Alizé Utteryn est une ambassadrice de la Guyane à l'international. Installée depuis 2009 à New York, haut temple du capitalisme mondial, la jeune femme mène sa carrière de front. Journaliste, entrepreneure, créatrice du magazine Alizé Lavie, chargée des Relations Publiques, consultante média, elle a été récemment nommée coordinatrice du sommet USA-Afrique de l'entrepreneuriat des jeunes (USAYES) dans les Caraïbes ainsi que vice-présidente du United African Congress (UAC). A l'occasion de son passage en France pour le Festival de Cannes, la femme d'affaire nous a accordé une interview.
( photos : James Hercule )
S'il y a bien une guyanaise qui rayonne, c'est bien Alizé Utteryn. A 42 ans, elle représente sa Guyane natale à l'étranger, principalement aux Etats-Unis, pays où elle a élue domicile depuis 2009. Partie de Guyane à l'âge de 15 ans, Alizé est d'abord passée par Paris où elle y a suivit une scolarité brillante pour ensuite poser ses valises au Pays de L'Oncle Sam. La jeune femme accumule depuis les succès grâce à une carrière menée de front. Journaliste, entrepreneure, créatrice du magazine Alizé Lavie, chargée des Relations Publiques, consultante média, membre du Comité National Américain des Femmes de l’ONU, elle a été récemment nommée coordinatrice du sommet USA-Afrique de l'entrepreneuriat des jeunes (USAYES) dans les Caraïbes ainsi que vice-présidente du United African Congress (UAC) poste qu'elle occupera pour une durée de 5 ans. A l'occasion du Festival de Cannes, la femme d'affaires qui était la directrice internationale de la diversité et relation média pour In Focus Film Society [ NDRL In Focus Film Society est une compagnie de production américaine de film basée a Los Angeles], a répondu aux questions de notre journaliste.
TLFWI : Qui est Alizé Utteryn ? Quel est votre parcours ?
Alizé Utteryn : Je suis née il y a 42 ans à Cayenne en Guyane Française mais j'ai été élevée à Paris. Je suis diplômée de l’Institut Supérieur de Ressources Humaines, (ISGP), où j'ai obtenu un Master en Ressources Humaines, plus spécifiquement dans le Management & Business Administration). On me connaît principalement pour être la fondatrice de la société « AlizéLaVie Corporation ». Je suis la rédactrice en chef du magazine « AlizéLaVie » diffusée à New York aux Etats-Unis. Je suis également, « Chargée de Relations publiques », journaliste, consultante média. Donc, pour faire simple, je suis une entrepreneure avec plusieurs cordes à mon arc.
Mon parcours professionnel a commencé en 2003, après l'obtention de mon diplôme. Je décroche un poste à responsabilité dans une filiale de Danone, en région parisienne. Ma carrière professionnelle est en plein essor, des opportunités se présentent et très vite, je gravis les échelons, je passe Directrice des Ressources Humaines. Par la suite, en 2007, une proposition d’embauche en République Tchèque à Prague s'offre à moi. Il s'agissait d'un poste de responsable de paie et formation pour une grande entreprise Américaine. C’est l’occasion rêvée de partir à l’étranger dans un cadre professionnel. J'ai de suite saisi l’opportunité. Je suis resté deux ans à Prague, qui au passage est une ville charmante. Quand j'ai eu 33 ans, j'ai voulu tester autre chose. J'ai choisi les Etats-Unis pays qui m'a offert tant d'opportunités. En quelque sorte, je vis mon « American Dream », mon rêve américain. J’ai commencé ma carrière professionnelle en tant que modèle, sans expérience, puis manager dans une agence de mannequinat. Très vite, je me suis retrouvée impliquée dans plusieurs événements majeurs de la mode tels que les Fashion Week de New York en tant que coordinatrice. Puis j’ai été promue pour occuper des postes en qualité de chargée de relations publiques et journaliste internationale au sein de différentes compagnies de medias américains ». Aujourd’hui, je suis une journaliste reconnue, membre de l’Association Internationale de la Presse et Photographes, du Centre de la Presse Francophone de New York et accréditée aux Nations Unies. J'ai intégré le Comité National Américain des Femmes de l’ONU. Depuis j'ai été désignée coordinatrice du sommet USA-Afrique de l'entrepreneuriat des jeunes (USAYES) dans les Caraïbes et depuis le 3 Mai 2018, j'ai été nommée Vice Présidente des Medias et Affaires Publiques de l’United African Congress des Etats-Unis d’Amériques.
