Dimanche prochain, les français qui partagent les idées de droite sont appelés à voter pour le candidat de leur choix. Ils devront choisir entre Alain Juppé et François Fillon. L'ancien ministre avec ses 44% de voix obtenus lors du premier tour, est le grand favoris mais son rival Alain Juppé (28,1%) n'a pas dit son dernier mot et se battra jusqu'à la dernière minute et mise sur l'Outremer.
François Fillon et Alain Juppé deux candidats deux parcours différents et pourtant le même objectif : la présidence de la République. Dimanche prochain, les français qui partagent les idées de droite sont appelés à voter pour le candidat de leur choix. Qui de Fillon ou de Juppé représentera la droite aux prochaines présidentielles ?
Crédité à 44,2% François Fillon ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, est vu comme le grand favoris de ce deuxième tour de la droite et du Centre, face à lui, Alain Juppé maire de Bordeaux, ancien premier ministre de Jacques Chirac, est arrivé deuxième avec 28,1%, sa force : l'Outremer.
En effet, le maire de Bordeaux est arrivé en tête dans la majorité des départements d'Outremer. 44% des voix en Guadeloupe, 35% à la Martinique, 33% en Guyane, 32% à la Réunion.
Fillon tient principalement sa force en Hexagone mais tente de faire oublier son "erreur" lors d'un meeting, il avait déclaré que la "Colonisation visait à partager sa culture."mais n'oublie pas l'Outremer contrairement au début de campagne l'ancien premier ministre a échafaudé un programme taillé pour l'Outremer :
Je veux entrer dans une logique de moyens, de résultats et de performance :
– doter Saint-Martin d’une juridiction propre et d’un établissement pénitentiaire ; – renforcer le contrôle des frontières maritimes et terrestres ; – donner à la police judicaire des moyens nécessaires à ses missions ; – améliorer la coopération avec les Etats voisins; – rétablir le contrôle des armes.
Je veux stopper l’immigration irrégulière, dévastatrice pour la cohésion sociale :
– intensifier les contrôles, notamment à Saint-Martin et en Guadeloupe ; – développer les patrouilles mixtes terrestres et maritimes, associant policiers de pays frontaliers et gendarmes ou policiers français ; – mettre à niveau les moyens maritimes des différentes administrations pour une surveillance continue des côtes ; – renforcer la coopération avec les pays de la zone.
Je veux réduire les inégalités dans le domaine de la santé :
– augmenter les actions de prévention, moderniser l’offre hospitalière, créer des pôles de santé de référence, améliorer l’offre d’accueil et de soins des personnes âgées et dépendantes ; – développer les filières hospitalo-universitaires locales ; – soutenir l’installation de nouveaux médecins, notamment spécialistes.
Je veux refaire de l’éducation une priorité :
– redonner toute sa place aux enseignements fondamentaux dès la maternelle ; – laisser les chefs d’établissement adapter leurs formations aux différents besoins ; – développer massivement les outils et les formations numériques ; – créer de vraies passerelles avec le monde du travail et poursuivre la montée en puissance du Service Militaire Adapté
Je veux redonner des marges de manœuvre aux entreprises et libérer la croissance :
– alléger les impôts directs pesant sur les entreprises, au premier rang desquelles l’impôt sur les sociétés qui sera ramené progressivement à 25 % ; – réduire le coût du travail grâce aux allègements de charges sociales : le système d’exonération de charges sociales outre-mer sera à la fois pérennisé et renforcé grâce au transfert des dépenses fiscales liées au CICE ; – mettre en place un «Small Business Act» pour les outre-mer, en adaptant le code des marchés publics, de sorte que les TPE ne puissent pas être écartées de marchés publics locaux en raison de leur petite taille; – simplifier et adapter l’accès aux aides et aux financements publics : BPIfrance doit devenir l’unique financeur public des PME, l’Agence française de développement et la Caisse des dépôts devront quant à elles intégrer leurs réseaux en outre-mer et continuer à intervenir pour financer des projets structurants à moyen et long terme ; – simplifier la défiscalisation pour relancer l’investissement dans le secteur privé : les agréments fiscaux seront attribués localement, par l’administration fiscale, en deçà d’un seuil de 5 à 10 M€ décidés sur la base de règles claires, simples et transparentes.
Je veux attirer dans les outre-mer les talents et les capitaux:
– orienter l’épargne nationale vers le financement des PME des régions d’outre-mer ; – créer des zones franches d’attractivité: les actuelles zones franches d’activités seront transformées en zones franches d’attractivité qui comprendront des déductions totales d’impôts directs pour les entreprises ou les porteurs de projet s’orientant vers la création d’entreprise ou d’emploi dans les secteurs prioritaires pendant cinq ans ; – accélérer la modernisation des ports d’outre-mer.
