Depuis le début du mois de Février, les Sargasses envahissent nos côtes, au grand désarroi des professionnels de la pêche et du tourisme. De Vieux Habitants à Baillif, de Gosier à Saint-François, on peut les apercevoir arrivant par vagues interminables. En attendant que l'Etat prenne des dispositions, les sargasses ont des conséquences sur la santé. Voici le point sur la situation.
( photo : Adeola Bambe)
La saison estivale arrive à grand pas. Qui dit été dit tourisme, et pour les îles de Guadeloupe le tourisme est d'une importance capitale pour l'économie. Cependant depuis le mois de Février, le littoral guadeloupéen est envahit par les algues sargasses, qui arrivent par vagues interminables.
Cette année, la crise des sargasses est pire que les précédentes. Le pire, les politiques peinent à trouver des solutions, les ramassages ne se font pas et quand ils ont lieu, les municipalités sont débordées. C'est le cas de Marie-Galante mais aussi de Terre-de-Bas, l'autre île de l'archipel des Saintes. Autre île à subir les assauts des algues brunes, la Désirade qui s'est retrouvée complètement bloquée la semaine dernière, une situation compliquée pour ces îles dépendantes des rotations de marchandises au départ de la Guadeloupe (continentale).
En attendant, des solutions à court terme sont prises comme le déploiement du RSMA à Marie-Galante. Depuis Mardi 15 Mai, une dizaine de militaires du RSMA qui ont été déployé pour se concentrer essentiellement sur la plage de la commune de Capesterre. Une intervention quasi inefficace au regard de l’importance des échouages. Le Sargator (engin de fabrication spécialisé pour l’enlèvement de l’algue) déployé à Terre-de-Bas est tombé en panne peu de temps après son arrivée. « Le Sargator a été remorqué vers Pointe-à-Pitre pour y être réparé. L’Etat prévoit d’implanter un barrage flottant à l’entrée du port, pour dévier l’arrivée de nouvelles algues. Ce système est déjà utilisé à Punta Cana en République Dominicaine ».
Sur les réseaux sociaux, les guadeloupéens crient leur colère c'est le cas de la page Facebook Lyannaj Pou Marie-Galante,
« Je pense qu’à un moment donné, certaines personnes nous prennent pour des cons (désolé si je n’ai pas le verbe habituel). La piscine de Grand-Bourg toujours inaccessible pour soulager Capesterre. Pendant ce temps-là, en Guadeloupe, les citoyens se bougent…AVEC le soutien des mairies ! AUCUNE communication de la CCMG, ni des communes, comme si cela n’existait pas, cela en devient hallucinant. Si après cet épisode dramatique pour beaucoup sur l’île et cette « NON ASSISTANCE A PERSONNE EN DANGER » ainsi que « MISE EN DANGER DE LA VIE D’AUTRUI » caractérisé de la part de nos élus Marie-Galantais, les habitants de l’île montrent encore ne serait-ce qu’une once de confiance envers cette classe « dirigeante», alors je n’y comprendrais rien, mais alors rien de rien ».
Des mesures quotidiennes de la qualité de l'air :
Les échouages de Sargasses sont néfastes pour la santé. L'odeur qu'elles dégagent quand elles pourrissent ont des incidences sur la qualité de l'air et peuvent provoquer des troubles respiratoires surtout pour les personnes fragiles, entendez par là les enfants de moins de 5 ans, personnes de plus de 65 ans, sujets asthmatiques, personnes souffrants de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires), sensible ou simplement gênée de s’éloigner des zones fortement impactées, même en l’absence de dépassement des seuils acceptables.
La dégradation des sargasses produit de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique, dont l’odeur est aujourd’hui bien connue de tous. Ce gaz, est nocif à de fortes concentrations, il est donc recommandé aux personnes sensibles (enfants, personnes âgées...) d’éviter les zones où les sargasses sont en décomposition. L'ARS a récemment mis en place des mesures de surveillance, hebdomadaire voire quotidienne pour le sulfure (H2s) et l’ammoniac (NH3).
De plus, Gwadair a installé à Capesterre de Marie-Galante une station de mesure qui permet de réaliser des relevés en continu de H2S.
La surveillance sanitaire est assurée par les médecins sentinelles qui signalent les cas pouvant être liés à l’émanation de gaz. Cette surveillance est étendue à l’ensemble des médecins des communes les plus touchées. L’éducation nationale et les communes font aussi remonter à l’ARS les signalements en provenance du terrain.
Des établissements fermés, des écoliers en colère :
Malgré les recommandations de l'ARS, le ramassage des Sargasses se fait difficilement et les conséquences se font déjà ressentir. Les établissements scolaires situés en bord de mer se retrouvent exposer aux nuisances provoquées par les sargasses. Dans la ville de Goyave, les élèves de plusieurs établissement ont été déplacés, c'est notamment le cas des élèves de l’école maternelle de Christophe (située à 50 m de la plage) accueillis par la maternelle de la ZAC de l’Aiguille.
Dans d'autres établissements de l'archipel, les élèves se plaignent de maux de tête ou de nausées, Petit-Bourg en est un exemple, mais aucune annonce d’évacuation du lycée des Droits de l’Homme ou des écoles avoisinantes n'a été faite. Au LGT des Droits de l'Homme, les élèves ont manifesté leur mécontentement.
Face à une situation de plus en plus alarmante, les maires de Guadeloupe ont écrit une lettre en commun à l'attention du président de la République et du premier ministre Edouard Philippe, pour leur demander d'agir.
Dans un communiqué de ce mercredi 16 mai, le Parti Socialiste réagi à la crise « environnementale et sanitaire » des sargasses qui touche actuellement la Martinique et la Guadeloupe. « Face à l’ampleur du phénomène et à la gravité de ses conséquences sanitaires, environnementales et économiques, le Parti socialiste exprime sa pleine solidarité avec les populations et les élus locaux qui en sont victimes ».
Pour le Parti Socialiste, « les mesures tardivement proposées par le Gouvernement » sont « cruellement insuffisantes ». « Par cette attitude dilatoire, le Gouvernement confirme le désengagement de l’État en faveur des Outre-mer entrepris depuis un an et fait preuve d’une dangereuse désinvolture face à une pollution qui embolise nos territoires et menace la santé de nos compatriotes », estime le Parti. « Au vu du risque sanitaire que ce phénomène fait peser sur nos compatriotes, de ses conséquences néfastes sur l’attractivité de ces régions et naturellement du coût substantiel que le ramassage des algues représente pour les finances locales, le Parti socialiste soutient les demandes exprimées par ses parlementaires de Guadeloupe afin que l’État assume toutes ses compétences et apporte une réponse logistique et financière pérenne à la mesure de la crise ».
Pour lutter contre ce phénomène, le Parti socialiste propose plusieurs mesures au gouvernement : classer ce phénomène recrudescent dans la Caraïbe au rang des risques majeurs ; prendre intégralement en charge le coût du ramassage des algues échouées sur les côtes ; prévenir l’échouage des bancs qui dérivent depuis l’Amérique du sud par des filets de blocage au large des côtes ; instituer un fonds spécifique consacré à l’indemnisation des particuliers, des collectivités et des professionnels (hôteliers, restaurateurs et pêcheurs) lourdement pénalisés dans leur activité ; et enfin, engager une action de coordination internationale de prévention et de maîtrise de ces bancs de sargasses.
En espérant que la République soit En Marche !