Puerto Rico n'est plus. Depuis deux ans, l'île de Puerto Rico se meurt. en cause, le dette que le gouvernement local, ne parvient pas à régler. Une dette évaluée à 123 milliards $. Le gouverneur a déclenché une procédure pour restructurer la dette. La faillite de Puerto Rico montre la fin d'un système au cœur de la zone d'influence des Etats-Unis.
Côté pile Puerto Rico est Etat associé aux USA, connu pour être une destination haute gamme avec des millions de touristes qui viennent gaspiller leur dollars dans les divers casinos de l'île.
Côte face, depuis plusieurs années, l'archipel américain, ne parvient plus à réglé sa dette évaluée à 123 milliards $ USD, si bien que Porto Rico porte la triste appellation de "la Grèce des Caraïbe."
Il y a deux ans, nous évoquions déjà ce fait dans un article dans lequel l'ancien gouverneur avait placé l'île à défaut de paiement. A l'époque, l'île au statut hybride, avait une dette de 73 millions $USD. A cette période, Porto Rico devait rembourser 58 millions de dollars de dette contractée par une agence gouvernementale, mais ne pouvait verser que la famélique somme de 628.000 dollars (environ 573.000 euros).
A cause de son statut hybride, qui n’en fait pas le 51e « Etat » des Etats-Unis, l’île risquait de devoir faire face à la justice. Contrairement aux villes américaines comme Detroit (Illinois), Porto Rico ne peut, en effet, pas légalement se déclarer en faillite pour restructurer sa dette à l’abri de ses créanciers.
De son côté, l’Etat fédéral américain avait exclu tout « sauvetage » financier de Porto Rico qui s’exposait alors aux poursuites de ses créanciers, pour la plupart des fonds de pension américains. « En cas de statu quo, sans un régime légal qui a déjà fait ses preuves, la solution des problèmes financiers de Porto Rico serait chaotique, longue et coûteuse pour Porto Rico mais plus généralement pour les Etats-Unis », avait même mis en garde,l'ancien secrétaire américain au Trésor Jacob Lew.
Les conséquences de cette crise étaient à la fois économiques mais aussi sociales,résultat d'un chômage grandissant, les candidats au départ sont très nombreux.De 12.000 personnes entre 1980 et 2000, le nombre d'immigrés portoricains vers les États-Unis a quadruple pour atteindre 48.000 par an entre 2010 et 2013, quand l'économie a commencé à aller mal. Sans oublier la violence
Deux ans plu-tard, la situation a empiré. Porto Rico s'est déclaré en cessation de paiement, mercredi 3 avril, mettant un terme à plus de dix ans de lutte pour éviter la débâcle financière. Le nouveau gouverneur de l'île, Ricardo Rossello élu en Janvier dernier, a déclenché une procédure permettant à l'île de restructurer sa dette, qui s'élève à 123 milliards de dollars. Ce territoire dépendant des États-Unis mais non-intégré à l'Union, doit 74 milliards de dollars à ses créanciers et 49 milliards de dollars en retraites impayées.
La démarche, normalement exclue pour les territoires(Commonwealth) américains, a été rendue possible par une loi adoptée sous l’administration Obama l’an dernier (loi Promesa) alors que l’île était en défaut de paiement depuis l’été 2015.
Une semaine tendue :
Lundi, à l’expiration du moratoire qui empêchait les créanciers de Porto Rico de réclamer leur remboursement devant les tribunaux. Dès le lendemain, plusieurs de ces créanciers rejetaient le plan proposé par le gouverneur Rossello (remboursements de 800 millions de dollars par an sur 10 ans, soit une décote de 80%), préférant se tourner vers des juges pour obtenir plus. Mercredi, Rossello, et le comité de supervision chargé par le Congrès US de redresser les finances publiques et de négocier avec les créanciers, déclenchaient le processus de faillite. Un processus au terme duquel les créanciers mécontents pourraient finir par être encore moins bien lotis. Vendredi, le gouvernement de Porto Rico a annoncé la fermeture 179 écoles publiques sur les 1292 écoles publiques qui accueillent 365 000 étudiants.
La manœuvre doit permettre à l’île d’assurer la prestation de services essentiels et d’avoir à nouveau accès aux marchés de capitaux alors que ses titres de dette ont été dégradés au statut d’obligations "pourries". Elle protège également Porto Rico contre de nouvelles démarches devant les tribunaux pendant 120 jours. La Cour suprême US doit maintenant désigner un juge qui sera chargé de piloter une sortie de crise, de concert avec le comité de supervision. En attendant, Rossello et le comité de supervision veulent continuer à négocier avec les créanciers.
Une catastrophe économique :
Hier perle des caraïbes, attractive économiquement dû à son statut particulier, Porto Rico n'est plus que l'ombre d'elle-même. Dopée par un régime fiscal particulièrement avantageux pour les entreprises qui venaient s’y installer, l’économie de Porto Rico est tombée en récession fin 2007, peu après l’expiration de ce système. Exemptés d’impôts sur les dividendes versés par Porto Rico sur ses titres de dettes, les investisseurs américains ont continué à financer les déficits publics de l’île alors que la dette ne cessait de gonfler. Le système n’était plus tenable.Les infrastructures de Porto Rico tombent en lambeaux. Le taux de chômage y caracole à 12% alors qu’à peine 40% de la population active a un emploi ou en cherche un. Le fait qu’une grande partie des biens de consommation doivent être importés (à prix d’or) n’aide pas à la situation de ses habitants. Du coup, ils sont des centaines de milliers à avoir quitté l’île ces dernières années pour tenter leur chance aux Etats-Unis, réduisant d’autant plus ses recettes fiscales. Restent de nombreux inactifs, comme les personnes âgées, dont la proportion ne cesse d’augmenter et qui dépendent de plus en plus de programmes d’assistance sociale et médicale sous-financés par l’État fédéral américain en raison du statut particulier de l’île. La catastrophe était inévitable.
Porto Rico a battu le triste record de Detroit en termes de faillite publique. En 2013, la ville américaine croulait sous une dette de 18 milliards de dollars. À Porto Rico, on parle d’une dette de plus de 70 milliards de dollars.
Un changement de statut pour sauver l'île :
L’actuel gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rossello n’est autre que le fils de Pedro Rossello, élu gouverneur de l’île en 1992 et 1996. Âgé de 38 ans, il a un doctorat en ingénierie biomédicale. Avant d’entrer en politique, il a travaillé comme chercheur, notamment à la Duke University (Caroline du Nord). Ses travaux ont essentiellement porté sur les recherches sur les cellules souches. Durant la campagne électorale, il avait fait plusieurs promesses, comme la question du statut politique. Il souhaite faire de Porto Rico le 51e état des Etats-Unis. Il dénonce l’exclusion des Portoricains de l’élection pour la Maison Blanche, mesure injuste selon lui, qui prive 3,5 millions de personnes de leurs droits fondamentaux. Le changement de statut pourra, dit-il, stimuler une économie embourbée depuis plusieurs années dans la récession.
source : Les Echos