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Chlordécone : des avancées et une marche arrière !


Mercredi, en commission à l'Assemblée Nationale, le Ministre de la Transition Écologique, François De Rugy a annoncé une baisse des valeurs limites de chlordécone dans les aliments à base de viandes et de poissons. Néanmoins, le groupe de parlementaires socialistes accusent l'actuelle majorité d'avoir " détricoté" leur projet de loi visant à indemniser les victimes du Chlordécone.

Soutenu par les députés ultramarins de la majorité, le Ministre de la Transition Ecologique, François De Rugy a annoncé Mercredi en Commission à l'Assemblée Nationale, la baisse des valeurs limites de Chlordécone dans les aliments à base de viandes et de poissons.

Selon nos confrères d'Outremer 360, un arrêté sera signé la semaine prochaine pour abaisser les valeurs limites acceptables de chlordécone, un insecticide cancérogène longtemps utilisé en Guadeloupe et Martinique, « dans les aliments à base de viandes et de poissons », a annoncé le ministre de la Transtion écologique François de Rugy. Ce décret « garantira un haut niveau de protection sanitaire pour les consommateurs », a indiqué le ministre.

Tout remonte à un recours déposé fin Juin 2018 par une association guadeloupéenne devant le tribunal administratif de Paris pour demander l’abrogation d’un arrêté de 2008 fixant des limites autorisées de résidus (LMR) de chlordécone dans les produits alimentaires, trop hautes, selon elle. De plus, comme le souligne le ministre, « Pour les fruits et légumes, il y a déjà des catégories très claires de légumes qui fixent le chlordécone, et sont donc impropres à la consommation » sur les terrains contaminés

Une décision accueillie par les députés de la Majorité parmi lesquels Olivier Serva.

Pas d'Inmenisation des victimes du Chlordécone :

Seul ombre au tableau, l'Assemblée Nationale a à sa grande majorité dit non au projet de loi des parlementaires socialistes. Ce projet de loi visait à l'indemnisation des victimes du chlordécone était porté par Hélène-Vainqueur Christophe. En rejetant ce projet de loi, l'Assemblée Nationale écarte définitivement toute idée d'indemnisation.

Un rejet qui n'a pas laissé les députés apparentés socialistes indifférents. Au contraire, ils étaient en colère. C'est le cas de la principale concernée, Hélène-Vainqueur Christophe, qui a réagit en Commission puis sur ses réseaux sociaux :

Serge Letchimy a lui aussi laissé exprimer sa colère et sa profonde déception : J'ai horreur de me sentir humilié (...) Je suis très déçu (...) La majorité refuse une indemnisation des victimes du chlordécone. Je suis dégouté et déçu

Pourquoi un rejet du projet de loi ?

La réponse à la question est apportée par nos confrères de La 1ère : Au nom du groupe majoritaire La République en Marche, la députée Albane Gaillot a d'abord rappelé les propos d'Emmanuel Macron. En déplacement en Martinique en septembre 2018, il avait qualifié le chlordécone de scandale environnemental et avait indiqué que l'Etat devait prendre sa part de responsabilité et avancer sur le chemin des réparations.Elle a ensuite estimé qu'il fallait aborder le problème plus largement en faisant référence à une autre proposition de loi, largement amendée mais adoptée par la commission, sur la création d'un fonds d'indemnisation des victimes des produits phytopharmaceutiques : "Au delà des réparations pour les victimes du chlordécone, un rapport au Parlement sur les modalités et le financement d'un fonds d'indemnisation pour les victimes des produits phytosanitaires est en cours. Conformément aux préconisations du président de la République, nous avançons sur le chemin de la réparation en créant un fonds d'indeminsation pour les victimes des produits phytopharmaceutiques (...) Nous vous rejoignons sur l'urgence que représente la réparation des victimes du chlordécone, mais estimons que cette réparation doit se faire dans un cadre plus large"

Au cours de son voyage officiel aux Antilles-Française, en Septembre 2018, le Président Macron avait affirmé que l'exposition à ce pesticide très toxique, allait être reconnu comme maladie professionnelle. était allé jusqu'à reconnaître que « l'Etat doit prendre sa part de responsabilité » dans la pollution au chlordécone aux Antilles et « avancer sur le chemin de la réparation » Néanmoin, le Président avait botté en touche quand, on lui avait demandé si l'Etat allait mettre en place de potentielles indemnisations pour les victimes. Le président avait même balayé la question des journalistes. Affirmant déjà que l'Etat n'indemniserait pas les victimes potentielles, puisque selon lui, il n'y avait aucune étude confirmant le lien entre les cas de cancer et le Chlordécone.

