Vous êtes antillais ? Vous êtes férus de nouvelles technologies ? Ou vous êtes tout simplement passionné par la culture antillaise, alors "Ou Pa Sav " est l'application faite pour vous. A la tête de cet ambitieux projet Julien Jean-Alexis, un martiniquais, concepteur de jeux et président d'Agooloo Studio. II a répondu à nos questions sans détour.
OuPasSav est un jeu qui s’adresse à toutes les familles antillaises et en général aux personnes qui s’intéressent à la culture caribéenne. Le but est de valoriser la culture antillaise, faire connaître à toutes les générations des artistes et des faits majeurs actuels ou passés mais qui sont parfois oubliés, même par les plus âgés. Cela favorise le lien social entre les générations ainsi que la transmission d’une culture et d’une langue commune. A la tête de cet ambitieux projet Julien Jean-Alexis, un martiniquais, concepteur de jeux et président d'Agooloo Studio. II a répondu à nos questions sans détour.
TheLinkFwi : Julien Jean-Alexis, vous êtes le concepteur du jeu OuPaSav,le jeu qui s’adresse à toutes les familles antillaises et en général aux personnes qui s’intéressent à la culture antillaise, parlez-nous de votre parcours, parcours scolaire, professionnel.
Julien Jean-Alexis : Julien Jean-Alexis 40 ans, concepteur de jeux vidéos, président d'Agooloo Studio. Mon premier stage lors de mes études a été dans un studio de jeux vidéo parisien. J’ai été recruté car j’avais des compétences en code qu’ils n’avaient pas en interne. J’ai eu quasi carte blanche sur des jeux qui ont vraiment cartonné l’année qui a suivi, et cette expérience m’a apporté un premier regard très intéressant sur ce métier. Pas techniquement parlant, mais plutôt en termes de conception, d’écriture, de lien avec son public... Cette expérience m’a aussi appris que ce n’était pas le meilleur milieu pour bien gagner sa vie en tant que codeur. Un an plus tard, lorsque j’ai décroché un Master 2, j’ai donc plutôt décidé de partir dans un autre milieu : dans l’aventure start-up… mais pas la mienne ! Nous avons réalisé des levées de fonds impressionnantes, nous avions une technologie révolutionnaire. Fort de cette expérience ultra-enrichissante, j’ai alors fondé une SSII de développement un peu originale à l’époque, puisque offshore (nos équipes de développement étaient à Saint-Pétersbourg).
Quelques années plus tard, à la naissance de ma fille j’ai décidé de me « reposer » un peu et de revenir dans le salariat. J’ai fait du consulting pendant quelques années dans le prestigieux front-office de la Société Générale ou dans l’industrie. Durant cette période, je faisais déjà beaucoup de musique. Etant guitariste, je passais facilement 6 heures par soir sur ma guitare après le boulot, que ce soit sur scène ou en tant que professeur. J’ai alors décidé de totalement switcher d’activité et de vivre de la seule chose qui me faisait alors vibrer à ce moment-là : la musique. J’ai alors été musicien pro, intermittent du spectacle pendant quelques années. Cela se passait très bien, humainement et financièrement. Mais des problèmes de santé aux articulations m’ont obligé petit à petit à jouer de moins en moins, et j’ai fini par avoir beaucoup de temps libre durant lequel j’ai eu envie de créer une autre activité !
TLFWI : Comment l’idée d’OuPaSav est-elle née ? Parlez nous de l’histoire d’Agooloo Studios.
Durant ma période d'inactivité, et bien à ce moment-là tout s’est connecté. J'avais l’envie de continuer à faire de la création artistique, j'avais l’envie de travailler dans une industrie et sur des produits FUN, avec une valeur éthique positive (ce qui n’était absolument pas le cas dans la finance bien sûr). J'avais l’envie de corriger quelque chose qui m’avait toujours posé problème depuis mon enfance : le manque de représentation des afro-descendants dans les médias, produits culturels et j'avais surtout l’envie de travailler dans le mobile. En effet, autant je trouve que j’ai mis un peu de temps à réellement comprendre l’intérêt des smartphones lors de leur apparition sur le marché, autant ma prise de conscience de leur potentiel a été énorme lorsqu’elle s’est enfin produite.
