Pointe-à-Pitre ville d'art et d'histoire n'est plus que l'ombre d'elle-même. Endettée à hauteur de 78 millions d'euro, l'ancienne capitale économique de la Guadeloupe, peine à relever la tête. Jadis, le centre ville et ses kaz traditionnelles faisaient tout le charme de cette ville coloniale. Aujourd'hui, il est complètement délaissé des pouvoirs publics. Malgré ces images de désolation, certains ont décidé de prendre les choses en main. Ils sont artistes, graffeurs, performeurs, ils se sont rassemblés autour du célèbre graffeur PACMAN lors du World Kreyol Art Festival.
Après huit années passées dans l'Hexagone, lassé de l'hiver et bercé par les souvenirs de mon enfance, je décide en 2017 de rentrer chez moi en Guadeloupe. A mon retour, la première chose qui m'a frappée, ce sont ces images de désolation. Immeubles délabrés, Kaz traditionnelles qui partent régulièrement en fumée, monuments à l'abandon, invasion de rats sur les places publiques, écoles publiques souvent fermées pour manque d'hygiène. Il faut le dire, la crise qui touche la Guadeloupe, frappe de plein fouet Pointe-à-Pitre. Rajoutons à cela, un maire, qui fait de la résistance malgré les nombreuses voix qui s'élèvent contre lui. Rajoutons à cela, une pauvreté extrême accompagnée d'une forte immigration clandestine se sont installées dans ce qui constituaient auparavant les beaux quartiers de la ville.
Endettée à hauteur de 78 millions d'euros, cette ville peuplée de 17 000 âmes est dirigée par la même famille depuis plus de cinquante ans. Aujourd'hui, elle peine à relever la tête. Autant dire, Pointe-à-Pitre n'est plus que l'ombre d'elle-même. Pourtant, malgré toute cette actualité négative, certains n'abandonnent pas et, décident de passer à l'action.
Un Festival d'art pour redonner un sens à Pointe-à-Pitre :
Depuis le 3 Mai dernier, l'ancienne ville économique connaît une transformation inédite. La raison de ce changement, le World Kreyol Art Festival. Annoncé en grande pompe dans les médias, c'est l'événement qu'il ne fallait pas manquer au mois de Mai. Décrit comme le festival qui transformera l'aspect des quartiers délaissés de la principale ville de l'Archipel. Le World Kreyol Art Festival a surtout connu le succès grâce aux médias sociaux, principalement, Instagram. C'est sur l'application de partage de photos que l'on s'aperçoit de l'ampleur du phénomène et de l'engouement qu'on les guadeloupéens pour le concept.
A la tête de ce projet, le graffeur (internationalement connu) Pacman. L'artiste a rassemblé autour de lui, 54 artistes graffeurs, performeurs, chanteurs locaux comme nationaux, tous d'horizons artistiques différents. À coup de bombes et de pochoirs, de micros et de beats, ces guerriers de l'art redonnent aux quartiers populaires de Pointe-à-Pitre,un nouvel aspect. Il y a dans la démarche, une volonté de dire non au fatalisme, mais surtout, cela vise à redonner une certaine forme d'humanité aux résidents de ces quartiers délabrés.
De plus, l'autre objectif du festival, est de donner une visibilité notamment aux artistes locaux. Chaque samedi ,depuis le début, les rues Raspail, Dubouchage, Vatable sont l'épicentre de l'animation culturelle du mois. Entre les concerts, les expositions, les performances des graffistes, Pointe-à-Pitre redevient la Ville d'Art et d'Histoire*
qu'elle était auparavant. L'événement se termine le 25 Mai prochain, donc, n'hésitez pas, rendez-vous dans les rues de Pointe-à-Pitre et partagez vos meilleurs clichés.
( Le label Ville et Pays d’art et d’histoire a été créé dans les années 1980 dans un contexte de renouvellement des politiques patrimoniales. Il est attribué par le ministère de la Culture et de la Communication aux collectivités locales engagées dans la valorisation de leur patrimoine entendue dans une acception large (patrimoine urbain, architectural, paysager, mémoire…), le label venant récompenser les efforts déjà menés par ces collectivités. Deux labels existent : Ville ou Pays d’art et d’histoire. Mais dans les deux cas, les engagements sont les mêmes. Ainsi, les objectifs de la convention sont de sensibiliser les habitants à leur cadre de vie et inciter à un tourisme culturel de qualité, d’initier le jeune public à l’architecture, au patrimoine et de présenter la ville ou le pays dans un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (le CIAP). La ville de Pointe-à-Pitre a été labellisée en 2003.)
Interview d'Al Pacman dans le cadre du World Kreyol Art Festival :
Quelques photos du World Kreyol Art Festival :
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