( photo : James Hercule )
TLFWI : Vous vivez aux Etats-Unis, pourquoi avoir choisi ce pays comme lieu de résidence ?
Alizé : Les États Unis d’Amérique m’ont toujours fascinés depuis ma jeunesse et surtout la ville de New York. En 2002, je m’y suis rendue pour la première fois et là, c’est le coup de foudre. Je tombe littéralement amoureuse de la Big Apple. Dès ce moment-là, je me suis fait la promesse de retourner à New York pour y vivre et travailler. Mais ce rêve ne pouvait pas se réaliser dans l’immédiat.
Mon expatriation à Prague fut l’élément déclencheur pour saisir finalement cette opportunité de partir vivre aux Etats-Unis. Malgré une carrière professionnelle en France couronnée de succès, j’avais envie de relever de nouveaux défis et vivre mon « American Dream ». Pour cela, j’ai du renoncer à mon confort et avoir le courage d’affronter l’inconnu. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. Mais j’étais prête à tout recommencer à zéro. Qu’est ce que j’avais à perdre ? « Qui ose, gagne! » Je suis d’ailleurs une éternelle adepte de ce leitmotiv : “Le risque c'est la vie elle-même, Vous pouvez seulement risquer votre vie. Et si vous ne la risquez pas vous ne vivez pas !”
J’ai donc débarqué avec mes deux valises à New York à la conquête de l’inconnu, sans amis ni famille ; juste avec quelques économies. Et voila comment a commencé ma « Success story ».
TLFWI : Quel est votre première impression quand vous êtes arrivée là bas (aux USA) ?
Alizé : Dès mon arrivée à New York, je me suis sentie immédiatement chez moi. J’ai eu l’impression d’être revenue aux sources. Je savais au plus profond de moi que c’était la ville où je devais être. Je suis arrivée à un moment historique de l’histoire des Etats Unis. Barack Obama, ma plus grande inspiration devenait le premier président Noir des États-Unis. Sa victoire a joué un rôle catalyseur dans ma vie. Son accession au pouvoir était symbolique non seulement pour la communauté noire américaine mais également pour toute la diaspora dans le monde ; renvoyant un message fort d’espoir : « Tout était possible dans la vie, et si j’ai réussi, vous le pouvez également ! » Son slogan « YES WE CAN », moteur de mon succès, a depuis, rythmé toutes mes entreprises et m’a motivée à poursuivre mes rêves et à les réaliser.
TLFWI : Qu'est-ce qui vous a donné l'envie d'entreprendre ? Parlez nous d'Alizé LaVie, votre magazine ?
Alizé : Je voulais être davantage engagée, être au contact des gens, encadrer et faire des choses intéressantes ayant un réel impact sur la vie des autres. J’étais à un tournant de ma vie. Je souhaitais être libre de faire ce que je désirais, laisser libre cours à ma créativité et surtout ne plus travailler pour qui que ce soit. Ma dernière expérience professionnelle en tant que journaliste fut l’élément déclencheur. On m’exploitait en utilisant mon savoir-faire sans me donner le crédit de mon travail. J’en ai eu marre et j’ai claqué la porte définitivement, sans crier garde. Je me suis retrouvée sans emploi du jour au lendemain. Je n’avais pas peur des conséquences car désormais je ne voulais plus être exploitée par les autres. Si je devais travailler dur, ce serait pour moi. C’est donc cet échec professionnel qui m’a permis de rebondir et accélérer mon esprit d’entrepreneuriat. J’ai décidé alors de travailler à mon compte en créant en 2013 ma propre société AlizéLaVie Corporation, spécialisée dans les Medias. L’âme de la marque d’AlizéLaVie repose sur AlizéLaVie Magazine, notre publication phare née de ma propre expérience personnelle. AlizéLaVie n’est pas un magazine glamour ordinaire. Notre magazine offre un contenu profondément humain, significatif, qui favorise la connexion, la communication et, surtout, de l'inspiration à une échelle mondiale. Bilingue, le magazine multi-culturels est publié en français et en anglais et constitue une plate-forme internationale pour promouvoir des talents du monde entier en partageant des histoires personnelles de vies. C’est une source d’inspiration à la fois pour les hommes et femmes, valorisant et encourageant les artistes à exposer leur art au monde afin d’obtenir une reconnaissance internationale. Du divertissement à la mode, l’art à la culture, la santé à la beauté en passant par le business, l’amélioration de soi, entrepreneuriat. AlizéLaVie offre une vaste gamme de contenus pour tous les goûts et couleurs, reflétant ainsi la diversité du monde dans lequel nous vivons en racontant des histoires à partir d'un large éventail de perspectives, d'horizons, de cultures. Cela favorise donc un réel dialogue construit sur une base de compréhension et de respect de l'unicité de chaque culture.
