L'égalité réelle passera elle aussi par l'éducation. La priorité est axée sur la lutte contre illettrisme, qui est assez importante chez nous en Outremer. Nombreux sont ceux qui ne savent ni lire ni écrire mais qui par honte le cachent. Voici les chiffres de illettrisme pour chaque département d'Outremer.
On le sait entre la France Hexagonale et l'Outremer Français il y a de nombreux écarts qui illustrent une inégalité à la fois historique, politique, mais surtout économique. Entre un hexagone ultra développé depuis plusieurs siècles et ses territoires éloignés à la traîne, la France cultive les inégalités.
En campagne en 2012, François Hollande actuellement à la tête de la République avait fait la promesse de réduire (autant que possible) les différences qui subsistent entre la France et les Outremers. Il y a deux ans, il a mandaté l'ancien président de la Région Victorin Lurel pour mettre en place le projet de loi nommé " l'égalité réelle".
Avec la nomination d'Ericka Bareigts en tant que secrétaire d'État chargée de l'Égalité réelle mais devenue ministre des Outremers depuis la démission de George Pau-Langevin, le gouvernement entend bien finaliser ce projet qui parait révolutionnaire pour l'avenir de la France dans son ensemble.
Parmi les fractures de division entre l'Outremer et l'Hexagone, figure l'illettrisme qui est assez important chez nous en Outremer qui enregistre des taux records. Il serait 14 fois supérieur à celui de la France. Avant de parler de chiffres, il est important d'apporter une définition précise de l'illettrisme
Selon les définitions de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), c'est l'état d'une personne qui a été instruite grâce à une scolarisation, mais que cet apprentissage n'a pas conduit à la maîtrise de la lecture, de l'écriture et du calcul ou que cette maîtrise a été perdue.En d'autres termes, il s'agit donc d'une personne illettrée a déjà reçu un apprentissage de la lecture mais n'en a pas acquis une maîtrise suffisante pour être autonome. A ne pas confondre avec l'Analphabétisme qui lui, concerne les personnes qui n'ont jamais été scolarisées.
Dans tous les cas, l'illettrisme et l'analphabétisme engendrent des problèmes d'employabilité.
En Outremer l'illettrisme est 14 fois supérieur à la moyenne nationale car en France, l'illettrisme atteint en moyenne 3,6% de la population. Dans sa volonté de réduire les inégalités persistantes entre ces territoires et l'Hexagone, le gouvernement mise sur l'action, notamment en milieu scolaire avec une nouveauté l'accès au numérique, mais pour lutter contre un problème, il faut prendre en compte les spécificités de chaque département, car les chiffres y sont différents.
La Guadeloupe (971)
Selon l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), 25% de la population âgées de 16 à 65 ans sont en situation d’illettrisme après avoir pourtant été scolarisées.
Pour un Guadeloupéen sur six, la communication est même très difficile. Ils obtiennent un taux de réussite inférieur à 40 % à des exercices permettant d’évaluer leurs compétences dans les trois domaines fondamentaux de l’écrit : la lecture, l’écriture et la compréhension d’un texte simple. Des gestes de la vie quotidienne comme lire un journal.Lire, écrire ou comprendre un texte ne sont pas des acquis pour tous. Parmi les Guadeloupéens âgés de 16 à 65 ans, 25 % éprouvent des difficultés suffisantes pour les gêner au quotidien. Les difficultés augmentent avec l'âge mais les jeunes ne sont pas épargnés : 15 % des 16-29 ans sont en grande difficulté.
20 % des Guadeloupéens ayant été scolarisés en Guadeloupe ou ailleurs en France sont en situation d’illettrisme et 69 % d’entre elles sont sans diplômes et 36 % sont au chômage.
En Guadeloupe, la situation d'illettrisme est dû au fait que l'archipel comme les autres départements connait une situation de bi-linguisme (Créole omniprésent dans les foyers et le français enseigner à l'école) mais aussi l'immigration des personnes originaires d'Haïti, de la République Dominicaine et de la Dominique principalement.
