Hier, se tenait les assises des Outremers. Sorte de grande réunion rassemblant des élus d'Outremer, les membres du gouvernement et des investisseurs. Il s'agissait de présenter les ambitions du Gouvernement pour ces territoires éloignés de la métropole. Le rassemblement s'est achevé par un discours du président de la République Emmanuel Macron qui a tracé les grandes lignes de la politique du gouvernement pour les Outre-mer.
On parle beaucoup des Assises de l'Outremer, mais on n'est incapable d'apporter une vraie définition de la chose. De manière générale, les Assises de l'Outremer sont un temps d'échange et de réflexion avec l'ensemble des ultra-marins qui ont eu la possibilité de s'exprimer sur l'évolution de leur territoire respectif.
Entre octobre 2017 et avril 2018, les Assises des Outre-mer ont permis à l’ensemble des citoyens d’outre-mer de prendre la parole. Cette consultation inédite a permis à plus de 25 000 participants de faire émerger des projets et des ambitions communes pour leur territoire. Afin de tenir compte de leur diversité et de s’assurer de la réalité des besoins exprimés par les populations, chaque territoire a pu définir ses propres thèmes en lien avec les élus et la société civile. 551 ateliers ont ainsi été organisés grâce à cette méthode de consultation innovante. 219 réunions publiques ont été organisées à la fois dans des petites, moyennes et grandes communes des territoires.
C’est donc un exercice citoyen qui a pour objectif de faire participer le plus grand nombre afin d’obtenir des solutions qui proviennent des territoires.
En ce qui concerne l'équipe elle était constituée de personnalités choisies pour leurs parcours, leurs compétences et leurs sensibilités. Chacun des membres a donné son avis sur les projets recueillis dans le cadre des Assises. Parmi ces membres on retrouve :
-Jean-Étienne ANTOINETTE Président de la délégation Outre-mer au CESE,
- Guy CLAIREAUX Enseignant-chercheur Professeur en écophysiologie, éco toxicologie et énergétique des poissons,
- Nassir GOULAMALY Industriel, directeur général du groupe familial Océinde et de sa filiale Zeop,
- Mémona HINTERMANN-AFFEJEE Membre du CSA Journaliste et grand reporter,
- Pascal LEGITIMUS humoriste, acteur et réalisateur,
- Jean Marc MORMECK Délégué Interministériel pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer, boxeur, champion du monde poids lourds-légers WBA et WBC champion de France poids mi-lourds,
- Audrey PULVAR journaliste, animatrice de télévision et de radio, présidente de la Fondation pour la nature et l'homme,
- Joëlle PRÉVOT-MADERE cheffe d'entreprise, présidente de la CGPME Guyane et Vice-Présidente de la délégation Outre-Mer au CESE,
Gaël MUSQUET Météorologue de formation, fondateur de l'association HAND - Hackers Against Natural Disasters président d’OpenStreetMap France, défenseur du logiciel libre et de la cartographie open source,
- Rozette ISSOUF Psychologue etc.
A la clé de ces consultations, la rédaction d'un Livre Bleu rédigé en fonction des idées de chacun et qui a été remis à l'équipe gouvernementale lors de la réunion à Paris. Chaque région sa spécificité donc ses idées pour son développement : ( lire les idées de chaque territoire ). De ces idées, on retiendra principalement l'intégration de la jeunesse dans le monde du travail,le développement économique de ces territoires, le combat contre le chômage endémique qui touche notamment cette jeunesse, la sauvegarde l'environnement, le retour de la jeunesse diplômée chez elle en Outremer et le retour des fonctionnaires ultramarins dans leur région de naissance.
