La Guadeloupe est elle en train de suivre le modèle de son voisin, le Costa Rica, aujourd'hui n°1 de la consommation d'énergies vertes ? Il semblerait. L'archipel, très dépendant de l'extérieur, semble vouloir se tourner vers les énergies vertes comme moyen de développement. Partout sur le territoire fleurissent des projets, des idées centrés sur les énergies renouvelables.
La Guadeloupe est très dépendante en matière énergétique. Malgré l'essor du transport en commun, la Guadeloupe reste une très grosse consommatrice d'hydrocarbure et son économie est très dépendante en or noir ( en 2010, près de 700.000 tonnes par an, dont un tiers est destiné à la production d'électricité). La Guadeloupe dépend à 95% des énergies fossiles. Pourtant l'archipel français des Caraïbes est assis sur une mine d'or énergétique. Baloté par les alizés, ensoleillé toute l'année, irrigué par 82 cours d'eau répartis sur la Basse-Terre, disposant de nappes phréatiques en Grande-Terre et entouré par la Mer des Caraïbe et l'Océan Atlantique, la Guadeloupe peut s'en sortir en matière énergétique. On l'a vu, juste derrière chez elle, le Costa Rica est devenu un modèle planétaire sur la question des énergies renouvelables. La Guadeloupe pourrait emprunter le même chemin, mais ces véritables pépites restent sous exploitées ou, ce n'est que maintenant que les pouvoirs publics prennent conscience de leurs potentiels.
Certes, la Guadeloupe a toujours vu fleurir sur son territoire des usines de géothermies comme celle de Bouillante ouverte depuis 1973 qui malgré les nombreuses difficultés qu'elle a eu à traversé fonctionne et continue de produire à elle seule 6% de l'électricité de l'archipel. L'usine sucrière Gardel au Moule s'est faite une spécialité en matière de production d'électricité à partir de bagasse.
Comme le soulignait Destination Guadeloupe, "son pouvoir calorique est de 1850 kcal PCI* par kg ; dix tonnes de bagasse équivalent à deux tonnes de fioul lourd tout en étant moins polluantes. Combinée au charbon, la bagasse produit par combustion de la vapeur et de l'électricité. 430 000 tonnes de bagasse sont utilisées chaque année par la CTM, Centrale thermique de cogénération. Installée près de la sucrerie de Gardel au Moule, elle concentre le traitement de toutes les cannes de l'île. Une partie de la vapeur permet de satisfaire les besoins de la sucrerie, une autre alimente le réseau d'électricité puisque l'application des techniques modernes permet de dégager de gros excédents d'électricité sur les besoins de l'autoconsommation. La centrale thermique bagasse/charbon du Moule injecte sur le réseau EDF 325 GWh dont 67,6 GWh produit par la bagasse provenant de l'usine sucrière de Gardel en contrepartie des 220 GWh d'électricité et de vapeur nécessaires à son fonctionnement pendant la campagne sucrière. Outre les incidents techniques, la part d'énergie renouvelable dans la production d'électricité est étroitement liée aux aléas climatiques dont dépend chaque année la récolte cannière. La société des Sucreries et Rhumerie de Marie-Galante (SASRMG) envisage la construction d'une unité de production d'électricité fonctionnant selon le même principe. Sa réalisation permettrait à la SASRMG d'être autonome en électricité et de vendre le surplus à EDF. "
En 2013, l'usine sucrière devenait, la première entreprise de Guadeloupe et sucrerie de France à obtenir, la certification ISO 50001 par l'Association française pour la normalisation (Afnor) pour son système de management de l'énergie (SME). Cette année là , Gardel générait plus de 30 000 tonnes de vapeur d'eau chaque année, , soit une production de 3 GW/h, l'équivalent de 500 à 600 foyers supplémentaires alimentés en énergie renouvelable. Cette augmentation de la production est dû au fait qu'en 2012, l'usine a fait l'acquisition d'un corps d'évaporation à flots tombants (CEFT), de réchauffeurs et de ballons d'eau condensée pour économiser davantage de vapeurs.3 millions d'euros ont été investis dans ce projet avec l'aide des Fonds européens.