TLFWI : Vous vivez aux USA, mais entretenez vous un lien avec votre Guyane Natale ? êtes vous attentive à l'actualité sociale et politique de votre région ?
Alizé : Bien-sûr que j’entretiens un lien avec ma Guyane natale ! D’ailleurs j’y retourne régulièrement car ma famille y vit. En effet, bien qu’expatriée, je reste très attachée à ma terre natale et sa culture. Le fait de vivre aux USA, seule, loin de ma famille m’a fait prendre conscience davantage de cet attachement. Mais cela va bien au delà, j’ai également ce désir profond de pouvoir apporter ma contribution au développement économique de mon département. Je n'ai eu de cesse de valoriser, par le biais du magazine, les talents guyanais via des interviews et des articles : 30 personnalités guyanaises ont ainsi déjà été mises en lumière. Dès que l’occasion s’y prête, j’y arbore également, non sans fierté, mon attachement à mon pays. J'ai la conviction d’être en mesure de contribuer largement à la promotion de « La Guyane », non seulement par son capital humain, artistique, multi culturels et économique, mais aussi et surtout pour son immense potentiel qui jusqu'à présent, il faut bien le dire, n'est pas suffisamment exploité et mis en valeur, contrairement à celui des Antilles.
C’est donc un devoir pour moi d’être à l’écoute de l’actualité sociale et politique qui d’ailleurs actuellement est très sensible. Il s’agit aujourd’hui de comprendre les enjeux et de trouver des solutions de manière collective. La crise sociale sans précédent que nous avons connue en Mars 2017, démontre encore plus, que notre département est en crise et connaît de graves difficultés. Je mise énormément sur les jeunes, futurs leaders de demain qui doivent jouer un rôle important dans le développement économique de la Guyane. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai créé en 2015 mon association Alizé Lavie Guyane visant à promouvoir la Guyane, son image, ses talents à l’international et mon engagement de leadership auprès des jeunes.
Depuis 2016, je participe à diverses actions visant à promouvoir la Guyane et ses cultures aux Etats-Unis, parmi lesquelles la participation pour la première fois d’un groupe carnavalesque Guyanais à New York durant le carnaval caribéen en partenariat avec le Consulat de France de New York, ou en tant que mentor, je prends sous mon aile des stagiaires guyanais et que je place dans différentes entreprises aussi bien à Los Angeles qu'à New York. J'ai également été représentante pour la promotion du tourisme guyanais en collaboration avec la Collectivité Territoriale et le Comité du Tourisme de Guyane au Festival Tout Monde de Miami organisé par le service culturel de l’Ambassade de France aux Etats-Unis.
TLFWI : Pouvez-vous nous parler de votre rôle au sein du du Comité National Américain des Femmes de l’ONU ?
Alizé : c'est très simple, mon rôle consiste à promouvoir l’égalité des sexes et la valorisation des femmes ainsi que leurs droits légitimes face aux problématiques d’ordre mondial, par le biais d’actions d’éducation, l’organisation de levée de fonds, solliciter les institutions gouvernementales et formation au leadership féminin. Nous militons contre les violences faites aux femmes, pour l’accès à l’éducation, le droit au travail, la pauvreté, les inégalités au niveau de la santé etc.
( photo : James Hercule )
TLFWI : Vous avez récemment été nominée au poste de Vice-présidente du United African Congress (UAC) des Etats-Unis et à celui de de coordinatrice du sommet USA-Afrique de l'entrepreneuriat des jeunes (USAYES) pour la région des Caraïbes. Parlez nous de ces organismes et quels seront vos missions au sein de ces organismes ?