Plusieurs annonces du Président Macron :
De cette réunion c'est bien le discours du président Emmanuel Macron qui était très attendu. Ce dernier a fait plusieurs annonces. Parmi elles, les congés bonifiés. Au départ, ces congés étaient accordés aux fonctionnaires " blancs" installés dans les Outremers du fait de la lutte syndicale en Outremer, il s'est démocratisé avec l'ensemble des fonctionnaires ultramarins installés eux dans l'Hexagone. Depuis le Décret de Juillet 1987, il est accordé aux fonctionnaires originaires d'un département d'outre-mer (Dom) qui travaillent en métropole ou dans un autre Dom ou aux fonctionnaires originaires de métropole qui travaillent dans un Dom. Il permet d'effectuer périodiquement un séjour sur le lieu d'origine. Il donne lieu à une majoration de la durée du congé annuel, une prise en charge des frais de transport du fonctionnaire et des membres de sa famille et au versement d'une indemnité. Ce congé équivaut à 30 jours supplémentaires de congés tous les trois ans, avec le prix du billet payé par l'employeur.
Sur ce point, le chef de l'Etat a confirmé ce qu'il avait déjà dit lors de son déplacement en Guyane en octobre 2017 : les congés bonifiés vont être réformés " Les ministres auront à mettre en oeuvre cette réforme qui sera effective en 2020 pour ceux qui sont fonctionnaires. Avec un principe simple : les congés seront moins longs, mais tous les deux ans. " Emmanuel Macron veut désormais permettre "des retours plus fréquents avec une politique qui incite aussi à avoir des billets beaucoup moins chers"
Le prix du billet d'avion :
"On fait payer plusieurs milliers d'euros de plus le billet d'avion à celui qui revient pour son congé bonifié. Il faut pouvoir revenir plus vite, plus facilement, avec là aussi des politiques tarifaires plus adaptées. " c'est par ces mots que le Président de la République a abordé la question des prix du billet d'avion encore trop excessif dans les départements d'Outremer. Le Président de la République veut une "politique de concurrence beaucoup plus vigilante pour les monopoles dans chacun de nos territoires, ce sera aussi ce que nous ferons pour nos compagnies aériennes et leurs politique tarifaire". Une déclaration saluée immédiatement par les élus et la ministre des Outre-mer présents dans l'assistance.
La surrémunération des Fonctionnaires :
A chaque gouvernement, le sujet revient sur la table. Chaque nouveau président souhaite supprimer ces avantages accordés aux fonctionnaires installés dans les Outremers. Tout comme le Congé Bonifié, la surrémunération des fonctionnaires créée au début des années 1950, était au départ réservée aux hexagonaux qui s'installaient dans les îles qu'ils soient ou non fonctionnaires. Il s'agissait d'inciter ces français à partir vivre sous le soleil tandis que les ultramarins eux étaient invités à venir travailler dans l'Hexagone. A force de luttes syndicales, la surrémunérations s'est elle aussi démocratisées en s'ouvrant à tous les fonctionnaires peu importe l'origine, depuis qu'ils sont en Outremer. Les avantages varient selon la destination : de 40% du côtés des territoires d'Atlantique ( Guadeloupe, Martinique, Guyane, St Pierre et Miquelon) à 108% dans le Pacifique ( Nouvelle Calédonie, Wallis et Futuna et Tahiti).
Alors qu'il venait d'être élu, Emmanuel Macron avait promis de ne pas toucher à ces avantages, "Je maintiendrai les sur-rémunérations car aujourd'hui on ne peut pas les supprimer", aujourd'hui il semblerait qu'il ait changé d'avis : " Ayons cette lucidité collective de dire que nous avons organisé la vie chère. Nous l'avons fait par une politique de surrémunération. Je ne propose pas -et c'était un engagement de campagne- à ce stade d'y revenir.Mais à un moment donné, nous devrons collectivement, et ça devra venir de vous, proposer d'en sortir. Parce que c'est la surrémunération des uns qui crée la pauvreté des autres. Soyons lucides. "
L'avenir de France Ô :
Véritable portail de la France d'Outremer, France Ô est menacée de disparaître suite à la refonte du service public audiovisuel. Une suppression actée par la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen. Créée en 1998 sous le nom de RFO Sat avant de devenir en 2005 France Ô la chaine de télévision publique est consacrée à la diversité culturelle et à la France d'outre-mer, qu'elle doit faire découvrir à la France métropolitaine. Plusieurs fois menacée de disparition, il semblerait que France Ô vive ses derniers instants, ce malgré la mobilisation de plusieurs personnalités publiques ultramarines.
