Depuis plusieurs semaines, les haïtiens vivaient dans la hantise d'une hausse des carburants. Vendredi 6 Juillet, le couperet est tombé, le gouvernement de Jovenel Moïse a annoncé la hausse des prix des carburants. En colère, les haïtiens se sont précipités dans les rues. Le gouvernement a finalement fait marche arrière. Mais la population ne décolère pas. Plusieurs grandes villes sont touchées par ces violences.
Voitures brûlées, pneus enflammés, barricades érigées, Jets de pierres, affrontements avec la police nationale, depuis vendredi 6 Juillet, en Haïti, des scènes d'émeutes touchent plusieurs grandes villes de la première République noire. La raison de cette flambée de violence, la hausse du prix des carburants. Le bilan officiel fait état de sept morts.
La mesure était attendue avec anxiété par la population. Vendredi 6 Juillet, le couperet est tombé, le gouvernement de Jovenel Moïse a annoncé la hausse des prix des carburants. Une hausse justifiée par le ministre de l'Economie et des Finances, par le fait qu'il était anormal qu'Haïti continue à subventionner l'économie de la République dominicaine voisine. Car selon le ministre, plus d'un quart des barils achetés en Haïti sont en fait consommés par des Dominicains qui traversent quotidiennement la frontière pour bénéficier des tarifs plus avantageux que chez eux.
En colère, les haïtiens se sont précipités dans les rues. C'est principalement à Port-au-Prince que les affrontements ont été plus violents. Les manifestants se sont attaqués à deux grands hôtels de la Capitale, l'hôtel Royal Oasis et l'hôtel Best Western. Selon nos confrères de Loop Haïti qui couvrent les événements, plusieurs voitures garées sur la cour du Royal Oasis ont été incendiées. ABest Western, au moins une voiture est en feu.
Dans la nuit du 6 au 7 Juillet, Port-au-Prince était une ville morte. Les principales artères de la capitale haïtienne étaient toujours bloquées par des piles de pneus enflammés et on pouvait entendre des tirs sporadiques dans plusieurs quartiers de la ville.
Toujours selon nos confrères, à Delmas, faubourg de Port-au-Prince, les émeutiers ont attaqué le supermarché, Delimart qui a été vandalisé et pillé.
Les haïtiens ont de quoi être en colère, car cette hausse des prix oscille entre +38 et 51%, +38% sur le prix de l'essence, +47% sur celui du diesel et +51% sur celui du kérosène soit 4$ / l de diesel et 5$/l de sans plomb. En Haïti, 80% de la population gagne moins de 2$ par jour.
Ces nouveaux tarifs répondent à une exigence du FMI. Selon l'organisation internationale, les subventions qui existaient jusqu'ici sur les produits pétroliers constituaient une des premières causes de déficit pour Haïti.
Face à la colère de la rue, le gouvernement haïtien a fait marche arrière, en annulant temporairement la hausse des prix. En effet, c'est via son compte Twitter que le premier ministre Jack Guy Lafontant a annoncé la suspension de la mesure d'augmentation des produits pétroliers.
Une annonce qui pourrait calmer temporairement la colère des haïtiens qui subissent depuis des décennies une pauvreté chronique combinée aux aléas climatiques. La première nation noire indépendante a bien du mal à entrer dans la compétitivité mondiale et c'est la population à grande majorité noire qui en souffre au détriment des élites mulâtres qui détiennent le pouvoir économique depuis l'indépendance en 1804.
Face aux violence plusieurs compagnie aériennes américaines ont suspendu leur vol vers Haïti. L'ambassade américaine a réagit. Elle condamne fermement les violences survenues tout en invitant tous les partis au dialogue.
« Nous encourageons toutes les parties en Haïti à exercer la modération et le respect de la loi sans avoir recours à la violence contre les personnes et les biens », lit-on dans le communiqué qui exhorte tous les citoyens américains se trouvant dans le pays a la vigilance.
( Des femmes transportent des marchandises pillées dans un magasin de Port-au-Prince, le 7 juillet 2018 en Haïti / AFP)