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L'Outre-mer, grand absent des débats de la primaire de la droite


Alors que se jouent les primaires de la droite, nombre de médias ont remarqué que l'Outremer français était complètement ignoré voire totalement absent des programmes et des débats de la primaire de la droite et du Centre. Pire, les sept candidats n'ont évoqué à aucun moment lors du premier débat télévisé, leur vision de l'Outremer pour la France du XXIe siècle.

Ah l'Outre-mer ses plages de sable de fin, ses paysages verdoyants d'une richesse inégalée. Ah ! l'Outre-mer et sa population métissée, ses repas épicés. Ah ! l'Outre-mer, destination favorite des français en quête de tranquillité, ne demandant qu'une chose, fuir le stress des grandes métropoles pour se relaxer sur des hamacs, boire de l'eau de coco et bronzer. Ah ! L'Outre-Mer qu'on aime tant ! Pourtant, ces petits bouts de France sont les grands oubliés de ces primaires de la droite et du centre.

Pourtant ces territoires d'une superficie de 552 528 km2 , répartis entre l'Océan Atlantique,l'Océan Indien, l'Océan Pacifique et l'Antarctique, et dont la population est estimée à environ 3 millions d'habitants soit 4% de la population française, font la puissance de la France.

Pour ceux qui en douteraient, grâce à l'Outre-mer, la France est une puissance à vocation mondiale.Elle est le seul pays présent sur 6 des 7 continents du monde. Grâce à l'Outre-mer, la France a le deuxième plus grand espace maritime, soit, elle est la deuxième puissance maritime du monde avec une zone économique exclusive qui s’étend sur 11 millions de Km2. Ces zones sont dotées d’un réservoir de biodiversité riche. Qui plus est, l'Outre-mer confère à la France une hégémonie planétaire, en se positionnant comme une puissance géostratégique. Ainsi, grâce à l'Outre-mer la France est à pied ferme dans la mondialisation et se fige dans le 21e siècle.

A l'heure de l'égalité réelle entre les citoyens de l'hexagone et ceux de l'Outre-mer, les candidats de droite, actuellement en campagne pour les primaires de leur parti, ont pour la plupart oublié l'Outre-mer de leurs programmes.

Ainsi, nous pensions être les seuls à ne pas avoir remarqué cet absence de des programmes, mais nos confrères de La 1ère l'ont aussi souligné, dans leurs éditions du 20 et 21 Octobre dernier. Sur les sept candidats à la primaire de la droite et du centre seuls, François Fillon, Alain Juppé, Bruno Lemaire et Nicolas Sarkozy parlent de leurs ambitions pour l'Outre-mer. Evidemment, l'Outre-mer ne tient que sur maximum, deux pages de leurs programmes respectifs.

L'Outre-mer vu par les candidats :

Dans son programme de 109 pages, l'Outre-mer prend place sur deux pages, (pages 78-79). Pour l'ancien premier ministre, il n'y a pas deux France avec d'un côté la France Hexagonale et la France d'Outre-mer, mais une seule France. Le candidat de droite entend redresser la France avec l'Outremer car selon lui, l'Outre-mer est un atout pour la France. C’est aussi pour lui "un antidote de la petite France" car l'Outre-mer dispose de matières premières qui pourraient être décisives pour la France du 21e siècle. De plus François Fillon entend maintenir la défiscalisation s'il devient président car il souhaite une France d'investisseurs. En attendant n'oublions pas qu'il n'y a pas si longtemps, François Fillon déclarait que "la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord." Question, devrions-nous partager nos richesses avec la France ?

Alain Juppé grand challenger de cette primaire de la droite, évoque l'Outre-mer dans un document de 37 pages L'ancien premier ministre de Jacques Chirac, dans les grandes lignes de son programme spécial, entend lutter contre l'insécurité, réaffirmer l'autorité de l'Etat dans ces territoires minés par la violence, puis, il souhaite intensifier la lutte contre l'immigration clandestine, renforcer les moyens de la lutte contre les narcotrafics aux Antilles-Guyane. Rien est oublié, même les défis climatiques auxquels l'Outre-mer fait face. De plus, le candidat de la droite traditionaliste aimerait accroître les moyens pour lutter contre l’illettrisme, qui rappelons le est 14 fois supérieur à la moyenne nationale. De plus, Alain Juppé appelle à "rétablir des relations de confiance et de respect" entre les Outre-mer et l’Hexagone et à "aider à libérer les potentiels de chaque territoire" en prenant en compte "la différence locale dans l’ensemble républicain".Pour dynamiser l’économie, il propose de créer de nouvelles zones franches "ciblées sur les secteurs exposés à la concurrence", de créer des pôles de compétitivité inter-territoriaux et des filières d’enseignement dédiés à la mer, à l’énergie, à la construction durable et à la biodiversité. Pour finir, il souhaite aussi augmenter de 50% le nombre de places au Service militaire adapté (SMA) pour les jeunes en difficulté. Il compte faire de la santé dans les Outre-mer "une priorité de l’action de l’Etat dans le cadre d’un plan stratégique, ouvert aux collectivités du Pacifique, afin de réduire significativement les inégalités"

Bruno Le Maire, ancien directeur de Cabinet de Dominique De Villepin, conseiller de la Haute-Normandie et député de la 1ère circonscription de l'Eure, actuellement en campagne pour la primaire de la droite,n'a pas oublié l'Outre-Mer. Dans son énorme programme de 1016 pages, les territoires d'Outre-mer occupent 16 pages. Pour le jeune candidat de la droite, "Les Outre-mers ne sont pas des territoires « à part » ; ils sont français à part entière et portent en eux des chances immenses de succès pour l’ensemble du Pays. Toutes les mesures que nous proposons pour le prochain quinquennat répondent à leurs enjeux autant qu'en métropole."