A ce sujet, le président à donner son opinion :
" Il y aura un débat, une concertation sur France Ô. Il s'agit de ne pas être indûment conservateur. Il faut faire évoluer les choses. Est-ce que ça marche bien aujourd'hui ? Est-ce qu'on pense que l'audiovisuel public donne toute sa place à l'Outre-mer ? Est-ce qu'il y a suffisamment de gens qui regardent France Ô ? Non, je vous le dis franchement, ce n'est pas vrai (...) Les antennes locales doivent être maintenues (...) Le doublon est ridicule aujourd'hui. Il faut faire un choix : veut-on des antennes locales avec plus de décrochages dans les grandes chaînes et pas dans une périphérie ? Dans ce cas il faut plus de décrochages ultramarins sur France 3 et sur France 2. C'est le vrai débat. Mais n'ayons pas un débat hypocrite qui consiste à dire : comme personne ne veut faire un décrochage sur l'audiovisuel public noble, on a créé un audiovisuel public national périphérique qui s'appelle France Ô. Personne n'en est vraiment content mais on le garde comme ça car c'est un système de reconnaissance. Cela n'est pas satisfaisant. "
Combattre le chômage en Outremer :
On le sait, le chômage est le problème qui mine les territoires ultramarins. Chômage endémique qui touche notamment la jeunesse. Chaque gouvernement tente de trouver des solutions mais les chiffres parlent eux-mêmes, c'est l'échec. Devant le parterre d'élus, de responsables associatifs et économiques, et d'une large partie du gouvernement, le chef de l’État a donné ses orientations pour combattre ce chômage. "Pour tous les territoires, la priorité sera la bataille pour la création d'emplois et l'activité économique[...] une grande réforme des aides aux entreprises en faveur de l'emploi", et la création d'un fond d'intervention économique pour soutenir les initiatives privées" d'un montant de 400 millions d'euros. "
Il a aussi appelé au redressement des "filières économiques" en outre-mer, "pas assez structurées", et à "une meilleure maitrise des risques naturels", annonçant "une loi pour la prévention et la protection contre les risques naturels outre-mer qui sera présentée d'ici l'été 2019".
Le chef de l’État a aussi défendu la nécessité d'un meilleur ancrage de chaque territoire dans son bassin régional, notamment pour développer "des stratégies diplomatiques depuis les territoires", et intensifier les mobilités régionales.
Il a souligné aussi l'importance de la croissance verte et bleue en Outre-mer. "Nous sommes un pays de biodiversité unique" grâce aux Outre-mer, a-t-il dit, souhaitant notamment que la Guyane soit "au coeur d'une stratégie de biodiversité".
Rappelant que la France était "l'une des puissances qui a le plus d'îles", il a annoncé un "sommet des îles du monde" en 2020 en France, "pas forcément" dans l'hexagone.
Enfin, il a défendu "la différenciation" des territoires, rappelant que le gouvernement proposait dans la réforme constitutionnelle une modification de l'article 73 pour faciliter "l'adaptation des règles pour répondre aux besoins du terrain".
"Sur chacun des territoires, il y aura des feuilles de route, qui seront déclinée d'ici à l'automne et feront l'objet d'un contrat entre le gouvernement et les élus et impliqueront la responsabilité de chacun", a insisté le chef de l’État, promettant une nouvelle réunion dans "18 mois" pour faire "un point d'étape précis" sur "ce qui aura marché et ce qui n'aura pas marché".
source : France Antilles / La 1ère