Je veux faire du soutien à l’innovation et aux services un moteur de croissance et de dynamisme pour la jeunesse :
– définir des critères pour adapter le « programme d’investissement d’avenir » aux économies ultramarines; – faire du tourisme une priorité outre-mer.
Je veux consolider les secteurs traditionnels que sont l’agriculture et le BTP :
– dynamiser les filières agricoles ; – sanctuariser les aides publiques aux filières exportatrices des DOM (canne-rhum et bananes) et accompagner les augmentations de production ; – imposer à l’Union européenne de tenir compte des spécificités des outre-mer en matière agricole pour défendre l’exclusion totale des productions des DOM des accords commerciaux en cours de négociation ; – pour le BTP, assurer le préfinancement des créances publiques afin de compenser les retards de paiements très importants que les collectivités territoriales imposent à de nombreuses PME et renforcer les exonérations de charges sociales.
Je veux favoriser les grands projets environnementaux :
– développer un plan simple et ambitieux permettant d’atteindre un nouveau cap de politique énergétique : « 0 » charbon et « 0 » fuel en 2025 ; – favoriser la conversion des centrales à charbon actuelles et celle des centrales à fuel ainsi que le développement accéléré des énergies renouvelables ; – développer et moderniser les projets de traitement et de valorisation
Je veux faire entendre la voix des outre-mer à Paris et à Bruxelles :
– placer le ministre des outre-mer auprès du Premier ministre ; – créer un conseil consultatif des outre-mer dont la composition pourrait s’inspirer, dans un format adapté, du comité des finances locales ; – moderniser le droit de l’outre-mer.
Je veux ancrer les outre-mer dans la République sans nier leurs spécificités :
– accompagner les demandes de modernisation des statuts ; – favoriser les habilitations des collectivités d’outre-mer pour qu’elles participent à la modernisation du droit des outre-mer.
Je veux replacer l’Etat au centre du processus calédonien :
– ma préférence va au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République ; – engager des discussions pour clarifier ce qui pourrait advenir après le scrutin d’autodétermination dans l’hypothèse d’un maintien dans la République ou pour une solution alternative au scrutin « pour ou contre l’indépendance » si telle était la volonté des partenaires politiques calédoniens ;
Je veux redresser la situation de Mayotte :
– apporter des réponses volontaristes en matière d’éducation : – assurer la protection de l’enfance en danger à Mayotte ; – adopter un schéma de financement pérenne pour les collectivités mahoraises ; – donner la priorité à la relance de l’investissement public ; – transformer le port de Mayotte en Grand Port Maritime d’outre-mer.
Alain Juppé lui aussi a dévoilé ses idées pour les territoires d'Outremer :
I Pour un Etat fort :
1. Rétablir la sécurité comme priorité
Proposition : Assurer que les peines prononcées soient effectuées en engageant un programme d’investissement ambitieux pour les prisons dans les outre-mer
2. Lutter contre l’immigration illégale
Proposition : Mieux encadrer le droit du sol en conditionnant l’acquisition de la nationalité de l’enfant à la situation régulière d’au moins un des deux parents et réviser la liste des Etats « sûrs » pour éviter le détournement du droit d’asile
3. Renforcer les moyens de lutte contre les trafics de stupéfiants
Proposition : Intensifier la coopération policière et judiciaire en déployant un réseau d’une dizaine de radars qui seront surveillés par des équipes spécialisées pour assurer l’efficacité maximale de ces matériels et pour la coordination des opérations de contrôle en mer et sur terre sous l’autorité des préfets et des procureurs.
4. Renforcer les capacités des outre-mer face aux risques majeurs
Propositions :
* Réaliser dès le début du quinquennat un état des lieux sur les enjeux de sécurité civile outremer, les moyens et les priorités à mettre en œuvre et élaborer un plan quinquennal de mise à niveau de la sécurité…
* Reloger les familles habitant dans les zones à risque maximal et attribuer de façon prioritaire des subventions de l’Etat pour la reconstruction ou le confortement des établissements scolaires concernés par le risque sismique…
* Déployer outre-mer le système d’alerte et d’information des populations prévu pour la seule métropole.
* Veiller à ce que l’Union européenne prenne en compte les outre-mer français et leur apport en termes de moyens et de présence dans le monde dans sa politique de prévention et de sécurité civile.