Depuis quelques années, on constate l'émergence de nombreux projets centrés sur les énergies renouvelables, car la Guadeloupe souhaite rattraper son retard. D'ici à 2020, l'île devrait tripler sa consommation en énergie verte. De nouveaux projet sont menés c'est le cas par exemple, des éoliennes présentes depuis les années 1990 poussent comme des champignons. Il y avait déjà celles installées sur Anse-Bertrand et le Moule, désormais on compte environ douze champs éoliens sur l'île. A la Désirade, au Moule, à Anse-Bertrand, à Saint-François, à Petit Canal, à Capesterre de Marie Galante et même à Terre de Bas. En 2013, l'énergie éolienne représentait une puissance totale de 27MW. Récemment 50 millions d'€ ont été injectés par le groupe Valorem, opérateur en énergies vertes, pour faire le plus grand parc éolien des Antilles-Françaises. Le financement est assuré par Valorem (65%), la Caisse des Dépôts (30%) et Guadeloupe-EnR, une société d'économie mixte locale (5%). Le parc situé sur la commune de Sainte-Rose, sera constitué de 8 éoliennes capables de résister à des vents cycloniques de 150 km/h, sur 12.000 m2. Avec 16 mégawatts de puissance installée, il produira 35 gigawattheures, soit l'équivalent de la consommation de 17.000 personnes. A cela s’ajoutera à un système de stockage sur batteries (dit Energy Management System), couplé à un smart grid (réseaux d’électricité intelligents), pour sa gestion. Ce logiciel d’optimisation énergétique, déjà mis en place et testé par EDF SEI dans d’autres zones isolées (les îles bretonnes d’Ouessant et de Sein par exemple) analyse en temps réel les données relatives à la production d’énergie renouvelable, au stockage d’énergie et à l’effacement éventuel de charges, et offre aux gestionnaires des réseaux électriques la possibilité de surveiller, de contrôler et d’optimiser les performances de la production et du réseau électrique tout en assurant sa sûreté de fonctionnement.
Marie-Galante un territoire insulaire exemplaire :
Marie-Galante, troisième grand île de l'archipel, est un territoire insulaire qui dépend énormément de la Guadeloupe continentale. Même en matière énergétique, la grande galette dépendait de la Guadeloupe pour s'alimenter.
Bien qu'elle possédait depuis des nombreuses années d'éoliennes, en 2016, la première centrale éolienne avec système de stockage de France a vu le jour sur l'île aux cent moulins. C'est la commune de Capesterre qui a eu le privilège d'accueillir ce projet. Le parc de Petite-Place a été mis en service et relié au réseau électrique d’EDF en septembre 2015. Équipé de 9 éoliennes rabattables adaptées aux conditions cycloniques de la Guadeloupe, il permet de répondre aux besoins électriques de la quasi-totalité des 3 300 habitants de la commune de Capesterre-de-Marie-Galante grâce à une puissance cumulée totale de 2,5 MW. Sa particularité, qui en fait une installation unique en France, est qu’il est équipé d’un système de stockage de l’électricité de 460 kWh, constitué de batteries Lithium-Ion fabriquées par le constructeur français Saft. Ce dispositif, qui pallie l’intermittence de l’énergie éolienne, permet de stocker les surplus d’électricité générés par les éoliennes aux moments où la production est supérieure à la consommation. La fourniture d’électricité s’adapte ainsi aux besoins des habitants.
Cette année, le projet de centrale thermique de Marie Galante a été lancé. Cette centrale verre le jour d'ici 3-4 ans, soit entre 2021-2022. La centrale va être construite par Albioma (à travers la société désormais nommée « Marie-Galante Energie ») et se situera sur le terrain situé au nord de la sucrerie de Marie Galante.