Comme pour ses rivaux, l'objectif est de rétablir l'autorité de l'Etat dans ces territoires, lutter contre la flambée de violence, combattre l'immigration clandestine, soutenir l'économie des Outre-mer, défendre les productions locales ultramarines face à l'Union Européenne, défendre l'emploi privé en aidant à la création d'entreprise. Pour les entreprises, il propose d’expérimenter une "taxation forfaitaire unique" fixée entre 8 et 10%, qui remplacerait impôt sur le revenu, sur les sociétés et TVA. Il souhaite également mieux encadrer la défiscalisation "en exigeant des objectifs de création d’emploi plus ambitieux" et en ciblant le dispositif vers le logement social et intermédiaire.

Nicolas Sarkozy est sans doute le candidat qui a le plus défrayé la chronique concernant ses récentes déclarations "Si l'on veut devenir français, on parle français, on vit comme un Français. Nous ne nous contenterons plus d'une intégration qui ne marche plus, nous exigerons l'assimilation. Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois. 'J'aime la France, j'apprends l'histoire de France, je vis comme un Français', doit se dire celui qui devient français..qu'à partir du moment où l'on devient français, "l'on vit comme un Français et nos ancêtres sont les gaulois". Déclaration qui avait suscité de vives réactions au sein de la population et de la classe politique." ou encore lorsqu'il avait tenté de se rattraper en insinuant que "Parce qu'être Français, c'est partager un héritage qui vient de loin, qu'importe de savoir où sont nés tes parents, peu importe la couleur de ta peau, peu importe quel dieu, tu baisses la tête, tu es mon semblabe en nationalité. Tu es semblable en citoyenneté à une condition: que tu reçoives, que tu célèbres, et que tu proclames l'amour de la République. C'est cela le combat de l'assimilation...Et je vais même vous dire mieux, dans mes ancêtres il y a les Gaulois et il y a Aimé Césaire aussi" Justement en parlant d'Aimé Césaire, L'ancien président n'oublie pas les Outre-mers dans sa course à la présidentielle. En effet, l'ancien chef de l'Etat candidat favori de ces primaires. En guise de projet, son site de campagne propose de soutenir 32 pétitions axées essentiellement sur l’immigration et la sécurité. Un positionnement stratégique éloigné de la promotion de la diversité ultramarine. Le terme Outre-mer n’y apparaît pas une seule fois. Comme le souligne nos confrères de La1ère, dans une interview qu'il accordait à France-Antilles , le candidat annonce vouloir "provoquer une véritable révolution économique Outre-mer" : zéro charge sociale et un taux d’impôt sur les sociétés à 15%.

Dans cette interview, à la question "Que comptez-vous faire pour lutter contre le chômage, si vous êtes élu ?" l'ancien président répondait : " Il faut d'abord partager une analyse : si un département de l'Hexagone connaissait les taux de chômage qui sont ceux que les habitants des départements d'Outre-mer doivent affronter, ce serait l'explosion sociale. Moi, je veux apporter des solutions à la hauteur du défi qui est devant nous, et faire de la lutte contre le chômage Outre-mer une priorité nationale. Avec un objectif : que le niveau du chômage Outre-mer soit ramené au niveau de la moyenne nationale en 5 ans."

Concernant l'égalité réelle, Sarkozy semble sceptique, voire pourfendeur : " En l'état, le texte du gouvernement me paraît toutefois flou et très peu opérationnel. Je ne suis pas dupe non plus du calendrier retenu. Pourquoi faire voter un texte qui pose de grands principes dans les six derniers mois du quinquennat ? La ficelle politique est un peu grosse."

Autre question qui a retenu notre attention : Quel serait votre premier acte pour l'Outre-mer, une fois élu ?" Au candidat de répondre : "Je lancerai simultanément trois actions. D'abord, je proposerai au Parlement les mesures d'urgence pour l'emploi que j'ai évoquées dans vos questions précédentes. Parallèlement à ce travail au Parlement, je permettrai le retour de l'ordre public dans les départements d'Outre-mer, tout particulièrement en Guadeloupe et en Guyane qui sont dans une situation insupportable. La sécurité, c'est la première mission de l'État : il n'y a aucune raison que la République tolère les actes de violence que nous connaissons dans ces deux départements, et dans une moindre mesure en Martinique et à La Réunion. Les outre-mer ne sont pas la variable d'ajustement budgétaire du ministère de l'Intérieur : il faut mettre des moyens à la hauteur des défis, car les habitants n'en peuvent plus. L'impunité doit cesser, et la peur doit changer de camp."

Des promesses et encore des promesses, autant faire comme les autres candidats de la primaire : silence radio concernant les Outre-mers.

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