5. Donner aux services les moyens d’assurer la défense de nos intérêts
Les outre-mer sont également au cœur d’enjeux de souveraineté : défense de nos intérêts économiques, extension du plateau continental dont il faut mener à terme l’ensemble des procédures engagées par notre pays, protection de nos frontières. L’Etat doit y répondre résolument.
II L’école, la mère de toutes les réformes : miser sur les compétences des hommes et des femmes d’outre-mer
1. Pour faire face à l’échec scolaire et à l’illettrisme, engager avec détermination une bataille pour la maîtrise du français, particulièrement à Mayotte et en Guyane
Proposition : Engager une bataille pour la maîtrise du français afin d’endiguer l’illettrisme qui nourrit l’échec scolaire et le chômage de longue durée.
2. Ouvrir le dialogue avec les collectivités compétentes pour créer les équipements scolaires nécessaires et répondre à la forte croissance démographique en Guyane et à Mayotte
Proposition : Ouvrir un dialogue avec les collectivités compétentes pour créer les équipements scolaires nécessaires et répondre à la forte croissance démographique (Mayotte, la Guyane).
3. Insérer les jeunes ultramarins par la formation continue, notamment dans les métiers émergents
Propositions :
1. Réaliser avec les partenaires sociaux une cartographie des métiers en tensions par territoire pour mieux répondre aux besoins de l’économie d’aujourd’hui et créer des filières de formation pour les métiers émergents
2. Proposer davantage de formations continues de consolidation des savoirs de base à usage professionnel pour les demandeurs d’emplois et les salariés des TPE/PME, afin de prévenir l’illettrisme.
3. Mettre en place, en partenariat avec les chambres consulaires, des formations dédiées à la création et à la reprise d’activité
4. Maintenir la responsabilité de l’Etat en matière de continuité territoriale de la formation en confortant le rôle et les moyens de l’opérateur de l’Etat (LADOM) et y associer plus étroitement les régions de l’Hexagone
4. Renforcer les moyens dédiés aux jeunes ultramarins les plus éloignés de l’emploi
Propositions :
Augmenter de 50% le nombre de places de SMA pour favoriser l’insertion des jeunes en difficulté sur le marché du travail et atteindre au terme du quinquennat 9 000 places offertes
Soutenir les actions complémentaires et expérimentales d’accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle des jeunes le plus en difficultés
5. Réduire les discriminations dont souffrent les ultramarins :
Proposition : Combattre les discriminations frappant spécifiquement les ultramarins en matière de biens et services privés
III Protéger les ultramarins et restaurer l’équité entre les Français en adaptant les politiques aux besoins réels des populations
1. Combattre les inégalités de santé dans les outre-mer
Propositions :
* Faire de la santé dans les outre-mer une priorité de l’action de l’Etat dans le cadre d’un plan stratégique, ouvert aux collectivités du Pacifique, définissant des objectifs précis par territoire
* Réduire les inégalités de santé en développant les actions de prévention, modernisant et confortant l’offre hospitalière, favorisant l’émergence de pôles de santé de référence et améliorant l’offre d’accueil et de soins au profit des personnes âgées et dépendantes,
* Renforcer la démographie médicale et l’offre de soins en développant les formations et les filières hospitalo-universitaires locales
* Développer les coopérations régionales avec les pays riverains en renforçant les dispositifs de surveillance concertés des risques sanitaires.
* Développer les programmes de recherche et de veille sur les maladies émergentes et les pathologies tropicales
* Faire rayonner le savoir-faire médical français au travers du système de santé ultramarin
2. Résorber le déficit de logements sur la base d’un partenariat entre l’Etat et les collectivités adapté aux besoins de chaque territoire
Propositions :
Elaborer un contrat sur 5 ans pour résorber le déficit de logement adapté aux besoins de chaque territoire avec un objectif de 10 000 logements par an réellement construits
Sanctuariser les crédits budgétaires consacrés aux politiques du logement outre-mer sur une perspective pluri-annuelle
Supprimer l’agrément préalable pour l’octroi du crédit d’impôt accordé aux bailleurs sociaux investissant dans des programmes de logements sociaux outre-mer pour réduire les délais de construction
4. Réviser, en concertation avec chaque collectivité et les acteurs des politiques du logement (union sociale pour l’habitat, associations de défense des locataires, organisations professionnelles, etc)
5. Relancer un dispositif de défiscalisation, attractif par rapport aux dispositifs équivalents dans l’Hexagone, pour répondre aux besoins des populations
6. Libérer du foncier pour favoriser la construction de logement
3. Lutter contre la vie chère par une meilleure régulation des marchés
Propositions :
Créer les conditions d’une concurrence effective qui garantisse les prix les plus bas pour les consommateurs, en particulier en veillant à la prévention et à la lutte contre les fraudes et le travail illégal.
