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Mon mari me bat. J'ai peur pour ma vie, personne ne m'aide


A quelques jours de la Journée Internationale du Droit de la Femme du 8 Mars, nous sommes partis à la rencontre de Christine, la quarantaine, femme battue, humiliée et violée par l'homme qui partage sa vie depuis 8 ans. La mère de famille a beau avertir les autorités, dénoncer les actes de son futur ex-mari, personne ne la croit. Ses plaintes restent en suspend et pourtant les menaces continuent.

Le 8 Mars prochain, on célébrera la Journée Internationale du Droit de la Femme. Issue de l'histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain, cette journée unique vise à mettre en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes. A quelques jours de la manifestation internationale, une femme a décidé de briser le silence. Marre de voir que l'homme qui la menace et maltraite soit en liberté.

Christine revient de loin. la mère de famille de 45 ans a vécu l'enfer. Pourtant tout avait bien commencé. Elle est infirmière originaire de la Guadeloupe, il est infirmier originaire de la Martinique, ils sont collègues sur une île paradisiaque. Ils commencent à échanger, se donner rendez-vous. Puis les rendez-vous se transforment en une relation amoureuse. Ils s'installent à la Martinique. Enfin, ils se marient. Le conte de fée s'arrête là où commence l'enfer. Quelques mois après la cérémonie, les premières disputes commencent. Des disputes souvent accompagnées de bousculades. Les bousculades deviennent des coups. Plusieurs fois, la mariée est battue par celui qu'elle aimait tant. Une violence physique complétée par une violence psychologique toutes deux émaillées par des tromperies.

En effet, quand ce ne sont pas les coups, Christine reçoit les insultes, les mépris. Le mari violent n'hésite pas à la dénigrer devant sa famille qui, elle-même l'humilie. La femme rayonnante qu'elle était n'est plus que l'ombre d'elle-même. Amaigrie (elle a perdu 16 kg), malheureuse, stressée, violentée, elle subit même le pire : LE VIOL.

The Link Fwi : Vous êtes restés combien de temps mariée à ce monsieur ?

Christine : 8 ans cette année...

TLFWI : Et les violences ont duré combien de temps ? Et quelles genres de violence avez vous subi ?

Christine : Alors.... Les violences ont commencé à partir du moment où je me suis mariée.... Et que j'ai été enceinte de mon fils.. Combien de temps ? 6 ans de violence. Violence physique : des coups. Il me poussait violemment. Tout a commencé là. Des violences psychologiques. Il me rabaissait. Il me dénigrait. " Tu n'es pas capable de faire deux phrases en français.. Tu es bète, tu es stupide....Les guadeloupéens sont des gens stupides. " Il dénigrait ma famille. Il dénigrait même la femme que je suis.. " Tu ne vaut rien" Il dénigrait la mère que je suis " tu n'es bonne qu'à faire des enfants. " Sa famille n'avait aucun respect pour moi. Et lui, il était là, il entendait, il faisait rien, il riait. Pour lui, c'étaient des plaisanteries. Lorsque je rentrais à la maison, c'était lui.... Et sans oublier, les violences sexuelles. Je subissais plusieurs viols. Quasiment chaque relation était un viol. C'est à partir de là que j'ai commencé à perdre la joie de vivre. Quand j'en parlais à sa famille, ils répondaient " je suis folle...Je suis une femme frustrée.." Un jour, il m'a fait un viol avec des coups. Parce que je l'avais menacé d'aller à la gendarmerie. A ce moment, j'avais une blessure...Il appuyait sur la blessure tout en me pénétrant, histoire que j'ai bien mal... Lorsqu'il a finit de me violer, il m'a déposé dans la douche et il a dit que voilà à quoi je sers. Sa famille lorsque j'ai dit que j'allais porter plainte..comme ils sont très connus en Martinique, que je suis une femme frustrée car son mari a une maîtresse et que mon mari ne me touchait plus et que j'ai voulu le venger en le faisant passer pour un violeur...." Ils répandaient ça partout. Pour déposer mes enfants à l'école, je marchais la tête baissée.

Désespérée, Christine tente d'informer les amis du couple et même sa famille en Guadeloupe, mais ceux-ci ne la croient pas. Evidemment, son époux, pervers narcissique, a tout fait pour la faire passer pour une menteuse, une déséquilibrée. En d'autres termes, une folle ! Si bien que ceux en qui elle avait confiance, lui ont tourné le dos.

Le dernier acte de violence, la pousse à se tourner vers la justice. La scène se répète. En parfait manipulateur, l'homme joue la carte du bon mari, du bon père de famille aimant et attentionné. Les policiers en Guadeloupe comme à la Martinique finissent par donner raison à son époux.

TheLinkFwi : Du coup face à toutes ces violences, vous avez demandé des mesures d'éloignement, des mesures de protections que vous a-t'on dit ?

Christine : Je suis une maman, que l'on est marié. Que l'on doit entretenir des liens pour les enfants. Il a été dit au Tribunal, qu'il ne m'a jamais tapé, qu'il est un honnête citoyen. Il est infirmé libéral, qu'il est plus apte que moi à s'occuper des enfants. Limite c'est un sain et que c'est moi qui devrais me faire soigner. D'ailleur il a demandé (mon mari) une expertise psychiatrique. Tout ce que j'ai demandé a été refusé, tandis que tout ce qu'il a demandé a été accordé par le Tribunal. Voilà la justice française ! Derrière tout ça, c'est moi et mes enfants qui subissons. Personne ne voit, personne n'entend notre souffrance. Je suis seule à me battre contre les autorités pour me faire entendre. Là, j'ai fais appel au Procureur. J'espère que ce sera mon dernier cri de SOS !