Alizé : L’United African Congress est la Première organisation panafricaine représentant les intérêts de près de 8 millions de personnes de la diaspora africaine et des communautés noires résidant aux Etats-Unis d’Amérique. L’UAC éclaire la voie de la défense des enjeux et des causes qui font avancer le programme panafricain aux États-Unis, en Afrique, dans les Caraïbes et d'autres parties du monde avec de larges segments de la Diaspora africaine. Le 3 Mai 2018, j’ai donc été nommée à la fonction de Vice Présidente Media et des Affaires Publiques pour une durée de 5 ans. A noter que je suis la première femme française et de surcroît originaire des Outre Mer à occuper ce poste très influent et convoité aux États-Unis. Mes principales responsabilités comprennent, sans toutefois s'y limiter, la participation et le vote de toutes les questions de politique examinées par le Conseil d'Administration, superviser toutes les questions relatives aux médias, (gestion et administration de sites Web), y compris les questions de relations publiques présentant un intérêt pour l'organisation et ses membres, représenter l'UAC dans les conférences nationales et internationales et servir de modèle pour les jeunes et les institutions que nous servons dans le monde entier.
Simultanément j’ai été promue au poste de Coordinatrice des USAYES pour la région des Caraïbes. J’ai pour mandat de promouvoir la structure dans la Région des Caraïbes et de servir de liaison aux institutions caribéennes, médias, sponsors, partenaires et entrepreneurs qui souhaiteraient se joindre à l'initiative. Le Sommet USA-Afrique de l'entrepreneuriat des Jeunes, (USAYES), est une conférence et un salon d’exposition moderne de haut niveau sur l'entrepreneuriat et l'innovation. Il se déroulera les 12 et 13 juillet 2018 à Chicago, (Michigan). La Technologie, de l'Agroalimentaire et le Tourisme seront les trois pôles d’attraction. C'est une opportunité pour les entrepreneurs américains d'accéder à l' énorme marché africain, estimé à 1,2 milliard de personnes ou consommateurs potentiels.
( photo : James Hercule )
TLFWI : En tant que femme quels sont les obstacles que vous avez rencontré au cours de votre parcours ?
Alizé : Etre une femme dans le milieu des affaires dominé principalement par les hommes est très compliqué, surtout quand vous avez des atouts physiques. Vous êtes en permanence sollicitée. Au premier abord cela pourrait être flatteur mais à la longue cela devient un handicap très pesant. Je travaille avec des hommes très influents. Malheureusement, bien souvent ce n’est pas mon travail qui les intéresse mais plutôt ma personne. Et c’est vraiment décevant car vous vous donnez beaucoup de mal pour défendre et mettre en œuvre vos projets. Et vous vous rendez compte que votre interlocuteur n’a aucun intérêt, excepté vous. Et dès lors, que vous mettez le holà, toutes les promesses et engagements promis disparaissent. Mon parcours a été ponctué de ces challenges. Il est important de ne pas abandonner son intégrité pour de l’argent ou autre faveur. Quand on est entrepreneur, le nerf de la guerre reste l’argent et parfois on peut se retrouver dans des situations de chaos et de désespoir. Eh bien-sûr la tentation vous guette. Mais j’ai appris une chose, il vaut mieux prendre plus de temps, se retrouver sans rien, se battre et garder sa dignité. Vous en ressortirez grandie et plus fort. Tous vos efforts paieront un jour.
TLFWI : En tant que guyanaise, quels seraient les conseils que vous donneriez aux jeunes lecteurs et lectrices des Antilles et de la Guyane qui nous suivent ?
Alizé : Mon conseil à toute cette jeunesse est le suivant. Vivez votre vie pleinement, allez au bout de vos rêves, on n’a qu’une vie ! Soyez maître de votre destin. Rêvez grand ! « The sky is not limit », ne laissez personne vous décourager, croyez en vous, ne jamais abandonner et gardez la foi. Rien n’est impossible à Dieu. Soyez en compétition qu’avec vous-mêmes, ne vous comparez pas aux autres. Entourez-vous de personnes positives qui vous élèvent vers le haut et separe toi des personnes négatives. Peu importe les obstacles et le temps pour parvenir à vos objectifs: seul le résultat compte. L’échec est le fondement de la réussite. Passion, persévérance et Patience sont les clés du succès. Chaque personne qui réussit a une histoire douloureuse et chaque histoire douloureuse se termine par du succès. Acceptez la douleur pour vous préparer au succès.