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L'ONU met fin à la mission des Casques bleus en Haïti.


Après 13 ans de présence, la Minustah va laisser place à une force de police chargée de former les forces haïtiennes d'ici deux ans. D'ici octobre, 2.360 soldats seront progressivement rappelés. Si le pays a progressé en matière de stabilité politique, il lui reste beaucoup à faire pour réduire l'insécurité et assurer l'indépendance des forces de l'ordre.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé jeudi de mettre fin à treize ans de présence des Casques bleus en Haïti, pour les remplacer par une force de police plus restreinte. La résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil prévoit la fin de la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), d'ici au 15 octobre. Cette décision va permettre à l'administration américaine de Donald Trump de réduire, comme elle le souhaite, ses financements des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Le Conseil a convenu de retirer progressivement les 2.360 soldats de la Minustah

au cours des six prochains mois.

La défiance des Haïtiens envers la Minustah :

La Minustah avait été déployée en 2004 après le départ du président Jean-Bertrand Aristide pour aider à endiguer la violence dans cette nation pauvre des Caraïbes, mais elle n'a jamais su gagner la confiance des Haïtiens. Une épidémie de choléra introduite en 2010 par des Casques bleus népalais a fait plus de 9.000 morts. La Minustah a également été accusée d'abus sexuels, comme le révélait le site Loop Haïti plusieurs soldats de la paix sri-lankais avaient abusé de plusieurs jeunes filles et jeunes garçons, tous mineurs.

Avec un budget annuel de 346 millions de dollars, la Minustah ne figure pas parmi les opérations de maintien de la paix les plus coûteuses de l'ONU, mais sa fermeture marque un changement d'orientation vers des missions plus petites.

La Minustah remplacée par la PNH :

Créée en 1995 suite à la démobilisation de l'armée, la PNH ne compte aujourd'hui qu'un peu moins de 13.000 agents, un effectif insuffisant pour assurer la sécurité de près de 11 millions d'habitants. La nouvelle mission de l'ONU sera remplacée par une nouvelle force de police chargée de former les forces haïtiennes, baptisée Mission des Nations unies pour le soutien de la justice en Haïti (Minujusth). Cette nouvelle mission onusienne disposera de sept unités d'environ 1.275 policiers au total. Cette force de police est également destinée à être graduellement réduite, sur deux ans, à mesure que la police haïtienne sera formée.

Avec le départ annoncé de la Minustah, les organisations de la société civile redoutent un retour à une police nationale politisée. «On entend beaucoup de rumeurs sur des gens du secteur mafieux qui sont dans l'entourage du pouvoir et font pression sur l'exécutif pour chambarder la police», s'inquiète Pierre Espérance, directeur de la principale organisation de défense des droits humains en Haïti. Mais, la direction de la police veut conserver sa neutralité mais appelle les autorités à répondre aux besoins de base de la population pour réduire la criminalité, principalement causée par la pauvreté selon les données policières. Près de 60% de la population survit avec moins de deux dollars par jour et le passage dévastateur de l'ouragan Matthew en octobre, causant pour plus de 2 milliards de dollars de dégâts, a tué tout espoir d'un relèvement économique par l'agriculture. Autant dire que beaucoup de travail attend la PNH.

Par ailleurs, les missions au Liberia et en Côte d'Ivoire devraient également être fermées, et la mission conjointe entre l'ONU et l'Union africaine dans la région du Darfour, au Soudan, doit être réduite.

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