Pour échapper à la violence de son mari, Christine décide de retourner vivre chez elle en Guadeloupe. Loin de tout, loin de cette maison qu'elle a bâtit de ses propres mains, bien décidée à se reconstruire. Malheureusement l'histoire ne s'arrête pas là. En véritable le pervers, utilise désormais leurs enfants pour faire pression sur elle. Les menaces continuent et les enfants sont les malheureux témoins de ces scènes de violence. Au coeur de ce drame familial, la famille du mari joue un rôle clé. Entre les harcèlements, les sms de menace, les pressions psychologiques sur les enfants, les belles soeurs sont aussi très nocives.

Depuis deux ans, Christine tente de repartir à zéro. Pas facile pour la mère de famille qui a eu récemment un cancer de la gorge. Sans argent, sans travail, elle se bat à présent pour la garde de ses enfants qu'elle risque de perdre.

Christine est loin d'être une exception. Cependant, beaucoup refusent de se confier et subissent sans rien dire. Quelques fois, c'est le drame. Pour rappel, en 2016, 157 personnes ont été tuées, en France par leur conjoint, petit ami, compagne, amant, ou leur ex. 123 femmes et 34 hommes. Soit une tous les trois jours. Selon, l'Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple 2016, « dans 51 affaires, soit 37% des 138 homicides recensés en 2016 au sein des couples officiels, on constate l’existence de violences antérieures, qu’elles aient été commises par l’auteur, par la victime ou qu’elles aient été réciproques. Ces faits était soit déjà connu des forces de sécurité (plainte, intervention au domicile, main courante et procès-verbal de renseignement judiciaire), soit ont été révélés par des témoignages au cours de l‘enquête».

Les mobiles les plus fréquemment identifiés pour les homicides d’un homme sur sa compagne (refus de la séparation, dispute, jalousie) sont révélateurs d’une volonté d’emprise et de contrôle de l’auteur sur sa partenaire. Ces trois mobiles se retrouvent dans 73 homicides sur 109, soit 67%. Concernant les homicides commis par une femme sur son conjoint, l’enquête permet d’établir l’existence fréquente de violences antérieures subies par la femme. Sur les 28 femmes ayant tué leur conjoint, au moins 17, soit 61%, étaient victimes de violences au sein du couple

Pour la ligue des Droits de L'Homme, la situation des femme d'Outremer, n'a guère changé, au contraire, elle se dégraderait. La Réunion et la Guyane, sont les deux départements où les femmes connaissent le plus des violences conjugales. La Guadeloupe n'est pas en reste. Chez nous, les violences conjugales sont elles aussi importantes. Environ 600 plaintes, pour violences conjugales, chaque année, sont déposées au Parquet, mais combien aboutissent ?

En Guadeloupe, comme partout ailleurs, des associations viennent en aide aux victimes de ces violences. Citons par exemple : l'association FORCES ( 0590481046)

Comprendre le cycle des violences conjugales :

Comme l'expliquait le site MadmoiZelle :

« Les psychologues expliquent que la violence conjugale fonctionne en « cycles ». En fait, il est plutôt rare que la première violence physique soit un acte isolé – souvent, elle a été précédée par d’autres formes de violences (psychologiques, verbales, etc.).Le cycle de la violence conjugale peut être défini par quatre étapes.Il débute par l’installation d’un climat de tension dans le couple : peu à peu, l’autre prend le dessus dans la relation, et « l’emprise » apparaît.Les violences psychologiques et verbales peuvent par exemple se manifester par du dénigrement (« Tu n’es même pas capable de… ») ou du découragement (« Tu n’y arriveras jamais »).Le partenaire commence également à prendre l’ensemble des décisions de la vie quotidienne (les activités quotidiennes, les menus…).Tous ces agissements non physiques installent un climat d’insécurité, détruisant petit à petit l’intégrité psychique de l’autre : la frontière de ce qui est acceptable bouge...À la suite de cette phase de crise commence une période de justification : après avoir subi une première violence physique, il est possible que tu passes par une phase de sidération et de rationalisation.Autrement dit, tu ne parviens pas à croire que ce qui arrive est réel, que ton conjoint a pu être violent, ou tu penses que ce qui arrive est un « accident », tu cherches des excuses à ce comportement, voire tu culpabilises : « Il est très stressé par son travail », « La journée a été difficile », « Je l’ai énervé »…L’étape suivante est la phase « lune de miel » : le conjoint violent exprime souvent des regrets, cherche à se faire pardonner (parfois en faisant porter la responsabilité sur l’autre), déclare ses « sentiments ».Cette étape fait naître un espoir chez la personne qui a subi la violence : « Les choses peuvent changer », « Il va changer », « Il fait cela parce qu’il m’aime »… Cette étape peut durer plusieurs mois.Puis le cycle reprend au début et lentement, l’insécurité et les violences resurgissent, de plus en plus acceptables pour la personne qui en est victime. »

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