Des efforts sont menés par les politiques pour pallier à cette double insularité et permettre un développement de Marie Galante, une île où l'économie est principalement tournée sur la canne à sucre.
La Guadeloupe, un eldorado pour le business des énergies renouvelables :
Depuis la COP22 de Marrakech en novembre 2016, la Guadeloupe veut s'ériger en modèle. En Novembre 2017 était inauguré sur le site de la Gabarre, la toute première unité de Biogaz. Cette usine sera capable de produire 18 000 kilo/watts heure d’électricité par an soit environ 1.5 % de la production globale de notre département. Développée par le SYVADE, la centrale de La Gabarre assurera la couverture annuelle des besoins en consommation électrique de 4 196 habitants, équivalent très exactement aux besoins de communes comme Deshaies, Goyave ou encore Grand-Bourg de Marie-Galante. Cette énergie électrique envoyée sur le réseau local, sera distribuée par l’opérateur historique, EDF
La commune de Sainte Rose accueille elle aussi une usine de biomasse installée sur le site de l'Espérance. Cette usine est une réalisation du groupe Suez et sa filiale Sita Espérance.
Le biogaz c'est quoi ?
Le biogaz c'est un mélange composé essentiellement de méthane (CH4) et de gaz carbonique (CO2). Suivant sa provenance, il contient aussi des quantités variables d'eau, d'azote,d'hydrogène sulfuré (H2S), d'oxygène, d'aromatiques, de composés organo-halogénés (chlore et fluor) et des métaux lourds, ces trois dernières familles chimiques étant présentes à l'état de traces. Le biogaz est produit par un processus de fermentation anaérobie des matières organiques animales ou végétales, qui se déroule en trois étapes (hydrolyse, acidogénèse et méthanogénèse) sous l'action de certaines bactéries. Cette technique de traitement des déchets et effluents polluants présente la caractéristique très particulière de produire de l'énergie au lieu d'en consommer.
La mer pourrait elle aussi produire une partie de notre consommation électrique. En tout cas c'est l'idée que suggère le scientifique et universitaire Jean-Louis Mansot qui s'est associé avec le chef d'entreprise de béton, Jean Fornano. Ensemble, ils ont mis en place au Raizet, une centrale houlomotrice, conçue en outre pour devenir un récif artificiel qui va attirer, protéger et développer la vie marine. Il s'agit surtout d'un dispositif qui utilise les énergies marines renouvelables.
La Centrale houlomotrice c'est quoi ?
Une centrale houlomotrice est une installation qui exploite l’énergie de la houle (d’où le nom) et des vagues pour produire de l’électricité. Il s’agit donc d’un dispositif qui utilise les énergies marines renouvelables.
Différents mécanismes permettent de capter et de transformer l’énergie potentielle et cinétique de ces oscillations de la mer : balanciers et flotteurs actionnant des vérins pneumatiques ou hydrauliques, systèmes de compression à eau ou à air reliés à des turbines, etc. Jusqu’à présent, les projets explorant ces différentes voies peinent à surmonter les contraintes pratiques rencontrées. Rares sont les centrales réellement en exploitation selon le magazine en ligne Futura sciences.
Selon nos confrères de Guadeloupe 1ère « cette centrale peut être fabriquée et entretenue entièrement localement, sans apport extérieur. […] Une piste nouvelle pour sortir l’archipel de sa dépendance au pétrole »
Vous l'aurez compris, la Guadeloupe a la capacité pour devenir une puissance énergétique de premier ordre dans ce 21e siècle bouleversé. De part ses paysage et son environnement, l'archipel mise de plus en plus sur les énergies renouvelables comme alternatives aux énergies fossiles. L'île devient un eldorado, et les idées ne manquent pas, ce sont plutôt les fonds qui font défaut localement comme le révèlent les professionnels ainsi que les pouvoirs publics locaux. C'est donc à l'Etat de favoriser le développement des énergies naturelles dans ces îles bercées par les vents