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[ Réunion ] Les premières mesures d'Annick Girardin


Arrivée sur l'île de La Réunion bloquée depuis 13 Jours, Annick Girardin a rencontré les représentants des Gilets Jaunes. En fonction des premières doléances des réunionnais, la Ministre des Outremers n'a pas tardé à faire ses premières annonces qui ont reçu un accueil mitigé. Sur place, les manifestations se poursuivent.

Depuis bientôt deux semaines, l'île de La Réunion est en ébullition. Entre les manifestations et les blocages des principaux axes routiers de l'île par les Gilets Jaunes, le tout émaillé d'affrontements entre les forces de l'ordre et les jeunes des quartiers difficiles, La Réunion vit un tournant de son histoire. Jamais, les réunionnais n'étaient descendus dans les rues comme ils le font depuis treize jours.

Au delà des manifestations contre la hausse des carburants et la chèreté de la vie, c'est bien la dénonciation du système néo-colonial dans lequel vit encore le réunionnais. Un système où, les blancs sont au dessus et le réunionnais créole ou "zarabe" vivent avec le strict minimum. A La Réunion, il y a une fracture sociale mais surtout raciale.

De plus, comme dans beaucoup de régions de l'Outre-Mer français, la jeunesse réunionnaise se sent délaisser , sans perspective d'avenir. Le chômage de masse, rappelons le, avoisine les 30% pour l'ensemble de la population active et 60% de jeunes sont au chômage. Le jeune réunionnais est confronté entre deux choix, celui de rester sur l'île et subir au moins une fois dans sa vie le chômage ou partir vers l'Hexagone ou à l'étranger, avec des destinations de choix, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, l'Afrique du Sud etc. Quand, il veut rentrer chez lui après des années de carrière dans l'Hexagone, il est confronté au refus de l'administration pour laquelle il travaille, car, il faut le dire, l'ensemble des postes à pourvoir sont occupés par les " zoreils" ( nom donné aux blancs venus de l'Hexagone).

Après des années de sommeil, ou tout simplement de patience, le réunionnais se réveille et constate que son île, ne lui appartient plus.

Récemment, Stéphane NICAISE dans une tribune, lisible sur 97Land, écrivait : " La fracture sociale n’est pas une fatalité. Elle met en évidence l’absence de vision commune de la société où se projeter et envisager un avenir mobilisateur des énergies personnelles et collectives. A défaut, le repli sur soi amène tous les débordements et les violences. La non définition d’un projet partagé nous a conduits à une impasse[...] Faire fléchir le gouvernement sur la hausse des carburants et tout ce qui concourt à diminuer le pouvoir d’achat des ménages, ne supprimera pas les causes de l’existence des « gilets noirs alternativement qualifiés de cagnards, de casseurs et d’émeutiers. Demandons-nous ce qui est en mesure de modifier les conditions de production sociale d’individus marginalisés. Car les « gilets noirs » sont aussi les victimes d’une société en partie indifférente à l’aspiration de chacun à réaliser sa vie et à participer à la construction du vivre ensemble. "

Il faut panser les douleurs du passé et penser à l'avenir en comblant les failles de cette société post-coloniale. Il faut donc changer le système et construire le modèle réunionnais, dans lequel, tous les réunionnais seraient égaux aux yeux de la Loi et de la devise, liberté, égalité, fraternité.

Premières annonces d'Annick Girardin :

Dès sa sortie de l'avion, Annick Girardin est allée à la rencontre des Gilets Jaunes sur le barrage de Gillot où elle a pu échanger sur les différentes revendications portées par le mouvement. Par la suite, la Ministre a rencontré les représentants des Gilets Jaunes en Préfecture qui lui ont remis les principales doléances formulées par la population réunionnaise. A la sortie de la réunion, au cours de la Conférence de Presse, Annick Girardin a énoncé les mesures sociales qui prendront effet dès Janiver 2019 :

Elle a d’abord rappelé les mesures concrètes de lutte contre la pauvreté prises par le gouvernement, et qui doivent entrer en vigueur partout en France au 1er janvier 2019 : - La prime d’activité augmentée de 360 euros par an pour 60 000 Réunionnais, - 80% foyers bénéficieront de la baisse de taxe habitation, - Le minimum vieillesse est porté à 900 euros par mois, - Pas de hausse de la CSG pour les retraités les plus fragiles, - L’allocation adulte handicapé portée à 900 euros, - L'ensemble des salariés verront leurs heures supplémentaires être exonérées de cotisations salariales, ce qui leur permettra une économie de 250 euros par an, - Une prise en charge à 100 % par la sécurité sociale des frais pour les lunettes, les soins dentaires et les prothèses auditives, - En plus de la CMU, les plus fragiles vont bénéficier d’une couverture santé complémentaire pour 30 euros par mois et pas 110 euros comme aujourd’hui.

La ministre a en outre évoqué les trois priorités du modèle réunionnais :

1/ La première priorité fixée par la ministre est celle de l’enfance et le soutien aux familles.

Elle annonce : la création par la CAF de 1500 places de crèches à La Réunion ; quinze nouveaux centres sociaux de proximité verront le jour sur le territoire avec une garde d’enfant et crèche ; la baisse des produits alimentaires pour les tous petits; et des petits déjeuners seront offerts dès 2019 dans les écoles.

2/ La seconde priorité du gouvernement pour La Réunion, ce sont les jeunes.

“Nous allons multiplier les offres d’accompagnement avec une obligation d’offre de formation”, a déclaré la ministre reprenant ainsi l'annonce faite par Muriel Penicaud, la ministre du travail, lors de sa visite dans l'île le 16 novembre dernier. Les acteurs publics seront donc obligés de proposer une offre de formation à tous jeunes de moins de 18 ans. Il y aura des moyens supplémentaires pour les missions locales “pour aller chercher les jeunes dans les quartiers et les accompagner vers l’emploi”. Enfin une nouvelle école de la deuxième chance sera créée dans le nord.

3/ La troisième priorité est d’investir massivement dans l'accompagnement vers l’emploi,

Le plan d’investissement dans les compétences sera doté de 253 millions d’euros pour développer l’offre de formation avec la Région. Pour les allocataires du RSA, le gouvernement veut “sortir des parcours cloisonnés entre accompagnement social et professionnel”. “Nous allons déployer un accompagnement global entre Pôle emploi et le département dès 2019, et renforcer le contrôle des engagements réciproques”.

Elle veut aussi soutenir le tissu associatif local à hauteur d'un million et demi pour accompagner les personnes en difficultés. Enfin la ministre promet des moyens supplémentaires aux collectivités et en premier lieu, au département, “assortis d’exigence, de suivi et de résultats pour favoriser l’accès au droits, le soutien aux jeunes et les politiques d’insertion”. Annick Girardin affirme que les moyens seront plus que doublé pour 2019. “Plus de 30 millions seront investis aux côtés des collectivités pour soutenir les associations et accompagner les familles”.

Accueil mitigé des réunionnais :

La visite ministérielle se poursuit mais, malgré toutes les annonces, les réunionnais restent sceptiques. Beaucoup pensent que toutes ces propositions ne sont que des effets d'annonces, des promesses déjà énoncées par le président Macron en septembre dernier dans le Plan Pauvreté. Rien de nouveau pour les précaires, rien de neuf pour les classes moyennes. Il suffit simplement calmer de la colère générale.

En ce 13e jour de grève générale, la Ministre est attendue dans le Sud et l'Est de l'île où déjà des barrages ont été érigés, notamment à Saint-Pierre.

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