marchands omanaisjouent un rôle clé dans ce commerce. La population autochtone africaine étant jugée comme faisant de bons esclaves, les tribus africaines locales dominantes, coopérant avec les Arabes, mènent très régulièrement des expéditions vers l'intérieur de l'Afrique de l'Est afin d'y capturer hommes et femmes. Peu à peu, des caravanes s'avancent plus à l'intérieur du continent et traversent le lac Tanganyika pour s'approvisionner en esclaves au Congo.

Il faut attendre le xixe siècle et des traités internationaux signés sous l'impulsion du Royaume-Unipour que cette traite soit interdite et que l'esclavage soit réprimé puis aboli après de féroces luttes entre les britanniques et les soldats du Sultan.

La ville de Stone Town est classée au patrimoine de l’Unesco et abrite le Slavery Memorial.

13) Le Slavery Memorial au Cap, Afrique du Sud :

Le Mémorial aux Esclaves, exposé à Church Square, de Capetown, est l’œuvre des artistes contemporains Wilma Cruise et Gavin Younge. Érigé en 2008, il comprend 11 blocs en granit et commémore l’histoire de l’esclavage au Cap. On peut y lire les noms des esclaves vendus à Church Square, et des mots faisant référence à la période esclavagiste en Afrique du Sud (1652-1834/8).

Church Square est un endroit marqué par l’histoire de l’esclavage. Le Comptoir aux esclave(Slave Lodge), construite par les colons néerlandais en 1679, était le lieu où les esclaves vivaient. Depuis 1960, c’est un musée, où des expositions permanentes explorent l’histoire de l’esclavage sous toutes ses formes.

Les esclaves de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales étaient baptisés dans l’église The Groote Kerk (de l'Afrikaans, qui signifie "Great Church") à Church Square. Pendant que leurs maîtres étaient à l’église, les esclaves attendaient dehors sous « l’arbre des esclaves ». Celui-ci a été abattu en 1916 et un nouvel arbre a été planté en leur hommage.

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