Certains habitent en Guadeloupe, d'autres font le choix de partir à l'étranger. Ils sont étudiants ou salariés. Ils sont entrepreneurs ou en recherche d'emploi. Dans ce nouveau volet, nous nous intéressons à la vie de nos jeunes compatriotes. Aujourd'hui, nous partons aux pays du Whisky à la rencontre de Boris.
On quitte la Guadeloupe direction...Petit indice, il est situé au nord des îles britannique, c'est le pays du Whisky. Vous ne voyez toujours pas ? Bon pas grave. Partons à la rencontre de Boris, un jeune guadeloupéen de 26 ans. Pour les études, il a dû quitter son île natale puis finalement grâce à une opportunité, il a dit "bye bye" à la France pour ce magnifique pays où le whisky est la marque de fabrique.
TLFWI : Peux-tu te présenter en deux mots pour nos lecteurs ?
Je suis originaire de la Guadeloupe, j’ai effectué toutes mes études en Guadeloupe jusqu’aux classes préparatoires, je suis donc un pur produit guadeloupéen. Afin de poursuivre mon parcours scolaire j’ai intégré une école de commerce dans le sud de la France (Montpellier). C’est une école avec un parcours assez international j’ai eu l’opportunité d’effectuer des échanges internationaux mais aussi des stages un peu partout en France.A l’issue de mes études j’ai eu la chance de poursuivre dans le domaine financier au sein du grand groupe français du luxe, dans l’une de ses filiales en Angleterre
TLFWI : Quelles ont été les réactions lorsque tu es arrivé en France ? As tu subi du racisme ?
Je dirais que j’ai senti des choses mais ce n’était pas vraiment significatif. Je n’ai pas vraiment vécu de racisme de manière significative mais j’ai été confronté beaucoup de fois à des préjugés sur les antillais/les Antilles...Pour passer outre ce genre de chose je parle de la culture guadeloupéenne, nos auteurs, la richesse culturelle des Antilles. C’est ma manière de lutter contre ces préjugés.
TLFWI : As-tu une passion dans la vie ?
La peinture !!! L’art !
Cet art que tu pratiques, est il l'empreinte de ta guadeloupéanité ?
Mon art est l’empreinte de ma guadeloupeanité, mais pas que ! Je ne me limite pas qu’à la Guadeloupe pour nourrir ma créativité, je m’inspire de ce qui m’entoure que ce soit ma culture gwada, ma culture occidentale, mais aussi africaine ! C’est un tout
TLFWI : En tant qu'artiste qui vit à l'étranger, quelle est ta vision de la Guadeloupe ?
Ma vision de la Guadeloupe est ceux que l’on entend le plus dans les médias ne sont pas ceux qui contribuent le plus à la Guadeloupe. On entend beaucoup parler de délinquance, de violence, ce qui est une vrai réalité au pays, mais il ya beaucoup de jeunes qui reviennent au pays avec des compétences, des expériences en France et à l’étranger. Ces gens là n’apparaissent pas toujours dans les journaux par choix. Je les appelle les "ninjas" (Ceux qui préfèrent avancer tapis dans l’ombre afin d’éviter les obstacles). ou parce que leur contribution n’est pas encore perceptible à l’œil de la société. Néanmoins il y’a a mon sens un vrai changement dans la conscience des jeunes qui vivent à l’extérieur de la Guadeloupe du potentiel de notre île. Il y’a énormément de potentiel en Guadeloupe notamment avec le commerce dans la caraïbe. Il faudrait peut être adapter la fiscalité des DOM aux spécificités du marché Caraïbeen...
TLFWI : Est-ce que le fait de vivre à l'étranger a renforcé ta fierté d'être Guadeloupéen ?
Pas vraiment. Je dirais que.. il faut se renseigner. Il faut se cultiver. Il faut lire les auteurs locaux, de Guadeloupe comme de Martinique. Il faut lire des ouvrages qui t'informent sur la culture locale et c'est là que tu prends conscience de la valeur de ta culture. De qui tu es... En ce qui me concerne, j'avais déjà conscience de ma différence mais le fait de vivre à l'étranger m'a fait prendre conscience de la richesse de mon pays. et la Guadeloupe est très riche et en terme de tout. Je dirais pas que vivre à l'étranger m'a renfoncé ma fierté mais je prends plus plaisir pour apprécier notre culture, et quand je rentre en vacance au pays. Je prends plus plaisir des choses auxquelles je n'avais pas conscience quand j'étais plus jeune. Je prenais pas conscience, mais maintenant oui ! Je prends plus de recul sur la richesse de notre archipel.
TLFWI : Dernière question, si tu devais donner un conseil aux jeunes(bien que tu le sois) quel serait-il ?
l y’a tout à prendre ou que l’on soit mais il faut s’attendre à se battre pour tout ! Il ne faut pas attendre sur un cousin ou un oncle en métropole ou ailleurs tu dois te débrouiller seul loin de tout, loin de sa famille ce qui est très difficile. On n’a rien sans peine, et il faut être capable de transformer les moments négatifs en positifs. Une épreuve est finalement une étape, il faut apprendre de cette étape pour passer à la suivante. C’est un challenges permanent surtout pour les antillais car on est confronté à des problématiques nouvelles en France ou à l’étranger. De plus lorsque l’on vient de Guadeloupe une grande partie de s gens nous considèrent comme antillais, ce qui ramène pas mal de préjugés. Je pense que pour combattre ces préjugés il faut connaître sa culture, partager son histoire, ses produits locaux avec les métropolitains, mais pas que dans ton travail montrer que « l’antillais » n’est pas plus mauvais ou fainéant qu’un autre français ! Notre force réside dans notre richesse culturelle guadeloupéenne car on dispose d’une double culture ( française mais aussi Guadeloupéenne). Il est important de se cultiver, de lire les auteurs antillais, afin de maîtriser son histoire pour aller de l’avant. En apportant ce savoir en France, en montrant que l’antillais ne se limite pas à ce qu’ils ont pu entendre, en parlant avec des références littéraires ou culturelles on permet à son échelle de faire changer les mentalités.
Aussi je pense qu’il faut conserver son identité guadeloupéenne avec soit ou que l’on soit, ne pas la mettre de côté ou essayer de la dissimuler, la Guadeloupe fait partie de nous il faut la partager avec les personnes qui nous entourent ou que l’on soit dans le monde
TLFWI : Quelle la chose la plus dure avec le fait de vivre à l'étranger ?
C'est très dur de vivre loin de sa famille....