Toujours selon ses propos, « l'état des connaissances scientifiques ne permet pas de certifier » la dangerosité de la molécule pour la santé humaine, bien que l'on « présume le lien avec les naissances prématurées, les retards de développement cérébral et d'autres pathologies ». Il en a conclu qu'il "ne serait pas responsable de dire qu'il y a une réparation individuelle pour tous",

En rejetant le projet de loi, l'Assemblée Nationale au début sur les indemnisations pour de bon.

Une étude pour connaître les liens entre le cancer et l'exposition au Chlordécone :

Interrogée le 23 Janvier dernier par le sénateur de la Guadeloupe Dominique Théophile sur la question des études " trop peu nombreuses" sur le lien entre le pesticide et le cancer de la prostate, la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Santé Christelle Dubos a expliqué que l'Institut national du Cancer avait été saisi en avril 2018 afin de "mettre en place une étude pour répondre à la question du lien" entre exposition au chlordécone et cancer de la prostate et "d'organiser le lancement d'un appel à projet".

Selon la secrétaire d'Etat, " les propositions de l'Institut, rendues en décembre 2018 sont "en cours d'analyse" et "un appel à projet sera lancé au cours du premier semestre 2019".Concernant la reconnaissance des maladies professionnelles en lien avec le cancer de la prostate et l'exposition au chlordécone, elle a également annoncé que des travaux d'expertise de l'Inserm et de l'Anses sur "le cancer de la prostate et son lien avec l'exposition au pesticide" seraient "versés à l'instruction des commissions en charge de la création des tableaux de maladies dans le courant du premier semestre 2019". "Il convient d'attendre la fin du second semestre 2019 pour voir aboutir la procédure", a-t-elle précisé.

Le Chlordécone un poison autorisé :

L'Histoire du Chlordécone remonte au début des années 1970 la Commission des toxiques refuse à deux reprises l’homologation de la molécule : elle fait partie de la famille des organochlorés, toxiques, on a vérifié qu’elle s’accumule dans les tissus animaux ainsi que dans l’environnement, où elle est extrêmement persistante.Cela n’empêche pas le ministre de l’agriculture de donner son aval en 1972 : c’est en effet le seul pesticide qui vient alors à bout du charançon du bananier. Or il y a péril dans les îles : relent de l’économie coloniale, la Martinique et de la Guadeloupe sont dédiées à la banane, une quasi monoculture d’exportation vers la métropole française. La molécule miracle n’obtient qu’une autorisation provisoire d’une année. Elle n’a cependant été réexaminée qu’en 1976, pour être prolongée.Un an plus tôt, un grave accident marque précocement l’histoire du chlordécone. À l’usine d’Hopewell (Virginie), l’une des trois qui fabriquent le pesticide aux États-Unis, plusieurs dizaines de personnes sont en 1975 victimes d’intoxication au chlordécone en raison de mesures de précaution insuffisantes. Des employés sont affectés, mais aussi des riverains, du fait des rejets dans les eaux. Les examens établissent un lien de cause à effet avec des troubles neurologiques apparus à la suite (tremblements, nervosité…). Conséquence : les États-Unis bannissent le chlordécone dès 1977.

Pourtant aux Antilles Françaises, les pulvérisations se sont poursuivies trente ans après. A croire qu'ils étaient sourds ou aveugle. D'aucun ne pourra dire, qu'il ne savait pas. A cette époque, de forts indices de pollutions et des preuves locales de contamination desécosystèmes ou des aliments ont été cités de manière récurrente depuis la fin des années 1970, notamment par les rapports suivants :le rapport Snégaroff (INRA, 1977) ;le rapport Kermarec, 1979-1980 ;une étude de l’estuaire du Grand Carbet (UNESCO, 1993) ;le rapport Balland-Mestres-Faget, mission d’inspection diligentée par les ministères de l’environnement et de l’agriculture (1998).

D'autres rapports suivront dans les années 2000, mais aucune interdiction n'est engagée par le Gouvernement, aveuglé par l'argent du Lobby (béké) des producteurs de banane. Lobby qui tient les mêmes discours pour que les pulvérisations se poursuivent : Concurrence avec la Banane Dollar et les intempéries. Dans le reste du Monde, le pesticide est interdit , aux Antilles-Françaises, il sera utilisé jusqu’en 1993, date où il perd enfin son autorisation. Malgré son interdiction, l'insecticide est toujours présent dans les sols où il peut persister environ 600 ans

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