Aider les associations de consommateurs à se saisir des actions de groupe.
IV Donner un nouveau souffle aux économies ultramarines
1. Créer un environnement stable et favorable à la croissance
Proposition : Pour ne pas plonger les outre-mer dans la récession, nous ne remettrons pas en cause le principe de la sur-rémunération
2. Maintenir un avantage compétitif aux outre-mer et compenser les handicaps
Proposition : Créer de nouvelles zones franches plus efficaces car simplifiées et mieux ciblées sur les secteurs exposés à la concurrence et prioritaires
Proposition : Créer un « crédit croissance et compétitivité » destiné à compenser les handicaps structurels permanents
3. Renforcer les secteurs les plus pourvoyeurs d’emplois : l’agriculture, le tourisme et la construction
Propositions :
1. Maintenir les aides au secteur du tourisme, y compris la défiscalisation, en cohérence avec les stratégies touristiques définies par les régions.
2. Mettre en place des zones de détaxe 7j / 7j permettant la vente de produits locaux et de marques.
4. Préparer l’avenir dès à présent : l’investissement et l’innovation, moteurs de la croissance de demain
Proposition :
Proposition : Garantir sur 5 ans une défiscalisation simplifiée et déconcentrée pour plus de rapidité et d’efficacité
5. Faciliter le développement des TPE et PME et renforcer leur capacité d’innovation
Proposition :
Pour accélérer le paiement des créances, la CDC ou BPI se substitueront à l’entité publique défaillante pour payer en temps et en heure les créances et se retourneront ensuite contre l’entité publique en demandant des intérêts de retard.
Développer des « médiateurs de l’administration » chargés d’éviter le non recours aux aides existantes, faute pour les entrepreneurs de les connaître.
6. Renforcer l’insertion des territoires d’outre-mer dans leur environnement régional
Proposition :
Promouvoir l’exportation des productions locales en facilitant les échanges humains, en mobilisant le réseau diplomatique, en créant des bureaux Business France dans tous les outremers, en soutenant les club Export et en développant des « VIE adaptés » implantés dans les outre-mer pour conquérir les marchés voisins
Renforcer l’attractivité des outre-mer pour les investisseurs étrangers en mobilisant plus efficacement la défiscalisation et les fonds européens
7. Valoriser le potentiel sous exploité des ressources naturelles des outre-mer
Proposition : Créer quatre pôles de compétitivité interterritoriaux consacrés respectivement aux aspects marins, énergétiques, habitat-construction durable et biodiversité et créer des filières d’enseignement spécialisées sur ces sujets `
V Grâce à la richesse de leur culture et de leur identité, faire rayonner les outre-mer et donc la France dans le monde
La situation culturelle outre-mer est particulièrement préoccupante. Nombre de sites culturels, protégés ou non, sont en proie à la menace du temps. La situation n’est guère plus satisfaisante pour le patrimoine immatériel avec des traditions orales ou encore des savoir-faire artisanaux exemple qui tombent dans l’oubli.
Le manque de reconnaissance de la place des cultures et des histoires des outre-mer en France participe du sentiment de déclassement des personnes originaires des outre-mer qui vivent dans l’Hexagone et se sentent régulièrement exposées à des actes racistes. Nous voulons donc pour les outre-mer une politique culturelle ambitieuse, qui reconnaisse l’apport des outre-mer à une production culturelle de qualité en promouvant des labels nationaux, qui valorise les spécificités ultramarines en soutenant la création et la diffusion des œuvres artistiques. Nous mettrons en œuvre une véritable politique de continuité territoriale culturelle et nous soutiendrons l’agence pour la promotion des cultures d’outre-mer…
Nous voulons promouvoir une affirmation apaisée de l’histoire et de la mémoire des outre-mer, susceptible de rapprocher les Français et non de les opposer. La demande de connaissance et de reconnaissance, assise sur le sentiment que l’histoire de la traite négrière et de l’esclavage continue d’être méconnue, voire marginalisée, est forte et légitime. Elle ne doit pas pour autant alimenter une concurrence des mémoires ou conduire à enfermer les ultramarins dans un passé qui ne passerait pas. Dans la lignée de Frantz Fanon, il faut refuser d’être « esclave de l’esclavage qui déshumanisa nos pères » et construire une culture des mémoires qui sont des mémoires de France…