Pour Agooloo Studio..par mon réseau, j’ai immédiatement cherché et trouvé un illustrateur qui aimerait s’associer avec moi. Et BOUM, Agooloo Studios était né ! Pour la petite histoire, le studio s’appelle Agooloo car j’ai toujours adoré la sonorité de ce mot de notre langue, et c’était un joli clin d’œil à Pacman 😉
TLFWI : Quels sont les thèmes abordés dans le jeu ?
OuPaSav est un jeu mobile, un quiz sur les Antilles disponible sur Android et iOS. Les questions sont organisées en 4 catégories pour l’instant : Alors la
faune-la flore des antilles,
la musique-la littérature
L'histoire et la Géographie.
Créole et vie courante.
Dans chaque catégorie, les questions sont regroupées par paquet de dix. Si le joueur répond à dix questions sans erreur, il gagne une ou deux étoiles, en fonction de la difficulté de ce quiz de 10 questions. OuPaSav est un jeu qui se veut fun, rassembleur, pédagogique. Les Martiniquais apprendront sur la Guadeloupe et inversement, les anciens sur les jeunes, et inversement.
Il faut savoir que d’autres catégories seront bientôt disponibles, comme les rimèd razyé, la cuisine, le sport...
TLFWI : Quel est le public cible du jeu OuPaSav ?
Le public cible d’OuPaSav, c’est toute personne qui parle français et qui aime les Antilles. Donc aussi bien les Antillais eux-mêmes que les touristes qui ont eu un coup de cœur pour nos îles. Bien sûr le jeu sera théoriquement plus facile pour un Antillais, mais nous avons reçu plusieurs messages de métropolitains qui ont adoré le jeu !
Le jeu est conçu pour être transgénérationnel, pour intéresser les plus jeunes et les moins jeunes. Certaines fonctionnalités seront sans doute préférées par les plus jeunes, comme le mode multijoueur, très dynamique, qui ressemble un peu à Mariokart dans sa dynamique (disponible à la fin du mois), mais le jeu dans sa version SOLO est aussi apprécié par les collégiens, que par les retraités
TLFWI : Justement, parlez nous de l'équipe qui est derrière. Combien êtes-vous à travailler sur le projet OuPaSav ?
Alors nous avons créé OuPaSav à trois : Euthmane Meradi s’est occupé des graphismes de type UI (les boutons, la présentation,etc.)Andrew Champigneux s’est occupé du dessin des personnagesJe me suis occupé de tout le reste (conception, rédaction des questions, programmation, gestion de projet, direction artistique)Actuellement, deux rédacteurs nous ont rejoint en plus pour nous porter main forte.
TLFWI : Vous êtes une petite équipe, du coup, quelles sont les difficultés rencontrées par rapport à l’évolution du projet ? et même de votre entreprise ?
Je dirais, faire évoluer le jeu, le faire grandir, demande énormément de travail et de ressources, humaines et financières. Pour l’instant nous faisons tout en fonds propres. La principale difficulté est de trouver les bonnes personnes de confiance pour nous accompagner sur le projet, en termes de compétence, et surtout en termes de sérieux et d’organisation.
TLFWI : Quels sont les plateformes sur lesquelles, OuPaSav est disponible ?
OuPaSav est disponible sur Android (Google Play & Amazon) et iOS (AppStore) et est gratuit. Vu sa portée patrimoniale forte, c’était notre volonté qu’il soit accessible à tous, sans ticket d’entrée.
TLFWI : Quelle est votre vision de l’avenir concernant OuPaSav ?
Nous avons sorti une collection de livres qui reprend les questions du jeu et apporte pour chacun d’elle des explications détaillées pour aller plus loin dans la connaissance de notre patrimoine (dans le jeu il n’y a pas d’explications détaillées sur les réponses fournies pour ne pas poser des problèmes d’équité entre les joueurs). Cela permet aussi aux personnes non-équipées ou réfractaires au numérique de rentrer dans l’univers du jeu et de se cultiver en s’amusant. Cette collection s’appelle « La Martinique et le Guadeloupe en 100 questions » et le deuxième volume sort mi-juin. Je suis d’ailleurs particulièrement fier que Benzo l’ait préfacée !
Sinon, nous avons plusieurs propositions pour faire grandir le projet, mais je ne peux malheureusement pas encore en parler pour des raisons de confidentialité.