La Martinique (972)
La Martinique est aussi concernée par l'illettrisme, qui selon l'étude de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI),même si l'île au fleur connait un taux inférieur à celui de la Guadeloupe.
Selon les résultats de l’extension régionale de l’enquête INSEE/IVQ, conduite entre 2006-2007 :14 % des martiniquais sont concernés par l’illettrisme, soit 40 000 personnes 16 % des hommes et 13% des femmes sont en situation d’illettrisme.38% des personnes en situation d’illettrisme sont dans l’emploi.
Mais en 2014, 16,3% des jeunes sont repérés comme en étant en grandes difficultés face aux compétences de base, ce qui représente 887 jeunes. Sur cette même année, la moyenne nationale est de 4,1%..
Comme pour la Guadeloupe, la Martinique connait une situation de bilinguisme avec le créole comme langue maternelle parler dans le quotidien et dans les foyers et le français utilisé par les administrations.
Sans oublier les personnes issues de l'immigration, provenant des îles voisines de Saint-Lucie, Dominique, de la République Dominicaine et d'Haïti principalement.
La Guyane (973)
Pour le plus grand département de France, la situation est différente des deux autres régions voisines. Le département a toujours connu des problèmes en matière d'illettrisme. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte :
- 30 % de la population totale est étrangère et non francophone. En effet, la Guyane est la Région de France qui a la plus grande diversité linguistique : Le français est la langue officielle donc enseigné en milieu scolaire, tandis que le créole guyanais est plus largement parlé. Sans oublier les 20 autres langues parlées par les différentes communautés qui vivent sur le territoire : Six langues bushi kondé (des noirs marrons) sont parlées par les Bushinengues guyanais : surinamais : boni, saramaca,paramaca, djuka, mataray et kwenty. 6 à 7 langues amérindiennes (arawak, palikur, kali'na, wayana, wayampi, émerillon), ainsi que le hmong (langue laotienne), plus le portugais, l'anglais, le chinois, l'espagnol.
En Guyane, 30% des jeunes sont en situation d’illettrisme, c’est-à-dire qu’ils éprouvent des difficultés face à l’écriture.
Comme nous vous l'indiquions, l'illettrisme engendre un fort taux de chômage 32,8% en 2014.
46 % des demandeurs d’emploi sont de niveau VI mais aussi l'échec scolaire : 70 % des jeunes de moins de 25 ans sont sans diplôme. (Source : Insee)
La Réunion (974)
La Réunion est aussi touchée par l'illettrisme.
116 000 Réunionnais sont en situation d'illettrisme ont des difficultés avec l’écrit et la lecture. 55% des adultes illettrés ont plus de 26 ans, les plus âgés n’ont pas été longtemps à l’école, parfois 10 ans, pour d’autres 5 ans. Malgré la scolarité, un jeune sur 7, chez les moins de 26 ans, ne maîtrise pas l’écriture
Mais, l'île de l'Océan Indien est la région la moins touchée car comme le souligne FranceInfo, c'est un département où le français est le plus parlé et où le niveau des familles est le plus élevé.
Comme vous le voyez, l'illettrisme est un problème a traité au cas par cas, du fait des difficultés propres au territoire. De plus, les personnes en situation d'illettrisme sont des jeunes, des adultes ou des personnes âgées. Ces personnes ne maîtrisent pas les compétences de base nécessaires en lecture, écriture et calcul pour être autonomes dans des situations simples de leur vie quotidienne : écrire un message, lire le carnet scolaire de leurs enfants, comprendre une notice de médicament, une consigne de travail ou de sécurité, utiliser un distributeur automatique de billets, lire un plan, faire un calcul...L’illettrisme est un problème encore trop souvent sous-estimé parce qu’invisible et encore trop souvent tabou parce qu’il n’est pas facile d’en parler avec les personnes concernées. Il est synonyme de gêne, de dépendance et parfois de honte. Pourtant des solutions existent et il est possible de réapprendre quel que soit son âge.