La Guadeloupe perd des habitants, c'est le constat qu'a fait récemment l'INSEE lors du recensement de l'année 2018. De plus en plus de jeunes sont candidats au départ. La raison principale de ce choix difficile, le travail. En effet, ils sont nombreux à se plaindre de ne pas trouver un travail correct chez eux. Aujourd'hui, une jeune femme a brisé le silence en écrivant une lettre ouverte à l'attention de la classe politique.
Lors de notre précédent article, on vous le disait, la Guadeloupe mais aussi la Martinique sont touchées depuis quelques années d'une baisse accrue de leur population respective. En effet, selon le dernier rapport de l'INSEE : la Guadeloupe et la Martinique perdent des habitants, recensement après recensement. En l’espace de 5 ans, la Guadeloupe a perdu 10 000 habitants passant de 404 600 habitants en 2011 à 397 000 habitants en 2017, désormais l’île compte environ 394 100 habitants en 2018 soit une baisse de 3000 habitants en une année. Quant à la Martinique, elle aurait perdu, en cinq ans, 16 000 habitants. Cette diminution va de paire avec la baisse de la natalité, en Guadeloupe malgré la petite augmentation (+ 0,95%) , la natalité reste très faible, tandis qu'à la Martinique, elle, affiche une baisse plus prononcée avec 1,91 naissances par femme en 2016 contre 1,95 en 2015.
Cependant, cette forte baisse est liée notamment au manque de perspective d'avenir pour la jeunesse. Une jeunesse qui pourtant reste fortement attacher à sa terre natale et sa culture. Malheureusement faute de trouver l'emploi convenable, de plus en plus en de jeunes sont candidats au départ vers l'Hexagone principalement. Selon l'INSEE, en 2017, le chômage s’établit à 22,4% pour la population active, dont près de 43,3% de chômage chez les jeunes entre 15-24 ans.
Aujourd'hui, une jeune guadeloupéenne s'érige pour dénoncer l'immobilisme politique. Avec une plume acérée, elle écrit une lettre ouverte à cette même classe politique qui fait la sourde oreille.
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Enfant du pays, de retour sept ans après un départ forcé pour étudier en Métropole, je suis en colère contre mon île. Pendant tout mon parcours en Métropole j’ai tenu grâce à l’idée d’avoir des compétences qui me permettront de revenir travailler en Guadeloupe. J’ai tout laissé pour revenir en Guadeloupe fin 2016. Demande de mutation faite, CV, lettre de motivation, je pars armée à la conquête de ce nouvel avenir, accompagnée de mon époux jeune sacrifié guadeloupéen lui aussi.
Deux ans après l’heure est au bilan :
- mon époux collectionne les CDD au SMIC toujours dans la même entreprise, sans espoir de CDI avec une expérience réussie de 10 ans dans son domaine.
- moi ? Dans mon secteur rien ! Une mutation en vue ? non ! Quelque chose qui entre dans le cadre de mes expériences professionnelles, mon bac, mon DUT, ou même de ma licence? Rien ou juste des remplacements…
Sur ces deux ans, j’ai entendu nos politiques se plaindre incessamment de la fuite des talents, des conséquences démographiques, d’un projet pour favoriser les mutations des ultramarins en priorité,…mais qu’en est-il réellement ? Prenant le taureau par les cornes, j’ai sollicité nos politiques. J’attends encore une réponse de notre président de Région Monsieur CHALUS suite à un courrier envoyé en août 2018. Monsieur SERVA aime offrir des sets de tables. Madame BENIN est toujours hors du département pour un rendez vous, mais excelle par sa présence aux chanté nwël, inaugurations, cérémonies… Quand cesserez-vous, chers politiques, de faire de la figuration autour des maux de la Guadeloupe ? Quand vous mettrez-vous réellement au travail ? Quand arrêterez-vous de mépriser le Guadeloupéen? Vous pensez nous tromper mais nous ne sommes pas dupes, nous jeunes! Eau, Chlordécone, CHU, pauvreté croissante, chômage… est-ce un sacrifice organisé de la population guadeloupéenne ?
Deux ans après, je n’ai plus que six mois pour me stabiliser. La question du retour dans l’hexagone se pose:
- devrais-je rester en Guadeloupe, sans savoir comment payer mon loyer, en me satisfaisant du peu de finances, sans rêver de construction, de voyages, de famille,…me contenter du minimum ?
- ou repartir pour avoir un salaire en accord avec mes diplômes et mes compétences, un CDI, pouvoir construire une vie ?
Ce choix est difficile mais pour avoir une vie acceptable je dois repartir, je n’ai pas le filon, ni le bon nom de famille! Certains diront que le cadre environnemental change tout…. Vous suffit-il à payer votre loyer ou subvenir aux besoins de votre famille ? Vous jeunes qui vous reconnaitrez à travers mon parcours, je vous invite à faire comme moi, témoignez ! Les mots s’envolent, les écrits restent.
Deux ans après, c’est le cœur lourd que j’écris ces mots. J’ai mal à mon avenir, j’ai mal à ma Guadeloupe!
Une jeune guadeloupéenne
Des réactions qui abondent :
Cette lettre postée sur Facebook a rapidement fait le tour de la toile. Des réactions et des témoignages similaires abondent :
Brother Jimmy, le célèbre présentateur de l'émission BWorld Connection n'a pas manqué de partager cette lettre ouverte où là aussi, les réactions abondent.
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